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La Déclaration universelle des droits de
l'homme a 60 ans
Dmitri Kossyrev
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Vendredi 12 décembre 2008 Il était une fois l'époque des grandes
illusions, lorsque l'on rêvait d'un monde équitable et
définitivement libéré des guerres. L'Organisation des Nations
unies faisait ses premiers pas. Et le 10 décembre 1948, par la
résolution 217 A de l'Assemblée générale, elle adoptait la
Déclaration universelle des droits de l'homme. En 1950, l'ONU
instaura une nouvelle fête, à savoir la Journée des droits de
l'homme, célébrée le jour de l'adoption de la Déclaration.
Les XXe et XXIe siècles n'ont pas particulièrement respecté
la Déclaration universelle, se rapprochant plus du Moyen Age,
époque où les gouvernants de différents pays faisaient un
mauvais usage des normes religieuses sacrées. A en juger par le
nombre de personnes tuées, réduites en esclavage, privées du
droit de parler leur langue maternelle et ainsi de suite,
l'époque contemporaine se révèle être encore pire.
Probablement personne n'a surpassé Adolf Hitler pour ce qui
est de la violation des droits de l'homme. Mais même après 1945,
des massacres et d'autres violations de ces droits ont toujours
été présents dans le monde. Il suffit de citer dans ce contexte
le génocide au Cambodge et au Rwanda ou les événements en Irak
ou en Ossétie du Sud.
De nos jours encore, les sociétés humaines, leur conscience
collective, leur réalité économique rejettent les documents qui
expliquent comment il convient de vivre et d'agir. Il faut juste
accepter ce fait et le prendre en compte.
Une grande expérience est en train de s'achever sous nos
yeux. Il s'agit d'une tentative de transformer le concept des
droits de l'homme - incarné dans cette même Déclaration - en une
matraque idéologique ayant pour objectif d'instaurer la
domination de la civilisation occidentale dans une multitude de
pays. Cette expérience essuie un échec patent. On connaît
beaucoup de cas où tout a commencé par une campagne bien
orchestrée visant à remédier aux violations des droits de
l'homme et s'est terminé par une guerre pour un changement de
régime politique, alors que les opposants de ce régime violaient
ces droits aussi bien que leurs adversaires. La Yougoslavie et
le Kosovo n'en sont qu'un exemple.
Une sorte d'Al-Qaïda mondiale des droits de l'homme s'est
formée, où l'idéalisme meurtrier des uns côtoie le cynisme non
moins meurtrier des autres. Mais, d'une façon ou d'une autre,
cette partie de l'Histoire universelle appartient déjà au passé,
car une opération lancée par le pays le plus fort de l'Occident
a échoué en Irak. Or, l'Irak est, par une étrange coïncidence,
le berceau de la civilisation. Cependant, il s'avère qu'il est
impossible d'imposer les "droits de l'homme" sans déployer de
puissants efforts militaires et financiers.
En attendant, le monde non-occidental considère la
Déclaration universelle des droits de l'homme comme appartenant
exclusivement au monde occidental et non comme un document
universel au sens propre. Une multitude d'autres déclarations
portant sur les droits de l'homme ont été rédigées, qui mettent
en exergue les différences entre les diverses civilisations,
font ressortir les droits musulmans, orthodoxes et autres. Tous
ces documents ne sont pas moins importants que la Déclaration
universelle des droits de l'homme. Qui plus est, ils lui
ressemblent beaucoup. Car les différentes sociétés perçoivent
les droits de l'homme plus ou moins de la même façon.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
© 2008 RIA Novosti
Publié le 13 décembre 2008
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