Accueil Actualité Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour Journaux de Cathy et Marc Plateforme tourquennoise Les vidéos Centre d'infos francophone Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité

 

Centre Palestinien
d'Information :




Invitation à lire :



BDS :



Solidarité :



Produits palestiniens :



En direct d'Iran :



Palestine Solidarité
sur Facebook :






Opinion

Emasculer l'humanité
Israël Shamir


Israel Adam Shamir

Mardi 15 novembre 2011

Hollywood a installé en nous une ferme croyance aux dénouements heureux. Nous avons beau savoir qu'ils sont rares, les "happy ends", les films renouvellent notre espérance à intervalles réguliers, tandis que la réalité la mine. La semaine dernière, lorsque la Haute Cour britannique a tranché, en faveur de l'extradition de Julian Assange en Suède, l'espoir a encore perdu la partie.
Quelques jours plus tôt, j'avais demandé à Julian ce qu'il ferait si la cour lui rendait sa liberté, après plus d'un an d'arrêt domiciliaire avec un bracelet électronique au pied. "Je suivrai l'inspiration du moment, sans obéir au aucun plan ni balisage, comme par exemple aller où je voudrai, et faire ce que je veux", avait-t-il répondu. Hélas, ça ne va pas être possible.
C'est vraiment la saison où l'on voit les ânes braire de joie devant le lion en captivité. The Guardian, le journal qui a gagné des millions en puisant dans la mine d'or des informations fournies par Julian, et qui ensuite s'est retourné contre lui, pour devenir le pire ennemi de l'audacieux Australien, a publié un triste papier par l'éditorialiste d'un obséquieux tabloïde suédois de droite, Expressen, Mme. Karim Olsson. Elle raconte une histoire de Suédois déçus par Assange, "le héros devenu zéro", en omettant opportunément de mentionner le rôle qu'elle-même a joué là-dedans. Car le meurtre en effigie de Julian Assange, c'est en grande partie son œuvre. L'Expressen a obtenu le scoop des deux amies féministes qui sont allées voir une policière amicale, et en temps réel, l'Expressen a publié en gros titre "Assange recherché pour viol" aussitôt, avant d'avoir pu joindre le bureau du procureur, et avant que les poursuites commencent.
Ca tombait trop bien, l'Expressen appartient à Karl Johan Bonnier, le Murdoch suédois, et son empire médiatique a soutenu la coalition de droite du gouvernement, promu la participation suédoise dans les guerres US, le bombardement de la Libye et l'envoi de troupes en Afghanistan. Le Guardian a tout simplement commandé l'article choc à une éditorialiste qui publie des articles racistes appelant à la déportation des Arabes hors du paradis suédois. C'est bizarre qu'ils n'aient pas demandé un article d'opinion à la procureuse suédoise Ms. Ny qui s'est rendue célèbre en disant que tout homme appartient de droit à la prison, dès lors qu'une femme porte plainte, même si on n'arrive pas à tenir de preuves solides.
La chasse à courre contre Assange coûte très cher. Cette histoire de passade recyclée en viol ruine la Grande Bretagne comme la Suède, et a presque détruit Assange. Pour vous donner une idée du coût pour le contribuable, ses avocats lui ont déjà présenté une note de 600 000 livres, soit presque un million de dollars. Tout le personnel impliqué dans l'accusation, y compris les juges, va exiger le double ou le triple. Nos gouvernements n'ont pas de quoi financer les écoles et la santé publique, mais ils sont toujours prêts à dépenser des millions pour mettre quelqu'un derrière les barreaux pour des motifs ridicules.
Il y a certes des motivations politiques derrière cette affaire, mais le cas d'Assange n'est pas exceptionnel, parce que la Suède est victime d'une expérimentation sociale cruelle, en termes de redéfinition des sexes: il n'y a pas longtemps, un Suédois a été envoyé en taule pour 18 mois parce qu'il n'était pas arrivé à réveiller correctement sa partenaire avant une séance amoureuse matinale. Les Suédois ont de bonnes raisons de redouter le système judiciaire suédois, et ils ont de plus en plus peur des Suédoises. Ils s'en tirent en allant chercher des épouses à l'étranger, ou bien ils se font gays et adoptent des enfants venus d'ailleurs.
Quelle honte, alors que la Suède abrite les femmes les plus éblouissantes au monde: parfaitement charpentées, avec leurs blondes crinières soulevées par le vent, et leurs yeux bleus qui reflètent franchise et encouragements.
Jadis, j'avais été en transe après les avoir vues pour la première fois, danser sur une pelouse autour d'un mât de mai, bronzant sans soutien gorge sur un petit pont de bois enjambant un lac aussi bleu que le ciel, posées comme des sirènes sur des rochers, car le sol suédois n'est pas tendre, mais hérissé de grandes pierres ferrugineuses et cuivrées. Ces roches ont été polies et roulées par les murailles de glace lors de leurs mouvements millénaires, lorsque la Suède s'est libérée de la banquise. Les Suédois disposaient ces immenses monolithes tout autour d'un ancien chêne, comme une flotille. Puis ils hissèrent des amas de pierres sur les ruines brûlées des puissantes chefferies vikings. Des siècles plus tard, ces anciens sanctuaires attirèrent les églises du voisinage, décorées du sol au plafond par Albertus Pictor au XVème siècle.
Les chênes sont toujours aussi feuillus et puissants et verts, les lacs sont encore propres, l'armada de pierre se dresse toujours au milieu des vertes prairies, mais les églises sont vides. Elles sont devenues des clubs pour vieilles dames, tenues par une dame pasteure, comme j'ai pu le constater dimanche dernier dans une magnifique église près de Vasteras. Les hommes ont été lentement poussés vers la sortie, loin des postes de pouvoir dans l'église, et maintenant les croyants ne s'y intéressent plus.
Ce ne sont pas seulement les églises suédoises qui ont perdu leurs pasteurs mâles, les propriétaires des journaux suédois préfèrent louer les services de femmes dociles comme Karin Olsson; il y a peu d'éditorialistes hommes, sauf s'ils sont gays. Les éditeurs suédois ne publient plus que des livres qui séduiront les femmes; des livres qui glorifient les femmes et font des hommes des monstres, comme la cauchemardesque Trilogie du Millénium, par le savant Stieg Larsson. Les musées suédois montrent le genre d'art censé attirer le public d'un New Age gynocentré. Les universités suédoises sont dominées par des professeures. En Suède, votre carrière est compromise, si on découvre que vous êtes un mâle hétérosexuel. On dirait que le pays est en guerre contre la sexualité naturelle; les manuels scolaires font la promotion de la norme unisexe; les enfants ne sont plus désignés comme lui et elle, mais au neutre, et le moindre flirt est poursuivi pénalement.
Et la guerre aux mâles n'a pas débouché sur une Suède plus charitable. La sécurité sociale suédoise est en train d'être démantelée par les disciples d'extrême droite de Ronald Reagan; le néo-conservateur Karl Rove envoie des soldats suédois se faire tuer pour l'OTAN en Afghanistan, et bombarde la Libye au nom de l'État suédois. Et les citoyens suédois ne sont pas plus gâtés. Plus de mal-bouffe, et l'obésité -plaie jadis inconnue au Nord- défigure désormais leur silhouette autrefois splendide. Leur pensée est désormais contrôlée par des médias configurés à la nouvelle mode, tandis que leurs libertés chèrement conquises ont été vendues au nom de la commisération.
Si l'on regarde en arrière, il semblerait que les libertés de la Suède, tout comme les nôtres, ont connu leur zénith juste après 1968. A l'époque, la Suède était la plus implacable pour honnir la guerre au Vietnam. Les déserteurs US rêvaient de fuir en Suède, avec la même intensité que le Yossarian de Heller. A cette époque, les petites Suédoises cherchaient les aventures, et non les stratégies judiciaires. Les Suédois passaient leur temps à reconstruire leur église, à modeler le système de bienfaisance scandinave unique, à produire les films de Bergman et des voitures Volvo. Aujourd'hui même Volvo a été vendue aux Américains, qui l'ont aussitôt revendue aux Chinois.
1968 a été aussi une année indépassable pour les États-Unis. A l'époque, les plus riches des Américains finançaient l'État à hauteur de 90% de leurs revenus, alors qu'ils n'y consacrent plus que 30%. Et ils ne s'en acquittent même pas, grâce aux boucliers fiscaux et autres manigances. Le salaire minimum de l'ouvrier américain a connu son point culminant en 1968. Oui, 1968, c'est le moment où l'humanité a été le plus près du firmament.
Enfants de la révolution vaincue de 68, nous étions libres d'aimer, de fumer, de penser et d'agir. Nous pouvions voyager et prendre l'avion sans être déshabillés à l'aéroport, et on ne nous confisquait pas nos gaudrioles.
Nous pouvions faire l'amour et fumer dans les cafés. Depuis, c'est la dégringolade; toute fumée est bannie, la pensée libre a été incarcérée entre les barreaux du Politiquement Correct, et l'action politique réduite à l'inscription à des groupes sur facebook. L'amour est devenu un champ de mines sous des lois victoriennes. On nous a ramenés aux jours où Mr Pickwick devait se retrouver poursuivi par sa logeuse pour n'avoir pas tenu sa promesse. La Suède n'est pas la seule victime de ce zèle révolutionnaire. Partout, dans le monde entier, il y a des hommes qui perdent leur place au soleil; ce n'est pas une coïncidence si nos libertés s'évanouissent au même moment.
Y a-t-il une méthode derrière cette folie furieuse? Alexandre Douguine, esprit conspirationniste et prophète de la Russie moderne, a déclaré qu'il y avait à l'œuvre une antique conspiration féminine pour nous ramener au matriarcat. Nombreux sont les observateurs conservateurs qui s'en prennent aux féministes. Mais si les hommes ont visiblement perdu la guerre, la victoire des femmes reste soumise à examen. Autrefois, les femmes avaient le choix: rejoindre le monde des affaires ou rester à la maison avec les enfants. Autrefois, les femmes pouvaient élever une famille sans se sentir fautives. Autrefois les femmes pouvaient aimer qu'on les flatte. C'est fini, car la déshumanisation des mâles a bientôt été suivie par la déféminisation des femmes.
Je pense que la réalité est pire que n'importe quelle conspiration à la Douguine. On s'aperçoit, parmi ceux qui tiennent les rênes de notre monde, que des hommes féminisés sont plus faciles à contrôler. Émasculer les hommes, c'est une étape dans la reprogrammation de l'humanité en termes de troupeau docile, parce que les hommes vraiment hommes sont imprévisibles. Les hommes masculins sont enclins à la rébellion, prêts au sacrifice, et attirés par l'action. Ce n'est pas une coïncidence si les ennemis de l'Empire sont tous des mâles bien mâles, qu'il s'agisse de Kadhaffi, de Fidel Castro, de Chavez, de Lukashenko, de Poutine, ou de Julian Assange. Les hommes sont désormais ciblés et destinés à l'élimination; les fourmis travailleuses n'ont pas besoin de sexe.
Les mots d'ordres féministes sont devenus la façon la plus simple pour se débarrasser d'un homme, c'est ce que nous apprend l'affaire DSK. Dominique Strauss Kahn a perdu son poste convoité au sommet du fonds Monétaire International, et sa position de pouvoir est passée entre les mains d'une dame peu suspecte de lézarder la suprématie du dollar américain.
Une fausse déclaration par une tricheuse professionnelle, c'est tout ce qu'il a fallu pour le priver de sa liberté, qu'il a recouvrée après avoir dépensé beaucoup d'argent. Il a fallu en outre la connivence des media mainstream, ce qui est un indice certain que quelque chose cloche là-dedans.
DSK doit être un vrai mâle, à en juger par sa femme superbe, talentueuse, à l'intelligence solide, et aux multiples réussites. Peut-être que c'est aussi un monstre sioniste capitaliste, mais d'homme à homme je ne peux pas lui en vouloir d'avoir fait des avances à "une journaliste et romancière brillante en France", ou pour avoir flirté avec "une brillante économiste hongroise". C'est, après tout, un vrai Français, en somme. Elles ont eu chacune une occasion de lui dire non, et elles l'ont fait. Dans une société saine, cela devrait suffire.
Est-ce que les avances de DSK constituent du harcèlement? Peut-être, et alors? Moi, les banques me harcèlent constamment avec des offres de crédit, et ne portent-elles pas plus atteinte à mon psychisme qu'une petite invitation à des entractes buissonniers? Est-ce qu'une proposition en affaires est moins pesante qu'une proposition en amour? Ces femmes ont juste refusé ses avances, comme moi je refuse celles des banques, et je ne les ai pas renvoyées devant les tribunaux, alors que les gynocrates réclament à la fois dédommagements et vengeance. Ne devrions-nous pas aussi poursuivre les jeunes Zuleika Dobsons de ce monde pour le pouvoir sexuel dont elles disposent sur leurs serfs rétifs? Devons-nous castrer nos hommes, voiler nos femmes, ou ériger des murs de séparation comme dans les trains indiens?
Les attaques contre Assange, DSK et Kadhaffi font partie de la campagne pour déshumaniser l'humanité. L'empire déteste Loukashenko et Poutine, et pas seulement parce qu'ils ne laissent pas piller leur pays, mais aussi à cause de leur franche masculinité. Eric Walbert dans son livre Great Games parle de la tragédie en profondeur qui se déroule sous les révolutions colorées: ceux qui les organisent "castrent les États modernes" afin de les transformer en lavettes post-modernes. Cette "castration" est l'un des plans importants des dirigeants, et cela va bien plus loin que les enjeux éphémères liés aux pipe-lines et aux ressources.
La défaite d'Assange, c'est une défaite pour tous les hommes, et une défaite pour l'humanité; elle nous promet un futur sinistre, à moins que nous fassions quelque chose. Ce n'est pas seulement notre liberté, mais notre masculinité, qui est en jeu.

Traduction: Maria Poumier

 

 

   

Le sommaire d'Israel Shamir
Les dernières mises à jour



Source : Entre la Plume et l'Enclume
http://www.plumenclume.net/...

Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org

Ziad Medoukh :



Analyses et poèmes...


Silvia Cattori :


Analyses...


René Naba :


Analyses...


Manuel de Diéguez :


Analyses...


Fadwa Nassar :


Analyses et traductions...


Alexandre Latsa :


Un autre regard sur
la Russie ...


Ahmed Halfaoui :


Analyses ...