Opinion
Iran: seul un
changement de régime
conviendrait à l'Occident
Igor
Korotchenko
Photo: RIA
Novosti -
©
Sémhur /
Wikimedia
Commons
Vendredi 31 mai
2013 Source:
RIA Novosti Les Etats-Unis et
leurs alliés ne souhaitent pas régler la
situation en Iran – ils voudraient
changer le régime politique actuel même
si Téhéran répondait à toutes les
réclamations des six médiateurs.
Dans une interview exclusive accordée
à RIA Novosti l'ambassadeur iranien en
Russie, Mahmoud Reza Sajjadi, avait
déclaré que Téhéran était prêt à faire
preuve d'une plus grande transparence
dans son travail avec l'Agence
internationale de l'énergie atomique
(AIEA) et proposait de construire
conjointement une centrale nucléaire.
L'Iran a également suggéré d'autres axes
de coopération avec la communauté
internationale en échange de concessions
mutuelles de la part des six médiateurs,
notamment la levée des sanctions et le
retrait du
dossier nucléaire iranien de l'ordre
du jour du Conseil de sécurité des
Nations unies. En particulier, dans les
propositions des six médiateurs, l'Iran
avait confirmé ses engagements sur le
Traité de non prolifération (TNP) et le
refus de travailler sur l'arme
nucléaire, demandant en échange de
reconnaître son droit de produire de
l'uranium enrichi.
Iran:
nucléaire civil ou arme atomique - © RIA
Novosti
"L'Occident n'est pas du tout
intéressé par le règlement de la
situation. Même si l'Iran répondait à
toutes les revendications concernant les
programmes nucléaires, on trouverait
d'autres prétextes – par exemple en
l'accusant de soutenir le Hezbollah ou
d'envoyer de l'argent pour déstabiliser
la situation dans la région. C'est une
question politique", a déclaré Igor
Korottchenko, rédacteur de la revue
Natsionalnaïa oborona (Défense
nationale).
C'est pourquoi une seule solution
convient aux Etats-Unis et à leurs
alliés : le changement de gouvernement
et l'arrivée à Téhéran de dirigeants
plus modérés, libéraux et
pro-occidentaux que le pouvoir en place,
affirme l'expert. Selon lui, aucun
consensus n’est possible.
"La politique de la Russie doit être
très pragmatique – en cas de changement
de gouvernement en Iran, les
conséquences pour la sécurité nationale
du pays seraient catastrophiques. On
assisterait au reformatage de l'ensemble
de la région caspienne. Si l'Iran
tombait ou changeait de gouvernement,
les pays de l'espace postsoviétique
opteraient forcément pour un
rapprochement avec les Etats-Unis. Et la
Russie perdrait son influence
géopolitique dans cette région", estime
Korottchenko.
Revenir aux S-300
Depuis vingt ans, l'Iran adopte une
politique visant à bloquer toute
tendance séparatiste dans le Caucase du
Nord russe, ajoute Korottchenko. La
République islamique n'a jamais accordé
d’aide aux séparatistes tchétchènes ou
nord-caucasiens – ni politiquement ni
financièrement. Dans ce sens l'Iran est
une ligne arrière sûre de la Russie, un
allié stratégique. Si le gouvernement
changeait, ces liens s’en trouveraient
modifiés", souligne l’expert.
"Dans ces circonstances, aussi
paradoxal que cela puisse paraître, le
régime iranien en place est extrêmement
bénéfique pour Moscou. Bien sûr, la
levée des sanctions contre l'Iran doit
être l'un des axes centraux de la
politique étrangère russe. En principe,
la Russie a toutes les cartes en main
pour annuler ses anciennes décisions sur
l'embargo concernant la livraison des
systèmes de missiles sol-air S-300 à
l'Iran et d’éviter la plainte déposée
par Téhéran", souligne Korottchenko.
Système de
missiles sol-air S-300P - © RIA Novosti
L'expert remarque également qu'à
l'heure actuelle l'Iran ne mène pas de
programme nucléaire car il est
impossible de cacher ou de rendre
indétectable le cycle de production
nucléaire.
"Dès qu'un pays se lance dans la
recherche nucléaire militaire, le
renseignement technique et satellite
détecte l’infrastructure. Dans le cas de
l'Iran il n'existe aucune preuve de
lancement d'une production militaire. Il
développe uniquement son programme
nucléaire civil, dépourvu d'élément
militaire", déclare Korottchenko.
Néanmoins, la confirmation de ses
engagements pour le TNP et le refus
d'utiliser l'arme nucléaire ne seront
pas non plus pris en compte par
l'Occident car le véritable objectif des
Etats-Unis vise à remplacer l'élite
politique iranienne - et les Américains
ne sont absolument pas préoccupés par le
programme nucléaire ou balistique de
Téhéran, conclut Korottchenko.
© 2013
RIA Novosti
Publié le 1er juin 2013
Le
dossier Iran
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