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Opinion
Côte d'Ivoire:
un grand africain, Rawlings prône la plus grande modération
Jerry Rawlings
Dimanche 26 décembre 2010
L'ancien président ghanéen Jerry Rawlings prône 'la plus grande
modération' sur la crise ivoirienne - L'ancien président du
Ghana, Jerry John Rawlings, a appelé à 'la plus grande
modération' dans la gestion de la crise politique en Côte
d'Ivoire suscitée par une élection controversée dont deux
candidats se sont déclarés vainqueurs. Dans son deuxième
communiqué en trois jours à Accra vendredi, il a averti que la
situation en Côte d'Ivoire n'était pas 'une simple querelle
électorale'.
Selon lui, c'est un 'ensemble de complexités politiques et
ethniques' qui devraient être traitées avec 'tact et diplomatie
plutôt qu'avec des évocations ouvertes d'une intervention
énergique'.
La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, qui a
vécu une guerre civile sanglante en 2002 risque de s'enfoncer
encore une fois dans le chaos après que son président sortant,
Laurent Gbagbo et le vétéran de l'opposition Alassane Ouattara
ont revendiqué tous deux la victoire au deuxième tour de
l'élection du 28 novembre.
La Commission électorale indépendante a déclaré M. Ouattara
vainqueur, mais ces résultats ont promptement été annulés par le
Conseil constitutionnel qui a donné la victoire à M. Gbagbo
après avoir invalidé des centaines de milliers de voix obtenues
par M. Ouattara dans son fief du nord.
Cette décision a suscité un tollé international et les Nations
Unies ont donné le ton aux organisations régionales et
sous-régionales en reconnaissant M. Ouattara et en imposant des
sanctions à ce pays d'Afrique de l'ouest.
Les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique
de l'ouest (CEDEAO) ont annoncé l'envoi d'une autre délégation
pour convaincre M. Gbagbo de quitter le pouvoir de son plein gré
sous peine d'être contraint de le faire.
M. Rawlings a cependant averti que les résultats controversés
indiquent clairement que 'la Côte d'Ivoire est profondément
divisée sur le plan ethnique et que c'est une question qui doit
retenir l'attention des principaux acteurs comme la CEDEAO,
l'Union africaine (UA) et les Nations Unies lorsqu'ils
envisagent des options pour résoudre cette crise'.
'Les deux hommes au centre de cette querelle ont indiqué être
disposés à ce qu'il soit procédé à un nouveau comptage des voix
ou à une vérification plus approfondie des résultats par des
observateurs neutres. Y-a-t-il une motivation cachée à refuser
d'envisager ces options proposées par les deux parties',
s'est-il demandé.
'Il est également important de ne pas nous précipiter vers
n'importe quelle forme d'intervention énergique. Ce qui ne va
pas garantir une résolution définitive de la crise et pourrait
même exacerber une situation déjà explosive qui pourrait
dégénérer en une guerre civile à grande échelle avec des
conséquences horribles.
'Les tentatives d'obtenir du soutien pour une intervention
militaire ne se justifient nullement et exposent plutôt l'ONU,
la CEDEAO et l'UA à passer pour des hypocrites', a-t-il estimé.
M. Rawlings a déclaré que des résultats électoraux plus
scandaleux étaient passés sans qu'une intervention soit
réclamée. 'Comment pourrons nous justifier une intervention dans
ce cas précis, alors que les résultats sont si proches et qu'ils
reflètent des divisions ethniques profondes?', s'est-il
interrogé.
Il a préconisé d'examiner toutes les options pacifiques
disponibles, plutôt qu'une intervention militaire ne pouvant
instaurer une transition politique pacifique dans ce pays.
M. Rawlings a déclaré que la situation était tout à fait
embarrassante pour l'Afrique et qu'il était également
préoccupant que plusieurs faits aient été passés sous silence
par la presse internationale.
Les rapports de certains observateurs électoraux majeurs
condamnant le déroulement des élections dans plusieurs endroits
du pays ont été totalement ignorés par la presse internationale,
selon lui.
M. Rawlings a estimé qu'il y avait plusieurs questions cruciales
sans réponses, en ajoutant que les détails du rapport de
l'émissaire de l'UA, l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki,
devaient être rendus publics pour aider à démêler la situation.
Il a demandé à la CEDEAO de convoquer une réunion d'urgence pour
inviter les deux parties antagonistes ainsi que les
représentants de toutes les missions d'observation ayant couvert
les élections à présenter leurs arguments.
'Nous devons avancer avec prudence dans l'intérêt du peuple de
la Côte d'Ivoire, qui est la véritable victime de cette
tragédie', a estimé M. Rawlings.
Pana
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