Opinion
Les dirigeants irakiens
s'entre-assassinent
Gilles Munier
Gilles
Munier
Mercredi 21 décembre
2011
La cohabitation plus ou moins
conflictuelle qui règne à la tête de
l’Irak entre politiciens irakiens
pro-américains et pro-iraniens –
ou adeptes du double jeu -
a volé en éclat : Nouri al-Maliki
accuse Tarek al-Hashemi – un des
vice-Présidents de la République –
d’avoir tenté de l’assassiner, le 28
novembre dernier, dans la Zone verte
hyper-sécurisée, près du Parlement où il
devait prendre la parole. Mais Oussama
al- Noujafi, président du Parlement,
n’est pas de cet avis. Il affirme que
c’est lui qui était visé. Selon un
témoin, un kamikaze aurait pénétré dans
l’enceinte du Parlement au volant d’un
véhicule identique à ceux du convoi de
Noujafi, ennemi politique du Premier
ministre. Refoulé, faute de badge, il
aurait alors actionné sa charge
explosive.
Un mandat d’arrêt ayant été lancé
à l’encontre de Tarek al-Hashemi pour «
terrorisme », le Bloc Iraqiya (82
députés, 9 ministres au gouvernement)
auquel il appartient, a décidé, le 17
décembre, de boycotter le gouvernement.
Il accuse Nouri al-Maliki d’avoir fait
placer des chars et des véhicules
blindés devant les résidences des
dirigeants d'Iraqiya habitant dans la
Zone verte.
Maliki :un
dictateur pire que Saddam Hussein !
Tarek al-Hashemi s’est réfugié à
Erbil, capitale de la Région autonome du
Kurdistan, où il s’est placé sous la
protection de Jalal Talabani, président
de la République. Il crie au complot.
Selon lui : « Al-Maliki est derrière
tout ça. Le pays est entre les mains
d'Al-Maliki. Tous les efforts faits en
vue de parvenir à une réconciliation
nationale et pour unifier l'Irak
appartiennent au passé ». Ses
accusations rejoignent celles de Salah
al-Mutlaq, vice-Premier ministre, membre
d’Iraqiya, qui a déclaré sur une chaîne
de télévision irakienne : « Maliki est
un dictateur pire que Saddam Hussein car
ce dernier était un bâtisseur alors que
lui n'a absolument rien fait». Le
Premier ministre a réagi en le
limogeant. La décision devra être
confirmée par le Parlement qui se
réunira à cet effet le 3 janvier
prochain.
Plusieurs observateurs notent
qu’à chaque fois que la coalition chiite
pro-iranienne prépare un coup de force
ou se trouve en difficulté, un complot,
un attentat ou un massacre arrive à
point nommé pour resserrer les rangs de
ses partisans. Pour Massoud Barzani,
président de la Région autonome du
Kurdistan, l’Irak s’achemine vers « une
crise profonde » qui risque de faire
effondrer le « processus politique ».
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 21 décembre 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
Le sommaire de Gilles Munier
Le
dossier Irak
Les dernières mises à jour
|