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Opinion
Voyage de découverte
de la République islamique d'Iran
Ginette Hess Skandrani
Téhéran - La tour
Azadi
Lundi 24 janvier 2011
Invités par le Parti des Musulmans de France, une délégation de
cinq personnes s’est déplacée en Iran, afin de participer à la
deuxième conférence sur Gaza.
Nous étions assez divers par nos engagements. Anissa la
militante pro- palestinienne et Ferak du PMF étaient tous deux
musulmans d’origine algérienne, comme le président du PMF, et
deux écologistes co-fondateurs des verts, tous les deux exclus
pour leur soutien aux Palestiniens.
L’Iran est isolé par les USA et leurs satellites… Il faut
vraiment avoir envie d’y aller, car les péripéties du voyage
sont très fatigantes, surtout que trois d’entre nous, ne sommes
plus de la première jeunesse : Jean Briere, Anissa et moi même.
Vu que Paris qui suit les directives de Washington n’a aucune
liaison directe avec Téhéran, nous avons pris un avion très
confortable de la Cie Qatar Airways, jusqu’à Doha où nous avions
une escale de six heures. Ce concours de circonstance nous a
permis de faire le tour de Doha en taxi, d’être impressionnés
par le gigantisme de toutes ces tours illuminées et vides
surgies du sable tel un mirage, par la douceur du climat, l’air
marin.
Doha, une ville surréaliste copiée sur Manhattan et évidemment
super polluée et ne connaissant aucune économie d’énergie, vu
que le pétrole y coule à flot.
Ce qui nous surpris c’est qu’il n’y avait personne dehors et que
les voitures qui circulaient partout étaient les seules
occupantes des rues.
Nous avons dîné dans un café du centre ville. Le poisson local
(dont j’ai oublié le nom) était vraiment délicieux.
Téhéran, qui est à deux heures d’avion de Doha où le climat est
chaud, nous a beaucoup surpris. Il y avait de la neige et il
faisait froid. La ville ressemble beaucoup aux mégapoles
européennes par son étendue et ses constructions. Cernée telle
une cuvette, par des montagnes enneigées que nous avons
entr’aperçues lors de nos passages au centre de communication,
Téhéran est également envahie par les voitures et a une
circulation très intense qui crée de nombreux embouteillages
comme à Paris ou Berlin. Le centre ville est très animé et
beaucoup de monde circule continuellement dans les rues. Nous
avons eu la surprise de voir beaucoup de femmes, de jeunes
filles dont le foulard couvrait juste les cheveux. Certaines
jeunes femmes laissaient leurs boucles dépasser du foulard.
Vêtues à l’occidentale, en jeans et souliers à talons, elles ont
attiré nos regards par leur élégance innée et leur démarche
assurée. Elles sont
très belles et surtout très souriantes. Il y a peu de « barbus »
dans les rues.
Nous avons trouvé un Téhéran qui ne ressemble en rien à tout ce
qu’on nous décrit à Paris. Nous n’avons vu aucune femme portant
le voile intégral.
Téhéran est une grande ville simple, sans ce clinquant qui nous
a tant dérangés à Doha. La population est très accueillante et
accepte facilement la discussion.
Nous avons logé à l’hôtel Hovyzee où étaient présentes plusieurs
délégations invitées pour la Conférence sur Gaza. La chambre que
j’ai partagée avec Anissa était confortable, le personnel très
serviable. Nous avons bien mangé et comme je ne mange pas de
viande, j’ai pu profiter des plats de poissons midi et soir ,
ainsi que des légumes.
Nous avons été invités par l’Association pour la défense de la
nation palestinienne SDPN, organisatrice de la Conférence sur
Gaza, à l’occasion du 2è anniversaire de l’arrêt des
bombardements (Plomb Durci) sur Gaza.
Cette conférence réunissait des intervenants très divers. Entre
les représentants d’ONG de l’Amérique latine, d’Europe de l’Est
et de l’Ouest, Arabes ou Asiatiques, les analyses et
interventions se rejoignaient souvent. Tous ont condamné les
massacres de Gaza, l’utilisation d’armes prohibées. Plusieurs
intervenants se sont exprimés sur la décolonisation de toute la
Palestine. La salle de conférence était pleine de monde, le
matin, un peu moins l’après-midi. Nous pouvons regretter le
manque de traduction en français, ce qui nous a fait rater la
majorité des interventions.
Nous avons eu quelques débats avec les responsables de
l’Association pour la défense de la Nation palestinienne au
salon de l’hôtel sur les relations internationales, la place de
l’Iran dans la région et au-delà dans le monde, le soutien aux
mouvements de résistance. Nous avons également abordé les
problèmes écologistes dont la fin de l’énergie abondante, la
pollution énergétique, le réchauffement de la planète, la
destruction de la couche d’ozone, le développement
technologique.
Nous avons également abordé le développement du nucléaire civil
et la place des énergies alternatives : biomasse, hydraulique,
solaire etc. Nous avons abordé le problème de l’armement
nucléaire que l’Iran ne possède pas encore et surtout dénoncé
celui d’israël qui lui est bien réel et embarrasse tous les
peuples de la région.
Nous avons également dénoncé le bruit des bottes contre l’Iran
et affirmé notre soutien au peuple iranien.
Nous leur avons exprimé toute notre gratitude pour cette
invitation qui nous a permis d’échanger nos analyses sur la
mondialisation et toutes les alternatives de résistance à
l’impérialisme.
Nous leur avons expliqué que toutes les organisations politiques
de droite comme de gauche sont dépendantes de leurs soutiens à
l’entité sioniste, mais qu’il existe un réseau très riche, en
France qui ne demande qu’à s’exprimer si on lui laisse l’espace
pour le faire en dehors de ces organisations qui monopolisent le
débat politique.
Jean Briere et moi avons fait une intervention sur Gaza sur la
télé nationale Saha ainsi que sur la radio francophone
iranienne. Nous en avons profité pour dénoncer le sionisme dans
les médias français ainsi que le manque de liberté d’expression
tout en amenant notre soutien aux Palestiniens de Gaza et
d’ailleurs. Anissa a été interviewée sur la place de la femme en
Islam. Elle en a profité pour dénoncer l’islamophobie qui
envahit la France. Elle est également intervenue sur la radio.
J’ai également fait une émission sur la Tunisie et rendu hommage
aux Tunisiens qui sont un exemple pour tous les peuples du
monde.
Nous devons reconnaître que ces émissions nous ont permis de
nous exprimer alors que nous sommes souvent muselés en France.
Nous avons pris des contacts et nous allons continuer à échanger
nos analyses par mails.
23 janvier 2011
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