Ceux qui sont engagés dans le discours de
la solidarité avec les Palestiniens sont accoutumés à deux
visions de la résolution du conflit : la « solution à deux
Etats » et la « solution à un seul Etat ». Cette semaine, nous
avons pris connaissance d’une troisième solution possible, qui
me semble personnellement la plus raisonnable et la plus morale,
les circonstances étant ce qu’elles sont.
Cette solution, Helen Thomas, 89 ans,
doyenne des journalistes accrédités à la Maison Blanche, l’a
résumée en une seule phrase. Un rabbin armé d’une caméra lui
ayant demandé « où les Israéliens devraient-ils aller ? », elle
a répondu que les juifs devraient « aller se faire cuire un œuf
en dehors de la Palestine ». Le rabbin l’ayant sommée de
préciser, elle l’a fait, avec une clarté parfaite : « Ils
doivent rentrer chez eux en Pologne, en Allemagne, en Amérique
et où que ce soit ailleurs ».
Mme Thomas s’est vu rappeler très
rapidement qui
gouverne sur Capitol Hill. Une guerre mondiale a été déclenchée
contre elle. Elle a été contrainte de démissionner et de
s’excuser. Toutefois, sa solution est brève mais parfaitement
transparente est sensée, et il faut en débattre.
De toute évidence, les Israéliens
n’appartiennent en rien à la région. La revendication de Sion
(comprendre la Palestine) par les juifs est au-delà du
pathétique. De fait, elle est aussi ridicule qu’une bande de
colons italiens envahissant la place Piccadilly de Londres et
revendiquant leur droit à retourner dans un pays jadis occupé
par leurs ancêtres les Romains. Evidemment, ces Italiens ne s’en
tireraient pas à si bon compte. Mais il est vrai que les
sionistes, eux, ont réussi à couillonner les nations depuis
belle lurette.
Contrairement à nos politiciens et à nos
médias occidentaux, Helen Thomas n’a pas été impressionnée par
les arguties sionistes. Penchons-nous un instant sur ce qu’elle
nous dit. Elle suggère avant tout que les juifs n’appartiennent
pas à la Palestine et que la Palestine n’appartient certainement
pas aux juifs. Elle argue aussi du fait que la patrie des juifs
est ailleurs, quelque part. Mme Thomas suggère, par exemple, que
les juifs aillent vivre en Allemagne : à l’évidence, ça n’est
pas là une idée particulièrement cruelle, lorsqu’on connaît à
l’amour de l’Allemagne pour Israël.
Nous ne devons pas oublier non plus que les
sous-marins nucléaires israéliens qui sont en route depuis
quelque temps vers le Golfe arabo-persique (nous informe The
Times) ont été donnés à Israël par l’Allemagne en « cadeau »,
juste au moment où Israël réduisait le Liban en tas de ruines
(2006). Si Angela Merkel est sincère, elle doit accueillir à
bras ouverts les juifs rentrant dans son pays et épargner au
monde un nouveau conflit planétaire.
Il se trouve que la plupart des dirigeants
occidentaux sont partisans de la Solution à Deux Etats ; ils
pensent que cette solution est équitable et éthique. Je me
demande ce que cette soi-disant solution a de tellement éthique,
dès lors qu’elle ignore la cause palestinienne. Elle ignore
largement le droit des Palestiniens à rentrer chez eux, dans
leurs maisons, dans leurs villages, dans leurs champs et leurs
vergers. Elle admet les circonstances outrageantes dans
lesquelles des millions de réfugiés palestiniens seront
abandonnés, à jamais dépossédés.
Il semble que la plupart des humanistes
soutiennent la Solution à Un Seul Etat ; ils sont convaincus
qu’une telle solution est équitable et morale. Là encore, je
suis très perplexe. Autant nous reconnaissons que le partage des
terres est raisonnable et éthique, c’est une notion totalement
étrangère à l’idéologie juive, et en particulier au sionisme.
Les premiers immigrants sionistes furent plus que bien
accueillis, ils furent invités à partager la terre avec la
population indigène palestinienne. Mais ils avaient en tête un
plan totalement différent ; ce qu’ils voulaient, c’était un «
pays réservé aux seuls juifs ». Comme nous le savons, ils
finirent par nettoyer ethniquement les Palestiniens, en 1948.
Ceux des Palestiniens qui réussirent à
s’accrocher à leurs terres finirent par se retrouver emprisonnés
derrière des murailles et des fils de fer barbelés. La Solution
à Un Seul Etat fait l’impasse sur l’idéologie juive. Autant,
personnellement, j’ai tendance à soutenir la Solution à Un Seul
Etat, autant je suis totalement conscient du fait qu’une telle
solution ne sera pas possible tant que la population juive
d’Israël n’aura pas renoncé à son idéologie suprématiste.
Inutile de préciser que lorsque cela se produira, les juifs
vivant en Palestine deviendraient des juifs palestiniens,
c’est-à-dire des gens ordinaires d’origine ethnique juive qui se
trouvent vivre sur la terre palestinienne.
Ceux que repousse la solution d’Helen
Thomas accusent celle-ci de faire preuve de discrimination à
l’encontre des juifs. La vérité, c’est que la suggestion de Mme
Thomas ne diffère en rien, ni n’est davantage discriminatoire,
que la célèbre Solution à deux Etats. Tandis que Mme Thomas
suggère l’idée selon laquelle des millions de juifs rentreraient
paisiblement dans leurs véritables pays, la Solution à Deux
Etats suggère l’idée que des millions de réfugiés palestiniens
seraient abandonnés sans aucune patrie d’aucune sorte.
Clairement, l’Etat israélien ne cesse de mentionner qu’il ne
permettra jamais aux réfugiés palestiniens de rentrer dans leurs
foyers./p>
Considérant les dernières opérations
militaires barbares d’Israël, ayant à l’esprit la famine
désastreuse à Gaza, apprenant qu’une grave menace pour la paix
mondiale est imposée par les menaces nucléaires à répétition
proférées par Israël contre les Etats voisins et en particulier
contre l’Iran, nous devons pousser notre discours un pas plus
loin. Nous devrions examiner sérieusement la solution d’Helen
Thomas.
Apparemment, le rabbin qui a agressé Helen
Thomas n’est pas particulièrement impressionné par la solution
que propose cette dernière. Il est obnubilé par six millions de
juifs ayant disparu en Europe : il faudrait que quelqu’un se
dévoue pour rappeler à ce rabbin que le judéocide européen n’a
strictement rien à voir avec la Palestine ni avec les
Palestiniens…
Toutefois, son propre comportementvis-à-vis de Mme Thomas, joint au comportement meurtrier
repoussant des Israéliens en haute mer, en Palestine, et à celui
des lobbies juifs dans le monde entier : tout, pris ensemble,
contribue à une nécessaire révision de la notion de « souffrance
juive » dans l’Histoire. Après tout, notre vision du passé
n’est-elle pas en permanence informée par la compréhension que
nous avons de notre présent ?
Comme tout le reste de l’humanité, la dame
âgée qu’est Helen Thomas est fatiguée du pouvoir juif et de la
barbarie israélienne. Elle a touché le nerf exactement là où
cela fait mal en disant la vérité toute pure.
« Qu’ils aillent se faire cuire un œuf en
dehors de la Palestine ! »
La vérité, semble-t-il, est l’écho de l’éthique et de
la raison.
Avertissement Palestine - Solidarité a pour vocation la diffusion
d'informations relatives aux événements du Moyen-Orient, de l'Amérique
latine et de la Corse.
L' auteur du site travaille à la plus grande objectivité et au respect des opinions
de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui lui seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité
de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas Palestine -
Solidarité ne saurait être
tenue responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et
messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou
faisant lien vers des sites dont elle n'a pas la gestion, Palestine -
Solidarité n'assume
aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces
sites. Pour contacter le webmaster, cliquez
< ici >