RIA Novosti
Missiles iraniens :
s'agit-il d'une menace potentielle ou réelle ?
Ilia Kramnik
Photo: RIA Novosti
Mercredi 30 septembre 2009 De nouveaux tests de missiles
effectués par l'Iran retiennent l'attention des médias du monde
entier. Il est évident que la République Islamique poursuit de
plus belle le perfectionnement de ses missiles. Quelles
sont donc les capacités actuelles des missiles iraniens?
Les exercices militaires du Corps des Gardiens de la
Révolution islamique "Manoeuvres Grand prophète - IV" ont eu
lieu les 27 et 28 septembre en Iran. Au cours de ces manoeuvres,
des officiels ont annoncé les tests de certains modèles de
missiles. Selon les médias iraniens, le premier jour, les
militaires ont effectué les lancements de missiles balistiques
de courte portée Fateh et Tondar et testé les systèmes de
lancement de missiles multiples, le deuxième jour, ils ont testé
leurs missiles balistiques les plus puissants Shahab-3 et Sejil.
Le missile Sejil suscite de nombreuses questions chez les
experts. Nombre d'entre eux affirment qu'il n'existe pas de
projet Sejil et que des missiles Shahab-2 et Shahab-3 sont
périodiquement lancés, à des fins de désinformation, sous les
noms de Sejil et de Sejil-2.
La portée du missile Shahab-3 lui permet d'atteindre des
cibles en Israël, en Asie mineure, dans les Balkans et en
Russie. Mais c'est certainement aujourd'hui le plus puissant
missile de l'arsenal iranien.
Mais l'arsenal des missiles de la République Islamique d'Iran
ne se borne pas, loin s'en faut, au Shahab-3. L'Iran dispose
d'un arsenal important de missiles de courte portée (jusqu'à 300
km), guidés et non guidés, qui peuvent être utilisés pour
atteindre des cibles dans les arrières de l'adversaire et sur le
champ de bataille. Plusieurs missiles iraniens non guidés
(roquettes) de portée de 30 à 40 km sont employés par les
terroristes pour effectuer des tirs sur Israël à partir des
territoires voisins.
Des missiles de portée de 300 km et plus sont développés en
Iran en utilisant avant tout les technologies du vieux missile
soviétique R-17 connu en Occident comme Scud. Des armes de ce
type ont été achetées à un moment donné par l'Iran à la Libye et
à la Corée du Nord. Les analogues coréens modernisés du R-17 ont
servi de base aux projets technologiques dans le domaine de la
construction de missiles balistiques iraniens de moyenne portée.
Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique, armée
idéologique de l'Iran, a reçu les premiers missiles balistiques
en 1985 et, peu après, l'Iran a commencé à pilonner aux missiles
des villes irakiennes en réponse aux actions analogues de l'Irak
au cours de la guerre irano-irakienne. Les tirs les plus
intenses de missiles Scud-B a eu lieu pendant 52 jours de 1988.
Ensuite, cette période a été baptisée la "guerre des villes".
L'Iran a lancé alors 77 missiles Scud-B contre Bagdad, Mossoul,
Kirkuk et Tikrit.
Ensuite, l'Iran a développé, sur la base du Scud, les
missiles Shahab-1 et Shahab-2 de portée de 350 et 750 km
respectivement et abordé le développement du missile Shahab-3,
dont la portée a dépassé 2000 km.
La fusée porteuse Saphir (ambassadeur) utilisée pour mette en
orbite le premier satellite artificiel iranien de la terre Omid
a été développée sur la base du missile Shahab-3. On estime que
l'Iran développe un missile balistique intercontinental dans le
cadre de ce projet.
Il faut dire qu'en développant ses missiles, l'Iran recourt
souvent à l'assistance technologique étrangère, tout d'abord
chinoise et nord-coréenne. En plus des technologies, la Chine
fournit à l'Iran des produits finis, entre autres, des missiles
CSS-8 (portée d'environ 180 km). Grâce à la Chine, l'Iran a
enregistré des succès importants dans le perfectionnement de ses
missiles. Ainsi, la portée du missile opérationnel tactique
Nazeat-10 dont dispose le Corps des Gardiens de la Révolution
islamique depuis 1996 a été augmentée jusqu'à 300 km (contre 163
autrefois). Le missile modernisé a été baptisé FATEX-110A.
Le programme balistique iranien a été l'une des principales
raisons officielles du déploiement du système américain de
défense antimissile (ABM). La réalité de la menace d'emploi par
l'Iran de ses missiles et le niveau des forces et des moyens
indispensable pour parer à une attaque éventuelle sont le sujet
principal de la discussion menée depuis des années à propos de
l'ABM.
Comme alternative à la troisième zone de positionnement du
système d'ABM en Europe, dont le déploiement a été prévu par
l'administration Bush, la Russie a maintes fois proposé
d'étudier la variante de déploiement de missiles intercepteurs à
proximité immédiate des frontières de l'Iran : en Turquie, au
Koweït et, éventuellement, en Irak. Cela faciliterait
considérablement l'interception des missiles lancés depuis le
territoire de l'Iran et ne représenterait pas une menace pour le
potentiel des missiles nucléaires de la Russie et pour
l'équilibre mondial des forces nucléaires.
Il est à remarquer que la position des Etats-Unis sur la
défense antimissile a changé ces derniers temps et
l'administration du président Obama prévoit maintenant de
déployer en Europe des missiles intercepteurs de stationnement
maritime et terrestre qui sont capables de frapper les têtes des
missiles de moyenne portée et qui ne représentent pas une menace
pour les missiles balistiques intercontinentaux russes.
Cependant, la défense contre les missiles de moyenne portée
suscite des préoccupations en Russie : compte tenu des
changements éventuels dans la politique iranienne, il n'est pas
exclu que les missiles iraniens représentent une menace pour
notre pays. Cela étant, le renforcement des forces de la DCA
russe et la coopération dans le cadre de l'édification d'un
système de sécurité européen unique, y compris la défense
antimissile, est probablement la seule issue raisonnable pour
toutes les parties concernées.
Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.
© 2008 RIA Novosti
Publié le 1er octobre 2009
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