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Palestinethinktank
Détente,
ou projets secrets ? Un signe « of The Times »
Gilad Atzmon
15
juillet 2008
http://palestinethinktank.com/2008/07/15/detente-or-hidden-agendas-a-sign-of-the-times-by-gilad-atzmon/
Déjà
en 2003, j’ai pu écrire : « Si le mot « paix »
est notre principale préoccupation, nous devons instaurer un équilibre
des pouvoirs, nous devons permettre aux opprimés de ce monde
d’accéder aux armes les plus sophistiquées… L’équilibre
du pouvoir est l’unique clé de la paix. » Aujourd’hui,
alors qu’Israël et les lobbies qui le soutiennent font tout ce
qui est en leur pouvoir pour nous entraîner dans une Troisième
guerre mondiale, j’estime nécessaire de le répéter. La seule
manière d’épargner au Moyen-Orient et au monde entier un
nouveau cycle dévastateur de bains de sang, c’est laisser les
Iraniens posséder leur joujou nucléaire. Mais cela va encore
plus loin : apparemment, la seule manière de sauver l’Etat
juif de sa parade impitoyable de puissance guerrière, c’est de
laisser l’Iran rejoindre le club nucléaire aussi rapidement que
possible. La seule chose qui soit en mesure de doucher
l’enthousiasme génocidaire du sionisme militant, c’est une écrasante
puissance de dissuasion de l’Iran.
Mais
il ne s’agit pas du seul Iran. La seule manière d’apporter la
paix à la région, c’est d’équiper la Syrie, le Hezbollah et
le Hamas avec les armes de précisions à même d’amener les
Israéliens à y réfléchir à deux fois. Autant les Israéliens
adorent châtier leurs ennemis, autant ils ont en réalité
horreur de faire le sacrifice suprême. Une fois qu’ils auront
pris conscience de la possibilité manifeste de leur propre
destruction, les Israéliens pourraient très rapidement développer
quelque réelle inclination à la paix et à la réconciliation.
Et
pourtant, là encore, nous devons nous souvenir qu’Israël
n’est pas seul en jeu, dans ce jeu mortel. D’après le Sunday
Times, « le Président George W. Bush a dit au gouvernement
israélien qu’il serait éventuellement prêt à donner son feu
vert à une frappe militaire contre une usine nucléaire
iranienne, à l’avenir… En dépit de l’opposition de ses
propres généraux, et d’un scepticisme très largement répandu
quant à l’idée que l’Amérique pourrait être prête à
prendre le risque des conséquences militaires, politiques et économiques
d’une frappe aérienne contre l’Iran, le président a donné
un « feu orange » à une attaque aérienne israélienne
visant les principaux sites nucléaires iraniens, au moyen de
raids de bombardiers à long rayon d’action. »
Apparemment,
nous ne risquons pas d’être confrontés à une pénurie de
cinglés. Depuis pas mal de temps, nous sommes entièrement
conscients du fait que la route conduisant de Jérusalem à
Washington est une route rouge, car gorgée de sang. Toutefois, il
y a quelque chose de plutôt bizarre, et même d’amusant, dans
l’argumentation occidentale en faveur d’une guerre. D’après
nos analystes occidentaux, le Président Ahmadinejad serait
d’ores et déjà impopulaire auprès de son propre peuple et il
serait sur le point d’être viré. Hier, l’édito du Sunday
Times nous a informés du fait que « l’an dernier, un
sondage réalisé par internet à Téhéran auprès de 20 000
personnes a montré que 62,5 % de ceux qui avaient voté pour lui
(Ahmadinejad) en 2005 ne voteraient pas pour lui lors de la
prochaine élection présidentielle. » Je suis légèrement
interloqué. Si tel est effectivement le cas, si le président
iranien est effectivement ruiné politiquement, pourquoi
sommes-nous tellement pressés de déclencher une nouvelle guerre
mondiale ? Ne serait-il pas plus sage d’attendre quelques
mois, que cet Ahmadinejad soit viré du pouvoir par son propre
peuple ? Apparemment, ni le Sunday Times, ni nos très
nombreux néocons ne croient pas eux-mêmes à leurs propres
bobards…
Dans
son édito, le Sunday Times s’efforce de donner l’impression
qu’Ahmadinejad entraîne son peuple dans la guerre à la seule
fin de détourner son attention de sa politique, en train d’échouer,
chez lui. « Avec une inflation flirtant avec les 14 % et un
tiers de la population iranienne au chômage, l’objectif proclamé
d’Ahmadinejad, à savoir, « mettre les revenus du pétrole
sur les tables familiales » est plus éloigné que jamais. »
J’aurais
tendance à me méfier au moins autant de la lecture de la
situation interne de l’Iran à l’heure actuelle faite par le
Sunday Times que je me méfiais de la lecture qu’il faisait, à
l’époque, de la présence d’armes de destruction massive en
Irak… Toutefois, je dois le reconnaître, je ne vis pas en Iran.
De fait, je vis en Occident, à Londres, pour être précis. Et
c’est bien ici, à Londres, que je constate un désarroi
croissant, lié à des prévisions financières extrêmement
sombres. C’est bien ici, à Londres, que je lis des informations
sur l’effondrement d’institutions financières occidentales
majeures. C’est bien ici, à Londres, que je détecte les prémisses
d’une récession économique et la menace d’une dépression
financière.
J’en arrive à me demander si la lecture faussée que
le Times fait d’Ahmadinejad ne serait pas, par hasard, tout
simplement, une banale projection ? Je suppose que tel est
bien, de fait, le cas. La réalité, c’est l’exact contraire :
ce sont nos dirigeants occidentaux, qui sont incapables
d’assurer les intérêts de leurs électeurs et de leurs
citoyens. Ce sont nos dirigeants occidentaux, qui nous entraînent
dans des guerres afin de faire diversion par rapport à leurs échecs
désastreux. Ce sont nos dirigeants occidentaux, qui s’apprêtent
à déclencher une guerre mondiale, à seule fin de passer à la
javelle l’effondrement du rêve capitaliste occidental.
Il faudrait être aveugle, pour ne point le voir…
Traduit de
l’anglais par Marcel Charbonnier
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