Centre
Palestinien
d'Information
Opinion
Le départ de
Moubarak, un pas vers le départ de l'occupation sioniste
Hani Jaricha
Photo CPI
Dimanche 6 février 2011
La révolution menée par les jeunes Egyptiens
serait le prélude principal de changements politiques réels au
Moyen-Orient. Beaucoup ont peur du départ du président Moubarak
et de son régime, les occupants sionistes en tête, ainsi que
l’équipe d’Abou Mazen, l’équipe de l’autorité de Ramallah.
Plusieurs membres du gouvernement sioniste
ont exprimé leur inquiétude face à la révolution égyptienne qui
pourrait pousser vers la scène politique des forces opposées à
l’occupation israélienne, surtout le groupe des Frères
Musulmans. Ces changements pourraient détruire les ponts de ce
qu’ils appellent « l’opération de paix au Moyen-Orient ». Cette
opération avait commencé avec le président défunt Anwar Sadat et
avec l’accord de Camp David. Le premier ministre sioniste,
lui-même, est sorti pour exprimer son inquiétude face à tout
changement profond du régime égyptien et au départ de Moubarak,
un allié irremplaçable de l’occupant.
Et après ces développements égyptiens, un
autre responsable israélien a appelé à réoccuper l’axe de
Philadelphia (dans la bande de Gaza), afin d’empêcher de voir se
renforcer le mouvement du Hamas, qui tire son origine du groupe
des Frères Musulmans. Et Gabi Ashkenazi, chef d’état-major de
l’armée israélienne, a dit que la sécurité de l’Entité sioniste
serait fragile ; la situation aux frontières pourrait changer à
tout moment ; ce qui se passe en Egypte n’en est qu’une preuve,
selon lui.
L’observateur de la scène égyptienne et
arabe remarque que tout ce qui se passe en Egypte laisserait ses
effets sur toute la région et sur la scène palestinienne en
particulier. Ce qui s’est passé en Egypte a ébranlé tous les
équilibres, non seulement des pays arabes, mais aussi de
l’ensemble du Moyen-Orient. Des lignes politiques et sociales
nouvelles se dessinent. Un nouveau Moyen-Orient naîtrait. Les
règles de jeu changeraient. Un nouvel horizon s’imposerait sur
la région et nous mènerait vers une nouvelle solution avec de
nouvelles dimensions, avec de nouvelles bases.
Sans aucun doute, la nouvelle Egypte aura un
rôle nouveau et meilleur dans la région. L’Egypte quittera cet
enfermement causé par les "traités de paix avec Israël". En
quittant cet enfermement, l’Egypte reprendra son rôle, ce qui
renforcera les Arabes en général et la cause palestinienne en
particulier.
Il est sûr aussi que le changement réalisé
par les jeunes Egyptiens aura des conséquences positives sur la
rue arabe et la rue palestinienne. Dans cette dernière se
multiplient les appels au départ de l’autorité d’Abbas, à
l’arrêt de l’injustice et de la dictature en Cisjordanie. Un
mouvement porte le nom "La révolution palestinienne pour faire
tomber Abbas". Son premier communiqué, publié le 31 janvier
2011, était intitulé : « Le premier communiqué du mouvement du
peuple palestinien vers le changement ». Il appelle le président
de l’autorité du Fatah Mahmoud Abbas et ses hommes à quitter
immédiatement le pouvoir, et même la scène politique. Plusieurs
autres mouvements sont nés appelant à faire tomber l’équipe
d’Abbas, de Ramallah, pour sa coopération sécuritaire avec
l’occupation israélienne, pour sa conspiration contre la
résistance, pour sa vente de la terre, pour avoir laissé tomber
les principes palestiniens. Tous ces mouvements et leurs slogans
reflètent la colère des Palestiniens de Cisjordanie.
Il faut aussi regarder ce qui s’est passé au
Yémen. En Egypte, Moubarak a dit qu’il n’allait pas se présenter
pour un nouveau mandat. Suite à cette déclaration, le président
du Yémen Saleh a déclaré la même chose, que ni lui ni son fils
n’allaient se présenter pour un nouveau mandat. Ainsi, il est
clair que ce qui se passe en Egypte pousse les dirigeants arabes
à se rapprocher de leurs peuples, à entamer des réformes, s’ils
comptent rester au pouvoir. Il y a eu des changements de
gouvernement en Jordanie. La Syrie et d’autres pays arabes ont
connu quelques tentatives de réforme. Il est très certain que le
départ du régime de Moubarak, en plus d’autres éléments,
feraient tomber l’occupation israélienne. C’est pour cette
raison que les Israéliens expriment clairement leur inquiétude
vis-à-vis de ce qui se passe en Egypte.
Article de
l’écrivain égyptien Hani Jaricha, traduit par le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI)
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