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IRIN
Des fermiers de Gaza aux prises avec des
terres agricoles endommagées

Une ferme de citronniers,
pêchers et oliviers dans la zone de Sheikh Ajleen à Gaza ville,
inondée d’eaux usées non traitées, après l’opération
israélienne.
Photo: Erica Silverman/IRIN
GAZA VILLE, 19 octobre 2009 (IRIN)
Des milliers de fermiers de Gaza ne pourront
peut-être pas planter les semences de leurs prochaines récoltes,
lors de la principale saison des semailles dans la région en
octobre, à cause des dommages causés aux terres agricoles par
l’offensive israélienne en début d’année, et par manque de
matériels agricoles comme des semences et des engrais, selon des
responsables.
La moitié des quatre hectares de terres agricoles de Hatem
Khubair, à Beit Lahiya, une ville située dans le nord de la
bande de Gaza, a été détruite durant l’offensive israélienne en
début d’année.
« Je n’ai pas les moyens de remettre ma terre en état. L’armée
israélienne a rasé mes récoltes – oignons et carottes – et a
stationné des chars dessus, détruisant le système d’irrigation
», a dit Hatem.
« Je manque d’argent et de matériels », a dit Hatem, estimant
les dommages à 27 000 dollars, ce qui n’inclut pas les pertes de
production auxquelles lui et sa famille de huit personnes
devront faire face cette année.
Les fermiers se battent pour remettre en état les 1 700 hectares
de terres agricoles endommagés ou détruits durant l’offensive
israélienne de 23 jours qui s’est achevée le 18 janvier 2009,
selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) intitulé Estimation des dommages dans le
secteur agricole de Gaza.
Selon le rapport, les récoltes détruites comprennent 929
hectares de vergers et 500 hectares de légumes.
La destruction de la couverture végétale et le compactage du sol
par des raids et des mouvements de chars ont dégradé la terre,
la rendant difficile à replanter et susceptible ainsi de devenir
un désert stérile. Selon le PNUD, à Gaza, 5 200 fermiers – sur
environ 10 000 – ont été directement touchés par l’offensive.
Des moyens de subsistance en danger
L’entrée à Gaza, via les points de passages contrôlés par les
Israéliens, de denrées essentielles, y compris du matériel
agricole, reste soit restreinte à des quantités limitées, soit
refusée ; et les fermiers de Gaza risquent de ne pouvoir
replanter leurs récoltes cette saison en raison du manque de
semences, d’engrais, de bâches en plastique et de filets pour
les serres, selon le Bureau des Nations Unies pour la
Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA).
Selon le
rapport, les moyens de subsistance d’environ 10 000 familles
de fermiers - soit 65 500 personnes – pourraient ainsi être
affectés.
Environ deux-tiers de la population de Gaza (1,5 million de
personnes) sont menacés d’insécurité alimentaire, alors que le
chômage tourne autour de 40 pour cent, selon l’Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
« La FAO et d’autres agences des Nations Unies fournissent aux
fermiers des matériaux tels que de la nourriture pour les
animaux et des unités de maraîchage pour la production de
récoltes », a dit Erminio Sacco, le représentant de la FAO à
Jérusalem. « La saison hivernale des récoltes est la plus
importante pour la production agricole de Gaza ».
Selon Shlomo Dror, porte-parole du ministère israélien de la
Défense, il n’y a pas de pénurie de matériels agricoles à Gaza.
« Nous restreignons l’entrée de tous les matériaux qui peuvent
être utilisés pour fabriquer des explosifs, ce qui n’inclut pas
les semences et les engrais », a dit M. Dror. « Kerem Shalom [seul
point de passage commercial de Gaza] peut seulement gérer
100 camions par jour, limitant la quantité de matériel qui peut
entrer, et la première priorité est donnée aux denrées
humanitaires ».
Rapport du PNUE
Le récent
rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement
(PNUE) sur les conditions environnementales à Gaza après
l’offensive israélienne estime que 17 pour cent des terres
cultivées, y compris des vergers et des serres, ont été
endommagés ou détruits.
Le rapport estime les coûts – en terme de dommages causés aux
moyens de subsistance des fermiers résultant des dommages et
contamination des terres agricoles, en plus de la
reconstruction, et incluant le fait de s’assurer que la terre
est sécurisée pour le replantage – à environ 11 millions de
dollars.
Sols fragiles
Les fermiers de Gaza sont face au défi de tenter de restaurer la
production agricole perdue dans une région entourée de dunes de
sable et sur des sols fragiles.
Avec le soutien du gouvernement des Pays-Bas, une organisation
non-gouvernementale (ONG) locale, Agricultural Development
Association (PARC-Gaza), a lancé en août plusieurs projets pour
aider les fermiers touchés, a dit Thijs Debeij, second
secrétaire au Bureau de représentation des Pays-Bas auprès de
l’autorité palestinienne à Ramallah.
« Seuls 25 pour cent des terres agricoles endommagées ou
détruites pendant la guerre ont été réhabilités par des ONGs
locales et des agences des Nations Unies », a dit Ahmed Sourani,
responsable de PARC.
La
FAO estime les pertes globales de la communauté agricole de
Gaza, comme résultant de l’offensive, à 268 millions de dollars,
incluant 180 millions de dollars en dommages directs et 86
millions de dollars en pertes projetées.
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