Opinion
Iran : Point
d'inflexion d'une hégémonie...
Georges Stanechy
Mercredi 8 février
2012
« La décadence n’est autre que la
cruauté délibérée »
Truman Capote (1)
Une mégalopole
Téhéran, mégalopole sur la route de
l’Asie…
Avec ses banlieues : une quinzaine de
millions d’habitants. Dépassant la
population de la Grèce. (2) Pays en
faillite, à en croire la “désinfosphère”,
parce que nos frères Grecs, inconscients
et paresseux, n’auraient pas assez
travaillé et ne se seraient pas
suffisamment serré la ceinture.
C’est à ne rien y comprendre.
Téhéran, dont les Occidentaux ne cessent
de serrer la ceinture, d’étouffer dans
des embargos de plus en plus féroces
depuis 33 ans, se porte comme un charme.
Trop, même…
Fulgurant contraste, dès que l’on sort
la tête de l’enfumage de notre
propagande : embouteillages monstres,
permanents, avec des pics de pollution
insupportables par grosses chaleurs.
Carrefour de tous les peuples d’Asie
centrale, mais aussi et depuis peu
d’Amérique latine. Babel d’idiomes en
tous genres, échangeant, expédiant,
transportant, aspirant, cannibalisant,
digérant, irriguant le pays de
l’impressionnant déversement en
provenance d’Asie et d’ailleurs, à flots
continus : voitures, marchandises,
machines-outils, engins, derniers
gadgets du portable au téléviseur écran
plat 3D. Jusqu’à de la viande de bœuf en
provenance d’Argentine.
Immense vague repartant dans l’autre
sens, sous d’autres formes de biens et
services, tel un reflux. Dans son écume,
parmi les plus visibles : acier,
produits pharmaceutiques, automobiles,
tracteurs, robots industriels,
cimenteries et barrages. Exportant de
l’électricité, pour 1 milliard de
dollars, chez ses voisins : Afghanistan,
Arménie, Azerbaïdjan, Irak, Pakistan,
Turkménistan et Turquie. (3) On
l’oublie, ou on l’occulte, l’Iran n’est
pas qu’un producteur de pétrole et de
gaz.
Iran, « isolé » de la « communauté
internationale » ?...
J’éclate de rire quand j’entends
pareille intox ! D’autant plus qu’il
serait interdit de rire en Iran.
Dernière trouvaille sortie de
l’imagination échevelée des « experts en
diabolisation – iranophobie
misérabiliste - et autres farces &
attrapes »…
L’exportation de produits non-pétroliers
de l’Iran se chiffre à 50 milliards de
dollars pour le denier exercice. Avec un
prévisionnel de 55 milliards, au
minimum, pour le prochain. Explosant
d’une croissance exponentielle,
propulsée dans une étonnante alchimie de
grandes industries et de PME-PMI,
alimentée par un impressionnant réseau
d’universités et de centres de
recherche. L’ambition étant de dépasser,
à terme, ceux des hydrocarbures. Hissant
le pays dans un bon de 41 places, en un
exercice de 2008 à 2009 d’après les
statistiques "US Facts", du 69°
au 28° rang mondial pour sa production
industrielle. (4)
Bien sûr, beaucoup reste à faire pour
rattraper les leaders mondiaux en termes
d’exportation de produits
non-pétroliers. Mais lentement,
inexorablement, l’Iran se relève des
terribles pertes, évaluées à 500
milliards de dollars, subies au cours
des
8 ans de guerre (1980-1988) contre
l’Irak imposée par Saddam Hussein, allié
alors avec les Occidentaux et les
pétromonarchies du Golfe Persique. Dans
la démolition méthodique de ses
industries, avec ses infrastructures de
pétrole et de gaz, pour le punir d’avoir
renversé la tyrannie du Shah et refusé
l’allégeance à l’Empire. Au tragique, et
encore plus dévastateur, “coût humain” :
un million de morts, avec autant de
blessés, gazés et handicapés à vie.
Progression économique constatée dans le
rapport FMI du mois d’août 2011. En
ce début 2012, la situation est encore
plus favorable. Une balance commerciale
excédentaire, des réserves en devises
dépassant les 120 milliards de dollars
auxquelles s’ajoutent
907 tonnes d’or représentant 17,5
milliards de dollars supplémentaires.
(5) La capitalisation boursière de la
Bourse de Téhéran, à ce jour, dépasse
les
127 milliards de dollars,
enregistrant une augmentation annuelle
de 30%.
Malgré l’implacable hostilité de
l’Occident : campagnes de propagande
diffamatoires délirantes, embargos,
sabotages, attentats, assassinats.
L’Iran chemine, avec ténacité,
surmontant les obstacles, pour devenir
un géant industriel, scientifique et
financier de la région, maîtrisant
toutes les nouvelles technologies.
L’arraisonnement du drone le plus
sophistiqué de l’arsenal US en est un
signe évident.
Un des premiers pays dans le monde à
investir massivement dans les
nanotechnologies et les nanosciences,
l’aérospatial, la recherche agronomique
et vétérinaire, la recherche médicale et
pharmaceutique, la recherche sur les
cellules et le clonage.
Il est considéré comme le pays dans le
monde où la recherche scientifique
progresse le plus vite : 11 fois la
moyenne mondiale. Dépassant même la
Chine (6). Au cours du premier semestre
2011 iranien (avril – septembre), l’Iran
a publié dans des revues scientifiques
internationales plus de 12.000 articles
de recherche scientifique. 70% des
étudiants dans les disciplines
scientifiques étant des femmes…
Confirmant cet élan le 3 février 2012,
lors des festivités de la révolution de
1979, par l’annonce du
lancement réussi de son troisième
satellite, avec une parfaite mise en
orbite. Lanceur et satellite,
entièrement « faits maison »…
Lancement
du 3° satellite iranien, Navid-e Salm-o
Sanat, le 3 février 2012
Une politique de
reconstruction et de développement
enracinée dans une opposition farouche
aux appropriations prédatrices des
groupes pétroliers et financiers
occidentaux. Paradoxe, l’embargo de
l’Empire complétant à merveille cette
gestion par ses effets extrêmement
positifs pour l'économie du pays,
évitant de se voir imposé, sur fond de
pillage de ses ressources naturelles et
de “privatisations” spoliatrices, le
modèle économique néocolonial.
On
ne le soulignera jamais assez la
réussite de l’Iran dans le blocage de
cette calamité. Miroir aux alouettes
architecturé, par les « économistes
occidentaux » secondés de leurs
supplétifs sur place, autour de 5
“mécanismes-parasites” ingénieusement
agencés suivant les contextes,
vampirisant, phagocytant les économies
locales des pays néocolonisés au profit
des groupes occidentaux :
=>
Développement d’un “tourisme toxique”,
dont les marges réelles sont confisquées
par les “Tour Operators” étrangers (7)
=>
Eradication de la petite agriculture au
profit des “cultures d’exportation” des
grands propriétaires dont une majorité
de sociétés étrangères (coton, agrumes,
fleurs coupées, primeurs, etc.),
accélérant l’exode rural et l’émigration
illégale
=>
Eradication du petit commerce au profit
de la grande distribution étrangère,
avec incitation au surendettement dans
la consommation
=>
Spéculation immobilière bloquant
l’accession à la propriété ou au
logement décent d’une grande partie de
la population, tout en permettant aux
occidentaux de se constituer un
patrimoine immobilier de grande valeur
(centres commerciaux, hôtels,
résidences, terres agricoles, etc.) avec
des prix et des avantages fiscaux
meilleurs que chez eux
=>
Sous-traitance “paupérisante”, avec ses
variantes les plus caricaturales :
centres d’appel ou usines de confection
de chemises et de jeans pour la grande
distribution occidentale.
Semi-esclavagisme, ancré sur des
activités précaires (la moindre “crise”
assèche immédiatement tourisme et
sous-traitance), des fluctuations
erratiques de cours des produits
agricoles à l’export, ne créant ni
emplois à forte valeur ajoutée, ni
"essaimages" générateurs de
développements techniques et
scientifiques. Obligeant le pays à vivre
dans l’endettement permanent, à la merci
des exigences de ses créanciers
occidentaux, au seuil de la survie. On
peut, ainsi, le constater tristement
pour ce grand pays, aux immenses talents
et potentiels, qu’est l’Egypte.
Haft-e Tir
Square – Téhéran
“Teheran
delenda est”
Pendant que les Occidentaux, prenant
leurs désirs pour la réalité, refusent
de considérer l’Iran comme un partenaire
à respecter, Chinois et Indiens
vibrionnent de "business", à ne plus
savoir où donner de la tête. Commerçant,
investissant, construisant, multipliant
les partenariats : routes, chemins de
fer, trains à grande vitesse,
infrastructures portuaires, exploration
et exploitation de champs pétrolifères
et gaziers.
Avec, dans leurs caravansérails, leurs
fabuleux restaurants à succès. A terme,
de quoi s’inquiéter davantage de la
survivance de la délicieuse gastronomie
persane, face à ses rivales d’Inde ou de
Chine, que de celle de la Nation
Iranienne…
Car,
nous martèle-t-on : « il faut détruire
l’Iran ! ».
Pays
industrieux, mais aussi pays de poésie
et de spiritualité. Magnifique par la
splendeur de ses paysages, les
raffinements de sa civilisation
millénaire, et son fraternel sens de
l’hospitalité, célébré avec tant
d’émotion et de profondeur par
l’incomparable “Iraniste”
Henri Corbin. (8)
Bien
sûr, se donnant “Bonne Conscience” dans
l’invocation de la sournoise et
diabolique sauvagerie des Iraniens. Nos
nomenklaturas, Tartufes, poches et
soutes bardées d’armes à détruire 36
fois l’humanité, ne cessant de hurler à
la lune : les Iraniens, couteau entre
les dents, vont arroser la planète de
leurs bombes atomiques qu’ils n’ont pas
encore, les concoctant activement dans
les chaudrons de leurs souterrains
secrets ! Visant tout spécialement,
stupides qu’ils seraient, les pays qui
en possèdent des centaines…
Hypocrisie venimeuse. Tout le monde le
sait. Chacun fait comme si. Singeant
Pilate se lavant les mains du mensonge
et du massacre à venir. Nos médias
hébétés, ânonnant la rhétorique de la
propagande. Identique à celle précédant
la dévastation de l’Irak, recyclant les
mêmes arguments : armes de destruction
massive, bombes atomiques, qui
n’existent pas. Mais, qui seraient sur
le point d’exister.
L’Iran est signataire du Traité de Non
Prolifération Nucléaire, se conformant à
ses obligations. Seul le nucléaire civil
l’intéresse, en particulier le nucléaire
médical.
Les
spécialistes Iraniens, qui ne sont pas
les marionnettes d’un lobby de
l’armement international mais
d’excellents joueurs d’échecs, éprouvent
autant de considération pour le
nucléaire militaire que pour une vieille
arquebuse : un armement dépassé,
obsolète, dangereusement encombrant, "abyssalement"
hors de prix en achat et en maintenance,
n’enrichissant qu’une même caste. Et, en
fin de compte : inutilisable. Le comble
de l’imbécillité stratégique militaire.
Avec
pour socle une cohésion nationale fondée
sur une justice économique et sociale,
la force de dissuasion d’un pays, la
défense de sa souveraineté, reposeront
sur sa maîtrise des nanotechnologies et
des technologies laser. Les Iraniens y
travaillent et vont devenir un des
leaders mondiaux en ce domaine. Alors,
se lancer sur le marché des antiquités
atomiques ne les intéresse pas…
Complexe
cinématographique Park Mellat - Téhéran
Rien n’y fait.
Diabolisons, il en restera toujours
quelque chose dans l’inconscient
collectif occidental ! Pas de preuve, le
procès d’intention suffit. Dire qu’il
possède les connaissances techniques
pour fabriquer la bombe : évidemment,
qu’il en a le niveau ! Le dernier des
cancres ne pourrait nier l’excellence de
sa recherche scientifique.
Que
veut-on dire par là ?... Qu’exprime
cette "abjection des calomniateurs",
comme dirait Nizan ?... En clair, ce que
l’Empire avait promis aux Irakiens et
qu’il a réalisé : renvoyer l’Iran à
“l’âge de pierre”. Réduire en cendres un
pays de 80 millions d’habitants (9),
près de 4 fois la France en superficie.
Tel est l’objectif.
Ce
n’est ni l’existence supposée d’une
bombe atomique ou de sa préparation, ni
l’impérieuse nécessité d’un "changement
de régime" pour introduire la
démocratie, qui sont en jeu.
Seul
motif : s’emparer d’un pays, de ses
richesses, ressources naturelles et
réserves de devises ou d’or, détruire
ses acquis scientifiques, casser ses
revendications de libre exercice de sa
souveraineté, l’asservir en lui imposant
un gouvernement de « collabos », pour
crime d’hérésie par son refus obstiné de
l’hégémonie de l’Empire et de son
"dollar roi".
Dans
sa volonté de dominer le monde, la
logorrhée guerrière de ses traîneurs de
sabre est atterrante par son niveau de
mégalomanie et d’hallucination. Lisons
le rapport publié en janvier 2012, par
son ministère de la Défense : «
Sustaining U.S. Global Leadership :
Priorities for 21st Century Defense
». Un “remake new look” du bla-bla-bla
des conquistadors du XV° siècle…
Au
fond, rien n’a changé, depuis
l’Antiquité, depuis Rome. Tout « empire
» confronté au refus de son hégémonie
s’estime menacé et, en conséquence,
s’arroge “le droit Jupitérien” de
foudroyer celui qui défie sa puissance.
Obsession, rappelant le slogan de Caton
qui ne cessait de réclamer la
destruction de Carthage, avec sa formule
historique clôturant chacun de ses
discours :
« Carthago delenda est ». Il
faut détruire Carthage ! (10)
Il
est vrai que les Carthaginois avaient
failli prendre Rome. Mais, on voit mal
les Iraniens débarquer aux USA et camper
aux portes de Washington. Qu’importe !
Comme les Romains pour Carthage, les
Occidentaux rêvent de raser Téhéran et
d’y verser du sel sur ses ruines pour
que rien ne repousse.
Ecoutons les candidats républicains à la
présidence des USA, appelant à la
destruction de l’Iran, ignares du Monde
et de l’Histoire rivalisant, dans "les
primaires" en cours, de bêtise et de
xénophobie dans une effrayante paranoïa.
Restons humbles, toutefois, nos propres
candidats à la présidence française et
leurs pistoleros, s’ils se montrent
plus sobres ou plus ternes dans les
gesticulations, ne valent guère mieux en
ce domaine…
Métro de
Téhéran
La
paranoïa pour Doxa
Cette haine obsessionnelle contre l’Iran
résume, en fait, la doxa des
nomenklaturas de l’Occident. Symbolisée
par la formule de l’ancien PDG du
fabricant de microprocesseur Intel,
Andrew Grove (11) : « Seuls les
paranoïaques survivent ». Scandée
durant toute sa carrière professionnelle
devant des auditoires le prenant pour un
génie, au point qu’il fut nommé
professeur de stratégie à l’Université
Stanford…
Face
à la peur d’être rejoint, dépassé, par
d’autres nations souhaitant s’émanciper
de leur domination militaire,
scientifique, économique, culturelle.
Préférant l’anéantissement de l’Autre,
plutôt que la remise en cause de sa
relation à l’Autre.
En
fait, dans leur fureur, en créant de
toutes pièces une "crise iranienne", les
occidentaux inscrivent le « point
d’inflexion » marquant historiquement la
fin de leur hégémonie sur le reste de la
planète. La courbe de leur expansion
prédatrice, ralentissant, plafonnant,
amorce à présent sa descente, sa chute.
Fin
du XX° et début du XXI° siècle, des
coups d’arrêt ont surgi face à leurs
prétentions de domination hyperviolente,
à l’encontre de toutes “valeurs”
d’humanité et de justice, dans la
résistance héroïque de peuples refusant
la soumission, l’invasion, la
colonisation : Palestinien, Chinois,
Cubain, Vietnamien, Sud-Libanais,
Afghan.
L’Empire avait su les contourner, s’y
adapter. S’acharnant sur d’autres
nations, plus faciles à diviser,
envahir, détruire : la petite île de
Grenade ou Panama. Puis : Yougoslavie,
Irak, Libye. Tout en imposant son
pouvoir par dictatures interposées,
depuis des décennies, dans des dizaines
de pays, sur tous les continents.
Mais, l’évolution est inéluctable.
En
Amérique latine, réactivant l’épopée de
Simón Bolivar et de Cuba,
les volontés d’affranchissement à
l’égard de ces prétentions hégémoniques
se multiplient : Venezuela, Bolivie,
Equateur… Fin 2011, ce mouvement se
confirme par la création d’une
organisation des Communauté des Etats
Latino-Américains et Caraïbes (CELAC),
rassemblant 33 pays de la région. (12)
Le
projet de remodelage du Moyen-Orient en
une mosaïque ethnique et religieuse tel
qu’il était fantasmé par les idéologues
de l’Empire (13), vient de capoter. La
destruction programmée de la Syrie,
survenant après la sauvage
désintégration de la Libye, avec pour
projet la mise en place d’un
gouvernement de « polichinelles » pour
en gérer les débris, a trouvé une pierre
d’achoppement.
Chine et
Russie, représentant un large courant de
pays excédés des prétentions de la
“Bande des Quatre” (USA, Israël, GB et
France) associés aux pétromonarchies,
bloquant
pour la deuxième fois par leurs
droits de veto au Conseil de Sécurité,
les tentatives d’instrumentaliser l’ONU.
La
propagande de l’Empire et de l’Otan,
leurs “agents d’influence” dont
plusieurs occupent des postes
gouvernementaux en Europe, se livrant à
une séance d’histrionisme d’un cynisme
absolu. Criant au scandale, exprimant
leur “dégoût”, stigmatisant
“l’association des dictatures” contre la
vertueuse "communauté internationale",
dont ils s’autoproclament les
porte-paroles. Leur ardeur charitable à
l’égard du peuple Syrien trouvant sa
limite dans l’oubli de la soixantaine de
vetos émis rien que par les USA, entre
1972 et 2011 (14), verrouillant
expressément toute intervention
humanitaire contre massacres et
spoliations infligés au Peuple
Palestinien.
Le commencement de la fin
Les
vetos de la Russie et de la Chine sont
l’expression du refus d’accepter qu’une
horde de prédateurs invoquant des
“valeurs” qu’ils n’appliquent jamais,
usurpant le droit de représenter
l’ensemble des Nations, s’amuse à
détruire des pays les uns après les
autres sous couvert d’une diabolisation
préalable. Tout cela pour satisfaire des
prétentions hégémoniques.
Au
mépris des règles élémentaires de la
diplomatie. Et, surtout, de la Charte
des Nations Unies dont ils sont
signataires qui spécifie clairement,
irrévocablement, dans son Chapitre 1 :
Buts et Principes, notamment
dans l’article 1.2., l’obligation pour
ses membres de :
« Développer entre les nations des
relations amicales fondées sur le
respect du principe de l'égalité de
droits des peuples et de leur droit à
disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes
autres mesures propres à consolider la
paix du monde ».
L’Iran, avec sérénité et courage, les
yeux dans les yeux des Etats-voyous qui
le menacent d'anéantissement, lui
livrant une impitoyable "guerre
économique", soutient une politique de
paix et de dénucléarisation militaire du
Moyen-Orient. Face aux exigences de
domination de l’Empire, il ne cèdera pas
sur ses droits légitimes et n’acceptera
aucune soumission contraire à sa
souveraineté nationale.
En
cela, il bénéficie de l’appui, direct ou
indirect, officiel ou officieux, de tous
les Etats non inféodés au camp
occidental. A commencer par la mise en
place de transactions dans d’autres
devises que le dollar ou l’euro : yuan,
rouble, ou en or. Affaiblissant
d’autant, la domination financière de
l’Empire…
Dans
leur aveuglement, l’Occident, l’Empire,
ne perçoivent pas le basculement en
cours. Ce n’est pas à la “bombe atomique
virtuelle” de l’Iran qu’ils se trouvent
confrontés, mais à une réalité plus
tangible. Celle de l’effondrement de
leur hégémonie séculaire.
En
conséquence, pour reprendre le langage
de gangsters utilisé à présent sur les
estrades diplomatiques : « toutes les
options ne sont pas sur la table ». Il
n’en reste que deux. Pas une de plus :
i)
L’aborder
dans l’apaisement et la paix, dans une
collaboration constructive avec
l’ensemble des pays de la planète, dans
le respect mutuel, pour relever
solidairement tous les défis qui
l’attendent. Tout particulièrement,
l’urgente nécessité de créer pour la
prochaine décennie un minimum de 600
millions d’emplois…
ii)
S’enfermer dans une folie destructrice
qui trouvera vite son butoir, comme on
vient de le mesurer à l'ONU, en écrasant
des pays plus faibles que soi, les uns
après les autres, pour se livrer à leur
pillage.
Choisir la deuxième option, établirait
que l’Occident n’était qu’une
"civilisation" inhumaine, mortifère,
érigée sur une foncière paranoïa lui
faisant prendre ses désirs de mort pour
la pulsion de vie.
Ignorant ce dilemme, les bellicistes
échafaudent l’attaque contre l’Iran,
supputant la « fenêtre » de son
extermination et de son démembrement. A
l’image de publicitaires, planifiant le
lancement d’une campagne pour une
nouvelle savonnette ou un dentifrice
miracle.
Entre avril et juin 2012, énonce
doctement le ministre de la défense des
USA, Leon Panetta. Pour bien faire
comprendre qu’il s’agira d’une invasion
de l’Iran, avec troupes d’occupation,
ils annoncent la création, en plus d’une
multitude de bases, d’une
vingtaine d’hôpitaux militaires pour
un budget de 5 milliards de dollars,
dans le Caucase, en Géorgie. Car,
forcément “pertes humaines” il y aura…
(15)
En
attendant l’Apocalypse vociférée par les
fanatiques de l’Empire, les stratèges
Iraniens regardent patiemment sur leurs
écrans-radars passer,
langoustes en migration, les
multiples bâtiments en tous genres de
ses escadres, escortant chacune un
porte-avions géant, s’engouffrant en
file indienne…
Dans
la nasse, qu’est le Golfe Persique.
(1) Truman Capote,
Entretiens, traduit de l’anglais par
Michel Waldberg, Rivages, 1988, p. 203.
(2) En 2010,
les données de la Banque Mondiale
chiffrent la population de la Grèce à
11.319.048 habitants.
(3) Pour un total
de 1.318 GWh lors de l’exercice
2010-2011 (le calendrier iranien se
déroule de mars à mars). Sur les 11 mois
2011-2012 (21 mars 2011 au 19 février
2012), le total atteindra 7.349 GWh.
(4)
http://old.tehrantimes.com/index_View.asp?code=215089
(5) Le Trésor
Iranien a réalisé une excellente affaire
en achetant ces réserves d’or lorsque le
cours était à US$ 600 bondissant à US$
1730 en moyenne actuellement, soit un
quasi triplement de valeur,
http://www.tehrantimes.com/economy-and-business/95019-iran-reserves-120b-in-foreign-notes-907-tons-of-gold.
Le cours atteignait US$ 1760, le 3
février 2012.
(6) Rapport d’Eric
Archambault, sur la progression de la
recherche scientifique en Iran, extrait
de “
30 Years in Sciences – Secular
Movements in Knowledge Creation
”, Science Metrix – Canada – 10 février
2010,
http://hasnain.wordpress.com/2010/02/20/irans-science-progress-fastest-in-world-eric-archambault%E2%80%99s-report-of-science-metrix-a-data-analysis-company-in-montreal-canada/
(7) Le développement d’une « industrie
touristique » dans un pays à forte
population, insuffisamment développé sur
le plan économique avec une diversité
d’industries et de services, équivaut à
livrer une grande partie de la jeunesse,
survivant sans emplois ou dans des
emplois sous-qualifiés et peu
rémunérateurs, au « tourisme sexuel ».
Les dirigeants le savent et participent
au trafic. D’autant plus qu’il est
insidieusement imposé par les puissances
néocoloniales, s’agissant d’un
dissolvant ravageur pour une société
réfractaire à une colonisation.
L’équivalent de « l’opium » imposé par
les occidentaux à la Chine au XIX°
siècle.
Bangkok ou Manille en sont les
archétypes. Actuellement des pays arabes
non ou peu producteurs de pétrole,
notamment, n’échappent pas à cette
gangrène. Expliquant, en partie,
l’approche « moralisatrice » de certains
courants politiques. D’où, leur succès
au sein d’une population souffrant de
cette provocation humiliante. Phénomène,
évidemment, soigneusement occulté par
nos médias et « experts », évacuant les
racines profondes d’une révolte face à
l’inacceptable sous le vocable « hiver
islamiste »…
(8) Parallèlement
à son
œuvre immense, plus connue à
l’étranger qu’en France, Henri Corbin a
toujours dénoncé la tyrannie sanguinaire
du Shah, les horribles exactions de sa
police politique la SAVAK. Ainsi que les
colossales prédations de l’Occident en
Iran, dans un complet analphabétisme sur
ce pays de l’opinion publique, notamment
française, manipulée par nos politiciens
et médias.
(9) Données
officielles
en 2010 : 76.923.300 habitants.
(10)
Caton dit « l’Ancien » (aux USA, on
dirait “Senior”), vécut de 234 à 149
avant notre ère. Responsable politique
romain, célèbre pour son puritanisme et
sa xénophobie : il fit expulser artistes
et philosophes grecs de Rome, accusés de
pervertir la "civilisation" de la
nation… Adversaire acharné, halluciné,
de Carthage.
(11) Cofondateur
et PDG d’Intel, pendant 38 ans, jusqu’en
1997, puis Président de son Conseil
d’administration jusqu’en 2004. Icône
caricaturale de la religion du
“capitalisme sauvage”, avec ses dogmes
et son culte, appliquée aux entreprises
et organisations, formatant, infestant,
des générations de cadres et dirigeants
dans les séminaires de son “clergé” que
sont les Business Schools. Dont
on commence à peine à mesurer les
ravages. La “séparation de la Religion
et de l’Etat” commence, en priorité, par
là…
(12) Thomas Posado,
Amérique latine : unité régionale pour
une nouvelle indépendance, Le Grand
Soir, 4 février 2012,http://www.legrandsoir.info/amerique-latine-unite-regionale-pour-une-nouvelle-independance.html
(13) Lire
l’excellente analyse d’Hédi Dhoukar du
10 janvier 2012, sur le remodelage
fantasmé, déjanté, du Moyen-Orient par
les idéologues néoconservateurs US :
Les dessous d’une carte,
http://hedidh.blogspot.com/2012/01/les-dessous-dune-carte.html
(14) US on UN
Veto: "Disgusting", "Shameful", "Deplorable",
"a Travesty"… Really ?, Jadaliyya,
5 février 2012,
http://www.jadaliyya.com/pages/index/4237/us-on-un-veto_disgusting-shameful-deplorable-a-tra
(15) ‘US
builds hospitals in Georgia, readies for
war with Iran’, RIA Novosti, 10
janvier 2012,
http://rt.com/politics/us-georgia-iran-war-441/
Caricature de LUO
JIE - ChinaDaily - 19 janvier
2012
Le
dossier Iran
Les dernières mises à jour
|