Jeudi 22 octobre 2009
http://www.gilad.co.uk/writings/backstroking-the-jewish-tomorrow-by-gilad-atzmon.html
Aujourd’hui, lors d’une conférence tenue à
Jérusalem sous l’intitulé « Faire face à demain », les hommes
politiques israéliens en vue ont partagé leur vision de l’avenir
d’Israël.
A la suite du récent accord annoncé par le
chef de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA),
Mohammad El-Baradei, au sujet de l’enrichissement d’uranium par
l’Iran, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a exhorté
la communauté internationale à «fixer à l’Iran un ultimatum pour
la fin de son programme nucléaire » et à « lui imposer des
sanctions supplémentaires ». Pour une raison que j’ignore, les
Israéliens sont convaincus que l’énergie nucléaire est
« réservée aux juifs » ; aussi l’Etat juif veille-t-il à ce que
ses voisins vivent en permanence dans un état d’alerte nucléaire
panique.
Tzipi Livni, autre fomenteuse de guerre
patentée, est désormais un fan enthousiaste de la « solution à
deux Etats » : « La création d’un Etat palestinien est la seule
manière de préserver l’identité juive d’Israël », a-t-elle dit.
Voilà enfin rabibochés les sionistes de gauche et les sionistes
de droite ! Il faudra bien que quelqu’un se dévoue pour
rappeller à la « colombe deux fois née » Livni que l’Etat juif
dont elle parle est situé sur un territoire palestinien volé et
que Tel Aviv, Be’er Sheva et Haifa sont toutes parties
intégrantes de la Grande Palestine occupée…
Le ministre de l’Intérieur, Eli Yishai, du
parti Shas (un parti religieux) a mis en cause les Palestiniens
dans l’enlisement des négociations israélo-palestiniennes.
« Malheureusement, l’autre côté [= les Palestiniens] n’a pas la
capacité de prendre des décisions courageuses », a-t-il déclaré.
Le ministre Yishai a parfaitement raison.
Les Palestiniens ne sont pas assez « courageux » pour accepter
de vivre dans des camps de concentration (notez qu’ils ne sont
pas d’accord non plus avec l’occupation de leur territoire). Ces
faits prennent les dirigeants juifs par totale surprise. Voici
pourquoi : l’histoire de l’Holocauste nous enseigne que le
leadership juif de l’époque était en réalité fort enclin à
collaborer à fond la caisse avec les nazis. De fait, c’est le
Judenrat* qui a géré et organisé les déportations de masse des
juifs européens, depuis leurs ghettos vers les camps. Si l’on
adopte la logique de Yishai, contrairement aux Palestiniens, les
conseils juifs de l’époque nazie prenaient, eux, des décisions
courageuses : il semble bien que les Palestiniens ne soient pas
assez ‘courageux’ pour en faire de même.
Même le Président Obama s’est impliqué dans
des problématiques relatives au futur juif. Voici le message
qu’il a adressé à cette conférence :
« Le peuple israélien et le peuple
américain ont en partage une foi en l’avenir - la certitude que
les démocraties sont à même de donner forme à leur propre destin
et que les chances, dans la vie, doivent être également offertes
à tous ».
L’unique question qui doit être posée à ce
stade est de savoir si le Président Obama a voulu dire « des
opportunités pour tous » ou bien : « des opportunités pour les
seuls juifs » ? En matière d’énergie nucléaire, déjà, au mois de
juin, le Président Obama réitérait que l’Iran a un certain
« droit à l’énergie nucléaire, à condition qu’il prenne des
mesures lui permettant de démontrer que ses aspirations sont
pacifiques ». Permettez-moi de demander instamment au président
Obama de reconnaître que les opportunités d’acquérir des armes
nucléaires doivent elles aussi, être « offertes à tous ». Pas
seulement aux Israéliens, mais à tous les pays du Moyen-Orient.
Pour être cohérent, Obama doit choisir entre soit débarrasser
Israël de son stock d’armes de destruction massive, soit
encourager tous les autres pays de cette région du monde à
entasser des bombes nucléaires à la seule fin de réfréner les
inclinations meurtrières démontrées d’Israël, au moyen de leur
pouvoir de dissuasion.
Cependant, il est encore bien plus crucial,
à ce stade, de presser Obama de faire comprendre clairement aux
Israéliens qu’en disant « des opportunités doivent être offertes
à tous », il fait aussi référence aux enfants palestiniens que
l’armée israélienne fait mourir de faim ou massacre jour après
jour.
A l’heure qu’il est, après dix mois à la
Maison-Blanche, le Président Obama doit comprendre que la notion
d’‘opportunités pour tous’ n’est pas seulement étrangère à la
philosophie inhérente à un Etat juif – à un Etat d’apartheid
ethniquement déterminé : elle en est aux antipodes.
[* Les Judenräte (sing. Judenrat : « Conseil juif »)
étaient des corps administratifs dont les nazis exigeaient des
juifs qu’ils les constituassent, en territoire polonais occupé
par les Allemands, puis dans les territoires occupés de
l’ex-URSS.]
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier