Jeff Gates
Jeudi 29 avril 2010
http://www.rebelnews.org/opinion/americas/218293-dual-loyalty-revisited
Les 4/5 des membres de la Chambre des
Représentants et du Sénat américains ont déclaré récemment,
après une déclaration de politique générale de la Secrétaire
d’Etat Hillary Clinton, que les Etats-Unis doivent réaffirmer
leur « lien indissoluble » avec l’entité sioniste. Qu’est-ce qui
a bien pu persuader notre Congrès de proclamer ainsi sa loyauté
à Israël au moment-même où notre armée est en train de faire une
guerre au Moyen-Orient sur la base de renseignements bidon ?
Toute évaluation objective de ce ‘lien’ ne
peut que reconnaître la nécessité d’en réévaluer le prix en sang
versé et en argent dépensé. Pourtant le Congrès – oui, notre
Congrès – s’est opposé à cette réévaluation, même si le
commandement-en-chef de nos armées veulent obtenir qu’Israël
mette fin à sa brutale occupation militaire de la Palestine qui
ne cesse de provoquer l’indignation mondiale depuis plus de
soixante ans.
Le Congrès et le Président des Etats-Unis
ont prêté un même serment avant d’accéder à leurs fonctions. Ce
serment les oblige à protéger les Etats-Unis contre toutes les
menaces, tant étrangères qu’intérieures. Les faits confirment
que les renseignements bidon qui ont entraîné notre armée dans
la guerre en Irak provenaient tous d’une même source : Israël.
Toutes les preuves dénoncent Israël et ses supplétifs, y compris
ceux du Congrès. Est-ce pour cela que le lobby sioniste a obligé
le Congrès à vouer une allégeance éternelle à Israël ?
Aide
et soutien
La relation américano-israélienne a apporté
la preuve qu’elle représente une menace constante pour notre
sécurité nationale. Ce péril n’a fait que s’accroître au fil du
temps. Le vol massif de terres par Tel Aviv, en 1967, n’avait
rien de « défensif », contrairement à ce que les dirigeants
israéliens ont prétendu depuis lors pour tenter de le justifier.
Cette agression d’Israël contre ses voisins était une conquête
territoriale mûrement planifiée depuis longtemps de territoires
que les sionistes considèrent leur appartenir légitimement, dans
le cadre de leur volonté de réaliser le ‘Grand Israël’.
Lorsqu’ils avaient conseillé au président
Harry Truman de ne pas reconnaître le caractère d’un Etat
légitime à cette enclave extrémiste qu’est Israël, les chefs
d’état-major américains lui avaient exposé les concepts
fanatiques du sionisme, notamment son projet d’établissement
d’une hégémonie militaire et économique sioniste sur l’ensemble
du Moyen-Orient. Nos responsables militaires avaient
malheureusement raison.
Confronté à une chute de sa popularité et
des coffres de financement de sa campagne présidentielle de 1948
quasiment vides, Truman avait apposé sa signature à une note de
deux phrases, le 14 mai, accordant aux sionistes ce qu’ils
voulaient : la reconnaissance des Etats-Unis. Cette décision
donna le signal du départ à une « relation spéciale » qui n’a
cessé de démontrer le danger qu’elle représente pour les
intérêts des Etats-Unis.
Le train électoral de Truman put alors
« refaire le plein » grâce à une somme de 400 000 dollars
offerte par les sionistes (correspondant à 3,6 millions de
dollars au taux de 2010). Tandis que les éditos des médias
quasi-unanimement pro-sionistes se retournaient en faveur de
Truman, celui-ci finit par s’imposer, lors des élections de
novembre 1948, sur son rival de New York, Tom Dewey.
N’eût été l’Holocauste, Truman n’aurait
jamais pu reconnaître le sionisme en tant que fondement légal
d’un Etat souverain en Palestine, en raison de l’intense
opposition du Secrétaire d’Etat George Marshall, du Pentagone,
du service de planification de la politique extérieure du
Département d’Etat et de la
Central Intelligence
Agency (CIA). Toutes ces instances et personnalités
éminentes étaient catégoriquement opposées à la reconnaissance
de l’entité sioniste, et il en allait de même en ce qui concerne
les membres du corps diplomatique américain, qui savaient, eux,
de quoi il en retournait…
En sus des nécessités de financer sa
campagne électorale, qui jouèrent un rôle indéniable, Truman a
également agi ainsi en raison de préoccupations humanitaires et
religieuses découlant de son éducation chrétienne-sioniste dans
un trou perdu du Missouri, où il est notoire qu’il avait déjà lu
cinq fois la Bible du début jusqu’à la fin alors qu’il n’avait
pas encore quinze ans.
Sa décision a été également déterminée par
des sentiments qu’il avait formés dans sa jeunesse, une période
où il s’abîmait dans une théologie baptiste fondamentaliste qui
révérait le « retour à Sion » des juifs, condition requise pour
le retour du ‘Messie chrétien’.
Passons, en accéléré, jusqu’à 2001, année
où, en réaction à la provocation qu’a représenté un massacre de
masse sur le sol américain [les attentats du 11 septembre, ndt],
un autre chrétien-sioniste (G.W. Bush) s’avéra prédisposé à
soutenir une riposte militaire coïncidant avec un programme
expansionniste mis au point depuis fort longtemps par
ceux-là-mêmes que nos responsables militaires avaient dénoncés
comme fanatiques cinquante-trois ans plus tôt.
Le
vol de territoires des Six-Jours
Dans les esprits de ceux qui pensent comme
la diaspora juive, la guerre des Six-Jours de juin 1967 a
réactivé l’insécurité mentale et émotionnelle associée aux
fascistes de la Seconde guerre mondiale. Combinés entre eux, ces
deux événements historiques ont catalysé une « diaspora
interne » planétaire, fondée sur :
- le nationalisme, se traduisant par un
lien émotionnel partagé entre des gens persuadés d’avoir en
commun une communauté d’intérêts entre eux et une propriété
immobilière dans laquelle ils peuvent très bien ne jamais mettre
les pieds, peu importe. Après la guerre dite des Six-Jours,
l’Etat Israël devint la Terre d’Israël, fondée sur l’ère
d’expansion accrue qu’il occupait et sur le territoire
additionnel dont il lui restait à s’emparer ;
- l’insécurité, sous la forme d’un
sentiment partagé de vulnérabilité et de victimitude, tandis que
les juifs se voyaient confrontés à une menace largement
médiatisée bien qu’elle ne cessât de s’effilocher. Après les
attentats du 11 septembre 2001, le « cercle arabe d’acier » de
1967 se mua en « menace de l’« islamo-fascisme » ». A l’époque,
comme aujourd’hui, la politique d’Israël fut fustigée, et des
campagnes médiatiques prétendirent que l’on eût assisté à une
flambée d’« antisémitisme ».
Tout au long de cette saga, certains faits
ont été pris pour argent comptant qui sont aujourd’hui fortement
mis en doute. La prétention sioniste au « droit au retour » est
fonde sur un récit historique actuellement soumis à un assaut en
règle de la part des chercheurs. Dans son ouvrage Comme le
peuple juif a été inventé, l’historien israélien Shlomo Sand
conteste l’exactitude historique à la fois de l’Exil et de
l’Exode, remettant de ce fait en question la légitimité du
‘retour’, lequel est le fondement ‘moral’ d’une entité étatique
israélienne en Palestine.
Comme le font observer les égyptologues,
l’antique civilisation pharaonique ne mentionne quasiment pas un
Exode, alors même que les pharaons étaient particulièrement
méticuleux en matière d’archivage des moindres événements
survenus durant leur règne. Comment, par conséquent, un
événement d’une nature aussi cataclysmique que le partage de la
Mer Rouge et la mort par noyade d’un puissant pharaon avec toute
son armée ait totalement échappé aux Egyptiens, alors qu’il
occupe tout un chapitre de la Torah ? Où les faits
finissent-ils, et où la fiction commence-t-elle ?
Les chrétiens et les musulmans ont été
bassinés des mêmes récits oraux. Leurs deux religions sont
tirées du judaïsme, une religion plus ancienne, elle aussi
religion « du livre ». Mais ces deux religions dérivées ont été
incitées à se faire la guerre par les adeptes de la
religion-source, bien plus habiles à déformés les faits au moyen
de ce que la populace ciblée était prête à gober, comme ce fut
le cas avec les soi-disant « faits » fabriqués de toute pièce,
au sujet des armes de destruction massive de l’Irak, des liens
de l’Irak avec Al-Qa’ida, des labos à roulettes de fabrication
d’armes biologiques irakiens etc. Que du bidon. Pourtant, les
gens ont plus que marché : ils ont couru !
La
Terre promise des mystificateurs et des affabulateurs
Fruit d’une angoisse partagée et de la
séduction d’une Terre promise offrant un refuge
via un Droit au Retour
(aussi absurde soit-il), Israël émergea, initialement, en tant
qu’état mental partagé. En 1948, cet état mental émergea en tant
que « foyer national » physique, en Palestine, offrant une
résidence à ceux qu’il considérait comme « juifs ».
S’ajoutant à cela, l’holocauste et la
guerre des Six-Jours firent du sionisme une possibilité
géopolitique. Sans les exactions fascistes de la Seconde guerre
mondiale, la reconnaissance de la légitimité de l’Etat sioniste
par Truman eût été impossible. De même, sans la guerre de 1967,
les juifs modérés auraient continué à s’opposer à l’« Etat
juif », qui représente un obstacle à leur assimilation (dans les
sociétés où ils vivent) et que leurs valeurs rejettent.
Du fait-même que l’on a considéré une
enclave de fanatiques religieux comme une entité présentant tous
les caractères d’une nation souveraine, des forces ont été mises
en mouvement afin de discréditer et de mettre en danger les
juifs antisionistes américains qui étaient à juste titre
inquiets que ce soi-disant « Etat » expansionniste ne mette en
danger l’ensemble de la religion juive en permettant que tous
les juifs soient présentés comme les agents étrangers d’un pays
agresseur.
Les juifs modérés ont compris que des
accusations de « loyauté duplice » pourraient être formulées
afin de viser, par association, y compris les juifs horrifiés
par ce qu’Israël était appelé à devenir – comme le Pentagone
l’avait prédit en 1948.
Sur ces entrefaites, les pressions du lobby
sioniste discréditaient les Etats-Unis dans le monde entier en
s’assurant de l’indifférence du Congrès devant six décennies de
calvaire palestinien. Et voici qu’ajoutant l’insulte à la
blessure, le lobby sioniste, une fois de plus, vient de
s’imposer en persuadant le Congrès de proclamer ce funeste
« lien indissoluble » !
Ils
transforment la fiction en réalités
Le vol des terres par Tel-Aviv, en 1967, a
permis aussi aux « Israélites – avec le soutien de leurs alliés
sionistes-chrétiens – d’occuper un territoire que les juifs
sionistes considèrent leur appartenir, pour la simple ‘raison’
qu’ils sont juifs.
D’où la nécessité stratégique de s’opposer
à quiconque défie soit le maintient de son occupation par
Israël, soit son occupation de territoires supplémentaires en
vue d’une Terre d’Israël encore plus étendue. Ou encore, comme
le prétendent les juifs fondamentalistes, le « rachat » d’un
terre qui leur appartient légitimement en tant que Peuple Elu de
Dieu, le territoire qu’ils occupent leur ayant été donné (par un
Dieu qu’ils se sont choisi eux-mêmes – pratique…).
D’où, aussi, la nécessité de perpétuer une
stratégie agressive cherchant à discréditer, à isoler, à
ostraciser et/ou à marginaliser quiconque critiquerait la
politique expansionniste de Tel-Aviv – même lorsque cette
politique sape les perspectives d’une paix essentielle pour les
intérêts des Etats-Unis au Moyen-Orient. D’où le timing
particulièrement mal venu de cette proclamation d’allégeance
envers un « lien indissoluble » par le Congrès américain.
Le traitement effroyable qu’Israël inflige
à ses voisins musulmans ne date pas d’hier. Mais il est évident
pour tout le monde, sauf pour les aveugles volontaires, que le
comportement d’Israël n’est possible qu’en raison de son « lien
spécial » avec les Etats-Unis. Le renouvellement de leur
dévotion à Israël fait apparaître clairement que le comportement
d’Israël est approuvé et même salué par les Américains – ce qui
produit exactement l’effet sur l’armée américaine que le lobby
sioniste a sans doute anticipé. L’impact dangereux pour la
sécurité nationale des Etats-Unis de ce pari rend le
comportement du lobby sioniste répréhensible.
Les Américains désireux de restaurer notre
sécurité nationale doivent considérer comptables devant la loi
les pro-sionistes qui ont conspiré afin de déformer les faits
essentiels permettant d’opérer un choix informé au moyen des
fausses croyances qui nous ont entraînés dans la guerre en Irak.
Nous devons aussi nous assurer du fait que plus jamais des
intérêts étrangers ne soient ainsi autorisés à exercer un tel
contrôle sur le peu qu’il nous reste de « notre » gouvernement
représentatif.
Le lobby sioniste devrait être obligé à
s’enregistrer en tant qu’agents étrangers soumis à toutes les
restrictions que cela implique, dont une réduction drastique des
financements qu’il apporte au Congrès américain.
Dans la pratique, ceux des Sénateurs et des
Représentants qui viennent encore une fois de clamer leur
loyauté envers Israël n’ont fait qu’apporter de l’aide et du
soutien à un ennemi de l’intérieur. Ceux qui ont mené à bien ce
dernier effort de loyauté duplice sont au service d’un ennemi et
devraient être accusé de haute-trahison, dès lors que notre
nation est en guerre.
Ce crime a été à juste titre considéré
comme relevant de la peine capitale pour ceux qui ont fondé ce
pays afin de protéger nos libertés, en tant qu’Américains,
contre ceux qui manipulent les croyances et influences les
comportements.
Ce comportement – à la source duquel on
peut remonter en suivant les traces – sape depuis fort longtemps
nos intérêts nationaux et met en danger nos soldats. Ceux qui
ont été élus au Congrès sont devant un choix très clair : soit
ils défendent ce pays et soutiennent nos armées, soient ils
devront se démettre.
Ceux qui ne démissionneraient pas
encourraient l’accusation de haute-trahison au moment où une
opinion publique américaine trompée depuis si longtemps
découvrira que ce serment d’allégeance a été proféré alors même
que notre armée est encore exposée au risque généré par des
renseignements bidon inventés de toute pièce et diffusés par
ceux-là même auxquels le Congrès vient de jurer sa fidélité
éternelle.
Informée, l’opinion publique comprendra que
les signataires de cette proclamation de fidélité seront les
premiers suspects quand la justice fédérale américaine
identifiera et mettra en examen les complices ayant rendu
possible cette trahison de longue date.
Tout Américain ne sentant pas outragé est
un Américain encore insuffisamment informé. Les membres de
l’armée, tant actifs qu’à la retraite, doivent faire en sorte
qu’un public mal informé sache ce que l’on est en train de faire
en son nom.
Auteur à succès, Jeff Gates
est aussi avocat, banquier d’investissement, éducateur et
consultant auprès du gouvernement, de dirigeants d’entreprises
et de syndicats dans le monde entier. Son dernier ouvrage publié
est Guilt by Association
-How Deception and Self-Deceit Took America to War (2008),
qui est un premier ouvrage s’inscrivant dans une série consacrée
à l’Etat criminel. Parmi ses précédents ouvrages, nous citerons
Democracy At Risk et
The Ownership Solution.
Il a un site ouèbe :
http://www.criminalstate.com
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier