Opinion
Quand légalité
internationale rime avec loi du plus
fort
Kharroubi Habib
Lundi 1er août 2011
L'intervention
militaire en Libye sous couvert de la
résolution 1973 du Conseil de sécurité
de l'ONU a outrepassé l'objectif qui lui
a été assigné, à savoir empêcher le
dictateur de Tripoli de faire usage de
son aviation et de ses armes lourdes
contre la population libyenne entrée en
révolte contre lui.
Tant que les bombardements opérés dans
ce cadre ont visé effectivement à
neutraliser le potentiel en ces deux
armes dont disposait Kadhafi, la
légalité des opérations n'a pas posé
problème à l'opinion internationale.
Mais dès lors que des dirigeants
politiques d'Etats membres de l'OTAN, à
qui a été confiée la mission
d'intervention, ont, par interprétation
spécieuse du contenu de la résolution
des Nations unies, fixé à cette
intervention des buts outrepassant la
seule protection de la population,
questionnement et doute quant à sa
conformité avec le droit se sont fait
jour.
Les bombardements effectués par l'armada
aérienne de l'OTAN ne visent plus des
cibles militaires uniquement. Au motif
que les troupes de Kadhafi utiliseraient
des infrastructures civiles à des fins
militaires, les stratèges de l'OTAN en
ont fait des cibles et ordonné leur
destruction.
Sans pour autant faire la preuve qu'il
y avait une nécessité militaire conforme
à l'esprit de la résolution 1973. Cette
stratégie pour le moins aveugle fait
autant de morts, sinon plus, parmi la
population que les affrontements qui
opposent la rébellion aux partisans du
colonel Kadhafi.
A ce niveau de la tuerie, il n'est plus
question de parler de «bavures «mais
d'une opération froidement et
délibérément menée, dont l'objectif est
de terroriser la frange de la population
libyenne encore fidèle à son «guide».
Pour des actions de ce genre ordonnées
par des hommes politiques et des chefs
militaires dans d'autres conflits ayant
eu cours dans le monde, il a été
aussitôt accolé le qualificatif de
crimes de guerre, voire de crimes contre
l'humanité et la justice internationale
actionnée pour poursuivre leurs acteurs.
Libye, ceux qui ont décidé de bombarder
où et quand ils le veulent ont la
conscience tranquille. Le jeu de
massacre est couvert par la résolution
1973. Ils tuent au nom de la communauté
internationale, prise au piège de son
acceptation d'une légalité
internationale dont le fondement est la
loi du plus fort.
Qu'est-ce d'autre en vérité cette
légalité internationale quand des
grandes puissances l'adaptent à leurs
intérêts nationaux et font interdiction
aux faibles d'en discuter la
monopolisation par eux de son
interprétation et de son application ?
Pour avoir osé dire que dans le cas
libyen il est fait un mauvais usage de
la résolution 1973, l'Algérie a essuyé
un tir croisé, dont les protagonistes
ont manœuvré pour la mettre au banc des
accusés en tant que soutien d'un
dictateur et d'un régime universellement
condamnés.
Diversion parmi d'autres pour faire
oublier que l'intervention qui se
poursuit en Libye est, elle, désormais
hors la loi : car loin de protéger la
population libyenne, elle participe à
son extermination et en «bonne
conscience».
La légalité internationale étant faite
de deux poids, deux mesures, le
procureur du Tribunal pénal
international s'active à réunir des
dossiers de mise en accusation pour
Gbagbo, Bachar El-Assad ou Ali Abdallah
Salah.
Ceux qui, en Occident, ont programmé et
ordonné les bombardements en Libye ne
seront nullement confrontés à son
activisme justicier. Leur lecture du
contenu de la résolution de l'ONU a
force de vérité aux yeux de ce
procureur. Il est vrai qu'elle produit
des conséquences qui sont tout bénéfice
pour l'Occident.
Le dossier
Libye
Les dernières mises à jour
|