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Antiwar

Qui tire les ficelles du PKK ?
Je vais vous le dire, c'est très simple : W.sh.ngton

(Remplacez les points par voyelles manquantes ...)

Justin Raimondo

on Antiwar.com, 19 octobre 2007

http://antiwar.com/justin/?articleid=11828

La menace récente [http://news.independent.co.uk/world/middle_east/article3104682.ece], brandie par les Turcs d’envahir l’Irak afin d’y poursuivre à chaud les terroristes [http://www.jamestown.org/terrorism/news/article.php?articleid=2373706] du PKK [http://www.fas.org/irp/world/para/pkk.htm] [Parti des « travailleurs » du « Kurdistan »] contraint l’administration bushiste à se démener [http://www.news.com.au/heraldsun/story/0,21985,22636940-663,00.html] afin d’apaiser Ankara et de tenter de démentir un coup terrible contre l’allégation selon laquelle l’occupation américaine de l’Irak aurait apporté de la « stabilité » [sic] [http://www.defenselink.mil/news/newsarticle.aspx?id=46885] à la région [!].

Le Kurdistan, après tout, n’a-t-il pas été présenté jusqu’ici [ http://www.theotheiraq.com ] comme un modèle de paix, de prospérité et de bonheur sans mélange – avant-goût de l’avenir radieux du pays, pour peu que des « défaitistes », aux Etats-Unis, ne retirent pas « précipitamment » le tapis
[ http://rawstory.com/news/afp/Bush_lashes_out_at_Iraq_war_critics_08212007.html ] de dessous les pieds de notre victoire imminente  [http://abcnews.go.com/US/story?id=3571504 ] ?

Voir cette véritable utopie écrasée par la force armée turque, voilà qui serait un énorme désastre pour Washington – mais pire encore serait la révélation de la manière dont nous nous sommes fourrés dans cette position totalement intenable, pour commencer. Ce serait pire, je le précise, pour quiconque se verrait mis en examen et condamné pour avoir manigancé ce qui risque fort de s’avérer une de ‘nos’ opérations « voyoutes » les plus ambitieuses et les plus périlleuses depuis le scandale Iran-Contra [http://www.fas.org/irp/offdocs/walsh/ ] !

Les numéros de séries [http://www.cnn.com/2007/WORLD/meast/09/21/blackwater.probe.ap/index.html] des armes capturées sur des combattants du PKK ont permis de remonter la filière jusqu’à des chargements américains à destination de l’armée et d’unités de la police irakiennes. En réponse à des représentations turques à ce sujet, les Américains prétendent que ces armes auraient été détournées par les Irakiens – vraisemblablement le gouvernement kurde autonome –, mais les Turcs n’en croient pas un mot : si cette énorme quantité d’armes de fabrication américaine (1 260 unités saisies, jusqu’ici [http://freedom4um.com/cgi-bin/readart.cgi?ArtNum=57553]) s’avère avoir été directement fournie au PKK par les Américains, a averti le ministre turc des Affaires étrangères, Abdüllah Gül, les relations américano-turques « seraient véritablement brisées ». [http://www.wdif.net/latest/g-l-ties-with-us-would-collapse-if-arms-to-pkk-claims-confirmed.html] Les diplomates américains ont immédiatement rejeté cette hypothèse, et Washington a envoyé le conseiller général du Pentagone, William J. Haynes, sur place, où il a rencontré les plus hauts responsables de l’armée turque. D’après au moins une source [ http://www.jamestown.org/terrorism/news/article.php?articleid=2373618], « La rencontre a examiné une enquête en cours, diligentée par le Département US de la Défense, sur des informations selon lesquelles des armes américaines étaient en train d’être vendues par des troupes américaines stationnées en Irak ».

Un autre indice sur ce qui est en train de réellement se tramer là est fourni par des informations [http://www.breitbart.com/article.php?id=051209170330.w0g64v73&show_article=1] selon lesquelles le FBI s’est offert d’aider les Turcs à trouver où le PKK obtient ses financements et ses armes – tiens ; cela ne vous semble-t-il pas bizarre ? Le directeur du FBI, Robert Mueller, a dit : « Nous travaillons, avec nos homologues, ailleurs en Europe, et en Turquie, afin de traiter la question du PKK et de travailler conjointement afin de trouver et de stopper le financement de formations terroristes, qu’il s’agisse du PKK, d’Al-Qa’ida, ou de n’importe quoi d’autre ». Reste qu’on se demande pourquoi le FBI tient-il à se mêler de cette affaire ? A moins bien entendu, que les Américains soient peu ou prou mouillés ? Le ministre des Affaires étrangères turc, Gül, l’a confirmé aux médias turcs, déclarant [http://freedom4um.com/cgi-bin/readart.cgi?ArtNum=57553] : « 1 260 armes prises sur le PKK sont de fabrication américaine. Nous en avons apporté les preuves aux Etats-Unis. Ces armes, bien entendu, ne sont pas données directement au PKK par les Américains. Il s’agit là d’armes qui ont été données à l’armée irakienne. Malheureusement, certains officiers américains se sont laissé acheter. Le Département (US) de la Défense nous a informés qu’une enquête très sérieuse était en cours. »

S’agit-il simplement de quelques pommes « gâtées », ou est-ce plus grave ?

Comme l’a expliqué [le journaliste d’investigation] Seymour Hersh [http://www.newyorker.com/archive/2006/11/27/061127fa_fact?printable=true], les Etats-Unis et Israël sont en train de financer, et d’aider par tous les moyens le Parti Kurde de la Vie, connu sous l’intitulé de « Pejak » [http://en.wikipedia.org/wiki/PJAK], à « libérer » l’ouest de l’Iran, où vit une importante population kurde irrédentiste. De plus, les liens entre le PKK et le Pejak sont plus que simplement fraternels : fondamentalement, il s’agit d’une seule et même organisation [http://www.mcclatchydc.com/iraq/story/19899.html], les deux formations ayant en partage non seulement des bases dans la région kurde particulièrement montagneuse du Qandil, mais aussi des personnels et un leadership commun.

La soudaine explosion de la violence du PKK – deux embuscades spectaculaire, dont l’une a entraîné la mort de douze soldats turcs [http://www.iht.com/bin/printfriendly.php?id=7980923] et la capture de huit autres, qui sont aujourd’hui utilisés comme monnaie d’échange – mérite elle aussi quelques explications. Jusqu’ici, le PKK avait mené des opérations à bas bruit, avec des groupes de six ou huit activistes plantant des bombes et harcelant généralement les Turcs à petite échelle. Ces derniers mois, toutefois, le niveau moyen des attaques a connu une escalade radicale [http://jamestown.org/edm/article.php?article_id=2372521], des centaines de combattants du PKK étant déployés dans une unique attaque, et avec une sophistication inédite en termes tant de puissance de feu que de détention de l’équipement technique requis pour monter des opérations aussi complexes que cette récente embuscade-kidnapping.

Dès l’instant où les Syriens avaient arrêté de soutenir le PKK, à la fin des années 1990 [http://www.csmonitor.com/2002/0626/p06s01-wome.html], cette formation avait été dans une large mesure dans l’incapacité de lancer des opérations d’envergure, et elle avait dû se contenter d’actes terroristes visant des infrastructures touristiques en Turquie. Les adhésions étaient en chute libre, réduite virtuellement de moitié, et la capture de leur leader, Abdüllah Öçalan démoralisé de larges segments du PKK, dans un contexte de rumeurs de scissions [http://www.tkb.org/Group.jsp?groupID=4381]. La reprise des bonnes fortunes de cette formation coïncida avec des informations sur la connexion Pejak/Etats-Unis ainsi – ce qui est particulièrement évocateur – qu’avec la disparition de munitions, d’armes et d’autres équipements américains, en Irak…

Ce sont près d’une arme sur vingt-cinq fournies aux Irakiens par les Etats-Unis qui ont disparu [http://www.usatoday.com/news/world/iraq/2006-10-29-missing-weapons_x.htm]. De plus, les systèmes prévus pour en assurer la traçabilité n’ont fonctionné dans aucun cas. 370 000 armes légères ont été envoyées en Irak par les Etats-Unis, depuis 2003, et pourtant, ce sont seulement 3 %¨de ces armes qui ont vu leurs numéros de série enregistrés par le Département américain à la Défense, avant d’être remises au régime irakien. Pour quelque raison que nous n’osons imaginer, le général en charge de cette tâche particulière – un certain Petraeus [http://www.philly.com/philly/news/nation_world/20070928_Report__U_S__didnt_track_weapons_for_Iraqis.html], n’a jamais été tenu responsable de ce qui est un des plus gros scandales de cette guerre, qui en regorge.

L’idée que des soldats américains « corrompus » auraient vendu des armes aux guérilleros du PKK au marché noir n’est pas tellement tirée par les cheveux, mais l’absence de tout système permettant de répertorier ces flingues invite à des suspicions sur une plus large échelle. N’aurait-on pas bricolé une explication de ce genre précisément parce que le Pentagone – ou quelqu’un d’autre – voulait s’assurer que ces armes ne pourraient être tatouées ? Cela faciliterait manifestement l’armement de groupes comme le Pejak, afin de mettre la pression sur les Iraniens et de donner aux accros du changement de régime du Pentagone [http://209.85.165.104/search?q=cache:ruMnHnl98cAJ:www.newamericancentury.org/
RebuildingAmericasDefenses.pdf%2Brebuilding%2Bamerica%27s%2Bdefenses&hl=en&ct=clnk&cd=1&gl=us
] une énorme cache d’armes américaines dans laquelle puiser, à volonté, non ?

L’on sait que tant les Etats-Unis qu’Israël aident le Pejak, et cela a certainement permis au PKK de téter le pipeline des armes américaines, fût-ce « indirectement ». Le facteur israélien apporte pourtant un autre angle de vue sur cette histoire : Seymour Hersh, a aussi expliqué [http://www.newyorker.com/archive/2004/06/28/040628fa_fact?printable=true] que les Israéliens ont placé une énorme quantité de leurs billes au Kurdistan, non seulement en investissant dans plusieurs opérations économiques géantes, mais aussi en s’engageant dans l’entraînement de « commandos » kurdes [http://www.antiwar.com/blog/2006/09/20/the-israeli-kurdish-alliance/]. Ne pourrait-il pas s’agir, notamment, de guérilleros du PKK ?

L’Iran et la Turquie ont engagé [http://newsblaze.com/story/20060402232228nnnn.nb/topstory.html] une coopération dans l’éradication de la menace kurde, et cette coopération est une raison supplémentaire du déclin général des relations entre Ankara, d’un côté, et le couple Washington – Tel-Aviv, de l’autre. Ce qui avait été naguère une relation extrêmement étroite commença à s’effilocher quand les Turcs refusèrent [http://www.sweetliberty.org/issues/war/iraq/turkeybush.shtml] de laisser les Américains utiliser leur territoire comme rampe de lancement pour envahir l’Irak, et les choses n’ont cessé de se dégrader à un rythme soutenu, depuis lors. Les maniaques des changements de régime, au sein de l’administration américaine, se sont réunis autour du bureau de Dick Cheney [http://www.prospect.org/cs/articles?articleId=11423], et les responsables civils du Pentagone, au plus haut niveau [http://www.defenselink.mil/bios/biographydetail.aspx?biographyid=45], ont peut-être décidé que les Turcs devaient être balancés par-dessus bord, maintenant que la campagne ciblant Téhéran [http://www.amazon.com/Target-Iran-Houses-Regime-Change/dp/1560259361] bat son plein [http://www.alternet.org/waroniraq/66157?page=entire].

Si le prix kurde à payer pour subvertir le régime iranien consiste en une aide clandestine à leurs agressions continuelles contre la Turquie, alors il y a peu à parier que le Parti de la Guerre (américain) est tout à fait disposé à le payer : la loyauté n’est pas particulièrement leur truc, comme les chiites irakiens en attesteront volontiers [http://www.reuters.com/article/worldNews/idUSCOL75103720070617?pageNumber=1].

J’ai beaucoup de mal à croire que l’énorme quantité d’armes américains confisquées, qui apparemment ont fini par aboutir entre les mains des combattants du PKK, auraient simplement fait leur apparition sur les étals du marché noir, comme ça, sans aucune connaissance ni aucune complicité des plus hautes autorités. Jusqu’où va cette « corruption », cela reste à établir. Ce que nous savons, en revanche, de connaissance sure, c’est ceci : le Parti de la Guerre [http://www.aei.org/] n’est pas particulièrement timide lorsqu’il s’agit de se compromettre dans des opérations voyoutes [http://www.washingtonmonthly.com/features/2004/0410.marshallrozen.html], ni dans le montage de courts-circuits [http://www.smh.com.au/articles/2003/07/13/1058034878151.html] permettant de circonvenir les autorités légitimes, quand cela sert ses objectifs.

Lors d’une manifestation récente d’étudiants turcs contre le terrorisme du PKK, on a vu les manifestants dénoncer conjointement les Kurdes et le gouvernement américain : « A bas le PKK ! » [http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2007/10/27/wturkey227.xml], criaient les étudiants, « A bas les Etats-Unis ! ». En Turquie, tout au moins, les gens savent qui et ce qui se trouve derrière la vague de terreur qui vient de secouer ce pays.

Toutefois, en Amérique, il n’en va pas de même : les médias dits d’ « information » n’ont pratiquement rien dit [http://www.google.com/news?q=FBI%2BPKK&sourceid=navclient-ff&ie=UTF-8&rlz=1B3GGGL_
enUS176US231
] au sujet de l’enquête du FBI, ni de l’implication possible des Américains, et nous n’avons pas entendu grand-chose non plus au sujet de l’israeli ou de l’american connexion [http://www.google.com/news?sourceid=navclient-ff&ie=UTF-8&rlz=1B3GGGL_enUS176US231&q=
Pejak%2BIsrael&btnG=Search
] avec les formations kurdes dites de « libération », tel le Pejak, mis à part ce qu’ont pu nous expliquer Hersh [http://www.juancole.com/2007/07/are-we-already-at-war-have-us-enabled.html]et d’autres commentateurs que l’on peut compter avec ses doigts [http://www.rawstory.com/news/2006/White_House_denies_reports_that_U.S._0503.html]. Quant aux médias « comme il faut », ce qui est en train de se passer entre les Turcs et les Kurdes n’est qu’un nouvel avatar de ces dettes de sang anciennes et interminables qui sont censées caractériser le Moyen-Orient ! Personne ne se donne la peine de se demander pourquoi ce problème ancestral est en train de connaître une escalade, précisément, actuellement ?

Que le PKK et le Pejak soit venus se blottir dans les griffes du Parti de la Guerre, c’est quelque chose que l’on comprend parfaitement : après tout, ils veulent libérer leur peuple et l’unifier dans ce rêve d’âge d’or que représente le « Grand Kurdistan » [http://vwt.d2g.com:8081/kurdistan.jpg]. Comme l’Iraqi National Congress d’Ahmad Chalabi [http://www.rollingstone.com/politics/story/8798997/the_man_who_sold_the_war/print], ils sont prêts, ils sont déterminés, et ils sont capables d’utiliser les Américains pour faire la promo de leur propre agenda politique.

La question posée au Congrès des Etats-Unis, toutefois, est la suivante : les contribuables américains ne risquent-ils pas d’être en train de subventionner un terrorisme frappant les Turcs, à la seule fin d’assurer la promo de l’agenda politique du Parti américain de la Guerre ?...

Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier



Source et traduction : Marcel Charbonnier


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