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Opinion
Obama, l'État
palestinien et la schizophrénie sioniste
Gilad
Atzmon
Jeudi 22 septembre
2011
Ceux qui suivent la presse hébraïque et
comprennent l'État juif peuvent être
quelque peu intrigués de découvrir que,
alors que la presse en hébreu n’accorde
que peu d'attention, lui donnant une
place insignifiante, à la campagne
actuelle des dirigeants actuels
palestiniens en faveur de la
reconnaissance de leur État, les médias
israéliens de langue anglaise sont
saturés d’informations sur la
perspective d'une résolution
pro-palestinienne à l'ONU la semaine
prochaine.
Si vous voulez
comprendre ce décalage évident entre
la presse juive en hébreu et en
anglais prises, il reflète
clairement une scission dans la
psyché collective juive.
Je suppose que
certains peuvent être surpris
d'apprendre qu’ Israël et les
Israéliens veulent réellement que
l'initiative palestinienne aille de
l'avant et soit couronnée de succès.
Ils veulent un État palestinien, car
c'est la seule solution qui
permettrait de sauver “l'État des
seuls Juifs” d'un effondrement
démographique.
De récents
sondages en Israël prouvent que la
majorité des Israéliens sont très
excités au sujet de la «solution à
deux États». Non seulement les
Israéliens ne se sentent pas
menacée par l'idée d'un État
palestinien, mais ils l’aiment
réellement, car cela permettrait
d’installer leur réalité dans le
cadre du droit international. Il
faut aussi se rappeler que le parti
Kadima, qui a remporté les deux
dernières élections en Israël, a été
et est encore attaché au
«désengagement», une séparation
claire entre les «Juifs» et les
Palestiniens par le biais d’un
retrait unilatéral israélien. En
d'autres termes, un État
palestinien atteint exactement le
même objectif : il exonère les
Israéliens de toute responsabilité
quant aux territoires qu’ils ont
autrefois occupés et détruits. Il
est évident que certains éléments en
Israël s'opposent à l'initiative
palestinienne à l'ONU: Je suppose
que le ministre des Affaires
étrangères Avigdor Lieberman n'est
pas trop heureux à ce sujet. Les
colons de Cisjordanie peuvent
également être très en colère, mais
pour quelque raison, même eux sont
relativement calmes ces jours-ci.
Et pourtant, le
lobby juif dans le monde entier
s'oppose totalement à l'initiative
palestinienne à l'ONU: il s’en tient
clairement à l’ image très simpliste
d'un État juif expansionniste du
«fleuve [le Jourdain, NdT] à
la mer». Et à ce qu’ il semble, il
ne va pas renoncer à son rêve de
sitôt.
Ce que nous
voyons ici en pratique, c’est une
crise d'identité claire ou même un
clivage schizophrénique entre les
aspirations des sionistes israéliens
et de ceux de diaspora. Alors que
les Israéliens sont en train de
revenir à la vieille attitude du
ghetto juif, préférant se serrer,
rester ensemble et s'entourer de
vastes et impénétrables murailles de
béton, le discours de la diaspora
juive sioniste récit est axé sur la
confrontation, belliqueux, va-t-en
guerre militant et expansionniste.
Ils veulent le tout, avec ou sans
les Palestiniens.
Une fois encore,
nous remarquons qu’Israël et le
sionisme ont évolué en deux discours
séparés et opposés. Alors qu'Israël
cherche à maintenir son identité
racialement orientée par une
politique de ségrégation, le
discours sioniste en diaspora
continue d’insister sur une
résolution de la question juive par
les moyens d'un conflit sans fin.
Mais jetons un
regard sur l'Amérique; essayons de
comprendre comment l’ “unique
superpuissance” mondiale traite ce
dispositif judéocentrique
schizophrène.
Le président
Obama et son administration sont
évidemment très confus. D'une part,
ils sont soumis à certaines
pressions incessantes infligées par
le lobby juif. Le Lobby ne laisse
pas une grande marge de manœuvre à
l'administration US. Mais d'autre
part, aussi bien l'administration US
que le gouvernement israélien se
rendent compte que, en ce qui
concerne Israël et sa “sécurité”,
l'initiative palestinienne à l'ONU
n'est pas une si mauvaise idée. De
fait, Israël ne peut pas rêver
mieux.
Il est clair
maintenant que le président Obama ne
va pas être sauvé par l'un des
soi-disant "meilleurs amis de
l'Amérique». Pour l'AIPAC [American
Israel Public Affairs Committee]
et le Lobby, Obama est un
instrument. À ce jour le lobby a
l’habitude de considérer les
politiciens US comme des
marionnettes serviles. Israël,
d'autre part, ne va pas sauver
l'Amérique non plus. Il est trop
suspicieux vis-à-vis de
l'administration US actuelle. Israël
en a même carrément assez de
l'actuelle administration US. Il
serait heureux de voir Obama battu.
En conséquence,
l'administration US se dirige tout
droit vers une humiliation
inévitable à l'ONU. Elle aura à
opposer son veto à une décision
votée par de nombreux alliés des
USA. Ceci est clairement un désastre
pour Obama. Et pourtant, un seul
homme peut sauver l'Amérique de son
destin funeste. Cet homme n'est
autre que le président de l'Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas. Seuls
Abbas et l'Autorité palestinienne
peuvent sauver la mise aux USA.
Mais le sens de
tout cela est aussi très
embarrassant. Cela signifie que le
président palestinien Mahmoud Abbas
(qui est une figure relativement
faible dans la politique
palestinienne tout comme dans la
diplomatie internationale) est la
seule personne qui peut sauver notre
“unique superpuissance” mondiale
d'un fiasco diplomatique.
Je n’arrive pas à
décider si c'est drôle ou triste,
mais laissez-moi vous dire que c’
est certainement volatile.
Le temps est sans
aucun doute venu pour les USA, la
Grande-Bretagne et l’Occident de trouver
la force de s'opposer au lobbying
sioniste et au pouvoir de Jérusalem.
Original :
http://www.gilad.co.uk/...
Traduit par Fausto Giudice
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