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Antiwar
Obama va à Canossa : il capitule devant le lobby sioniste
Justin Raimondo
on Antiwar.com, 9 juin 2008
http://antiwar.com/justin/?articleid=12944
La visite du Premier ministre israélien Ehud Olmert aux
Etats-Unis s’inscrit dans un effort concerté du gouvernement
israélien et de ses lobbyistes américains, visant à convaincre
le législateur américain – et, avant tout, le président George
Deubeuliou Bush – que le temps d’attaquer l’Iran est venu. Le
quotidien israélien Yediot Ahronot écrit qu’Olmert dira à Bush
que « le temps (de la diplomatie) est en train de
s’épuiser » et qu’il devrait déclencher une attaque, maintenant.
Dans son adresse au congrès de l’Aipac, le message d’Olmert
était dur et implacable : l’Iran, disait-il, « doit être
empêché, par tous les moyens possibles », d’acquérir une
capacité nucléaire militaire. Certes, les sanctions doivent être
renforcées, mais elles ne représentent que de « premières
initiatives » : ce qui est requis, a-t-il déclaré, ce sont « des
mesures plus drastiques et plus énergiques » - et cela ne peut
avoir qu’une seule signification : la guerre.
Israël préfèrerait ne pas agir seul, mais Olmert a signalé qu’il
avait l’intention de le faire, s’il y était poussé : « Israël ne
tolèrera pas la possibilité d’un Iran nucléarisé, ni aucun autre
pays ne devrait le faire, où que ce soit dans le monde libre »,
a-t-il déclaré, dans ce qui était manifestement une menace de
passer unilatéralement à l’action. Citant les états de service
d’Israël en ce qui concerne l’Irak, dans les années
quatre-vingt, et la Syrie, l’année dernière, Tim Butchers a
averti, dans The Telegraph : « Ce discours met quasiment fin aux
tergiversations au sujet d’une intervention militaire contre le
programme nucléaire iranien. »
Si Israël mettait sa menace en exécution, les Etats-Unis
seraient de manière quasi certaine entraînés dans le conflit, et
Olmert le sait parfaitement. Il en va de même pour Bush, qui,
quoi qu’il en soit, n’a sans doute pas besoin d’être longuement
persuadé. Après tout, dans son discours devant la Knesset, au
mois de mai, le président américain n’a-t-il pas déclaré :
« Permettre au sponsor
en chef du terrorisme mondial de posséder les armes les plus
meurtrières du monde, cela serait une trahison impardonnable
pour les générations à venir. Pour la sauvegarde de la paix, le
monde ne doit pas permettre à l’Iran de détenir une arme
atomique » ?
Dans l’intérêt de la paix, nous devons faire la guerre : refrain
familier, qui produit son écho à travers les années, se moquant
à la fois des vivants et des morts…
Pour le parti de la guerre, l’horloge cliquette, et le temps
s’épuise : ils doivent endosser leur uniforme avant que le
président le plus pro-israélien jamais encore connu quitte ses
fonctions. Comme l’écrit Butcher : « Chez les partisans
israéliens d’une action armée contre l’Iran, on est préoccupé
par le fait que quelque chose doit être fait avant la fin du
mandat de M. Bush, en janvier 2009, M. Bush étant perçu comme
plus proche d’Israël qu’aucun de ses successeurs potentiels. »
Ne comptez pas sur Barack Obama pour nous délivrer de ce conflit
menaçant. Dans son discours à l’Aipac, il a clairement avalisé
le dernier projet du Lobby, abandonnant momentanément ses notes,
pour déclarer :
« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l’Iran
d’obtenir une arme nucléaire. Tout ce qui est en mon pouvoir.
Tout ! »
Et ce « tout » inclut l’assassinat de dizaines de milliers
d’Iraniens, pour la plupart des civils – portant le prix du
baril de pétrole au-dessus des 300 dollars et détruisant
l’économie américaine – et nous impliquant dans une guerre qui
fera du conflit actuel en Irak quelque chose comme un
pique-nique scolaire du dimanche. Et tout ça, pour quoi ?
L’ironie, bien entendu, c’est que l’Iran n’est absolument pas en
passe d’obtenir l’arme nucléaire, comme les agences de
renseignement du président américain lui-même l’en ont récemment
informé : mais peu importe. C’est là un petit obstacle, pour
ceux qui méprisent la « communauté fondée sur la réalité » et
qui se voient en train de Faire l’Histoire, tandis que le reste
d’entre nous, nous observons, interdits et stupéfaits. Comme l’a
écrit récemment Ha’aretz :
« Olmert va tenter de
convaincre Bush de mettre de côté l’Evaluation des
Renseignements Nationaux sur le programme nucléaire iranien,
pour adopter des données présentées par Israël, et déterminer en
conséquence la politique de l’administration américaine envers
l’Iran. »
La guerre annoncée contre l’Iran n’a rien à voir avec les
« armes de destruction massive » - pas plus que l’invasion de
l’Irak n’avait le moindre rapport, non plus, avec ces armes
(inexistantes). Tout tourne autour de la préservation de
l’hégémonie israélienne au Moyen-Orient, en effaçant de la carte
chacun et la totalité des pays arabo-musulmans récalcitrants. Ce
fut d’abord l’Irak, puis ce sera le tour de l’Iran, et enfin
celui de la Syrie, sans tarder, et sans oublier le pauvre Liban
prostré, naguère joyau de la Méditerranée orientale, et
désormais panier de basket économique et politique.
Il est quasi certain que nous serons en guerre avec l’Iran avant
même l’intronisation d’un nouveau président : maintenant qu’Obama
a capitulé devant le Lobby, rien, mis à part la Providence
divine, ne pourra l’empêcher.
Que Dieu nous vienne en aide, à nous tous, autant que nous
sommes !…
Force m’est bien de reconnaître que j’avais tort – terriblement
tort – sur le compte d’Obama. Dans mon désir de trouver un point
de lumière dans un monde en cours d’assombrissement accéléré, je
m’étais raccroché à sa rhétorique prenante et à sa critique par
moment tranchante de la politique étrangère de Bush, comme un
marin en train de couler s’accroche à son gilet de survie. Mais
le fait de rechercher de l’espoir dans les mauvais endroits ne
créent pas d’opportunités pour la paix – cela ne fait que
prolonger nos illusions. Nous devons faire face à la perspective
d’un conflit bien plus terrible encore que ceux que nous avons
connus, et regarder cette perspective bien en face, sans
flancher, ni sans rechercher de faux prophètes. Je sais que vous
êtes nombreux à être désappointés, et que certains parmi vous
êtes en train de vous exclamer : « Je vous l’avais bien dit ! ».
Tout ce que nous pouvons faire, maintenant, c’est espérer et
prier, que notre pays, et le peuple iranien, survivront, d’une
manière ou d’une autre, à la catastrophe qui s’annonce à notre
porte.
Traduit
de l’anglais par Marcel Charbonnier
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