The Herald on Line
Les effroyables
crimes de l'OTAN en Libye
Farirai Chubvu
Mardi 31 janvier
2012
Charles Ray -l’envoyé des
Etats-Unis ici- se décrit comme
le symbole du monde libre, un
champion des droits de l’homme
et de la démocratie, et se vante
du rôle de son pays dans
l’invasion de la Libye, mais en
réalité, il semble que, tout
comme la guerre du Vietnam et
d’autres guerres illégales avant
elle, la guerre de Libye soit
une énorme sujet d’embarras pour
l’Oncle Sam.
Un rapport publié la semaine
dernière par des organisations
des droits de l’homme au
Moyen-Orient prouve à l’envie
que des crimes de guerre ont été
perpétrés en Libye par les
forces des Etats-Unis, de l’OTAN
et de leurs alliés "rebelles"
pendant l’invasion de l’année
dernière, crimes qui ont culminé
dans le meurtre du Colonel
Mouammar Kadhafi.
Le "Rapport de la Mission
d’investigation de la Société
Civile Indépendante en Libye"
présente les conclusions d’une
enquête menée conjointement en
novembre dernier par
l’Organisation Arabe des Droits
de l’Homme, le Centre
Palestinien des Droits de
l’Homme et le Consortium
International d’Assistance
Légale.
Basé sur l’interview de
victimes de crimes de guerre, de
témoins et d’officiels libyens à
Tripoli, Zawiya, Sibrata, Khoms,
Zliten, Misrata, Tawergha et
Syrtes, le rapport demande qu’il
soit enquêté sur les preuves
montrant que l’OTAN a ciblé des
installations civiles faisant de
nombreux morts et blessés.
Les installations civiles
ciblées par les bombes et les
missiles de l’OTAN comprennent
des écoles, des bâtiments du
gouvernement, au moins un
entrepôt de vivres et des
maisons particulières.
Le rapport montre aussi que
les personnes suspectées d’être
loyales à Kadhafi ont été
systématiquement assassinées,
torturées, expulsées et
maltraitées par les forces
"rebelles" du Conseil National
de Transition soutenues par
l’OTAN. Il décrit l’expulsion
forcée de la plupart des
habitants noirs de Tawergha et
la persécution actuelle des
travailleurs émigrés du Sub-Sahara
par les forces alliées à l’OTAN
et son gouvernement transitoire.
Les enquêteurs mentionnent
les passages à tabac sauvages et
répétés que subissent les
prisonniers détenus sans charges
et sans procès, l’exécution
sommaire des combattants
pro-Kadhafi et les rapports des
témoins sur "les meurtres de
représailles tous azimut y
compris ’le massacre’ (c’est à
dire qu’on leur tranche la
gorge) d’anciens combattants."
Le rapport met en lumière les
prétextes humanitaires et
démocratiques utilisés par les
Etats-Unis, la France,
l’Angleterre et leurs complices
de l’OTAN pour conduire en fait
une guerre de conquête de style
colonial. Il montre clairement
que la Résolution 1973 du
Conseil de Sécurité de l’ONU
pour imposer une "zone
d’exclusion aérienne" et un
embargo sur la vente d’armes à
la Libye, soi-disant pour
protéger les civils de la
répression de Kadhafi, a été en
fait utilisée pour mener une
guerre aérienne sans merci en
coordination avec les forces
"rebelles" au sol. Le rapport
suggère que l’OTAN et ses alliés
arabes ont commencé à entraîner
les forces d’opposition et à
leur donner des armes tout de
suite après le début des
manifestations contre Kadhafi.
L’opposition contre Kadhafi qui
s’est manifestée en février
dernier suite à la chute de
Moubarak en Egypte a rapidement
été prise en main par les
Etats-Unis, la France,
l’Angleterre et leurs agents en
Libye pour lancer une invasion
impérialiste.
Le rapport dit : "D’après les
informations de première main et
de seconde main que la Mission a
recueillies, il semble que
l’OTAN ait participé à ce que
l’on peut appeler des opérations
offensives menées par les forces
d’opposition, comme par exemple
des attaques sur les villes et
les villages tenus par les
forces de Kadhafi. De même, le
choix de certaines cibles, comme
un entrepôt régional de vivres
soulève des questions évidentes
sur le rôle de telles attaques
dans la protection des civils."
Le rapport ne donne pourtant
qu’un pâle aperçu de la violence
d’une attaque dont le but était
de ramener la Libye à la
condition qui était la sienne il
y a 43 ans à l’époque où la
marionnette des Etats-Unis et de
la Grande Bretagne, le roi
Idris, avait donné les réserves
de pétrole aux multinationales
étasuniennes et anglaises et
permis à ces deux puissances
d’établir d’énormes bases
militaires en Libye. La
destruction de masse et les
meurtres qui ont culminé dans le
nivellement de Syrtes et la
lynchage de Kadhafi font
paraître les affirmations
cautionnées par l’ONU, selon
lesquelles la guerre était une
guerre pour "les Droits de
l’Homme" et "la protection des
civils", absurdes et obscènes.
Le viol de la Libye a été la
réponse anglo-saxonne aux
révolutions arabes qui ont
chassé les régimes
pro-occidentaux au pouvoir
depuis longtemps en Tunisie et
en Egypte, deux pays qui ont une
frontière commune avec la Libye.
Le but de l’invasion était de
prendre le contrôle absolu des
ressources en pétrole du pays,
de détourner et d’enrayer les
progrès de la lutte des
travailleurs en Afrique du nord
et au Moyen-Orient et de porter
un coup à la Chine et à la
Russie qui avaient établi des
liens économiques étroits ave le
régime de Kadhafi. La guerre a
détruit la Libye. Le CNT -une
coalition instable d’anciens
officiels de Kadhafi,
d’islamistes, dont certains sont
liés à Al Qaeda, et d’agents des
services secrets occidentaux-
lui-même, estime que l’invasion
a coûté la vie à 50 000
personnes et en a blessé 50 000
autres. Les conflits entre les
différentes factions du CNT sont
les prémices d’une guerre civile
généralisée entre les milices
tribales régionales rivales.
Le week-end dernier, alors
que le président du CNT
s’inquiétait des signes d’une
guerre civile imminente, une
foule demandant le départ du CNT
a fait irruption dans les
bureaux du CNT à Benghazi. Abdel
Hafiz Ghoga, le vice-président
du CNT a donné tout de suite sa
démission.
Le rapport sur les crimes de
guerre des Etats-Unis et de
l’OTAN est aussi un réquisitoire
accablant supplémentaire contre
ces partis, intellectuels et
universitaires de "gauche" qui
ont repris comme des perroquets
les arguments humanitaires de
Washington et de l’OTAN et ont
ainsi contribué à l’invasion de
la Libye.
Et la Cour Pénale
Internationale continue de se
distinguer par son silence
assourdissant.
Farirai Chubvu
Pour consulter l’original :
http://www.herald.co.zw/index.php?option=com_content&vie...
Traduction : Dominique
Muselet
© LE GRAND SOIR -
Diffusion non-commerciale autorisée et
même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
Publié le 4 février 2012
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