Algérie
Des absences qui
ne laissent plus place au doute
Kharroubi Habib
Samedi 10 août 2013
Si son état de santé dont les autorités
nous ont répété à satiété qu'il est sur
la voie de l'amélioration, le lui avait
permis, Bouteflika dont la religiosité
est un secret de Polichinelle n'aurait
assurément pas manqué de présider la
cérémonie de Leilet El-Qadr et encore
moins de se dispenser d'assister à la
grande prière de l'Aïd El-Fitr.
Pour les Algériens qui malgré son
hospitalisation ayant duré plus de trois
mois et les signes accréditant qu'il n'a
pas retrouvé toutes ses capacités
physiques persistaient à croire en
l'imminence de son retour aux affaires,
ces deux absences leur ont
définitivement enlevé l'illusion.
L'évidence est pour eux maintenant que
cette perspective est un leurre dont les
autorités du pays ont usé pour contrer
la thèse que le pays vit une vacance de
pouvoir émise par des milieux de
l'opposition et sur laquelle ils
appuient leur revendication d'une
élection présidentielle pour les uns et
de la mise en place d'une période de
transition pour d'autres durant laquelle
pouvoir, forces politiques et société
civile chercheraient un terrain
d'entente sur les modalités d'opérer une
succession qui soit sans soubresauts
pour le pays et garantirait les
changements politiques dont les
Algériens sont en attente.
Que l'on continue à entretenir
l'illusion d'un président en
convalescence qui « bientôt »
reprendrait ses activités, montre que le
pouvoir a décidé d'opposer une fin de
non-recevoir irrévocable aux demandes
qu'exprime la grande partie de la classe
politique. Il est clair par conséquent
que sauf développement funeste de l'état
de santé du président, ce pouvoir s'en
tiendra au calendrier politique dont le
point d'orgue sera l'élection
présidentielle à terme échu du 3ème
mandat de Bouteflika. La seule inconnue
est celle qui entoure le projet de
révision de la Constitution dont
Bouteflika avait fait engager la
rédaction avant de tomber malade.
A entendre des partis prétendument
opposants au pouvoir mais en réalité
stipendiés et instrumentalisés par ses
clans avancer la proposition qu'il faut
suspendre ce projet, l'on ne peut
qu'envisager que cette option pourrait
être retenue si l'inspirateur du projet
n'est plus comme cela est laissé
entendre en capacité d'imposer sa
volonté d'aller au bout du processus des
réformes dont il a été l'initiateur. Il
y a d'autant matière à interrogation sur
le sort qui va être réservé au moyen de
révision de la Constitution que
Bouteflika lui-même maintenant se
sachant dans l'impossibilité de briguer
un quatrième mandat comme l'intention
lui a été prêtée avant son accident de
santé, pourrait avoir changé d'opinion
sur l'urgence à opérer cette révision.
Ce que Bouteflika a encore de capacités
et de ressources, il les consacrera non
à faire en sorte que le pays soit mis
sur les rails d'un véritable changement
de son système politique et de
l'émergence de la démocratie, mais à
s'assurer d'une succession dont ses
proches et son clan n'auront pas à
pâtir. En guise de seul rendez-vous
politique, le pouvoir a fixé au pays et
à la classe politique qui s'agite sans
démontrer qu'elle est porteuse d'une
alternative qui puisse faire pièce à ses
desseins, celui d'une élection
présidentielle « classique » au sens que
son scrutin se déroulera selon des
règles du jeu dont il a par avance pipé
les dés.
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