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Rapport
Liban: Appel à
l'adoption d'une loi contre les provocations sectaires
Barrages
improvisés
Photo:
Lucy Fielder/IRIN
BEYROUTH, 21 mai 2008 (IRIN)
Le Liban doit
adopter une nouvelle loi contre les préjugés et les provocations
sectaires, pour permettre de régler les dissensions qui se sont
amplifiées à la suite des affrontements de la semaine dernière
entre l’opposition et les forces pro-gouvernementales, selon le
Centre de réhabilitation Khiam de Beyrouth, une association de
défense des droits humains.
L’appel du Centre Khiam en faveur de cette loi a été lancé dans
un contexte de crainte au sein de la population. Les Libanais
s’inquiètent en effet à l’idée que les provocations sectaires,
si elles ne sont pas maîtrisées, puissent déclencher une
nouvelle vague de massacres, comme ce fut le cas pendant la
guerre civile de 1975-1990, qui avait eu de lourdes conséquences
humanitaires.
Le Centre Khiam et l’association new-yorkaise Human Rights Watch
(HRW) ont tous deux condamné les attaques menées à l’encontre
des populations civiles et les violations du droit humanitaire
international commises au cours du conflit, qui a éclaté le 7
mai, après que le gouvernement eut déclaré illégal le réseau de
communication du Hezbollah, le parti d’opposition, et tenté de
limoger le chef du service de sécurité de l’aéroport de la
capitale Beyrouth, perçu comme un allié du mouvement.
« Il y a une sérieuse crise psychologique au sein de la
population, ainsi qu’une dissension sectaire grave qui aura des
conséquences désastreuses, surtout à Beyrouth, du fait des
violations commises à l’encontre des populations civiles »,
pouvait-on lire dans un communiqué du Centre Khiam, publié le 18
mai.
HRW a appelé à l’ouverture d’enquêtes impartiales sur ces
violations, parmi lesquelles on compte notamment, selon
l’organisation, plusieurs enlèvements et exécutions sommaires et
les meurtres d’au moins 12 personnes non-armées.
En tout, au moins 81 personnes ont été tuées et 250, blessées.
Les dirigeants libanais réunis au Qatar pour tenter de résoudre
cette crise politique, qui dure depuis 18 mois et a donné lieu à
des flambées de violence, ne doivent pas essayer de protéger les
auteurs de crimes présumés qu’ils comptent parmi leurs
partisans, a déclaré HRW dans un communiqué également publié le
18 mai.
« Nous parlons de cela aujourd’hui parce que les dirigeants
[réunis] à Doha ne font que tenter de s’assurer un siège au sein
du prochain gouvernement, ou d’arranger les lois électorales de
telle sorte qu’elles leur garantissent une victoire », a déclaré
à IRIN Mohammed Safa, secrétaire général du Centre Khiam.
Suppression progressive du système
politique sectaire ?
Des barricades érigées
par l'opposition sur la route de l'aéroport de Beyrouth
Photo:
Lucy Fielder/IRIN
M. Safa a fait remarquer que l’accord de Taïf, qui avait mis fin
à la guerre civile de 1975-1990 au Liban, prévoyait la formation
d’un organe national chargé de superviser la suppression
progressive du système politique sectaire en vigueur dans le
pays.
« Mais personne n’en parle plus », a rappelé M. Safa. « Les
événements de la semaine dernière ne sont pas tombés du ciel,
ils sont le résultat de cette structure sectaire. Si nous ne la
changeons pas, nous allons nous apercevoir que ces événements
n’étaient rien de moins que les plus récentes manifestations
d’une guerre civile ».
Les images des incidents recensés par le Centre Khiam montrent
des hommes armés de chacun des deux camps inspectant ceux du
camp adverse en quête de signes d’appartenance confessionnelle à
des barrages routiers improvisés, des scènes inquiétantes qui
renvoient à la dernière guerre civile.
Aujourd’hui, si les cartes d’identité libanaises n’indiquent
plus la confession du titulaire, il est souvent possible de la
deviner en fonction de leur patronyme.
Le Centre Khiam a appelé les deux camps à se conformer aux lois
internationales régissant l’expulsion des civils en période de
conflit armé, à respecter la liberté d’opinion, et à s’abstenir
d’avoir recours aux armes pour résoudre leurs différends
politiques.
Les deux camps ont déclaré que les partisans du gouvernement
soutenu par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite et ceux de
l’opposition, dirigée par le Hezbollah, lui-même soutenu par
l’Iran et la Syrie, avaient mené des attaques à l’encontre des
populations civiles.
« Les témoignages décrivant les violations commises par des
hommes armés se répandent comme une traînée de poudre et
attisent les tensions », a déclaré Joe Stork, directeur adjoint
de HRW pour le Moyen-Orient. « Si l’Etat n’agit pas rapidement
pour faire en sorte que les auteurs de ces violences répondent
de leurs actes, il est probable qu’il y aura de nouvelles
représailles ».
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