|
CounterPunch
Ce
que veut l’Aipac, il
l’obtient
Les
vendus démocrates et le lobby israélien
Jerry
Kroth *
on CounterPunch, 10 juillet 2007
http://www.counterpunch.org/kroth07102007.html
[Encore un universitaire qui élève la voix pour exprimer une vérité
fondamentale concernant l’Aipac et, de manière générale, le
lobby sioniste. Pas étonnant que le lobby, et son ‘Campus Watch’
[organisme de flicage anti-antisioniste sévissant dans les
universités américaines, ndt] soient inquiets. Ils perpétuent
ce qui est décrit dans cet article depuis des décennies, sans la
moindre réaction de gens qui prétendent défendre la cause
palestinienne (et il n’y a toujours pas le moindre frémissement
de prise de conscience à ce sujet dans les organisations bidons
du mouvement anti-guerre. Etonnant, non ?) Jeff Blankfort.]
En novembre, l’électorat américain a
rejeté la débâcle de Bush en Irak, installant des majorités démocrates
tant à la Chambre qu’au Sénat, en se jurant de mettre un terme
définitif à cette « politique tordue, enveloppée dans
l’illusion ». Bush a mis son véto à leur calendrier de
retrait (d’Irak), mais les électeurs ont exhorté leurs leaders
à tenir bon et à ne pas se laisser avoir. Finalement, toutefois,
ce sont non moins de 37 sénateurs démocrates qui ont capitulé
et qui ont donné gratuitement (et sans aucune condition) au président
Bush son chèque en blanc de 100 milliards de dollars, soit assez
d’argent pour financer les études d’un million trois cents
mille étudiants du secondaire, durant quatre années complètes !
Profonde déception. Cindy Sheehan, l’icône
progressiste, fut tellement démoralisée qu’elle a démissionné
et qu’elle est retournée à la vie civile. En juin, un sondage
réalisé par CNN indiquant que le « respect envers le Congrès »
avait chuté vertigineusement, atteignant le plus bas niveau
« jamais encore enregistré ».
Certains bloggers [il s’agit de personnes
qui échangent librement leurs opinions et commentaires politiques
sur des sites ouèbes personnels, ndt] les ont traîté de
« démocrates traîtres », et ce qualificatif est
approprié. Au moment du vote, 62 % des Américains étaient
favorable à un calendrier de retrait (d’Irak), mais, plus
significatif encore, ce sont 70 % des démocrates qui étaient de
cet avis. Aussi, le vote parlementaire contre cette vague de colère
grossissante a trahi la volonté des citoyens et du parti qui, précisément,
avaient désigné ces (parlementaires) démocrates.
Curieusement, la totalité des démocrates
traîtres s’avèrent de gros détenteurs de fonds provenant du
lobby israélien. Si nous prenons dix de ces Démocrates apostats
et si nous les comparons à dix Démocrates n’ayant pas trahi
leurs électeurs, les contributions versées par les lobbys locaux
pro-israéliens [les ‘pro-Israeli PAC, ndt] à ceux qui ont
retourné leur veste sont dix
fois plus importantes que celles perçues par les édiles
demeurés fidèles à leur électorat (en moyenne : 322 000
dollars, contre 34 000 dollars).
Rentrons dans le détail : Carl Levin, détracteur
déclaré de la guerre, et, pensions-nous, soutien loyal du
nouveau régime (démocrate, ndt) pour qu’il y mette fin, a fait
défection et a effrontément tourné le dos à sa base électorale
dans l’Etat du Michigan. En dépit de sa rhétorique anti-guerre
stridente, le quotidien Grand Rapids Independent écrit que Levin
a soutenu Bush sur toute la ligne, « votant avec constance
le financement de la guerre et n’introduisant aucun texte législatif
significatif susceptible d’en avancer la fin ».
Pratiquement inconnu de ses électeurs, Levin est un des
principaux bénéficiaires des largesses des « Pro-Israeli
PAC » : il a reçu 600 000 dollars en « contributions
à sa carrière (politique) », indique le Washington Report
on Mideast Affairs.
Barbara Boxer, Denis Kucinich et Earl
Blaumenauer, tous opposants à la guerre, ont reçu tous les trois
ensemble 37 000 dollars ; mais ces démocrates ayant
retourné leur veste que sont Dan Durbin, Max Baucus et Frank
Lautenberg ont raflé plus d’un million de dollars, auquel il
convient d’ajouter des gratifications occultes, tels des voyages
à l’œil…
Ce qui part au lavage, c’est le meilleur
que puisse acheter le fric de l’Aipac : trois mois avant
que nous n’envahissions l’Irak, un sondage du New York Times
montrait que seulement 30 % des Américains étaient favorables à
une invasion totale ; mais le lobby israélien [Aipac] y était
favorable, et il a emporté le morceau. Seule, une petite pincée
d’Américains était en faveur de l’ « insurrection »
- à peine 14 % – mais l’Aipac y était favorable, et
l’insurrection, on la voit se produire en ce moment même !
Moins de 30 % des Démocrates étaient favorables à voter des
budgets non conditionnés, mais l’Aipac y était favorable. En
conclusion s’élève le chœur rebattu : « Ce que
veut l’Aipac, l’Aipac l’obtient »…
En 1992, le directeur du lobby israélien,
David Steiner, a été enregistré à son insu en train de se
vanter d’avoir joué un rôle dans le choix du Secrétaire d’Etat
et de tout ce qu’il avait obtenu en faveur d’Israël :
« En plus des 10 milliards de prêts garantis – ce qui était
déjà fabuleux -, (j’ai décroché) 3 milliards en aide
militaire à l’étranger, et j’ai eu presque un milliards de
dollars, sous forme d’autres friandises dont personne n’a la
moindre idée ! ». L’enregistrement ayant été rendu
public, Steiner démissionna. Mais cette histoire n’a fait que
souligner l’incroyable pouvoir, le formidable entrisme et
l’inimaginable influence qui sont ceux du Lobby.
Deux universitaires, Mearsheimer et Walt, ont
insinué, récemment, que la démocratie américaine a été
subornée par le lobby israélien – faisant, en cela, écho à
l’accusation formulée en 1989 par le Sénateur Fulbright contre
l’Aipac, d’avoir usurpé le processus électoral et d’être
capable de « faire élire ou faire battre n’importe quel sénateur
ou n’importe quel membre du Congrès qu’il voudrait éliminer ».
Ces observations ne sont pas tombées dans l’oreille de sourds.
Plus de la moitié du Sénat et un tiers du Congrès ont assisté
au congrès annuel de l’Aipac, où ils ont été bien sages (à
opposer à moins d’une douzaine venus participer à l’événement
organisé par la NAACP [il s’agit de la National
Association for the Advancement of Colored People – une sorte de
Mrap américain, ndt). Le fait de ne pas assister au congrès
de l’Aipac risque de suggérer l’idée que le législateur non
assidu pourrait être faible face au terrorisme, voire pire – ce
qu’à Dieu ne plaise – être antisémite !
Les idéalistes anti-guerre peuvent penser que le crime de guerre en
cours, le carnage « choc et tremblement », les
tortures et les enlèvements suivis d’internements touchent à
leur fin, mais l’agenda de l’Aipac semble fermement axé sur
le maintien de troupes américaines au Moyen-Orient, en tant que
première ligne israélienne de défense et, ce, jusqu’à un
horizon indéfini. Leur principal doberman d’attaque, Joe
Lieberman, a récemment donné un avant-goût, à l’émission télévisée
Face the Nation, de ce qui risque de nous attendre : des
« frappes militaires » contre l’Iran… apparemment,
pour s’assurer qu’Israël restera bien l’unique puissance
nucléaire au Moyen-Orient.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
|