Radio francophone IRIB
L'autre guerre psychologique contre Gaza
!
Vendredi 20 janvier
2012
IRIB- La punition israélienne
continue.
C'est, de fait, une politique sans fin.
La punition dont je parle n'est pas le
siège imposé, depuis plus de 5 ans. Ce
n'est pas l'attaque de 2008-2009, qui a
tué plus de 1.400 civils. Même pas
l'humiliation subie, au passage
frontalier d'Erez, entre Gaza et Israël,
où le renseignement israélien a essayé
de recruter des espions, parmi les
malades palestiniens, ni les attaques
constantes. C'est, plutôt, la guerre
psychologique cachée qu'Israël mène
contre nous, depuis plus de dix ans.
Depuis qu'a éclaté la deuxième
Intifada, en 2000, Israël a commencé à
se servir de ses machines de guerre
lourdes. La population de Gaza, et aussi
celle de Cisjordanie , sont exposées à
ces engins militaires. L'exposition a,
tristement, pour conséquence que la
population a fini par s'habituer aux
bombardements, aux invasions et aux
attaques constantes. Même les enfants se
sont adaptés. Personne, cependant, ne
s'est habitué aux drones, ces petits
avions télécommandés, contrôlés, par
ordinateur, depuis Israël, dont les
Israéliens se servent, pour surveiller
la Bande de Gaza, "pour des raisons de
sécurité". L'un des problèmes avec les
drones est leur bourdonnement bruyant.
Depuis 10 ans, le bourdonnement fait
partie de la vie à Gaza. Ils survolent
la Bande, 24h sur 24. Beaucoup de gens
ont du mal à dormir tranquillement. Le
bruit s'infiltre partout, même quand
vous fermez les fenêtres, pour dormir.
Quand la nuit tombe et que les rues sont
calmes, le bruit est encore plus fort.
Certains lecteurs pourraient rétorquer
que c'est normal, mais ça ne l'est pas.
Il n'est pas humain qu'une population
vive dans une terreur constante qui peut
rendre fou. Certes, Gaza souffre de tant
d'autres maux que le bruit des drones
peut sembler "normal". Rien n'est
normal, en réalité. Les drones sont,
juste, un autre aspect des très nombreux
maux et traumatismes qui touchent les
enfants de Gaza et qui ajoutent à leurs
souffrances.
Jamila Zaqoot, 21 ans, est étudiante
à l'Université de Gaza. Comme beaucoup
d'autres étudiants, elle a beaucoup de
difficultés à trouver du calme, pour
étudier. Après l'université, Jamila aide
sa mère aux tâches ménagères, et elle se
prépare à étudier ensuite,
habituellement, vers 20h. "J'ai beaucoup
de mal à étudier et à me concentrer. Le
bruit des drones m'accompagne pendant
que je travaille. C'est vraiment un
problème. Je lis à haute voix, pour
couvrir le son. Imagine combien c'est
perturbant, ce bruit permanent, 'zzzzzzz
zzzzzzz zzzzzzz". Je l'appelle même 'Zananana'",
dit Jamila.
Le drone est une arme israélienne
efficace. Outre la surveillance du ciel
de Gaza 24h sur 24, 7 jours sur 7, il
est utilisé, d'un point de vue
militaire, dans des attaques légères,
par missiles, pour des missions
"spéciales". Israël s'en est, souvent,
servi, pour des assassinats ciblés.
Beaucoup des dirigeants des factions de
la résistance palestinienne luttant pour
la liberté ont été tués, par des
attaques de drones. Des civils, aussi,
ont été tués. Il y a deux mois, un
médecin et son fils de 4 ans ont été
tués par un drone. Ils étaient à moto,
lorsque la machine à tuer a frappé, les
tuant tous les deux sur le coup. Israël
a, bien sûr, déclaré que c'était une
mesure de sécurité, et la communauté
internationale a ignoré les assassinats.
En plus de l'irritation provoquée par le
bruit, les drones sont un obstacle,
lorsque les familles essaient de passer
du temps ensemble. Elles ne peuvent pas
regarder des vidéos familiales, ni même
écouter les informations. Quand un drone
survole un secteur, la télévision
numérique, par satellite, est brouillée.
En conséquence, les images de 90% des
chaines de télévision sont floues et
très peu ne sont pas touchées par le
phénomène.
Ahmad al-Safedi, 45 ans, tient un
magasin de satellites, à Gaza. J'ai
discuté avec lui de l'effet des drones.
Il n'a pas d'interprétation scientifique
du brouillage. Selon lui, le problème
est apparu, il y a 10 ans, lorsque
l'armée israélienne a commencé à
surveiller l'espace aérien de Gaza avec
ces drones. Beaucoup de gens, dit-il, se
plaignent du problème qui perturbe leur
temps de détente en famille. Al-Safedi
ajoute: "C'est vraiment pénible et
irritant d'être distrait, pendant que
vous regardez un film, les informations
ou une série-TV. Le drone ne cesse de
couper le signal des satellites, en
particulier, celui de Nile Sat (un
satellite égyptien, qui comporte plus de
500 chaînes). Vous regardez quelque
chose qui vous plaît, et l'image
disparaît. La diffusion reprend, 2
minutes plus tard, puis, s'interrompt à
nouveau. La plupart des chaînes de TV
européennes ne sont pas touchées par les
drones, mais peu de gens les regardent".
Les premiers drones étaient de
fabrication américaine, mais au fil des
ans, Israël a développé ses propres
modèles. Ils sont, maintenant, vendus,
dans le monde entier. Les drones violent
le droit international, que, de toutes
façons, Israël viole, constamment. Ils
violent la souveraineté palestinienne.
Bien qu'Israël se soit retiré de Gaza,
après avoir dégagé les 8.000 colons qui
occupaient 50% du sol de Gaza, en 2005,
il continue de maintenir son contrôle,
grâce aux drones, et l'occupation
israélienne sur Gaza continue.
Motasim Dallol, 32 ans, étudiant
palestinien, qui est arrivé, à Londres,
dernièrement, ressent la différence. Il
vit dans un quartier calme de Londres,
d'où les drones sont absents. Il dit que
le ciel de Londres, sans drone, est
comme le paradis. Faudra-t-il que les
Occidentaux soient terrorisés par le
bourdonnement des drones, pour qu'ils se
réveillent et réalisent l'impact que ces
armes inhumaines ont sur l'humanité ?
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Reçu de l'IRIB le 20 janvier 2012 pour
publication
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