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Le Quotidien d'Oran
Un pouvoir affolé et
crispé
Kharroubi Habib
Manifestation Alger 12.02.11 - Photo: El
Watan
Samedi 12 février 2011
La spontanéité des émeutes qui ont secoué le pays début
janvier et surtout le fait qu'elles se soient produites
simultanément dans la capitale et les principales villes,
ont affolé le pouvoir en lui faisant prendre conscience
d'être assis sur un volcan. Son affolement est devenu peur
panique avec les évènements survenus ensuite en Tunisie puis
en Egypte. Au point de dire des choses et de faire leurs
contraires.
A entendre le discours officiel, la situation en Algérie ne
serait nullement explosive malgré l'explosion de la colère
populaire du début janvier et qu'il est impossible qu'un
scénario à la tunisienne ou à l'égyptienne s'y produise.
Dans les faits, les réactions du pouvoir sous la forme
d'annonce de concessions politiques auxquelles il se
refusait jusqu'alors et de mesures sociales tous azimuts ont
trahi la peur qui s'est emparée de lui à la crainte
intériorisée d'une explosion populaire de même nature qu'en
Tunisie et en Egypte.
Mais s'il croit avoir désamorcé celle-ci par l'effet
d'annonce des concessions politiques faites et la batterie
de mesures sociales arrêtée, il se trompe lourdement. Car ce
ne sont pas les décisions à la Corte dont il a fait
l'annonce que la population attendait de lui. En Algérie,
comme en Tunisie, en Egypte et ailleurs dans le monde arabe,
les peuples ne sont plus à se satisfaire de «mesurettes» qui
préservent en l'état les pouvoirs dictatoriaux et
autocratiques en place. C'est le changement pur et simple
des systèmes ayant généré ces pouvoirs qu'ils revendiquent
sans appel. Plus que leurs gouvernants, ces peuples ont
compris, comme l'a justement fait valoir Saïd Sadi, le
président du RCD, que «les conditions nationales, régionales
et internationales sont réunies en même temps pour envisager
ce changement».
En Algérie, toute la question est de savoir si le pouvoir
en place, tirant les enseignements de ce qui s'est passé en
Tunisie et de ce qui se déroule actuellement en Egypte, fera
en sorte que le changement revendiqué par le peuple
intervienne sans violence ni dérapages. Ou si, se croyant
plus solide que les régimes tunisien et égyptien, il se
laissera aller à camper dans le refus de ce changement.
A ce titre, la journée d'aujourd'hui sera révélatrice des
intentions de ce pouvoir. Que sous prétexte de
considérations sécuritaires, il empêche les marches
populaires organisées à l'initiative de partis et
d'organisations sociales de l'opposition mais légales, cela
renseignera l'opinion sur la nature velléitaire et
strictement fondée sur un calcul politicien de son annonce
d'ouverture.
En tout cas, l'initiative de ces partis et organisations
sociales a d'ores et déjà atteint l'objectif de dévoiler que
le pouvoir n'est pas aussi confiant qu'il en donne
l'apparence de ne pas être rejeté par la population, ainsi
qu'ils veulent le lui faire savoir. Sinon, il n'aurait pas
mobilisé tout son arsenal répressif pour empêcher ces partis
et organisations sociales de descendre dans la rue, alors
qu'il les présente comme étant déconnectés de la population
et impuissants à la mobiliser.
Peut-être qu'aujourd'hui les marches annoncées ne
draineront pas de grandes foules. Cela n'infirmerait
nullement le fait que l'Algérie est un chaudron dont
l'explosion menace à tout moment et que les atermoiements du
pouvoir ne font que différer.
Le dossier Algérie
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