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Sur ordre des israéliens
Moubarak
construit son mur autour de Gaza
Djamel Bouatta
Lundi 21 décembre 2009
Ses moukhabarat auraient voulu garder le secret, les
Israéliens ont vendu la mèche : un “mur Moubarak” pour
encager les Gazaouis. Netanyahu a-t-il lâché son principal allié
arabe ? La succession de Moubarak est à l’ordre du jour.
Le raïs égyptien n’aura pas innové en la
matière. Moubarak a répondu aux injonctions d’Israël :
construire un mur le long de la frontière égyptienne avec
l’enclave palestinienne de Gaza. Ses moukhabarat n’ont rien pu
faire, le quotidien israélien Haaretz a ébruité le projet, avec
détails.
La trahison, en fin de compte, se poursuit depuis les accords de
Camp David. D’ailleurs, on peut aussi se demander si le flot de
haine déversée sur notre pays, pour une histoire de foot, n’est
pas aussi destiné à masquer ce nouveau poignard des autorités du
Caire dans le dos des Palestiniens ? Quoi qu’il en soit, pour
les Israéliens, le compte à rebours a commencé au Caire.
La raclée infligée à Khartoum par nos Verts aux Pharaons a
déjoué le rêve des Moubarak : transformer l’Égypte en république
monarchique, Gamal devait reprendre, sans coup férir, le
fauteuil de son père. L’Égypte est en train d’ériger un mur de
fer souterrain, enfoncé de 20 à 30 mètres dans le sol, le long
de sa frontière avec Gaza, pour empêcher les Gazaouis de
contourner le blocus imposé par Israël. Les travaux, gardés
comme un site nucléaire, sont dirigés par des ingénieurs de
l’armée américaine. D'ici un an et demi, c’est-à-dire à la fin
du énième mandat de Moubarak, le mur devrait être achevé.
Objectif : affamer et, pourquoi pas, décimer le million et demi
de Gazaouis dont les tunnels de fortune servaient de voie de
ravitaillement en produits de base (alimentation, médicaments de
premiers soins, matériaux de construction, carburant...). Le mur
Moubarak est la dernière phase de l'opération génocidaire “Plomb
durci” conduite, il y a un an, par Israël, dont l’objectif était
d'ailleurs de détruire ces tunnels, lesquels, in fine, ont
résisté aux bombardements ultra- sophistiqués.
Moubarak, dont la frontière avec Gaza relève directement de la
sécurité israélienne, malgré le retrait en avril 2004 des
colonies israéliennes et des troupes stationnées à Gaza,
construit son mur en connaissance de cause sur ses implications
alimentaires et sanitaires sur les Gazaouis : les agences des
Nations unies considèrent toujours que plus des deux tiers
des Gazaouis vivent dans l’insécurité alimentaire, à savoir
qu’ils souffrent de la faim. Selon l’OMS, la même proportion des
enfants et des femmes en âge de procréer est atteinte d’anémie.
Les restrictions sur l’approvisionnement en biens alimentaires
dispensés pourtant par l’aide humanitaire sont interdites par
l’article 22 de la quatrième Convention de Genève. Moubarak a
même été dénoncé par les Gazaouis pour trafics sur les dons qui
leur sont destinés. Pour la défense de son mur, le président
égyptien invoque la contagion islamiste !
En fait, c’est Israël qui a exigé la fermeture du sous-sol de la
frontière de Gaza avec l’Égypte pour empêcher
l’approvisionnement en armes de la résistance palestinienne.
L’Égypte sait pourtant que les représailles illégales et
disproportionnés constituent une violation du droit humanitaire
international et ne peuvent en aucun cas être considérées comme
de l’autodéfense. C’est écrit noir sur blanc dans toutes les
conventions internationales.
Le mur de Moubarak est, de fait, la continuité de celui du
tristement célèbre Sharon. Un mur de séparation qui transperce
la Cisjordanie, la découpant comme de la dentelle et qui a des
conséquences humanitaires dramatiques sur la vie quotidienne des
Palestiniens, selon Ocha (bureau de coordination des affaires
humanitaires de l'Onu).
Lorsqu'elle sera achevée dans sa partie israélienne, la barrière
aura une longueur de 709 km, dont 85% en Cisjordanie même mais
seulement 15% sur la Ligne verte, la ligne de démarcation de
1949 entre la Cisjordanie et Israël. Le mur Moubarak coulera lui
sur 300 km. La Cour internationale de justice (CIJ), principal
organe judiciaire de l'ONU, a qualifié le mur israélien
d'illégal et a réclamé son démantèlement, dans un avis rendu le
9 juillet 2004. Cet avis est resté sans effet. La Ligue arabe
avait gesticulé en son temps. Que fera-t-elle avec le mur
Moubarak ?
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Publié le 22 décembre 2009 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
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