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Opinion
La mémoire sélective
de l'Occident:
les Juifs... et les autres
Daniel Vanhove
Samedi 18 septembre 2010
Rappel :
La semaine passée j’exprimais mes craintes que ne soit revenu en
France,
le « temps des rafles ». Face à la discrimination avérée des
Roms et à la déshumanisation dramatique avec laquelle le
président Sarkozy et sa droite xénophobe les traitent – au point
d’irriter les instances internationales – ne peut-on pas se
demander pourquoi ceux-là n’auraient pas les mêmes droits que
les Juifs ? En effet, ces communautés toutes deux millénaires,
ont subi les mêmes traques pendant la deuxième guerre mondiale
et se sont retrouvées dans les mêmes camps d’extermination de
Buchenwald, Auschwitz, Ravensbrück,… où il semble qu’au moins
500.000 Roms, appelés Tziganes à l’époque, aient été supprimés.
Une partie de l’Europe a donc bien vis-à-vis des Roms, la même
responsabilité que vis-à-vis des Juifs dans la façon expéditive
et assassine dont elle s’en est débarrassée sous le régime nazi.
A moins d’une justice à géométrie variable, pourquoi donc avoir
par la suite, opéré une différence dans la manière d’expier nos
crimes d’alors ?
L’honnêteté et le souci d’une justice équitable exigeraient au
minimum de se poser la question. Et puisque l’on peut se
féliciter des réactions des instances internationales actuelles
dans la manière dont elles semblent condamner le sort réservé
par la France à cette communauté discriminée, peut-être
serait-ce le moment de se pencher sur la possibilité qu’auraient
les populations roms de s’établir sur des terres que l’Europe de
plus en plus « élargie » daignerait leur concéder… Sans rien
enlever à la condamnation la plus ferme dans la manière dont ce
dossier est traité en France pour le moment, le président
français n’a peut-être pas tort de vouloir élargir le cadre du
débat.
Allégorie :
Dès lors, voyons un peu, et tentons de faire mieux qu’avec le
précédent essai d’imposer en terres arabes le jeune Etat
d’Israël qui se révèle être un fiasco insoluble sur les bases
actuelles… En se penchant sur une carte de l’UE – puisque ce
problème nous concerne collectivement – quel endroit pourrait-il
convenir ? Disons… la France ! Excellente situation, où de
vastes régions ne sont pas encore urbanisées. Certains se
plaignant de la désertification des zones rurales, ce serait à
coup sûr une manière de les redynamiser. L’on pourrait y dresser
une sorte de « Ligne Verte » pour commencer, et on verrait
ensuite les modalités pour donner à ce projet d’Etat toutes les
garanties utiles que prévoit le Droit international dans ses
nombreux textes. Avec la pléthore de fonctionnaires dont nous
disposons, et l’expérience récente de l’établissement du Kosovo
en Serbie, gageons que certains « experts » pourraient être
détachés pour cette mission, comment déjà, euh… ah oui, «
humanitaire », c’est ça…. Voilà un poste rêvé pour le French
doctor, et une façon honorable de redorer son blason quelque peu
terni ces derniers temps. Et pour ne pas précipiter les choses,
établissons un plan quinquennal ayant comme horizon 2020, où
pourrait être porté sur les fonds baptismaux, un 28è Etat
européen, destiné à la communauté rom qui voudrait s’y établir.
Etat qui servirait aussi à accueillir, cela tombe sous le sens,
les nombreux réfugiés roms, tziganes, gitans, bohémiens,
manouches,… régulièrement chassés de tel ou tel pays depuis des
siècles d’errance.
Pour une Europe économiquement en panne, ce serait-là un
chantier formidable, avec des débouchés inespérés. Par ailleurs,
avec l’actuel président français, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa
qui ne devra pas remonter bien loin dans le temps pour retrouver
ses origines, la France présente tous les avantages d’un tel
choix. Sans compter qu’il pourrait carrément présenter sa
candidature à la présidence de ce nouveau futur Etat, des fois
que les élections françaises de 2012 se présentent mal…
- Oui, me répondrez-vous, mais les Roms ne veulent pas s’établir
sur base de frontières fixes, ils sont nomades, tout le monde le
sait, et très vite ils pourraient se retrouver en France, c’est
cela le nœud du problème !
- Ce n’est pas bien grave ! La France est un graaand pays – ses
représentants n’ont de cesse de le trompéter partout, des fois
qu’on en douterait à côté de la Russie, du Canada, des USA, de
la Chine, du Brésil, de l’Australie, de l’Inde, de l’Argentine,
du Kazakhstan, du Soudan,… – et donc, les familles roms qui ne
voudraient pas se fixer dans les limites de cette « Ligne Verte
» iront ici-et-là, avec leurs caravanes comme ils l’ont toujours
fait, et s’établiront là où ils le désirent, un peu comme des
postes détachés, ou des colonies, si vous préférez…
- Ho, ho, attention-là, il y a des mots dangereux à ne pas
utiliser impunément ! Enfin, moi je veux bien… mais si ces
colonies comme vous dites, non contentes d’outrepasser cette «
Ligne Verte » débordent même des anciennes frontières
françaises… que fait-on !?
- Là non plus, ce n’est pas bien grave, l’UE ne va quand même
pas chicaner pour si peu ! Et en gros, s’ils débordent au Nord,
ils se trouveront en terre wallonne qui ne sait plus si elle
veut rester belge ou devenir française, donc quelques familles
roms de plus ou de moins ne feront pas la différence. A l’Est,
ils se retrouveront soit en Allemagne, autre grand pays de l’UE
qui peut bien prendre en charge les quelques uns dont
elle a envoyé les ainés dans ses camps nazis ; soit en
Italie, qui à l’époque était alliée à l’Allemagne d’Hitler et
qui a donc sa part de responsabilités, elle aussi. Et au Sud,
ils auront le choix entre le pays basque et le pays catalan, qui
ne se reconnaissent plus espagnols et réclament leur autonomie,
alors… Il y a donc bien assez de place pour ces quelques égarés
qui ne voudraient pas se sédentariser sur le territoire délimité
que l’UE leur assignerait…
- Oui mais, il paraît aussi qu’ils sont menteurs, voleurs et de
mœurs bizarres, et qu’ils s’installent où bon leur semble et
mettent ainsi la sécurité de l’Etat et des communes qui les
accueillent en danger !
- Mais tout cela n’est pas grave, voyons ! L’on construira un
mur de sécurité pour nous en protéger… Imaginez un peu le
chantier, c’est une manne à ne pas rater par les temps qui
courent ! Et puis il y aura aussi nos policiers et nos forces de
l’ordre pour surveiller ces nouvelles frontières… On pourrait
même prévoir des portes d’accès dont ces forces de sécurité
contrôleraient l’ouverture et la fermeture en cas d’agitation
excessive ou de risques de rébellion. Ainsi, il n’y aurait aucun
risque d’infiltration.
- Mais si certains d’entre eux finissaient quand même par
échapper au contrôle et se mélanger alors aux populations
locales ! Imaginez un peu les conséquences…
- Mais puisque je vous dis que les « experts » se pencheront sur
toutes ces questions ! Allons, il n’est quand même pas difficile
de leur donner des papiers sur lesquels ils seront clairement
identifiés comme Roms ! Ce ne sont-là que des détails, et vous
voyez bien qu’il y a toujours une solution à tout. N’oubliez pas
que nous sommes l’Europe ! Nous n’allons tout de même pas nous
laisser influencer pour si peu. Le cas échéant, nous enverrons
l’armée et ils comprendront vite qui est le maître ! Et puis,
vous savez, pour faciliter ces grandes manœuvres, nous avons une
ADM des plus efficaces (Arme de Décérébration Massive),
incontournable : les médias habituels s’emploieront à un
matraquage en bonne et due forme et publieront les envolées
lyriques et les papiers dithyrambiques que ne manqueront pas de
nous pondre la clique d’intellos-bien-pensants-du-tout-Paris à
propos d’une telle solution ; ainsi que des interviews de
quelques stars « people » triées sur le volet… Je suis certain
qu’on pourrait même imaginer un méga-concert européen pour
récolter des fonds. On pourrait l’appeler, voyons un peu, euh… «
L’Euroute du Rom »... je vois déjà les affiches, et l’impact sur
le public ! Vous verrez, ce sera un truc de ouf, ils ne pourront
pas refuser…
Épilogue :
A travers la question posée par les gens du voyage, nous vivons
un moment intéressant, permettant de comptabiliser combien
d’entre ceux qui sont toujours prêts à dicter leurs impératifs
aux autres nations, se proposeront pour accueillir les Roms qui
le désirent… Peut-être comprendront-ils enfin la résistance
toute légitime des Palestiniens de qui ces mêmes discoureurs
exigent pourtant depuis des décennies d’accepter les conditions…
inacceptables que l’entité sioniste soutenue par eux, tentent
d’imposer aux Palestiniens…
Moralité de l’histoire : hélas pour les Roms,
ils ne sont pas les Juifs…
Et avant que l’image de la France ne soit complètement dévoyée
par la bêtise d’une poignée d’incultes arrogants, je voudrais
rappeler ce qui a pu faire aussi sa grandeur, par ces lignes : «
Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de
Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois
que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable,
c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien
qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir
de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de
jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose
de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les
gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à
l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de
la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les
minorités, elle m’exaspère. Du jour où je ne serai plus indigné,
je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton.
»
Extrait d’une lettre de Gustave Flaubert à George Sand – 12 juin
1867
Concrètement :
Les faits sont clairs et incontestables : une circulaire du 5
août dernier, signée par le directeur de cabinet du Ministre
Hortefeux, adressée aux préfets, au directeur général de la
police et de la gendarmerie nationales, est libellée ainsi : «
Le Président de la République a fixé des objectifs précis, le 28
juillet dernier, pour l'évacuation des campements illicites :
300 campements ou implantations illicites devront avoir été
évacués d'ici trois mois, en priorité ceux des Roms. »
Et plus loin, la même circulaire stipule que chaque préfet doit
s'assurer : « …de la réalisation minimale d'une opération
importante par semaine (évacuation / démantèlement / reconduite)
concernant prioritairement les Roms. »
Au cours d’un déjeuner à l’Elysée dont on ose à peine imaginer
l’ambiance, incapable de se maîtriser, le président français a
exprimé sa morgue, stigmatisant cette fois la Commissaire
européenne à la Justice, la Luxembourgeoise Viviane Reding pour
ses remontrances ; et ses obséquieux courtisans n’ont pas fait
mieux, détournant la forme du blâme, au détriment du fond. Or,
la stigmatisation est clairement établie. Et les détours des
ministres se dérobant ou tentant de minimiser les faits, à
l’instar de leur mentor, ne font qu’ajouter à la gravité de
leurs décisions. On savait le gouvernement Sarkozy miné par le
populisme. La réalité est sans doute bien pire. Et l’arrogance
du petit monarque et de ses suppôts bat tous les records de
vulgarité. Quand l’on entend les réactions outrées de ces
sinistres individus, réagissant aux critiques qui leur sont
adressées alors que nombre d’entre eux sont empêtrés dans des
dossiers plus que douteux, ceux-là devraient non seulement être
démissionnés, mais dans une démocratie saine et qui se respecte,
être déchus de leur droit d’éligibilité. À vie !
Daniel Vanhove : Observateur civil, auteur.
Son dernier livre : La Démocratie Mensonge, Ed. Marco Pietteur –
coll. Oser Dire, 2008.
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