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IRIN
LIBAN: La lutte pour les
financements ralentit le déminage dans le sud
Des démineurs du
MAG sillonnent des terres agraires dans le village de Zawtar
Ouest,
au Liban-Sud, pour retrouver les bombes à dispersion larguées
par l’armée israélienne (photo d’archives)
Photo: Hugh Macleod/IRIN
BEYROUTH, 6 février 2009 (IRIN)
L’intérêt et les
financements décroissants de la communauté internationale
compromettent les efforts déployés en vue de débarrasser le
Liban des centaines de milliers de sous-munitions dispersées sur
son territoire et qui continuent de représenter une menace pour
les fermiers et les enfants, selon les organismes de déminage.
Israël a largué un grand nombre de bombes à dispersion sur le
sud du Liban pendant la guerre de juillet 2006 contre le
Hezbollah, groupe rebelle chiite et mouvement politique. Chaque
bombe peut libérer des centaines de sous-munitions, dont environ
un quart n’ont pas explosé au moment de l’impact, devenant ainsi
des mines terrestres susceptibles de tuer ou de mutiler les
populations.
« Presque toutes les organisations doivent lutter sans cesse
pour susciter assez d’intérêt et obtenir les financements
nécessaires pour permettre aux équipes de continuer à travailler
sur le terrain, ce qui influe de toute évidence sur la quantité
de bombes à dispersion ?sous-munitions? qu’elles peuvent retirer
», a expliqué Tekimiti Gilbert, responsable de programme par
intérim du Centre de Coordination de la lutte anti-mines des
Nations Unies (UNMACC).
Au début de cette année, 33 équipes travaillaient sur le
terrain, contre 44 l’année dernière, a-t-il indiqué. Mais six de
ces équipes, engagées par le Mines Advisory Group (MAG), une
organisation non-gouvernementale (ONG) britannique, et
DanChurchAid, un organisme danois, ont cessé leurs activités
depuis lors.
Blessée par une
sous-munition, avec laquelle ses cousines et elle-même étaient
en train de jouer,
à Aita Shaab, au Liban, Skina, 9 ans, reçoit des soins (photo
d’archives)
Photo: Dina Debbas/UNICEF
« Nous risquons de perdre
six équipes de plus d’ici à la fin du mois de mars, si la
situation n’évolue pas ; et s’il n’y a toujours aucun
changement, nous allons continuer à en perdre davantage tout au
long de l’année », a déploré M. Gilbert, ajoutant que les six
équipes supplémentaires étaient employées par la Swedish Rescue
Services Agency et par la société privée BACTEC International.
La réduction des opérations de déminage ralentira le déminage
des quelque 12 millions de mètres carrés de terres contaminées
restants, soit un quart de la zone de frappe initialement
estimée.
Au cours de l’année 2008, 44 équipes ont déminé un peu plus de
10 millions de mètres carrés, a expliqué M. Gilbert. L’ensemble
des 12 millions de mètres carrés restants est considéré comme «
hautement prioritaire » : il s’agit soit de terres agraires dont
dépendent les populations pour vivre, soit de zones situées à
proximité de régions peuplées, qui présentent un risque de
sécurité.
Revoir les chiffres
A la suite de la guerre de 2006, les Nations Unies ont estimé
qu’environ un million de sous-munitions n’avaient pas explosé. A
ce jour, les démineurs du Liban-Sud en ont retiré environ 155
000, et le rythme des nouvelles découvertes ralentit.
En janvier 2008, les démineurs en avaient retiré 137 000 :
environ 18 000 sous-munitions seulement ont donc été
neutralisées cette dernière année.
Même s’il semble aujourd’hui que le nombre initial de
sous-munitions non-explosées avait été surestimé par les Nations
Unies, ce qui est certain, selon M. Gilbert, c’est qu’il y avait
des « centaines de milliers » de sous-munitions non-explosées au
Liban-Sud après la guerre et qu’aujourd’hui encore, il en reste
plusieurs milliers.
« Nous ne savons pas exactement ce qui reste pour la simple
raison que les Israéliens ne nous l’ont pas dit », a-t-il
expliqué.
Le
Mines Advisory Group fait exploser 47 sous-munitions à Al-Malkiyye,
au Liban-Sud (photo d’archives)
Photo: Serene Assir/IRIN
Les Israéliens ont en
effet ignoré les demandes répétées des Nations Unies, qui les
ont enjoints de communiquer les données relatives aux frappes
menées au Liban. Sans ces informations, les équipes sont
obligées de chercher inutilement des sous-munitions sur des
terres qui n’en contiennent pas, a expliqué M. Gilbert ; un
processus aussi laborieux que coûteux.
Interdiction internationale
Les bombardements israéliens au Liban-Sud, l’un des cas les plus
graves d’utilisation des bombes à dispersion de l’histoire, ont
donné lieu à l’élaboration d’un traité international interdisant
l’usage, la production et la vente de ces armes.
Au total, 95 pays ont signé la Convention d’Oslo sur les armes à
sous-munitions, en Norvège, en décembre dernier. Le traité,
l’avancée la plus importante dans le domaine du désarmement
depuis l’interdiction des mines antipersonnel (1997), entrera en
vigueur après avoir été ratifié par 30 Etats ; à la fin janvier,
quatre pays l’avaient ratifié et 91 l’avaient signé, mais pas
encore ratifié.
Les Etats-Unis, la Russie, la Chine et Israël, pays producteurs
d’armes, ont refusé de le signer, invoquant leur droit
d’utiliser les bombes à dispersion pour se défendre, bien que de
grandes puissances européennes, telles que la France,
l’Allemagne et la Grande-Bretagne en soient signataires. Parmi
les pays arabes, seuls le Liban et la Tunisie ont signé le
traité.
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