Opinion
Hamouri/Shalit: même cas, deux mesures!
Sarah Raad
Mardi 20 décembre
2011
IRIB- L'étudiant franco-palestinien,
Salah Hamouri, a été relâché, après 7
ans de prison, dans le cadre de la
deuxième phase d'un échange de
prisonniers entre l'entité sioniste et
le Hamas, qui a permis, également, la
libération du soldat franco-israélien,
Gilad Shalit.
La question "Shalit/Hamouri" a mis à
nouveau en vedette la discrimination
flagrante entre "Israélien" et Arabe,
par la communauté internationale, depuis
l'implantation de l'entité sioniste, au
coeur du monde arabe, en 1948.
La
cause de Salah Hamouri
Né, à Al-Qods, (Jérusalem), d'un père
palestinien et d'une mère française,
Salah Hamouri vivait à Qods-Est, grâce à
un titre de résident. Profondément
attaché à sa patrie, le Palestinien n'a
pas demandé la nationalité israélienne,
à laquelle il pouvait prétendre.
Étudiant en sociologie, à l'Université
de Bethléem, il s'est engagé,
politiquement, "comme tous les
étudiants, en Palestine", selon sa mère,
à défendre la cause palestinienne. Cet
engagement lui vaudra deux
incarcérations. Au lycée, le jeune homme
est arrêté trois mois, pour "propagande
politique" : il avait, en fait, collé
des affiches militantes. Il est, à
nouveau, arrêté, en 2004, pour avoir
fréquenté un "activiste recherché". Mais
sa vie bascule, le 13 mars 2005. Sur la
route de Ramallah, le jeune homme de 19
ans est arrêté, par les forces
d'occupation israéliennes, devant le
domicile du rabbin Ovadia Yossef, chef
spirituel du parti Shass (ultraorthodoxe
séfarade). Très vite, Salah est accusé
d'avoir participé à un complot visant
l’assassinat de ce dernier. Pourtant,
l'acte d'accusation révèle un complot
"loin de la réalisation", avec "des
éléments essentiels manquants", pour
qu'il puisse être exécuté. Également, le
jeune homme est accusé d'appartenir à un
mouvement de jeunesse proche du Front
populaire de libération de la Palestine.
Après trois ans d'incarcération, sans
jugement, Hamouri se voit proposer un
"arrangement". Les quatorze années de
réclusion criminelle que risque le jeune
homme seront réduites, s'il plaide
coupable. Salah Hamouri accepte, et le
17 avril 2008, il est condamné à sept
ans de prison. Selon l'acte de
condamnation, le "tribunal reconnaît une
peine, anormalement, élevée, car
l'accusé n'a pas exprimé de regrets.
Cela est d'autant plus grave que
celui-ci est jeune". "Salah ne pouvait
regretter quelque chose qu'il n'avait
pas commis", s'insurge Denise Hamouri.
La mère rappelle qu'un appel ne peut
être interjeté, après un tel
arrangement. La date de sa libération a
été fixée, par son jugement initial, au
28 novembre 2011. Or, "le parlement
israélien" a adopté une loi qui, d’une
part, aggrave les conditions de
détention des prisonniers, et, d’autre
part, modifie, de manière rétroactive,
les peines de prison, prononcées, par
les tribunaux militaires : celles-ci ne
seront plus accomplies, selon les années
administratives, mais en années civiles.
Ainsi, les détenus devront effectuer 20
jours supplémentaires d’incarcération,
par année de prison. Il y a près de 7
ans, Salah Hamouri, s’est retrouvé
derrière les barreaux d’une prison
israélienne, sans que l’ombre d’une
preuve n’ait été retenue contre lui,
pour démontrer qu’il aurait tenté
d'assassiner le rabbin Ovadia Yossef.
Cette justice, qui l’a condamné, est
l’œuvre d’un tribunal militaire
israélien, qui est illégal, au regard du
droit international, en raison de sa
présence, sur les territoires
palestiniens. Et comme une preuve
supplémentaire de son innocence, il est
à noter qu'un responsable gouvernemental
israélien, sous couvert de l'anonymat, a
affirmé, le jour de l'élargissement du
Salah, qu'"aucun des Palestiniens
libérés (y inclus Hamouri) n'a du sang
sur les mains", voulant, ainsi, indiquer
qu'ils n'ont pas été impliqués, dans des
attentats sanglants.
La France: des réactions
contradictoires
Porteurs de la nationalité française,
Gilad Shalit et Salah Hamouri n'ont pas
bénéficié du même traitement, en France,
après leur emprisonnement.
Malgré que Shalit est un soldat
franco-israélien, dans l'armée sioniste,
qui viole la terre de la Palestine
occupée et tue les femmes et les enfants
innocents, la France a, toujours, œuvré,
pour sa libération, comme l'indique le
ministre français des Affaires
étrangères, Alain Juppé, “Nous nous
sommes, fortement, engagés, pour
convaincre (Israël et le Hamas) de
parvenir à un accord”. Dès son accession
à la présidence de la République
française, Nicolas Sarkozy appelle à la
libération de Gilad Schalit. Un "immense
soulagement". Voilà comment la
libération de Shalit a été accueillie,
par Sarkozy, qui a pris le soin de lui
écrire une lettre décrivant le "bonheur"
et l'"émotion" des Français. Au
lendemain, le président français
demande, avec "insistance", qu'un autre
binational, le Franco-Palestinien, Salah
Hamouri, fasse "partie de la seconde
vague de libération de prisonniers
palestiniens"."C'est la première fois
que Nicolas Sarkozy prononce le nom de
mon fils, en sept ans", s'émeut Denise
Hamouri, mère de Salah, qui s'est
lancée, en France, en compagnie du
député honoraire communiste, Jean-Claude
Lefort, dans une campagne, pour obtenir
la libération de son fils. Mais elle a
vite déchanté. "Gilad Shalit et Salah
Hamouri n'ont pas été traités, sur un
pied d'égalité", a-t-elle estimé. La
femme en veut pour preuve les nombreuses
visites à l'Élysée de Noam Shalit, le
père du soldat franco-israélien, tandis
qu'elle a dû se battre, pour décrocher
deux rendez-vous, avec des conseillers
de Sarkozy. "On m'a fait comprendre
qu'il fallait que je sois discrète",
a-t-elle souligné. D'après une source
proche du dossier, c'est le Président de
l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas,
qui aurait demandé à son homologue
français d'évoquer le cas du
Franco-Palestinien, lors de sa visite,
en France, le 14 octobre dernier. Or,
Gérard Longuet, le ministre de la
Défense, a argué que "personne n'est
parfait", comme un symbole du silence
qui entoure le cas de cet étudiant
Franco-Palestinien, emprisonné, en
"Israël", depuis 2005. Le Parti
communiste français (PCF) appelle,
toujours, le président français à
considérer le cas de Salah, avec le même
respect que celui de Gilad, en exigeant
l'assurance de sa libération. "Sarkozy
doit recevoir ses parents et s'apprêter
à rencontrer Salah Hamouri, lui-même,
dès sa libération", insiste-il. Donc,
Nicolas Sarkozy est en test, pour
montrer que, pour les autorités suprêmes
de la France, il n'y a pas de citoyens
plus français que d'autres... Salah
Hamouri doit être libéré et doit
bénéficier de mêmes conditions d'accueil
que Gilad Shalit, à son retour, en
France.
Mais, sera-t-il nommé, comme Shalit,
citoyen d'honneur de la Ville de Paris?
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Reçu de l'IRIB le 20 décembre 2011 pour
publication
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