Hommage du frère du
Martyr Husâm Abû Habel
In
memoriam Husâm Abû Habel
Ce
sont des êtres humains qu’Israël assassine sommairement.
Début janvier Yuval Diskin, le chef des
services d’espionnage du Shin Bet, déclarait que l’armée
israélienne avait tué 1000 “terroristes” à Gaza depuis
2005.
C’est en
qualifiant les tués et les blessés de « terroristes »
que les autorités israéliennes justifient leurs crimes de guerre
répétés, qu’il s’agisse de résistants ou de civils
ordinaires, parmi lesquels de nombreux enfants, femmes,
vieillards. Or, dans tous les cas, ce sont des êtres humains qui
ont été assassinés.
Le petit texte
émouvant écrit par le frère d’un parmi ces 1000 « terroristes »
qu’Israël se vante d’avoir tués donne un visage humain
à ces disparus. (CS)
Janvier 2008
C’était
un jeune homme qui aimait la vie et ne craignait pas la mort, comme
tout Palestinien pour lequel, soit on accède à une vie digne, soit
on lutte pour y accéder, au risque d’aller à la mort, avec fierté
et honneur.
Il
avait trente-trois ans, il était plein d’énergie et de vitalité,
s’occupait de son épouse et de ses quatre enfants. Son plus cher
espoir était de pouvoir assurer une vie et un avenir dignes à ses
enfants. Mais comment ?
Chaque
jour, il perdait un de ses proches ; un jour, un ami intime,
un parent cher, ou un voisin apprécié, ou encore un passant qu’il
ne connaissait pas. Il les voyait passer de vie à trépas.
Alors,
sans faire de commentaire, il suivait leur convoi funèbre, présentait
ses condoléances aux familles, puis il recommençait à étudier
les causes
de ces tragédies, et il n’en a trouvé qu’une seule et
unique. C’est précisément cette Cause
qui l’a amené à changer sa façon de penser, afin de trouver la
réponse à ses interrogations incessantes quant à la manière d’assurer
une vie et un avenir dignes à ses quatre enfants, mais aussi à son
peuple écrasé.
C’est
la réponse à cette question qui a entraîné sa disparition, comme
celle des milliers qui étaient partis avant lui. Et la Cause
est toujours là, insistante à faucher les fleurons de la jeunesse
de ce peuple qui refuse de se soumettre à toutes les
provocations, à toutes les capitulations qu’exigent de lui la communauté
internationale, l’Onu, le Quartette, ainsi que les fils de sa
nation, les enfants de son arabité et les frères de son Islam.
Au
début de l’année 2003, soit deux ans après le début de l’Intifada
d’Al-Aqçâ, et après qu’ait commencé à s’accroître le nombre
des martyrs parmi les enfants de son peuple, ce jeune homme commença
à rechercher une solution à ce problème que ne résolvent et ne
suppriment ni les négociations, ni aucun pays en mesure pourtant
de décider et d’imposer.
Alors,
ce jeune homme a décidé de rejoindre les rangs des Sarâyâ-al-Quds
[légions de Jérusalem], la branche militaire du mouvement du Jihâd
islamique en Palestine, à la recherche d’une possibilité de défendre
ce peuple écrasé et humilié.
Il
a appris le maniement de diverses armes, et il a subi un entraînement
très dur, jusqu’à devenir un soldat de ces légions.
Depuis
ce jour, il n’y a de lieu investi par la soldatesque israélienne
d’occupation où il ne se soit opposé à ses incursions, au point
de devenir célèbre pour son courage et son action militaire.
Ses
supérieurs décidèrent de lui apporter de plus en plus
d’attention, et il finit par devenir un des chefs de cette organisation
militaire; il était responsable de l’unité des missiles, pour
le Nord de la bande de Gaza.
Il
ne connaissait pas le goût du sommeil avant d’avoir frappé une
colonie, ici, par des tirs de mortiers, ou sans avoir lancé une roquette
en direction d’une colonie, là-bas, en représailles contre les
violations israéliennes incessantes des droits de notre peuple tant
à Gaza qu’en Cisjordanie, ou encore en riposte à l’assassinat
d’un des combattants pour la Palestine, sans égard pour son appartenance
politique, ou à l’assassinat d’un simple civil palestinien.
La
nuit précédant le jour où fut assassiné ce jeune homme
combattant, les forces israéliennes d’occupation assassinèrent
le commandant général des Légions de Jérusalem, Mâjid al-Harrâzîn,
et plusieurs de ses adjoints, au cours de deux frappes aériennes
séparées contre Gaza, ainsi qu’un commandant des Légions en
Cisjordanie.
Que
fit notre vaillant combattant ? Il se prépara à riposter à
cette lâche opération criminelle. Il commença par préparer des
tirs de roquettes contre la colonie de Sdérot, face à Gaza. Mais
l’ennemi, lâche et retors, l’attendait, lui et son groupe.
Immédiatement après la prière de l’aube, le lendemain, avant
que sa formation ne se mette en route pour riposter, les avions de
surveillance israéliens les repérèrent et les bombardèrent au
moyen de deux missiles. C’est ainsi que tombèrent notre Martyr
et trois de ses compagnons dirigeants.
Bien
sûr : les chefs combattants sont tombés en martyrs. Mais les
entrailles des mères palestiniennes ne cessent – et ne cesseront
jamais – de porter les chefs combattants qui écriront avec leur
sang l’histoire du martyre et des gloires de notre peuple.
Le
jeune homme dont nous sommes en train de parler, aujourd’hui, c’est
Husâm Abû Habel, lui que l’occupation sioniste a transformé,
de jeune homme pacifique qu’il était, en jeune combattant. C’est
ce jeune homme pacifique là, que les circonstances d’une dureté
extrême, ont amené à emprunter le chemin du martyre, bien qu’il
aimât la vie.
Tel
est l’histoire d’un des fils du peuple palestinien, de ce peuple
qui aspire à connaître la lumière de la liberté, lui qui est plongé
dans les ténèbres, et qui attend, impatient, après une interminable
absence, sans qu’il ne perde jamais l’espoir, cette liberté,
qui viendra un jour ; c’est une certitude »
Traduit de l’arabe par Marcel Charbonnier
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