RIA Novosti
Ahmadinejad out ?
Ilgar Velizade

Photo RIA Novosti 8 juillet
2008 Il reste un an avant l'élection présidentielle en Iran.
Chaque action politique dans ce pays, qui, disons-le tout de
suite, ne peut pas se vanter d'une extrême abondance en la
matière, est liée d'une manière ou d'une autre à cet événement
de premier ordre qui a lieu tous les cinq ans. Cela vaut
également pour une certaine publication qui a récemment retenu
l'attention de nombreuses personnes.
Le fait que cet article d'Ali Akbar Velayati, un des plus
influents représentants de l'establishment de la République
islamique d'Iran, qui a été pendant dix-sept ans ministre
iranien des Affaires étrangères, ait paru dans le quotidien
italien La Repubblica n'est probablement pas un hasard. Bien que
Velayati soit privé depuis plusieurs années de la possibilité de
s'occuper activement de politique étrangère, il a conservé son
influence politique en devenant conseiller diplomatique de
l'ayatollah Khamenei, leader spirituel de la République
islamique.
Le diplomate iranien annonce dans son article que Khamenei
mènera désormais lui-même les négociations sur le programme
nucléaire ou, autrement dit, qu'il a libéré Mahmoud Ahmadinejad
de cette fonction. La décision du leader iranien s'explique par
la nécessité de rechercher un "compromis", "en raison de
l'inquiétude générale" suscitée par la situation autour du
programme nucléaire iranien.
Comme il ressort des paroles d'Ali Akbar Velayati, l'Iran est
prêt à revoir les dispositions principales de la doctrine de
politique étrangère du président actuel. Ainsi, l'affirmation
selon laquelle le leader suprême "s'inspire dans ses actions de
l'idée que la paix sur la planète est fondée sur la
reconnaissance de la souveraineté des Etats et le respect des
frontières internationales" témoigne clairement du fait que
Khamenei n'a pas l'intention de "rayer Israël de la carte du
monde". Il estime que "le destin politique des principaux pays
qui existent actuellement dans la région doit être l'objet
d'élections démocratiques, dont les résultats doivent être
acceptés et respectés, si tout le monde - musulmans, Juifs et
chrétiens - y participent librement".
De nombreux observateurs sont enclins à considérer cette
formule comme la confirmation de la position officielle du pays
à l'égard de la reconnaissance d'Israël formulée par
l'ex-président Mohammad Khatami. Son essence se résume à ceci:
si, un jour, un traité de paix ayant à sa base la coexistence de
deux Etats est approuvé à la suite d'un vote palestinien, l'Iran
rejoindra les Palestiniens et, par conséquent, pourra
reconnaître Israël. Cette décision inattendue, à première vue,
du leader spirituel iranien d'assumer la responsabilité de la
politique étrangère peut avoir plusieurs explications.
Premièrement, l'Iran prépare le terrain avant d'amorcer le
dialogue avec un nouveau chef de la Maison Blanche, il veut
engager la discussion sur tous les problèmes clés, pour ainsi
dire, à partir de zéro. L'Iran pourrait de cette manière gagner
du temps, afin d'effectuer une percée dans la mise en oeuvre du
programme nucléaire et d'apaiser les passions autour de ses
rapports difficiles avec Israël.
Deuxièmement, le leader iranien a commencé à préparer le
remplacement du maître du palais présidentiel et a choisi pour
cela aussi bien le moment le plus propice (il reste un an avant
l'élection) qu'un des points les plus vulnérables de la
politique de Mahmoud Ahmadinejad, en le privant, de fait, d'une
partie substantielle de ses fonctions.
La question de savoir qui remplacera Ahmadinejad, et s'il y
aura en Iran une opération "successeur" à l'instar de ce qui
s'est fait en Russie revient donc au centre de l'attention.
Des personnages qui avaient représenté l'Iran dans l'arène
internationale il y a quelques années réapparaissent en ce
moment sur le firmament politique du pays, entre autres, Ali
Larijani, ancien compagnon de Mahmoud Ahmadinejad, ex-secrétaire
du Conseil suprême de sécurité nationale. Il était d'ailleurs
chef du groupe chargé des négociations sur le programme
nucléaire, mais avait dû quitter l'équipe Ahmadinejad en raison
de divergences avec ce dernier. Au printemps dernier, lors des
élections au parlement, on considérait Ali Larijani qui s'est
présenté en qualité de néoconservateur comme une alternative
politique possible au cas où le régime au pouvoir perdrait
rapidement des points avant l'élection présidentielle.
Ce pronostic commence à se justifier. L'aura d'Ali Larijani
qui agit à présent dans l'arène politique en tant que président
du parlement se renforcera probablement à la suite des récents
événements. Il est vrai, on ne peut jurer de rien, car
s'agissant de l'Iran, les prévisions politiques sont toujours
chose très fragile.
Quoi qu'il en soit, la situation actuelle permet
indéniablement de conclure que Mahmoud Ahmadinejad perd
graduellement les instruments permettant d'influer sur la
situation internationale. Cela signifie-t-il qu'il va quitter
graduellement l'arène politique? Seul l'avenir nous le dira.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
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