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La Tunisie renoue avec les émeutes
Le système Ben Ali
en question
Djamel Bouatta
Dimanche 26 décembre 2010
Le climat de
violence qui s’est installée en Tunisie serait-il l’expression
d’un ras-le-bol vis-à-vis d’une gouvernance (gestion
patrimoniale) dont WikiLeaks a livré quelques pans sulfureux ?
Un mort et des
dizaines de blessés dans des affrontements à Menzel
Bouzayane, dans la région de Sidi Bouzid, dans le
centre-ouest de la Tunisie. De violents affrontements ont
opposé vendredi plus de 2 000 manifestants et la police dans
le centre-ouest de la Tunisie et fait un tué et dix blessés,
et la situation reste tendue.
Version officielle dans ce pays tenu jusqu’ici d’une main de
fer : des groupes d'individus ont incendié la locomotive
d'un train et mis le feu à trois véhicules de la garde
nationale, avant d'attaquer le poste de la garde nationale
de la ville. Après avoir essayé de les dissuader, des agents
de la garde nationale ont été amenés “à recourir aux armes
dans le cadre de la légitime défense”, selon le ministère de
l’Intérieur. Un classique dans les pays autoritaires.
Version de manifestants : des renforts de police dépêchés de
Sidi Bouzid ont encerclé la ville de Menzel Bouzayane en en
interdisant les accès pour que les forces de l'ordre
procèdent à une vague d'arrestations, la localité étant en
proie depuis une semaine à des troubles sociaux à la suite
d'une tentative de suicide d’un Tunisien de 26 ans, diplômé
de l'université. La protesta s’est propagée à des villes
voisines, et la région n’est qu’à 200 km de la capitale. Les
faits. Tout a commencé vendredi 17 décembre quand Mohammed
Bouazizi, vendeur ambulant de fruits et légumes, faute d’un
travail en conformité avec ses diplômes universitaires, se
fait confisquer sa marchandise par la police municipale,
n’ayant pas les autorisations nécessaires. Devant
l’impossibilité de récupérer son bien, une charrette à deux
bras et son chargement, il a décidé de s’immoler par le feu
devant la préfecture en criant qu'il ne voulait “plus de
misère, plus de chômage”. Gravement brûlé, il a été évacué
vers un hôpital de Tunis, c’était le seul soutien de sa
famille. Détonateur. Il en fallait pas plus pour allumer le
feu au sein d’une population frappée par le chômage. À la
suite de cet incident, des habitants de Sidi Bouzid ont
organisé, le jour même, un sit-in pacifique devant la
préfecture. Ce rassemblement s’est poursuivi le lendemain,
regroupant toujours plus de personnes. Des heurts ont alors
éclaté entre les manifestants et la police, et plusieurs
personnes auraient été blessées des deux côtés.
Les manifestants ont scandé des slogans pour réclamer le
droit de travailler. Plusieurs manifestants sont raflés par
la police. Le cycle manifestations-répressions s’est alors
installé dans la région et risquait de déborder plus loin
encore. La veille, la Ligue tunisienne pour la défense des
droits de l'homme avait demandé une enquête sérieuse.
Saluant le mouvement de protestation, le Parti démocratique
progressiste a appelé à la libération des personnes
arrêtées. Lors d'une conférence de presse, ce parti de
l’opposition légale a appelé vendredi à l'ouverture d'un
dialogue avec les composantes de la société civile et les
jeunes chômeurs. La Fédération internationale des ligues des
droits de l'homme (FIDH) exprime “sa vive inquiétude face à
la situation en Tunisie après les émeutes”. Selon l’Ong,
plusieurs dizaines de manifestants sont encore incarcérés.
La FIDH demande leur libération et une enquête impartiale.
L’explication de régimes autocrates. L’affaire ébruitée, les
autorités tunisiennes ont affirmé que ces heurts ne
représentaient qu'un “incident isolé”, et dénoncé leur
exploitation à des fins politiques “malsaines” ! Le ministre
du Développement, Mohamed Nouri Jouini, s'est alors déplacé
jeudi à Sidi Bouzid, pour annoncer des mesures
présidentielles pour la création d'emplois et le lancement
de projets d'un montant de 7 millions d’euros. Ces
événements font écho aux mouvements de protestation sociale
qui avaient eu lieu dans le bassin minier de Gafsa (Sud-Ouest)
en 2008, à la suite desquels plusieurs dizaines de personnes
avaient été condamnées, ou encore à la manifestation
insolite de Gafsa avec des familles entières de Tunisiens
qui s’étaient massées devant le poste-frontière
algérien, drapeau de ce pays en tête !
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Publié le 26 décembre 2010 avec l'aimable autorisation de
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