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Opinion
Le Moyen-Orient, au bord d'une nouvelle
« préventive » ?
Daniel Vanhove
Dimanche 15 août 2010
Faut-il rappeler l’absolue désolation de 20 ans d’embargo, trois
guerres et des millions de victimes d’un Irak totalement détruit
et en proie à des attentats quotidiens depuis l’illégale
intervention américano-britannique en 2003 ; rappeler aussi les
bombardements continus sur l’Afghanistan qui après 10 ans de
résistance contre l’invasion par URSS en est bientôt à 10 ans de
résistance contre l’invasion par les USA et l’OTAN ; rappeler
encore l’interminable calvaire de la Palestine sous la botte
israélienne, et cela depuis plus de 62 ans d’une
partition brutale et injuste suivie d’une occupation humiliante
et meurtrière ; ainsi que les bavures régulières que
s’autorisent les « forces
de la coalition » au Pakistan, tuant régulièrement tant
d’innocents dans un décompte probablement minimaliste ; et les
incessantes provocations de l’armée sioniste aux frontières du
Liban, après leurs nombreuses et sanglantes interventions
armées dans ce pays occupé pendant 20 ans ; les pressions
constantes exercées sur la Syrie accusée à tort dans
l’assassinat du 1er ministre libanais R. Hariri,
amputée d’une partie de son territoire dans le Golan, et
toujours dans l’œil du cyclone ?...
Faut-il rappeler les incalculables victimes civiles de tous ces
conflits dans une région déchirée, démantelée, dépecée par les
appétits néocoloniaux d’une poignée de puissances occidentales,
les qualifiant de manière méprisante de
« dommages collatéraux » ?...
Faut-il donc rappeler tous ces crimes, ces meurtres, ces
assassinats, ces innombrables blessés et handicapés, ces
familles décimées et inconsolables à vie, cette immense
désolation que nos pays dits
« civilisés »
perpétuent en notre nom (!), la plupart du temps sous de faux
prétextes… pour espérer que nous n’oubliions pas !?
En ces temps d’intenses manœuvres diplomatiques aussi bien que
militaires, dans un Moyen-Orient tellement dévasté par des
années de sanctions, d’embargos, de blocus et de guerres
multiples, il ne s’agit évidemment pas d’ « en
rajouter une couche » ! Mais plutôt de garder notre sens
critique en éveil afin de ne pas nous laisser berner une fois de
plus par la propagande mensongère qui s’évertue à nous préparer
à la prochaine. Ainsi, le livre
Le lobby pro-israélien et
la politique étrangère américaine de John Mearsheimer et
Stephen Walt paru en 2007 aux Ed. La Découverte, ne devrait-il
pas être oublié. Je voudrais tout au contraire en rappeler
certains passages éloquents, afin de bien comprendre la
stratégie déployée par de puissants lobbies qui tentent
d’influencer les décisions de la politique américaine – et
européenne par rebond – ainsi que leurs opinions publiques.
Dans un chapitre consacré à l’Irak on peut y lire :
« (…) au cours de la
période qui précéda la guerre, les Etats-Unis étaient à la fois
puissants, confiants dans leur supériorité militaire, et
profondément inquiets au sujet de leur sécurité – un cocktail
dangereux.
Ces différents éléments forment le contexte stratégique de la
décision d’entrer en guerre, et nous aident à comprendre ce qui
a sous-tendu et facilité ce choix. Mais l’équation comportait
aussi une autre variable, sans laquelle la guerre n’aurait
jamais eu lieu. Cet élément est le lobby pro-israélien, et
notamment un groupe de politiciens et de leaders d’opinion
néoconservateurs qui pressaient les Etats-Unis d’attaquer l’Irak
depuis bien avant le 11 septembre. La faction pro-guerre pensait
que le renversement de Saddam améliorerait la position
stratégique des Etats-Unis et d’Israël, et inaugurerait un
processus de transformation régionale dont profiteraient les
deux nations.
(…) Les pressions exercées par l’Etat hébreu et le lobby
pro-israélien n’expliquent pas à elles seules la décision prise
par l’administration Bush d’attaquer l’Irak en mars 2003, mais
elles en constituaient un élément déterminant.
(…) nous affirmons que la guerre était largement motivée par le
désir de renforcer la sécurité d’Israël. Il s’agissait déjà
d’une affirmation controversée avant que la guerre ne débute,
mais elle l’est plus encore maintenant que l’Irak est un devenu
un désastre stratégique.
(…) Affirmer cela ne revient pas à dire qu’Israël ou le lobby
« contrôlent » la
politique étrangère des Etats-Unis. Cela veut tout simplement
dire qu’ils ont appelé avec succès à la mise en œuvre de
certaines politiques, et que, dans un contexte spécifique, ils
ont atteint cet objectif. Si les circonstances avaient été
différentes, ils n’y seraient pas parvenus. Mais sans leurs
efforts, l’Amérique ne serait probablement pas en Irak
aujourd’hui.
(…) Tout au long des mois précédant l’entrée en guerre, les
dirigeants israéliens craignaient en effet que Bush décide
finalement de ne pas y aller, et ils firent tout ce qui était en
leur pouvoir pour s’assurer qu’il ne change pas d’avis à la
dernière minute.
Pourquoi un tel détour ? Parce qu’aujourd’hui, alors que l’une
des plus anciennes civilisations du monde est dévastée et en
proie à une guerre civile qui risque bien de s’éterniser, les
informations qui nous sont pernicieusement distillées en
provenance d’Iran sont du même ordre. Le refrain est le même,
seul le couplet a changé : il n’est plus question d’ADM, mais de
bombe nucléaire. Eh oui !, pour tenter de masquer un tant soit
peu l’échec absolu de l’entreprise irakienne – sans parler de
celle d’Afghanistan – il faut trouver un moyen d’effrayer plus
encore les populations dans le monde pour qu’elles soutiennent
l’éventualité d’une option militaire, en utilisant ce qui
produira un impact plus fort sur les esprits que les ADM : la
bombe atomique ! Tout le monde sait que la simple allusion à
l’arme atomique provoque l’effroi le plus total au sein des
populations. Les images des gigantesques champignons nucléaires
sur Hiroshima et Nagasaki nous sont rappelées régulièrement. La
dévastation instantanée et totale de ces deux villes a marqué
les mémoires. Imaginer qu’aujourd’hui, un pays puisse envisager
le recours à une telle technologie suffit à en provoquer le
rejet immédiat et sa mise au ban de la société par l’ensemble
des Nations. Les
« experts » en communication le savent bien, qui manipulent
l’information et tentent de nous terrifier à la seule idée qu’un
gouvernement, ostracisé pour sa culture, ses méthodes et
présenté comme l’ennemi public n°1, serait sur le point de
l’utiliser.
Mais, un peu plus loin dans le livre, on peut lire : « (…)
Certains articles de presse affirmaient que « des membres
des services de renseignement israéliens disposent d’éléments
indiquant que l’Irak redouble d’efforts pour produire des armes
biologiques et chimiques ».
Sur CNN, Perès déclara
« penser et savoir qu’il [S. Hussein] cherche à acquérir une
option nucléaire ». Selon
le quotidien hébreu Ha’aretz, Saddam avait donné « ordre (…)
à la Commission irakienne pour l’énergie d’accélérer le rythme
de son travail ». Israël
alimentait Washington en rapports alarmistes concernant les
programmes irakiens d’ADM à un moment où, selon les termes mêmes
de Sharon, « la coordination stratégique entre Israël et les
Etats-Unis a atteint un niveau sans précédent ».
Au lendemain de l’invasion et après les révélations concernant
l’absence d’ADM en Irak, le comité du Sénat en charge des
Relations avec les services de renseignement ainsi que la
Knesset publièrent séparément des rapports révélant que
l’essentiel des informations transmises à l’administration Bush
par Israël étaient fausses.»
Or, comme l’affirmaient en son temps Saddam Hussein et ses
proches collaborateurs démentant
le fait de posséder des ADM, le président Ahmadinejad et
l’ensemble de son gouvernement ne cessent de dire et de répéter
que l’objectif poursuivi par leur technologie nucléaire est de
l’ordre du civil et non de l’armement. Parallèlement, de
nombreuses voix – que l’on tente d’étouffer – se sont déjà
faites entendre pour signaler qu’au stade actuel, l’Iran ne
possédait aucune arme atomique, et qu’il faudrait plusieurs
années avant de pouvoir
« éventuellement » en fabriquer. Propos non démentis par les
inspecteurs de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie
Atomique) qui, soit dit en passant, ont accès à certains sites
nucléaires iraniens, mais se voient refuser tout accès aux sites
israéliens !
Par ailleurs, d’après des informations en provenance d’Al Manar
– le silence de nos médias est éloquent sur la question – il
semble que des ex-agents de la CIA viennent d’adresser une
lettre au président Obama, le mettant en garde contre une
attaque surprise de la part d’Israël qui déclencherait
ce
mois-ci des
bombardements sur l’Iran, contraignant ainsi les USA à leur
venir en aide, puisque l’Iran a prévenu qu’en cas de violation
de son territoire tant aérien, maritime que terrestre, il
réagirait. Info ou intox ? Sans vouloir jouer les Cassandre, les
signataires d’une telle lettre paraissent bien placés que pour
prendre leur initiative suffisamment au sérieux. La perspective
des négociations qui se profilent en septembre entre le régime
iranien et Washington, après l’accord tripartite avec le Brésil
et la Turquie à propos de la question nucléaire, indispose
Tel-Aviv qui craint que s’éloigne ainsi la possibilité d’une
intervention armée. L’on voit clairement qu’après la guerre en
Irak, celle en Iran servirait prioritairement les intérêts
israéliens. De même, des
« experts » russes voient
inévitable une guerre
prochaine avec l’Iran, déclenchée vers l’automne, au travers un
Etat tiers comme le Liban – dont la résistance armée du
Hezbollah insupporte Israël – qui servirait d’appât et d’excuse
pour étendre le conflit à d’autres pays voisins. L’accrochage
autour d’un arbre à déraciner la semaine dernière a démontré que
la provocation israélienne n’hésite pas à utiliser tout et
n’importe quoi pour provoquer un incident majeur. Fort
heureusement, le Hezbollah – objectif que l’armée israélienne a
manqué lors de sa sanglante intervention en 2006 – n’est pas
tombé dans ce piège grossier et s’est abstenu d’intervenir.
Dans la foulée, il semble aussi que le président français en
vacances dans le Var ait reçu la visite éclair de Saad Hariri,
l’actuel 1er ministre libanais, auquel il aurait dit
que « tout devait être
fait pour éviter de nouvelles tensions… » A entendre les
conseils avisés d’un tel
« expert » en termes sécuritaire, au moins le ministre
libanais pourra se dire qu’il n’aura pas fait le déplacement
pour rien !
Ainsi, dans ce monde profondément malade, aurions-nous donc la
mémoire trop courte que pour tirer les leçons de l’actuel
désastre irakien, afghan, palestinien, pakistanais, libanais
sans voir dans quel enfer une nouvelle aventure iranienne
risquerait de nous précipiter ? L’Iran n’est ni l’Irak, ni
l’Afghanistan.ni encore moins le Liban. Ni par la taille, qui
fait quatre fois celle de l’Irak, deux fois et demi celle de
l’Afghanistan, (trois fois celle de la France)… et quatre-vingt
fois celle d’Israël. Ni par sa population près de trois fois
supérieure à celle de l’Irak et plus de dix fois supérieure à
celle d’Israël. Ni par ses possibilités de riposte. Ni par sa
farouche détermination à ne pas se laisser dicter sa politique
de développement. Ni par sa culture, ignorée voire inconnue de
la plupart des Occidentaux qui la confondent bien souvent avec
un pays arabe, dans les amalgames paresseux et méprisants que
beaucoup de ces
« spécialistes » affichent dans leur approche de tout ce qui
n’est pas européo-centré. Et après des années de déversement de
tonnes de bombes dans les pays visés, avec l’objectif de
« sécuriser » la
région, d’y apporter la
« liberté » et la
« démocratie » et toutes ces fariboles du même ordre, le
résultat est exactement l’inverse de ces fumeuses théories
développées par tous ces
« experts » venus nous vendre leurs sales guerres ! Le
pouvoir irakien est dans l’impossibilité de former un
gouvernement d’union nationale entre kurdes, sunnites et chiites
et les attentats se multiplient ; le Hezbollah n’a jamais été
aussi puissant au Liban ; les Taliban reprennent du poil de la
bête et dament le pion à la
« coalition » ; le
Hamas loin d’être discrédité reste très populaire en Palestine
et ce serait plutôt le Fatah et M. Abbas qui seraient affaiblis,
etc… Dans les faits, ces pays envahis n’ont jamais été aussi
déstabilisés que depuis l’incursion de forces étrangères sur
leur sol. Après la colonisation, puis la décolonisation ratée,
les nouvelles politiques étrangères de l’Occident continuent
d’être de lamentables échecs tant elles sont animées de cette
notion tenace de supériorité et de condescendance dans ses
rapports à l’autre. Elles ne sont qu’une néo-colonisation mal
ficelée, masquée, entretenant de la sorte le désordre et
alimentant la haine entre les différentes cultures. Un peu
facile de déclarer alors que nous sommes face à un
choc de civilisations !
Dès lors, dans ce monde qui n’a de cesse de s’enfoncer dans les
ténèbres, saurons-nous nous mobiliser pour empêcher qu’une telle
folie ne vienne s’ajouter à tant d’autres avec le risque réel
d’un embrasement généralisé de la région, puis de ses alentours,
pour nous atteindre rapidement à notre tour ? Saurons-nous nous
mobiliser pour faire barrage à ces lobbies et dénoncer leurs
puissantes et fallacieuses stratégies de communication ?
Saurons-nous nous mobiliser pour alerter nos décideurs
politiques et les mettre en garde de s’embarquer dans un
suivisme atlantiste dont l’issue les dépasserait ? Saurons-nous
nous mobiliser pour alerter les opinions publiques qu’un tel
nouveau conflit ne ferait qu’attiser plus encore les fractures
déjà nombreuses au sein même de nos sociétés métissées ?
Saurons-nous nous mobiliser autant que lors de manifestations
sportives mondiales, pour éviter le pire ? Ou devrons-nous
constater notre incapacité à faire désormais la différence entre
l’essentiel et l’accessoire ? Entre le
hasard et la nécessité ?
Entre le vrai et le faux ? Entre la réalité et le virtuel ?
Devrons-nous constater notre impuissance à agir devant
l’inévitable ? Devant le désir de toute puissance de quelques
uns, risquant d’entraîner tous les autres et nous avec, dans des
affres que nous ne pouvons même pas imaginer ? Avons-nous encore
assez de lucidité pour comprendre ce qu’une guerre actuelle
représente, en-dehors de celles que nous regardons de manière
virtuelle à travers des fictions de mauvais goût ou des
reportages lointains, confortablement installés dans nos
fauteuils, avec cette certitude erronée que nous serions à
l’abri de tout ?
Quelques pages plus loin, dans le même livre, les professeurs
Mearsheimer et Walt continuent à expliquer : « Destinée
à faire apparaître Saddam Hussein comme une menace imminente, la
manipulation des informations fournies pas les services de
renseignement fut un élément crucial de la campagne en faveur de
l’invasion de l’Irak. Scooter Libby joua un rôle de premier plan
dans cette opération, en se rendant plusieurs fois à la CIA pour
faire pression sur les analystes et les exhorter à produire des
éléments qui viendraient étayer le dossier en faveur de la
guerre. »
Ainsi, malgré les déconvenues que les forces occidentales
essuient sur tous les fronts dans la région, tout indique que
nous risquons de prendre exactement le même chemin qu’avec
l’Irak, à savoir : une manipulation de l’information par la
répétition à travers les médias de mensonges sur la nature du
régime iranien – ce qui a déjà commencé depuis plusieurs années
– ; sur la nature de ses recherches en matière nucléaire – en
dépit des démentis systématiques des autorités iraniennes – ;
sur la nature des intentions du président Ahmadinejad – dont
nombre de « journaleux »
déforment les propos par une traduction malhonnête – ; sur la
nature d’un danger qui est largement exagéré alors qu’il n’est
que virtuel – la fabrication d’armes nucléaires – tout en
présentant systématiquement et comme toujours, Israël comme la
future victime désignée, et qui bien sûr…
« a le droit de se défendre », sauf que dans la région c’est
le seul Etat qui n’a de cesse d’entrer en guerre avec tous ses
voisins, avec la cruauté et la brutalité que l’on connaît !…
Toujours dans le même livre, un plus loin encore, mais à propos
de l’Iran cette fois :
« L’allant avec lequel Bush définit l’Iran comme une menace
mortelle pour Israël mais pas pour les Etats-Unis, ainsi que son
engagement explicite à entrer en guerre contre l’Iran au profit
d’Israël, ont commencé à alarmer sérieusement certains secteurs
du lobby. C’est ce que signalait Forward au printemps 2006 :
‘Des dirigeants de la communauté juive ont instamment prié la
Maison Blanche d’éviter d’annoncer publiquement son désir de
défendre Israël contre de possibles agressions iraniennes’.
Ce n’est pas que ces dirigeants soient opposés au recours à une
intervention américaine pour protéger Israël, mais plutôt qu’ils
ont peur que les déclarations publiques de Bush ‘ne créent
l’impression que les Etats-Unis envisagent une action militaire
contre l’Iran au seul profit d’Israël – ce qui pourrait amener
l’opinion à attribuer aux Juifs américains la responsabilité des
conséquences négatives d’une frappe américaine contre l’Iran’ ».
Et pour en terminer avec ce qu’écrivent les professeurs
américains : «En fait,
Israël est le seul pays au monde où l’opinion publique soutient
majoritairement l’option militaire : près de 71% de la
population israélienne, si l’on en croit un sondage de mai 2007.
De même, aux Etats-Unis, les principaux groupes du lobby sont
les seules organisations importantes à prôner l’entrée en guerre
contre la République islamique. Début 2007, quand un journaliste
demanda au général en retraite Wesley Clark pourquoi
l’administration Bush semblait s’engager sur la voie d’un
conflit avec l’Iran, celui-ci répondit : ‘Il suffit de lire
la presse israélienne. La communauté juive est divisée sur la
question, mais la pression exercée sur les politiciens par les
milieux d’affaires de New York est énorme.’
Clark fut aussitôt taxé
d’antisémitisme pour avoir laissé entendre qu’Israël et certains
Juifs américains inciteraient les Etats-Unis à entrer en guerre
avec l’Iran, mais, comme le souligne le journaliste Matthew
Iglesias : ‘Tout ce que dit Clark est vrai. Mieux encore,
tout le monde sait que c’est vrai.’
Et, pour mettre les points sur les i, dans un ouvrage publié en
2006 et intitulé ‘Cible : l’Iran’,
l’ancien inspecteur des Nations Unies en Irak Scott Ritter
écrivait : ‘Qu’il n’y a aucun doute là-dessus :
si demain les Américains font la guerre à l’Iran, ce sera une
guerre made in Israël,
et nulle part ailleurs.’
En d’autres termes, sans la campagne d’Israël et du lobby, il
n’y aurait pas grand monde à Washington pour envisager
sérieusement une attaque contre l’Iran.»
A la lumière de ces différents éléments, arrêtons donc de nous
tromper nous-mêmes et regardons la réalité en face : nous
échouons partout où nous posons le pied ! Quelqu’un finira-t-il
par dresser un jour le bilan du désastre humain qu’a constitué
l’implantation de l’entité sioniste en région arabe, comme
règlement au problème strictement européen après la deuxième
guerre mondiale, avec tous les désastres en cascade que l’on
connaît depuis ? Cela risque bien d’être vertigineux ! Sans
parler de l’aspect financier, social, économique, sanitaire,
écologique,…
Enfin, les récentes confirmations du retrait des forces
militaires américaines de l’Irak planifiées pour le mois de
septembre par le président Obama auraient peut-être de quoi
réjouir… si elles n’étaient le prélude à une réorganisation
éventuelle des forces pour les maintenir disponibles en vue
d’une riposte sur l’Iran… Tout comme le retrait annoncé des
premières troupes polonaises, australiennes et néerlandaises
d’Afghanistan… Dans le
même temps, que penser de la traversée du canal de Suez il y a
quelques semaines, de bâtiments de guerre américains et
israéliens en direction du golfe… ainsi que de la livraison
récente à Israël de bombes spéciales, les BLU-117 ayant la
capacité de percer les bunkers de béton enfouis à plusieurs
mètres dans le sol… et du soudain réchauffement entre Tel-Aviv
et Washington lors de la dernière visite de Netanyahu, alors que
celui-ci continue d’ignorer les injonctions d’Obama et poursuit
sa politique de colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie,
rase les villages bédouins du Néguev, et maintient l’asphyxie
méthodique de la Bande de Gaza… et que l’administration
américaine vient d’annoncer que ses plans pour attaquer l’Iran
étaient prêts ?
Avec les arsenaux en présence, ne pas prendre réellement
conscience de la menace qui pèse sur le Moyen-Orient risque de
nous faire basculer dans la pire crise que le monde ait à
traverser… sans savoir si son issue ne sera pas une apocalypse
planétaire ! Bien que certains illuminés souhaitent cette
confrontation dans leur vision idéologique et infantile d’une
fin des temps qui verrait leur
« Messie » revenir
sur terre, l’heure est grave. Bien plus qu’elle ne l’a sans
doute jamais été. La déflagration d’une telle guerre n’aura rien
de virtuel, et personne ne sait quelles terrifiantes
conséquences en découleraient et pour combien de décennies. Si
nous pensons que la crise que nous traversons aujourd’hui est
pénible, longue et difficile, il y a tout lieu de croire que ce
n’est qu’une partie de plaisir par rapport à ce qui déferlerait
sur nous dans l’hypothèse d’un tel scénario. Nous ne pouvons pas
rester les bras croisés et penser que cela ne nous concerne pas.
Nous devons tout faire – à commencer par nous informer
correctement – chacun avec nos moyens si humbles soient-ils,
pour empêcher qu’une telle guerre soit lancée, parce que si ce
conflit est déclenché, nous n’aurons alors plus le choix entre
le chaos de cette nouvelle
« préventive » ou la
patience de négocier un accord équilibré entre parties. C’est
sans aucun doute l’un des défis les plus urgents à relever dans
l’immédiat pour la société civile, les ONG et chacun d’entre
nous. Même si une partie de l’administration américaine, les
néoconservateurs et le lobby israélien sont puissants, ils
restent minoritaires en nombre. Et quoi qu’en disent certains,
le président Obama n’est pas le président Bush. À un trimestre
des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, pourra-t-il contenir
les va-t’en- guerre qui le pressent de toutes parts ? Il faut
vraiment espérer que oui, et il nous reste donc peut-être une
petite lueur d’espoir pour agir : ne la laissons pas passer…
Daniel
Vanhove
Observateur civil
Membre du
Mouvement Citoyen Palestine
Co-auteur
de Retour de Palestine – 2002 – aux Ed. Vista
Auteur de
Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes
– 2005
et de
La Démocratie Mensonge
– 2008 – parus aux Ed. Marco Pietteur – coll. Oser Dire
Les dernières mises à
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