Opinion
La conclusion
barbare d'une guerre colonialiste
barbare.
Kadhafi assassiné
Domenico Losurdo
Samedi 22 octobre
2011
Il y a
quelques jours Gianfranco Fini a exprimé
ses regrets pour les hésitations
initiales montrées en Italie à
l’occasion du déchaînement de la guerre
OTAN contre la Libye. Il est clair que
le Président de la Chambre (des
députés, NdT) n’arrive pas à rompre
avec son passé de champion du fascisme
et du colonialisme. Voici ce que j’ai
écrit dans mon livre « Il linguaggio
dell’Impero »:
Celui qui prend une position
nette contre la politique d’Israël est
facilement suspecté d’antisémitisme ;
mais pourquoi faire valoir à sens unique
cette herméneutique du soupçon ?
Prenons, pour ce qui concerne
l’Italie, un homme politique de premier
plan comme Gianfranco Fini. Sa manoeuvre
de rapprochement de l’ « Etat juif » a
commencé il y a pas mal d’années quand
il a jugé opportun de ne critiquer chez
Mussolini que sa législation
antisémite : « Jusqu’en 1938,
c’est-à-dire une minute avant la
signature des lois raciales
[antisémites], je crois qu’il est très
difficile de juger le fascisme de façon
entièrement négative ». Et les lois
raciales contre les « indigènes »
(arabes et noirs) dans l’empire colonial
fasciste ? Et les massacres en
Ethiopie ? Et l’utilisation massive
d’ypérite et de gaz asphyxiants, les
camps de concentration ? Comme on peut
voir, on ne critique du fascisme que
l’antisémitisme, sans aucune prise de
distance avec l’expansionnisme et le
racisme colonial. On pourrait penser que
les déclarations rapportées ci-dessus
renvoient à une phase intermédiaire de
l’évolution de Fini. Il n’en est rien.
Le voici en 2004, déjà vice-premier
ministre, se lancer dans une célébration
acritique de la conquête et de
l’occupation de la Libye, où « les
Italiens ont aussi apporté, en même
temps que les routes et le travail, ces
valeurs, cette civilisation, ce droit
qui représente un phare pour toute la
culture, pas seulement la culture
occidentale ».
[…]
En ce point il convient
d’examiner comment un leader arabe
(Kadhafi) a répondu à Fini : « Vous êtes
maintenant devenu antifasciste, et voilà
une chose juste. Je sais que vous avez
aussi présenté vos excuses aux Juifs,
pour ce que les fascistes italiens ont
fait aux Juifs. Si vous faisiez aussi la
même chose envers les Libyens, en
présentant vos excuses aux Libyens, dans
ce cas vous pourriez recevoir des
éloges ».
On
comprend bien qu’un nostalgique du
colonialisme comme Gianfranco Fini ait
été depuis le début parmi les plus
ardents défenseurs de la guerre de
l’OTAN. La supériorité morale de Kadhafi
par rapport non seulement à Fini mais
aussi aux bouchers de Washington et de
Bruxelles est claire.
[1]
« Le langage de l’Empire. Lexique de
l’idéologie étasunienne », Ed.
Laterza, Bari, 2007.
Publié sur
le blog de l’auteur jeudi 20 octobre
2011,
http://domenicolosurdo.blogspot.com/
Traduit de
l’italien par Marie-Ange Patrizio
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