Les Association de défense des droits de l'Homme : « L'OLP s'est
plié au boycott américain contre la conférence de l'Onu sur le
racisme (« Durban II ») »
par Ma’an News Agency, 16 avril 2009
http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=37165
Bethléem (Ma’an) – Une conférence sur le
racisme, sous l’égide de l’Onu, débutera ce lundi, mais le
calvaire des Palestiniens ne sera pas à l’ordre du jour, en
partie parce que les diplomates de la Palestine eux-mêmes ont
cédé sous la pression des Etats-Unis, affirment des
organisations de la société civile (palestinienne).
Le Projet de résolution de la Conférence
d’évaluation de Durban – qui se tiendra à Genève, en Suisse – ne
comporte aucune référence aux Palestiniens, ni à la Palestine,
pas plus qu’à Israël et à l’occupation de territoires
palestiniens par ce pays. Toutes les références de cette nature
ont été caviardées et supprimées d’un premier pré-document, au
mois de mars, par le Comité de Préparation (de la conférence
Durban II, ndt).
D’après son site ouèbe officiel, cette
conférence a pour finalité d’ « évaluer les progrès vers les
objectifs fixés par la Conférence mondiale contre le racisme, la
discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, à
Durban, en Afrique du Sud, en 2001 ».
Ladite conférence s’était terminée dans la
controverse, les Etats-Unis et Israël en ayant claqué la porte
afin de protester contre des tentatives de dénoncer Israël en
tant que responsable de politiques racistes.
Dans une lettre ouverte signée par une
cinquantaine d’organisations de défense des droits de l’homme
palestiniennes, arabes et internationales, il a été indiqué que
« cette initiative (de supprimer toute référence à la Palestine)
a été – malheureusement – approuvée par des délégations arabes
officielles à Genève, dont l’Observateur Permanent de la Mission
palestinienne près du bureau de l’Onu à Genève. »
Cette lettre accuse les diplomates
palestiniens et arabes d’avoir capitulé devant la menace de
boycotter la conférence proférée par les Etats-Unis, Israël, le
Canada et les pays européens, en supprimant toute allusion à
Israël et aux Palestiniens.
Cette concession n’a toutefois pas suffi à
persuader les Etats-Unis, le Canada, l’Italie et Israël de
revenir sur leur décision de boycotter la conférence. Les
associations de la société civile disent que les diplomates de
l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) ont renoncé à
leur principal atout de marchandage contre un plat de lentilles.
Une des organisations signataires de cette
lettre, le BADIL Resource
Center for Palestinian Residency and Refugee Rights, sis à
Bethléem, a accusé la délégation palestinienne à l’Onu de
« saper en permanence » le travail des associations de défense
des droits de l’homme visant à faire de la lutte (de libération)
des Palestiniens une partie constitutive consensuelle du combat
contre le racisme.
La présidente de Badil, Ingrid Jaradat
Gassner, a dit que la délégation palestinienne aurait dû
mobiliser d’autres diplomates arabes et africains, dans « un
effort conjoint visant à insérer des propos utiles dans le
projet (de résolution) » et organiser une « résistance et une
protestation coordonnées contre le caviardage de la Palestine
dudit projet de résolution ».
A la question de savoir pour quelle raison
les négociateurs palestiniens avaient accepté la suppression de
leur propre peuple de l’ordre du jour, le chef de la mission de
l’OLP près de l’Onu, à Genève, Ibrahim Khreisha, a déclaré à
l’agence Ma’an que « la décision avait été prise par tous les
groupes » de supprimer toute référence à des pays en
particulier. « Certains représentants africains ne veulent pas
que certains pays africains soient mentionnés… comme le Soudan.
L’Europe ne veut pas qu’Israël soit mentionné… Nous ne voulons
singulariser aucun pays, comprenez-vous ? »
« Cette
histoire, là, selon laquelle la Palestine aurait été supprimée
du projet de résolution, ça n’est pas vrai », a-t-il ajouté,
arguant du fait que le simple fait que les objectifs du document
adopté en 2001 soient réaffirmés impliquerait que la Palestine
serait évoquée de manière implicite dans le projet.
A la question de savoir pourquoi les
Etats-Unis, le Canada et l’Italie persistent à boycotter la
conférence, en dépit de la suppression de toute référence à
Israël et aux Palestiniens, M. Khreisha a répondu que ces pays
recherchent, en réalité, d’autres concessions ; ils exigent de
facto que la conférence d’Evaluation de Durban ne s’aligne pas
sur les objectifs dégagés à Durban en 2001.
Dans leurs déclarations publiques, les
Etats-Unis ont indiqué qu’ils soutiennent cet objectif
apparemment contradictoire de nier rétrospectivement les
orientations données par la conférence de Durban (I).
Dans une déclaration faite mardi dernier,
le Département d’Etat a dit : « Nous saluons le récent progrès…
dans la rédaction du document, qui a supprimé tout propos
singularisant un pays ou un conflit, toute terminologie
impliquant un concept de « diffamation d’une religion », ainsi
que toutes les exigences de réparation au profit des victimes de
l’esclavage. »
« N’en demeurent pas moins certains
éléments, dans le texte actuel du projet, qui continuent à poser
des problèmes importants », poursuivait la déclaration. « Les
Etats-Unis pensent que pour être viable, tout projet de
résolution de la Conférence d’Evaluation (de Durban, à Genève,
ndt) doit être résumé et ne pas réaffirmer in extenso la
Déclaration et le Programme d’Action (DDPA) de Durban 2001, car
ces documents sont « inacceptables » ».
Interrogé sur cet énoncé des exigences
américaines, Mme Jaradat, présidente de Badil, a dit que le fait
de ne pas avaliser le document de 2001 « équivaudrait carrément
à ne pas tenir la conférence de Genève ».
M. Khreisha a quant à lui précisé qu’il ne
savait pas exactement quelles conditions devaient être remplies
pour persuader les Etats-Unis de participer à la conférence,
mais il a dit que la délégation américaine « attendait des
instructions de Washington », et spécifiquement de la secrétaire
d’Etat Hillary Clinton.
Le résultat des courses, a prétendu M.
Kreisha, c’est qu’ « il est impossible de mentionner la
Palestine et Israël ». Il a invoqué le fait qu’une tentative
d’insérer in extremis un passage faisant référence à une
« occupation de soixante années » avait été censurée par les
Américains.
M. Kreisha n’a pas non plus écarté la
possibilité que la dernière journée des réunions préliminaires,
vendredi, puisse amener de nouvelles modifications. Il a indiqué
que le ministre des Affaires étrangères de l’ « Autorité »
« palestinienne », M. Riyad al-Maliki était dans l’avion, et
qu’il venait à Genève afin de s’adresser au comité préparatoire
de la conférence.
Les délégations au sommet de Durban, en
2001, ont adopté récemment un document, intitulé Déclaration et
Programme d’Action (DDPA), qui stipule, à son article 63 :
« Nous sommes préoccupés par le calvaire du peuple palestinien
sous le joug d’une occupation étrangère », et « nous
reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à
l’autodétermination et à l’instauration d’un Etat indépendant ».
L’article 64 appelle « à une paix juste, globale et durable dans
la région [du Moyen-Orient] ».
Les Palestiniens figurent, dans ce
document, dans une liste de « victimes du racisme, de la
discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance
connexe ». Dans cette seule section sont mentionnés divers
peuples, dont « les peuples africains et les peuples d’origine
africaine, les Asiatiques, les réfugiés, les demandeurs d’asile,
les personnes déplacées en interne, les races métisses
d’Amérique, les Roms/Tsiganes/Sintis/nomades, les femmes et les
personnes infectées ou affectées par le virus du sida (HIV) ».
La même section du document affirme que « l’Holocauste ne doit
jamais être oublié. »
Le document préparatoire de la conférence
de 2009 (Genève), qui ne comporte plus que dix-sept pages, a
fait sauter toute référence non seulement aux Palestiniens, mais
aussi à la plupart des autres populations spécifiques. Sa
version la plus récente continue à en appeler à la remémoration
de l’Holocauste, ainsi qu’à la lutte contre les « idéologies
néonazie, néofasciste » ainsi que contre toutes les idéologies
prônant la violence. Le document comporte une unique référence
(non spécifiée, ndt) à une « occupation étrangère », en
association avec le racisme.
Les Palestiniens ayant été ainsi rayés du programme, Badil et
ses partenaires sont en train d’organiser une « Conférence
d’Evaluation d’Israël », qui permettra aux associations de la
société civile de mettre en débat des analyses et des stratégies
de la lute contre « l’apartheid, le colonialisme et
l’occupation. »
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier