Dans un pays qui n'est plus en phase avec le réel, il est normal
que le ministre de l'information désinforme. Cette constatation
antirépublicaine
s'applique à tous les pays occidentaux, qui confrontés à la
désagrégation inexorable de leur comportement impérialiste lui
opposent le déni implacable et accommodant. Le déni passe par
l'acceptation de la désintégration. Pareil avec l'information :
la transparence chère
aux Anglo-saxons s'accommode mal des faits. Pendant que notre
Empire financier s'échine à imposer sa décrépitude en détruisant
son monde pour le niveler à sa domination déclinante, nos
propagandistes des satrapies se glorifient d'accompagner le
processus putride en expliquant pompeusement que le déclin n'est
pas du déclin, mais le renouveau du progrès.
Le cœur actuel de l'impérialisme occidentaliste se situe
(symboliquement) dans la satrapie d'Israël. Pas étonnant : si
l'impérialisme consiste à dominer, Israël est l'excroissance
décoloniale emblématique de l'Empire financier. Israël ne cesse
depuis sa création récente de croître en violence et en déni.
C'est logique : son existence repose sur le déni conjugué à la
haine de tout ce qui est réel. Plus Israël s'impose, plus sa
violence grandit. Son déséquilibre repose sur le soutien de
l'Occident, qui utilise Israël pour mieux contrôler - l'or noir.
Le cabinet Netanyahu est engagé dans une opération de propagande
fondue visant à refuser
le rapport Goldstone. Goldstone : la pierre en or? La pierre de
touche? Qui a dit que la pierre d'angle serait celle que le
bâtisseur refuse? La Ka'ba contre la cabale? Retour du réel
contre les Érinyes? Et si c'était une bonne nouvelle - la fin du
fantasme de toute-puissance? Bonne nouvelle : le retour au réel
sonne le retour en grâce. Grâce à Goldstone. Selon les termes de
ce rapport bienveillant, Israël a commis des crimes de guerre et
contre l'humanité lors de la bucolique opération Plomb durci,
intervenue entre la fin 2008 et le début 2009. Un cadeau de Noël
pour les Palestiniens?
C'est le ministre de l'Information israélien, le nuancé Youli
Edelstein, qui justifie l'injustifiable (410 enfants morts) par
le déni carabiné. L'excuse est convenue : il s'agit de protester
contre l'antisémitisme qui s'abat contre la colombe Israël.
Fidèle à l'esprit de la guerre contre le terrorisme, les
Israéliens expliquent sans ciller que toute critique contre
leurs (ex)actions s'apparentent à une vulgate islamisto-fasciste.
Le terrorisme intellectuel serait-il le terreau du terrorisme?
Après avoir anéanti 1315 Palestiniens lors de leur dernière
expédition punitive contre Gaza, les Israéliens ne se rendent
plus compte. Ils ne se rendent plus compte qu'ils doivent rendre
des comptes. Ils s'enferrent dans les décombres des décomptes.
Il se placent au-dessus de la loi. Au secours, Moïse! 410
enfants! Ils perdent la face. 410 enfants! Ils dénoncent
l'augmentation des actes antisémites en Occident (environ 500)!
Et pourquoi pas 1500? Ça ferait balançoire! Tu balances? C'est
ce qui s'appelle l'innocence? De la déréalisation? Les
Israéliens sont-ils des délirants qui dérivent vers leur désir
d'Hyperréel? Déjà, le terme
antisémitisme n'a jamais voulu rien dire, singulièrement
quand il est utilisé par des Israéliens à l'encontre des
Palestiniens; alors le refus de la critique travesti en lutte
vertueuse contre l'antiracisme bancal devient perversion
prophétique digne des sophistes.
Heureusement que c'est la Victime Éternelle de la Shoah qui se
conduit de la sorte. Bientôt éconduits : qu'est-ce que le
repoussoir iranien prendrait s'il se permettait le quart du
dixième de ce que s'arrogent les Intouchables! Nous en sommes au
point où le déni ressort avec une virulence qui tache. Le deux
poids deux mesures de la
diplomatie israélienne indique qui sont les Israéliens
par-delà le symptomatique cabinet Netanyahu : des faucons qui
pratiquent sans discernement la loi du plus mort. Ils sont
tellement aveuglés par leur puissance qu'ils en oublient les
règles élémentaires des rapports de force : n'humilie pas ton
ennemi, sans quoi tu risques d'en payer le prix - fort.
Refuser la critique est le signe d'une fuite irresponsable face
au réel. Le déni se solde par la cuisante défaite. Le ministre
de l'Information pratique la désinformation caractérisée. De la
propagande carabinée. Pour la Seule Démocratie Régionale, c'est
un paradoxe cocasse. Israël à bout de souffle : la
désinformation ne fonctionne plus. Israël a achevé le procédé
d'impunité critique. Pierrot n'en pouvait plus de crier au loup
: Israël hurle à l'antisémitisme. L'antisémitisme inepte
affranchirait-il de la légalité? L'antisémitisme est-il la
formule magique qui provoque le miracle du dépassement de la loi
et du réel?
A force de traiter de noms d'oiseaux les jugements qui
condamnent la politique de violence, Israël s'est déconsidéré.
Les justes sont des antisémites! Israël subissait l'opprobre
inexpugnable de ses voisins
déterritorialisés? Désormais, les populations d'Occident
commencent à se rebiffer. Les Occidentaux, qui sont des
artichauts, n'ont pas le cœur à la besogne. Ils en a assez de se
faire manipuler. Assez que les impérialistes leur tiennent des
discours anti-impérialistes. Assez que les racistes leur donnent
des leçons d'antiracisme. Assez de l'anti-terrorisme. Assez des
massacres. Assez de ce Goliath proche-occidental qui se présente
en petit David chétif.
Le discrédit de Job est prévisible, mais : à force de tirer sur
la corde, les Israéliens ont usé leur crédit. Ils ont oublié que
dans une épreuve de force, la force ne saurait prévaloir sur le
principe de réalité. Plus que contre les Palestiniens ou quelque
peuple que ce soit, les Israéliens ont engagé un bras de fer
dément contre le réel. Le réel finit toujours par l'emporter -
et avec usure. Les Israéliens ont cru qu'ils pouvaient défier le
réel en toute impunité.
Le réel se charge de les rappeler à son ordre. A sa raison.
Contre le réel, il n'y a rien à faire. Il s'entête à vous
rappeler (à) sa loi. Les Israéliens ont voulu nier le réel -
imposer en lieu et place leur État irréel, création idéologique
postjuive. Les
Israéliens ne peuvent justifier de leurs agissements. Seule la
propagande permettait d'imposer leur loi du talon. Las! Cette
politique est suicidaire en ce qu'elle ne fonctionne que durant
un terme fort réduit.
Nous sommes au terme du terme. Détestés et méprisés, les
Israéliens voient arriver l'addition. Soit ils transforment leur
brutalité sioniste en un État unique et laïque; soit ils
périront dans des massacres effroyables, Golem de pacotille
lâché par leur Goliath occidental. Face au défi des victimes de
son déni, Israël n'a d'autre choix que d'évoluer vers le réel.
Soit il accepte la critique; soit il s'entête dans
l'autodestruction. Les campagnes de désinformation n'y pourront
rien changer. La loi est la loi. Le réel est le réel.
Isréel est condamné.
L'impérialisme est condamné. Le
décolonialisme est condamné. Si ce n'est en cette vie, la
condamnation se commue en damnation. Demandez à Ariel.
Publié le 28 janvier
2010 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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