The Independent
Libye : le silence assourdissant
Jody McIntyre
Des véhicules détruits à Kalaa, le 8 juin 2011
Vendredi 10 juin 2011
A présent nous allons envoyer des Apache pour
bombarder les civils libyens. Une escalade de plus dans
une guerre sanglante de l’OTAN de plus. Ou, comme l’a
dit le Colonel Jason Etherington, « ce n’est qu’un
élément de plus dans le jeu ».
La totalité des médias suivent la ligne officielle.
Il s’agit d’une guerre pour protéger les civils. Il
s’agit d’une guerre pour forcer Kadhafi à partir. Comme
si les gouvernement occidentaux, avec leur brillant
historique de violations des droits de l’homme à travers
le monde, avaient la moindre autorité morale pour porter
un jugement sur le gouvernement Libyen. La rhétorique d’Etherington
révèle la minable vérité, cette guerre n’est qu’un jeu
pour nous, un « jeu » qui mérite d’être élargi.
Même Al Jazeera raconte la même histoire de
« rebelles » qui capturent des villes les unes après les
autres. Mais la chaine ne diffuse pas d’images de
Tripoli, la capitale, où, à l’exception des
bombardements de l’OTAN, les gens continuent de vivre
leurs vies. Et on ne montre jamais les images des crimes
commis par cette soi-disant brigade « rebelle » qui a
violemment attaqué les Libyens et Africains noirs dans
l’est du pays, en les qualifiant de « mercenaires
africains », embauchés par Kadhafi, même si tous les
Libyens sont en fait des Africains. Rien de tout ça
n’est raconté, parce que ça ne cadre pas avec la version
officielle. Les merveilleux dirigeants rebelles, dont
beaucoup travaillaient pour Kadhafi il y a encore
quelques mois, sont nos alliés. Kadhafi, le méchant
utile, est notre ennemi juré.
Mais pourquoi un tel silence ? Contrairement à
l’Afghanistan et à l’Irak, qui ont provoqué d’énormes
protestations à travers le monde, les réactions devant
la Libye ont été relativement faibles. On nous a vendu
une fausse prémisse et, comme dirait Noam Chomsky, nous
avons permis la fabrication de notre consentement.
Après le rideau de fumée initial qui a bien
fonctionné, le gouvernement britannique, entre autres,
n’a plus besoin de cacher ses véritables objectifs. Même
s’il n’en a jamais vraiment eu besoin. « Nous n’allons
pas établir une échéance, » dit William Hagie. Bien sûr
que non, car l’impérialisme ne connait aucune limite
lorsqu’il s’agit de faire la guerre.
J’ai toujours été frappé par les gens qui réagissent
de façon hystérique lorsqu’il s’agit d’une guerre où
notre pays est impliquée. Si vous faites remarquer la
réalité de la situation, ils vous accuseront d’être
indifférent au sort des civils libyens, ou de soutenir
une dictature. En réalité, c’est notre gouvernement qui
a pour habitude de soutenir les dictatures, et c’est
notre gouvernement qui est en train de bombarder des
civils libyens. Comme l’a écrit cette semaine Frank Netter dans son blog « Straight Talk », « Chacun d’entre
nous qui paie des impôts accepte tacitement et
indirectement le financement des bombes qui sont
actuellement employées pour tuer des Afghans et des
Libyens. Pour citer Sartre, "vous n’êtes pas
merveilleux, vous êtes des assassins" ».
Cela n’a rien à avoir avec la protection des civils,
et tout à voir avec le rétablissement d’une domination
militaire et économique en perte de vitesse dans la
région. Lorsqu’on examine la liste des rares pays dans
le monde où aucune base militaire US n’est implantée, il
devient beaucoup plus clair qui sont nos « ennemis » et
pourquoi on nous les présente comme tels.
Jody McIntyre
http://blogs.independent.co.uk/2011...
Traduction "pendant les divertissements, la guerre
continue" par VD pour le Grand Soir, avec probablement
les fautes et coquilles habituelles.
© LE GRAND SOIR - Diffusion non-commerciale
autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
Publié le 10 juin 2011
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