FOCUS
Poutine et les cannibales de l'Otan en
Syrie
Luc Michel
Mardi 18 juin
2013
PCN-SPO / Focus / 2013 06 17 /Focus
: Le fait du jour décrypté par Luc
MICHEL
pour le Service de Presse du PCN /
PCN-SPO Lu sur le
fil AFP (Paris)
Ce 17 juin 2013 :
« … "N'armez pas les cannibales" (…)
Poutine a mis en garde les pays
occidentaux contre la livraison d'armes
aux "rebelles syriens". "La démarche des
pays occidentaux d'armer les opposants
syriens va à rebours des lois
internationales". Poutine répondait en
effet au premier ministre britannique
qui critique la Russie pour son soutien
à Damas. "Le soutien militaire de Moscou
à Damas ne viole aucune loi, au
contraire de l'appui occidental qui est
destiné aux terroristes et à ceux qui
tuent et mangent la chaire de leurs
victimes (…) il va sans dire qu'il y a
des gens derrière ces terroristes pour
qu'ils se sentent aussi à l'aise à
manger le corps de leurs victimes. Dites
-nous, ce sont ces gens là que vous
soutenez ? ce sont ces gens là que vous
voulez armer ? Ces cas ne sont nullement
conformes aux principes culturels ou
humanistes que l'Europe défend depuis
des siècles", a dit Poutine.
# On notera tout d’abord que les propos
cinglants du président russe - évoquant
une video djihadiste diffusée en mai, où
un terroriste d’al-Nosra mange de la
chair humaine arrachée à un soldat
syrien mort - si ils ont fait le tour
des médias à l’Est, notamment en
Roumanie ou en Pologne, ont été
soigneusement occultés sur les
télévisions françaises, particulièrement
sur LCI ou France 24.
La sortie du président Poutine lors d'un
point de presse en marge du sommet du G8
restera sans doute dans les annales.
Après cette remarque imparable, le PM
Cameron avait du mal à défendre son
argument cynique et fallacieux : "le
soutien britannique vise à établir un
certain équilibre dans les rapports des
forces entre les rebelles et l'armée
syrienne" (sic). Comme le commentait un
média iranien, « Poutine a relevé la
contradiction qu'il y a entre le
discours droit de l'hommiste de
l'Occident et l'action occidentale en
Syrie laquelle consiste à financer et
armer consciemment les terroristes qui
décapitent, égorgent et violent sans
ambage » … LA SYRIE
POINT CENTRAL DE LA CONFRONTATION
RUSSIE-OCCIDENT
Cette sortie bien peu diplomatique, qui
révèle la tension entre Poutine et les
Occidentaux, intervient au moment où la
Russie vient elle aussi de fixer ses
« lignes rouges » en Syrie.
Une remarque tout d’abord. Des rumeurs
circulent depuis plusieurs semaines,
issues d’une officine complotiste et
négationniste qui confond l’analyse
géopolitique et la presse à sensation.
Il y aurait un « nouveau partage du
Moyen-Orient entre la Russie et les
USA », accord secret qualifié de
« nouveaux accords Sykes-Picot » (qui
avait partagé les zones d’influence
britannique et française au Levant en
1918). Ces accords n’ont aucune
existence ou fondement.
La confrontation Russie-USA est au
contraire dans une nouvelle phase et la
Syrie en est aujourd’hui le point chaud.
Les géopolitologues américains, que
personne dans les milieux
altermondialistes ne lit, font tous dans
leurs analyses de cette confrontation le
point central de leur réflexion. Les
plans et scénarios de la CIA ou des
Think Tank US aussi. Tous tablent sur
l’aggravation de ce conflit conduisant à
un « effondrement de la Russie entre
2020 et 2030 », clé géopolitique d’un
« XXIe siècle américain ». Le projet US
dit du « Grand Moyen Orient », à l’œuvre
notamment en Libye et Syrie, est l’étape
préparatoire de ces scénarios.
POUTINE RECADRE LES ADVERSAIRES DU
PRESIDENT ASSAD
La Russie, juste
avant le G8 et ce n’est pas un hasard, a
répondu point par point aux projets
d’intervention occidentale en Syrie,
fixant donc ses « lignes rouges ».
Tout d’abord, la Russie ne permettra
donc pas l'instauration d'une zone
d'exclusion aérienne au-dessus de la
Syrie, hypothèse proposée selon la
presse américaine par des responsables
militaires à Washington, a déclaré ce
lundi le porte-parole du ministère russe
des Affaires étrangères.
« Nous avons vu avec l'exemple de la
Libye la manière dont une telle zone est
mise en place et la façon dont de telles
décisions sont appliquées. Nous ne
voulons pas la répétition d'un tel
scénario en ce qui concerne le conflit
en Syrie. Je pense qu'en principe nous
ne permettrons pas un tel scénario », a
dit Alexandre Loukachevitch lors d'une
conférence de presse.
L’option d’une zone d’exclusion aérienne
refait en effet surface. « Des
responsables militaires américains ont
suggéré de mettre en place une telle
zone, qui s’avancerait d’environ 40
kilomètres à l’intérieur de la Syrie et
couvrirait les camps d’entraînements des
combattants rebelles. Celle-ci serait
couverte à distance par des avions
volant en Jordanie et armés de missiles
air-air. Une option qui, puisqu’elle ne
violerait pas l’espace aérien syrien, ne
nécessiterait pas de résolution du
Conseil de sécurité des Nations-unies »,
nous dit sans rire l’AFP. Oubliant qu’il
existe des lois internationales et
qu’elles font de ce scénario dément un
acte de guerre, violant notamment la
Charte des Nations Unies ...
Ensuite, ce 15 juin, le président
Poutine, connu pour ses bonnes relations
passées avec Israël – où vit une
importante communauté russe (avec ses
partis et journaux) - a tenu à prodiguer
« un bon conseil » aux autorités de
Tel-Aviv :
« Israël ne doit pas se soucier
du maintien d'Assad au pouvoir car quel
que soit le régime qui remplacera le
régime Assad, le chaos s'emparera du
Moyen Orient et ce seront les
extrémistes qui prendront les rênes du
pouvoir ». Ces déclarations de Poutine
ont été formulées au cours d'une visite
rendue par celui-ci à un musée juif de
Moscou. « Le régime qui remplacerait
Assad sera celui du chaos, de
l'anarchie, ce qui n'est ni dans
l'intérêt d'Israël ni dans celui du
monde (…) il est infiniment
préférable qu'Israël préserve son
prestige et qu'il reste une puissance
dans la région plutôt que de laisser
cette région
plonger dans le chaos et qu'elle
tombe entre les mains des extrémistes ».
Interrogé sur la livraison des missiles
russes S300 à Damas , Poutine a encore
dit : « Israël ne devra pas être
inquiet. je suis sûr que le calme sera
de retour sur ses frontières du nord et
que tout rentrera dans l'ordre ».
AU G8, SEPT CONTRE
UN :
LE BRAS DE FER ENTRE OCCIDENTAUX ET
POUTINE SUR LA SYRIE
Mais revenons au G8. Les pays
occidentaux du G8, Etats-Unis en tête,
entendaient, selon l’AFP, « arracher des
concessions sur la Syrie au président
russe Vladimir Poutine, plus offensif
que jamais dans son soutien au régime de
Damas, tandis que la guerre ne connaît
aucune trêve sur le terrain ». « Ne
soyons pas dupes. Ceci est un G7 plus
un. A moins qu'il (Poutine) ne change
radicalement de position, nous n'aurons
pas de position commune avec lui au
G8 », a déclaré dès ce dimanche soir le
Premier ministre canadien Stephen
Harper, à la veille de l'ouverture du
sommet à Lough Erne, en Irlande du Nord.
Harper a ensuite accusé Vladimir Poutine
de soutenir "un régime de brutes" (sic),
donnant le ton des discussions à venir.
Et provoquant sans aucun doute la sortie
de Poutine sur les « Cannibales » de
l’OTAN. Le président
russe, lui, était arrivé dimanche à
Londres dans un état d'esprit très
offensif, mettant en garde les
Occidentaux contre toute velléité
d'armer les rebelles syriens et les
appelant à "ne pas violer les normes"
internationales.
Poutine rencontrera lundi en fin
d'après-midi son homologue américain
Barack Obama, arrivé dans la matinée à
Belfast. C'est la première fois depuis
un an que les deux hommes
s'entretiennent en tête à tête.
Washington et Moscou ont lancé en mai
une initiative pour organiser une
conférence de paix réunissant les
belligérants syriens, mais celle-ci
semble encore très improbable au vu de
l'ampleur des divergences. Et est
sabotée par les Français, les
Britanniques et les Turcs.
La Maison Blanche a accusé jeudi Damas
d'avoir franchi "une ligne rouge" et
"d'avoir utilisé des armes chimiques"
(sic). Et a annoncé qu'elle allait
"augmenter son soutien à l'opposition
syrienne », sans pour autant dire
clairement qu'elle allait livrer des
armes selon l’AFP. Selon des sources
syriennes, ces armes sont déjà en cours
de livraison dans la région d’Alep.
Moscou
a prévenu que « l'aide américaine
compromettait les efforts de paix en
Syrie ». Poutine
devait s'entretenir également avec le
président français François Hollande,
juste avant l'ouverture du sommet à
Lough Erne, un complexe luxueux au bord
d'un lac sauvage. M. Hollande devrait
présenter à son homologue russe les
soi-disant « preuves » dont dispose
Paris de l'utilisation de gaz sarin par
le régime syrien, accusations qui ont
laissé Moscou de marbre. Des experts
russes proches du Kremlin ridiculisant
même l’accusation française. La Russie
affirmant samedi que « le président
Assad, fort de l'avancée de ses troupes
sur le terrain, n'avait pas besoin de
recourir à de telles armes. Le régime
remporte des victoires sur le terrain,
l'opposition l'a reconnu ouvertement »,
a déclaré le ministre russe des Affaires
étrangères Sergueï Lavrov. « Quel sens
peut-il y avoir pour le régime syrien
d'utiliser des armes chimiques, surtout
à si petite échelle ? » s'est-il
interrogé. Paris et
Londres poussent à la livraison d'armes
à l'opposition syrienne et des
représentants occidentaux en ont discuté
en fin de semaine en Turquie avec Selim
Idriss, le chef de l'état-major de la
pseudo ASL, made in NATO, « principale
composante de la rébellion » selon
l’AFP. Qui oublie de mentionner que sur
le terrain, en Syrie, les djihadistes et
les gangs terroristes, notamment al
Nosra (al Qaida en Syrie) forment au
moins 70% des forces de l’ASL.
David Cameron, hôte du sommet du G8,
s'est dit pour sa part déterminé à
"faire davantage pression pour la tenue
d'une conférence de paix et la
transition nécessaire pour mettre un
terme à ce conflit". "Nous n'avons pas
pris de décision concernant la
fourniture d'armes à l'opposition
syrienne", a-t-il cependant précisé.
Vladimir Poutine avait alors ironisé ce
dimanche sur les éventuels destinataires
de ces armes, "des personnes qui non
seulement tuent leurs ennemis mais
dévorent aussi leurs organes en public
et devant les caméras".
Luc MICHEL
(sources : AFP, SANA, IRIB, Reuters, RIA
Novosti)
http://www.syria-committees.org/luc-michel-focus-poutine-et-les-cannibales-de-lotan-en-syrie/
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