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The Palestine Chronicle

De l'influence d'Israël à Westminster
Janine Roberts *


Photo Palestine Chronicle

24 mai 2008

http://www.palestinechronicle.com/view_article_details.php?id=13821

Nous autres, les Britanniques, nous ne sommes pas comme les Américains : nous ne tolèrerions en aucun cas d’avoir des lobbyistes israéliens supervisant nos hommes politiques comme cela se produit à Washington, qui, partant monopolisent le pouvoir. C’est qu’ils risqueraient de gauchir nos positions en matière de politique extérieure ! L’influence d’Israël, à Washington, est bien établie. Elle s’exerce à la fois via de puissantes organisations ouvertement juives de Washington et, de plus en plus, via des associations de chrétiens sionistes.

A Jérusalem, il y a une quinzaine de jours, 600 citoyens américains ont célébré l’anniversaire d’Israël, au nom d’un puissant groupe américain de lobbying pro-israélien revendiquant de représenter 40 millions de chrétiens et s’intitulant ‘Christians United for Israel’, sous la houlette du Révérend milliardaire John Hagee – chef de l’église texane et PDG d’une chaîne de télévision ‘chrétienne’ largement diffusée. Leur organisation est calquée sur l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), dont le congrès, l’an dernier, a réuni quelque 6 000 participants à Washington.

Ces « Chrétiens » étaient venu clamer qu’Israël doit posséder la totalité de Jérusalem – et, après avoir parcouru la rue de Jaffa en agitant des drapeaux américains et israéliens, une centaine d’entre eux se sont rendus, le 3 avril, dans la grande colonie israélienne d’Ariel pour y participer à une réception égayée par un spectacle de jeunes filles déguisées en vaches ( !), organisée par le maire de cette colonie, en remerciement pour les millions de dollars offerts pour la construction d’un « vaste complexe de sports et de loisirs », portant le nom du Révérend, en lettres immenses, sur son fronton.

Hagee a déclaré : « Je suis très heureux de me trouver ici, à Ariel, ce soir, dans ce morceau d’Amérique en Judée-Samarie ! ». Ensuite, lors d’une réception à Jérusalem avec la participation de Benjamin Netanyahu, chef du Likoud et ami intime d’Hagee, ils ont annoncé, le 9 avril, de nouveaux dons, pour un montant de 6 millions de dollars, à diverses causes israéliennes.

Le pasteur a déclaré : « Donner une partie seulement (voire, encore pire, la totalité) de Jérusalem aux Palestiniens, cela reviendrait à les offrir sur un plateau d’argent aux Talibans ».

La conférence de son organisation a attiré plus de 4 250 participants à Washington, l’an dernier. Le clou fut une « apparition-surprise » du sénateur John McCain, soutenu par Hagee, le candidat républicain aux élections présidentielles. Voici son entrée en matière : « Dur, dur, de faire le boulot du Seigneur dans la ville de Satan ! » Son allocution a été ponctuée par sept ovations debout.

Voici la position adoptée par Barak Obama, sous la pression du lobby sioniste : « Personne n’a souffert davantage que le peuple palestinien de la non-reconnaissance d’Israël par le leadership palestinien… » Hillary Clinton est allée encore plus loin. Elle en appelle à un « Jérusalem uni en tant que capitale d’Israël », ce qui fait d’elle, définitivement, la grande favorite des sionistes. Depuis 2004. Obama a reçu 93 700 dollars de l’Aipac, tandis qu’Hillary, elle, empochait 349 73 dollars…

Voici toutefois une nouvelle plus réjouissante : un jour avant la visite de Hagee à la colonie d’Ariel, le rabbin Eric Yoffie, président de l’Union for Reform Judaism, la principale organisation juive des Etats-Unis, comptant plus d’un million et demi d’adhérents, a dénoncé Hagee et ses ouailles pour extrémisme religieux.

Mais rien de tel ne s’est jamais produit ici, en Angleterre ? Vous me suivez ?

Au contraire ; par certains côtés, le lobby sioniste, dans notre pays, a eu encore bien plus de succès – non seulement historiquement, en obtenant la Déclaration Balfour, mais en particulier, dans les toutes dernières années. Aux Etats-Unis, il y a treize juifs au Sénat et trente juifs à la Chambre des Représentants, alors qu’au Royaume-Uni, avec une communauté juive vingt fois plus petite, il y a beaucoup plus de juifs au Parlement. Il y en a 18 à la Chambre des Communes, et il y en a 41 à la Chambre des Lords. C’est la plus haute représentation juive en Occident, et cette « réussite » est due, pour partie, à la supervision de Tony Blair.

Avant l’invention du New Labour, le parti travailliste penchait bien plus du côté des Palestiniens. Jon Mendelsohn, de l’association des amis travaillistes d’Israël (Labour Friends of Israel) a expliqué la manière dont ce changement s’est opéré : « Blair a attaqué l’anti-israélisme indéniable au sein du parti travailliste. L’ancien parti travailliste (Old Labour) avait une politique du genre cowboys-et-Indiens ; il sélectionnait des chiens battus pour les soutenir. Mais ce milieu a énormément changé. Le sionisme est omniprésent, dans le New Labour. La présence de Blair aux réunions des Amis travaillistes d’Israël est devenue automatique ». 

Une des premières choses que fit Blair, après son élection en tant que député, fut d’adhérer à Labour Friends of Israel. Mais le changement majeur ne se produisit qu’après qu’il eut accédé au contrôle du parti travailliste. Pour mener à bien ses projets politiques, il lui fallait briser l’influence financière des syndicats. Pour ce faire, il avait besoin d’un allié disposant de ressources financières très importantes.

En 1994, un de ses collègues et amis, Eldred Tabachnik (Queen’s Coroner), ancien président du Board of Deputies of British Jews [l’équivalent du Consistoire israélite français en Grande-Bretagne], lui présenta Michael Levy, un magnat de la musique pop et un financeur des causes juives et israéliennes, membre du panel mondial des gouverneurs de l’Agence juive (Jewish Agency World Board of Governors), et l’un des membres fondateurs de l’Holocaust Educational Trust. Cela s’est passé lors d’un dîner de gala offert par le diplomate israélien Gideon Meir.

Peu après, Blair fut invité au palais et sur les terrains de tennis de Levy. D’après Andrew Porter de la revue The Business, Levy avait exprimé son désir « de collecter des fonds très importants pour le parti (travailliste) » s’il y avait un « accord tacite selon lequel le parti travailliste ne serait plus jamais anti-israélien, tant que Blair serait à sa tête ».

Résultat des courses : Lévy dirigea le Bureau de Financement du Président du Labour, qui finança la campagne de Blair lors des élections législatives de 1997. De fait, c’est Levy qui a rendu possible la formation du Nouveau parti travailliste. Il en fut immédiatement remercié par son élévation à la pairie ; ce fut aussi le cas de certains autres donateurs. Levy s’est affiché en tant que « sioniste international de première importance », et il n’a cessé, depuis lors, de saluer le « soutien solide et sincère de Blair à l’Etat d’Israël ».

Mais Blair avait besoin d’un robinet à fric intarissable pour réduire l’influence des syndicats. Et, semble-t-il, il devait cacher la source de ses financements, de peur qu’elle ne soit controversée. Un des personnages les plus connus de l’association des amis travaillistes d’Israël est David Abrahams, un agent immobilier juif. Le président de la fédération sioniste, Eric Moonman, s’en porte garant : « Je connais bien David, et j’ai voyagé avec lui à de nombreuses occasions. » Abrahams prit donc en charge en partie la tache consistant à financer secrètement le New Labour. Il a donné plus de 650 000 livres au parti, par l’intermédiaire de quatre autres personnes – une initiative reconnue illégale par le Premier ministre Gordon Brown, mais qui risque fort de n’avoir aucune conséquence légale.

Généralement, Abrahams explique qu’il voulait rester dans l’anonymat, en sa qualité de « personne privée ». Mais il en a dit bien davantage au British Jewish Chronicle : il a déclaré à cette revue juive qu’il finançait secrètement le parti travailliste car il ne voulait pas qu’un lien soit établi entre l’ « argent juif » et le parti travailliste, car il pensait que cela inciterait les gens à soupçonner quelque complot juif.

Au début, les responsables du parti travailliste nièrent toute connaissance de ces méthodes secrètes, mais des preuves ont émergé, depuis lors, selon lesquelles Abrahams était, à l’époque, en contact étroit avec le conseiller électoral du premier ministre Gordon Brown, Jon Mendelssohn, qui se trouve être l’ex-président de l’association de lobbying Labour Friends of Israel [Les Amis travaillistes d’Israël]. D’autres membres juifs de cette association y injectaient de l’argent. Lord Sainsbury offrit un million de livres. Levy, en 2001, avait récolté 15 millions de livres. Ainsi, le lobby israélien aida le parti travailliste à briser le pouvoir des syndicats, en échange d’un remodelage total du paysage politique britannique, dans l’intérêt d’Israël.

De manière très étonnante, les ayant découverts, la presse traita ces dons secrets avec des gants. Les journalistes furent très rares à demander ce que le lobby israélien espérait retirer de tels dons, aussi massifs ? Aucun ne demanda, à ma connaissance, si c’était Tony Blair qui avait voulu que ces dons soient maintenus secrets – et, si tel était le cas, pourquoi ? Très peu d’entre eux spéculèrent sur les implications de ces dons en matière de politique étrangère. Comme nous le savons aujourd’hui, l’Irak n’a jamais, à aucun moment, représenté une menace quelconque pour le Royaume-Uni. En revanche, ce pays représentait une menace potentielle – pour Israël ! Blair disait à ses publics juifs : « Un Irak stable, ce sera une excellente nouvelle, pour Israël. » Il s’abstint, de même, de faire quoi que ce soit pour exiger la cessation des combats, tandis qu’Israël pilonnait le Liban.

Levy devint notre « émissaire spécial » au Moyen-Orient, en dépit d’un très sérieux conflit d’intérêts. Il était supposé négocier de manière impartiale avec les Palestiniens et les Israéliens, mais il s’était comporté en collecteur de fonds pour l’ancien premier ministre israélien Ehud Barak, ainsi qu’un agent du lobbying israélien au Royaume-Uni. Il a une maison et un bureau en Israël, et se qualifie lui-même de « sioniste international »…

Un placard publicitaire du parti travailliste, publié dans Jewish Chronicle, vantait le fait que depuis 1997, le chiffre record de 57 députés travaillistes s’étaient rendus en Israël, pour la plupart en compagnie (et financés par) l’association des Amis travaillistes d’Israël, « faisant gonfler le nombre des parlementaires déterminés à assurer un équilibre au sujet du Moyen-Orient à la Chambre des communes. Davantage de députés travaillistes se sont rendus en Israël que de députés des autres partis. » L’encart vantait également le fait que le Terrorism Act de 2000 – en faveur duquel l’association des amis travaillistes d’Israël a fait un lobbying intense – « interdit les organisations terroristes comme le Hamas, le Hezbollah et le Jihad islamique palestinien », toutes formations ennemies d’Israël, bien plus que du Royaume-Uni !...

Gordon Brown

Sur le plan personnel, Gordon est davantage encore immergé dans le sionisme que Blair. C’est quelque chose avec quoi il a grandi, dans sa jeunesse. Il a déclaré, lors d’un rassemblement récent : « Je suis fier d’appartenir aux Amis travaillistes d’Israël depuis plus de trente ans. Mon père allait passer chaque année plusieurs semaines en Israël ; il était président du Comité Israël de l’Eglise écossaise. Il allait en Israël, rencontrer des gens, deux fois par an et ce, durant plus de vingt ans. »

Dans un discours, Brown a déclaré : « J’ai grandi avec des diapos et un vieux projecteur ; toutes ces photographies qu’il avait ramenées, sur l’histoire d’Israël, avec des livres sur Israël, et j’ai appris, très jeune, et directement de la part de mon père, les luttes, les sacrifices et les succès du nouvel Etat d’Israël et du peuple israélien. Aussi, je veux simplement vous dire, à vous qui êtes aussi des amis d’Israël, que j’ai été élevé dans la compréhension très forte que l’avenir d’Israël n’est pas important seulement pour Israël lui-même, mais que cet avenir importe au monde entier. Et je continuerai à faire, tant pour défendre Israël que… »

Il a également déclaré : « J’ai grandi en étant fortement impressionné par les souffrances et le courage du peuple juif, dans la conscience du grand succès qu’ils ont remporté en créant l’Etat d’Israël, et impressionné, plus que tout, par la détermination à lutter contre les discriminations, sous toutes leurs formes, d’où qu’elle provienne. »

Un des premiers actes de Gordon Brown, après son accession au poste de Premier ministre, fut d’accepter une nomination en tant que Patron du Fonds National Juif, fondé en 1901. Le gouvernement israélien a vendu à ce Fonds les terres confisquées aux réfugiés palestiniens – après quoi il a rendu ces terres disponibles uniquement pour les juifs afin qu’ils s’y installent. Il a planté des forêts à la place des oliviers déracinés d’anciens villages palestiniens détruits. Actuellement, ce fonds possède environ 14 % du territoire israélien.

Brown annonça alors que deux enfants dans chaque lycée britannique se verrait payer le voyage jusqu’au camp de la mort d’Auschwitz. En raison de cette décision, le Holocaust Educational Trust l’a honoré. Il a soutenu, par ailleurs, des projets économiques en Cisjordanie, recommandés par le Trust Portland, du financier Sir Ronald Cohen.

Mais c’est les nominations auxquelles a procédé Brown, qui sont particulièrement préoccupantes. Il a garanti la poursuite du financement juif du New Labour en nommant Mendelssohn, de l’association des Amis travaillistes d’Israël en tant que financeur en chef, en vue des prochaines élections. Il a également nommé un ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en Israël, Simon McDonald, en qualité de premier conseiller ès-politique étrangère. Israël a exprimé sa satisfaction, après ce choix, disant que McDonald est un « véritable ami d’Israël »…

Il a aussi nommé James Purnell, secrétaire de Labour Friends of Israel de 2002 à 2004 secrétaire d’Etat à la culture, aux médias et au sport, lui donnant l’ascendant sur la BBC [British Broadcasting Corporation] et d’ailleurs, aussi, sur l’ensemble des médias britannique. Dans une lettre publiée dans Prospect en décembre 2004, Purnell disait : « D’aucuns tentent de faire d’Israël le méchant intégral, le nouveau régime paria voué à remplacer l’Afrique du Sud de l’ère de l’apartheid… Quand certaines personnes parlent d’Israël comme d’un pays ayant entièrement tort, je me demande pourquoi. La seule réponse que je puisse trouver, c’est qu’il y a quelque chose de profondément ancré dans notre mémoire historique, qui fait que nous sommes enclins à accuser les juifs. » (en 2008, Brown a chargé Purnell des retraites !). Gordon Brown a confié à Jim Murphy, secrétaire des Labour Friends of Israel de 2000 à 2002 la fonction de ministre d’Etat pour l’Europe, avec la tutelle sur le service international de la BBC [BBC World Service], ainsi que sur le British Council [équivalent, en Angleterre, de l’Alliance française, ndt]. Plus inquiétant encore : son nouveau ministre pour le Moyen-Orient est Kim Howells, un ancien président de Labour Friends of Israel. Quant à l’actuel président de cette association de lobbying, c’est David Mencer, un ancien volontaire dans les Forces Israéliennes de Défense…

Labour Friends of Israel [LFI] bourgeonne actuellement à l’intérieur de la Chambre des Communes, et cette association est considérée comme un tremplin assuré vers le succès pour des aspirants politiciens. Les réceptions organisées par ce lobby peuvent habituellement se vanter d’une assistance brillante, avec des hôtes tels Gordon Brown, l’ambassadeur d’Israël et le vice-ministre israélien de la défense. Lors des congrès du parti travailliste, le Premier ministre assiste à la réunion du LFI, ainsi que bon nombre des membres du cabinet. Une assistance d’un niveau aussi élevé est quelque chose de suffisamment rare, surtout s’agissant de réunions en marge du congrès lui-même, pour être relevé.

Le Smith Institute, qui définit la politique du parti travailliste, est désormais quasi totalement sous l’influence du lobby israélien. Son président est Lord Haskel, qui est également membre du conseil exécutif parlementaire du LFI. Le conseil d’administration du Smith Institute compte parmi ses membres la Baroness Meta Ramsay, officier du MI-6 de longue date, qui est présidente pour la Chambre des Lords du LFI, et Tony Blair est, bien entendu, aujourd’hui, l’envoyé spécial du Quartette au Moyen-Orient…

Tous ces hauts personnages surveillent activement les médias, et ils s’efforcent d’éradiquer toute critique visant Israël. Ainsi, une référence qu’aurait faite un ambassadeur de France lors d’un dîner organisé par Conrad Black à « un petit pays de merde » a immédiatement entraîné l’envoi d’un courrier du LFI exigeant que l’ambassadeur soit viré. De même ils alimentent en permanence un dossier à l’encontre de Ken Livingstone [l’ex-maire de Londres, jusqu’à il y a peu… ndt]

Yasmin Alibhai-Brown semble la seule journaliste consensuelle à avoir osé poser des questions au LFI. Dans un article intitulé « De tels lobbyistes et leur influence dans les coulisses devraient nous inquiéter », publié le 3 décembre 2007, elle écrivait : 

« Pardonnez-moi pour cette question. Je ne devrais peut-être pas la poser ? Pour avoir une vie tranquille, certaines choses, vous apprend-on, doivent être tues. Suis-je nerveuse ? Oh oui, alors, et pas qu’un peu ! Mais ces questions ne seront pas laissées de côté. Elles me turlupinent depuis que la querelle des donateurs du parti travailliste a éclaté, la semaine dernière. Ces questions, c’est en toute bonne foi que je les pose, ici. Je n’ai pas du tout envie de m’attirer la colère de Moïse et j’entends d’ici les accusations d’antisémitisme, parce que j’ose poser la question : « Quelqu’un peut-il m’expliquer quel est, au juste, le rôle de Labour Friends of Israel dans notre vie politique ? Et puis, par la même occasion : quel est le rôle de l’association-jumelle, Conservative Friends of Israel (CFI) ?     

« Dans une démocratie ouverte, nous sommes fondés à faire de telles enquêtes – de fait, c’est même un devoir. David Abrahams, l’étrange homme de l’ombre au centre du maelstrom des dons au parti travailliste, fut jadis M. Gros Bonnet au LFI ; il en va de même de John Mendelssohn, le collecteur de fonds astucieux choisi par Gordon Brown pour récolter des « ressources électorales » afin de financer la prochaine victoire travailliste. Quant à Lord Levy, c’est, lui aussi, un membre clé du LFI.

« Nous avons assisté à l’enquête policière tortueuse sur l’affaire des Pairs (Lords), durant l’enquête « gros sous /contre/ honneurs », mais il n’y a jamais, au grand jamais, eu le moindre examen du lien entre Levy et le LFI ni de la manière dont cela a pu conduire à ce que Tony Blair, son partenaire au tennis, lui attribue la prestigieuse position d’envoyé spécial au Moyen-Orient.

« Mendelssohn est un sioniste fanatique et un lobbyiste infâme, il est décrit par Jewish Chronicle comme « un des courtiers ès pouvoir les mieux introduits ». Aussi pouvons-nous supposer que le LFI joue un rôle dans la détermination de notre politique étrangère au Moyen-Orient – le baril de poudre le plus inflammable dans le monde, aujourd’hui.

« Et cela n’est ni exact, ni correct. Le LFI ne peut, par définition, qu’être partisan. Sa raison d’être est de présenter la vision officielle israélienne des choses ; il ne saurait être nuancé, ni attentionné vis-à-vis de « l’ennemi ». J’irais jusqu’à suggérer que l’abjecte performance de Tony Blair durant l’agression israélienne contre le Liban [en juillet 2006, ndt] fut, pour partie, le résultat des relations spéciales qu’il entretenait avec le LFI. Il est étonnant que nous ayons laissé ce dernier proliférer dans les corridors du pouvoir et y infuser l’air méphitique qui y souffle. Cette corruption n’a ni odeur, ni couleur. Elle est mortelle, et il faut y mettre un terme, à la source. »

Un succès récent des Amis Travaillistes d’Israël [Labour Friends of Israel – LFI]

Ils ont fait un lobby intensif et efficace auprès du gouvernement britannique et de l’Union européenne pour obtenir une suspension de toute aide financière à la bande de Gaza tant que le gouvernement Hamas légalement élu restera au pouvoir. Ainsi, ils partagent la responsabilité, avec Israël, des conditions de vie atroces et misérables dans la bande de Gaza, y  compris des morts d’enfants auxquels on empêche l’accès aux hôpitaux israéliens, alors que les hôpitaux de Gaza sont totalement à court de fournitures médicales, en raison des sanctions.

Le LFI a chapitré le parti :

« Le manifeste électoral du Hamas est plus modéré que sa charte, en ceci qu’il n’en appelle pas explicitement à la destruction de l’Etat d’Israël. Mais il n’en préconise non moins la poursuite de la lutte armée, et il ne propose rien d’autre qu’une ‘hudna’ (trêve) de longue durée en échange contre un retrait d’Israël jusqu’aux frontières de 1967 et la création d’un Etat palestinien dont Jérusalem serait la capitale. Israël est toléré, comme une réalité malheureuse, mais son droit à exister en tant qu’Etat juif n’est pas reconnu. Ce refus de reconnaître la légitimité d’Israël ou tout accord signé avec ce pays par l’OLP, et leur insistance à poursuivre la lutte armée, rend bien difficile d’imaginer qu’un gouvernement Hamas soit, à l’avenir, un partenaire en vue de négociations de paix, non seulement avec Israël, mais aux yeux de la communauté internationale. Par conséquent, les Etats-Unis, le Quartette et l’Union européenne, tout en saluant le processus démocratique en Palestine, ont tous averti contre le fait que sans renonciation au terrorisme et sans reconnaissance d’Israël, il ne saurait y avoir de négociations avec un gouvernement Hamas. La possibilité d’inciter le Hamas à changer de position dépend, dans une large mesure, de la cohésion de notre front, uni dans la communauté internationale.

« Recommandation du LFI… pour une économie qui dépend si lourdement de l’aide étrangère – de l’ordre de 1 milliard de dollars, annuellement, provenant de pays donateurs, plus 55 millions de dollars chaque mois de taxes collectées par Israël – la suppression de l’aide exercerait une pression intense sur le gouvernement Hamas, qui a refusé de modifier sa politique.

« Toutefois, dans la pratique, la communauté internationale et Israël ne peuvent arrêter complètement le transfert d’argent, car cela pourrait précipiter l’économie palestinienne, de la crise humanitaire dont elle souffre actuellement, vers une catastrophe de grande ampleur. »

Et les conservateurs ?

Le directeur politique de Conservative Friends of Israel affirme qu’avec plus de 2 000 membres et sympathisants enregistrés, ainsi que 80 % des députés conservateurs, ils représentent aujourd’hui le groupe affilié le plus important au sein du parti. Ils envoient six délégations annuellement en Israël – payées par l’association. Ils exercent un lobbying intensif – comprenant la fourniture de notes de synthèse à Brown. Ils sont en contact permanent avec l’ambassade d’Israël à Londres.

Leur site ouèbe est hystériquement anti-Hezbollah, et ils exercent en permanence une surveillance attentive de tous les nouveaux candidats à la députation. « Au sein du parti conservateur, nous soutenons activement des candidats, en particulier dans des circonscriptions ‘marginales’. Notre programme de prospection de candidats parlementaires fournit des notes hebdomadaires, des manifestations avec des orateurs, et une chance de prendre part à des délégations en Israël. Nos adhérents apportent un soutien financier là où cela est important. »

Robert Halfon est directeur politique de l’association Conservative Friends of Israël [CFI], et il a été mis sur la voie rapide pour se représenter à Harlow, aux prochaines élections.

Le député Hon David Cameron, membre du parti conservateur, a déclaré : « Je suis fier d’être non seulement un conservateur, mais un conservateur ami d’Israël ; et je suis fier du rôle clé que joue le CFI au sein de notre parti. » Sa récente visite en Israël a commencé par un vol de deux heures en hélico Black Hawk en compagnie du ministre israélien de la défense afin de découvrir les frontières du pays.

Le Dr Liam Fox (député), Secrétaire à la défense dans le cabinet de l’ombre, a déclaré : « les ennemis d’Israël sont nos ennemis, et c’est une bataille dans laquelle nous devons rester ensemble, sinon nous serions tous vaincus, si nous étions divisés ». Il n’a pas mentionné que depuis 2000 il y a eu quatre fois plus de Palestiniens tués que d’Israéliens, et dix fois plus d’enfants palestiniens que d’enfants israéliens (Chiffres de l’association israélienne T-Tselem).

Les Démocrates Libéraux

Eux aussi, ils ont un groupe parlementaire d’Amis d’Israël, dont le site ouèbe est d’un pro-sionisme indécent – beaucoup plus encore, de fait, que celui du groupe travailliste. Celui des démocrates libéraux fut le premier de ces groupes d’amitié avec Israël à avoir été constitué. Il affiche, comme objectif premier, celui « d’influencer la politique moyen-orientale du parti afin qu’il accorde une priorité élevée aux droits d’Israël à la sécurité et à la paix. »

L’association affirme aussi, de manière ahurissante, que l’ « occupation » israélienne de la Cisjordanie serait un « mythe », de même que serait « mythique » la création du problème des réfugiés par l’expulsion de chez eux des Palestiniens, par les juifs.

Les Chrétiens Amis d’Israël (Royaume-Uni)

Il s’agit d’une organisation internationale présente dans quelque vingt pays. Au Royaume-Uni, elle a des liens particulièrement étroits avec le TFI [Tory Friends of Israel, ou CFI : Conservative Friends of Israel], ce qui l’aide à garnir sa stalle lors des réunions de ce parti, et ce qui l’aide, notamment, à s’assurer que les futurs parlementaires Tory seront sélectionnés, pour partie, en raison de leur soutien à Israël. Il organise fréquemment des visites en Israël. Un de ces voyages récents, en bus, a réussi le tour de force de contourner la Cisjordanie – à l’exception, bien entendu, de Jérusalem et de Bethléem !

Ils affirment être un « ministère poursuivant deux objectifs. Nous voulons : 1) servir Israël grâce à notre soutien pratique et moral ; 2) servir l’Eglise au moyen de cours et de documents au sujet de l’amour de Dieu et de ses intentions pour Israël, ainsi que sur les racines hébraïques de notre foi (chrétienne). Ainsi, cette association enseigne l’hébreu, prie en hébreu et utilise beaucoup d’éléments directement empruntés au judaïsme dans son rituel.

Sur son site ouèbe, elle enseigne que :

« L’Empire britannique a disparu parce qu’il avait cessé d’être l’ami du peuple juif, étant même devenu son ennemi, utilisant sa marine et ses forces aériennes pour tenter d’empêcher des survivants rescapés de l’Holocauste d’atteindre la Terre sainte. »

Deux commentaires sur les associations-mères, aux Etats-Unis

Nancy Roman, directeur du Council on Foreign Relations’ Washington programme :

« Pour partie, ce qui est en train de se passer, c’est que la communauté évangélique des Etats-Unis est de plus en plus engagée dans le processus politique. Alors que l’église conseillait aux gens de ne pas s’engager dans la politique, beaucoup d’églises, aujourd’hui, recommandent le contraire… C’est important, et cela aura une influence énorme sur la politique étrangère, à moyen et long termes. »

Michelle Goldbert, auteur de l’ouvrage Kingdom Coming: The Rise of Christian Nationalism [Le Royaume est proche : L’émergence d’un nationalisme chrétien], dit, quant à elle, que « le sionisme chrétien est responsable du soutien américain à certaines des positions israéliennes les plus irrédentistes », y compris l’expansion des colonies israéliennes dans les territoires occupés, soulignant la forte influence des chrétiens évangéliques dans la détermination de la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient. Elle affirme que l’influence de ce mouvement est encore plus importante que celle du lobby juif, l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac). « L’influence de Hagee consiste à faire en sorte que le public américain soutienne la position totalement unilatérale et belliqueusement pro-israélienne du gouvernement. Ces associations ont bien plus d’influence que l’Aipac, ou que l’ainsi dénommé lobby israélien. »

Mais il ne faudrait pas oublier l’Union européenne !

Benita Ferrero Waldner, commissaire européenne aux relations extérieures, a indiqué qu’elle est plus encline à nouer des liens particulièrement étroits avec Israël qu’avec pratiquement tous les autres pays du bassin méditerranéen. Non contente de faire remarquer qu’Israël est « plus proche de l’Union européenne qu’il ne l’a jamais encore été jusqu’ici », elle a dit qu’un « groupe de réflexion » est en train d’étudier la manière dont les relations entre les deux partenaires pourraient être promues à un « statut véritablement spécial ». Alors que des organismes en bonne et due forme ont été mis sur pied pour traiter les questions des violations des droits de l’homme, en Jordanie et au Maroc, seul un « groupe de travail » informel étudie de telles questions, dans le cas d’Israël. Israël est généralement traité comme si ce pays faisait partie de l’Union européenne, en dépit du fait qu’il n’en est pas membre – il en va, en la matière, exactement de même que dans les domaines du Foot et du concours de l’Eurovision – mais sa constitution fondée sur la religion l’empêche d’adhérer 

Les Palestiniens ont payé très très cher l’ascension du New Labour (Nouveau Parti Travailliste), et il est assurément plus que temps de renverser cette tendance.

Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

 [* Les enquêtes de Janine Roberts ont été largement publiées dans les principaux quotidiens australiens, ainsi que dans The Independent et The Financial Times, au Royaume-Uni. Son film d’investigation « The Diamond Empire » [L’Empire des diamants] a été diffusé par la chaîne de télévision Frontline WGBH, aux Etats-Unis, et par la BBC. Ses investigations ont été pour partie menées en Israël.]



Source et traduction : Marcel Charbonnier


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