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Opinion
De la Bielorussie à la Côte d'Ivoire,
Halte aux ingérences de la « prétendue Communauté Internationale
»
Daniel Antonini
Samedi 25 décembre 2010
En Biélorussie, le président
Loukachenko vient d’être réélu président avec plus
de 70% des voix. Immédiatement, les forces de
droite, brandissant le sinistre drapeau de
l’impérialisme européen, descendent dans la rue pour
contester l’élection.
Le crime de Loukachenko est en effet
impardonnable : comme nous l’apprend l’inénarrable
Pujadas, toujours aux avant-postes du conformisme
européiste et de l’anticommunisme le plus grossier,
Loukachenko est un ancien membre du PCUS, il n’a pas
fait déboulonner les statues de Lénine, l’économie
est toujours collectivisée et planifiée, l’industrie
biélorusse n’a pas disparu, la Biélorussie refuse
d’adhérer à l’UE et à l’OTAN, elle entretient des
rapports fraternels avec la Russie et, chose
rarissime dans la belle Europe actuelle, « les
salaires et les retraites sont toujours payés rubis
sur l’ongle ce qui garantit à cet ancien directeur
de kolkhoze une grande popularité chez les petites
gens » (phrase entendue ce soir même, sur un ton de
reproche, au 20 h de France II) !). Ce qui bien
entendu est très mal quand on voit l’U.E., poussée
par le FMI du « socialiste »Strauss-Kahn et par
l’Internationale « socialiste » de Papandréou,
imposer partout de gravissimes politiques
d’austérité.
Immédiatement, on voit donc toute la
vraie droite et toute la fausse gauche européistes
et ANNEXIONNISTES sommer la Biélorussie de traiter
avec douceur les opposants, comme si les jeunes qui
ont manifesté contre Sarkozy au soir du 6 mai 2007
n’avaient pas été massivement matraqués et condamnés
de manière expéditive par la justice de classe !
Comme si plusieurs milliers de
salariés et de jeunes actifs dans les blocages
n’avaient pas été malmenés ou réquisitionnés par
l’appareil répressif d’Hortefeux lors du mouvement
pour sauver les retraites ! Comme si la répression
antisyndicale ne frappait pas durement tous ceux qui
contestent l’ordre néolibéral qui est en train de
plonger dans la régression sociale et dans
l’humiliation nationale des pays entiers, de
l’Irlande au Portugal, de l’Islande à la Grèce en
passant par l’Espagne et par la Roumanie ! Comme si
dans TOUS les ex-pays socialistes de l’Est, les
sondages ne montraient pas de manière massive que
les peuples, expérience faite, regrettent
massivement les acquis bien réels des régimes
socialistes et ne condamnent pas massivement
l’intégration européenne capitaliste et atlantique,
synonyme de misère pour les masses, de perte de
l’indépendance nationale, d’américanisation forcenée
de la culture et de dictature du FMI et de l’OMC !
La réalité, c’est que dans l’Europe
actuelle, tout ce qui va dans le sens de
l’exploitation capitaliste est célébré comme une
« avancée démocratique » même s’il s’agit des pires
régressions sociales et démocratiques.
Notre propos n’est nullement de dire
que tout est pour le mieux dans le meilleur des
mondes dans la Biélorussie de Loukachenko : mais
tout simplement, il revient aux Biélorusses de faire
la loi dans leur pays sans que la dictature
européenne et ses parrains américains viennent
dicter leur loi aux Biélorusses. Puissions-nous
également, dans notre propre pays vassalisé, décider
de notre avenir économique et social, préserver
notre langue de l’invasion du tout-anglais, rétablir
notre souveraineté monétaire, politique,
diplomatique, etc., sans recevoir sans cesse les
diktats de Bruxelles et de Berlin, relayés sur notre
sol par un pouvoir qui préfère les marchés
internationaux à son propre pays.
La situation en Côte-d’Ivoire est
évidemment très différente de celle de la
Biélorussie. Néanmoins, c’est encore la question du
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui
constitue la dimension centrale de la situation
politique tendue de ce pays d’Afrique.
Mais quel que soit le jugement qu’on
peut porter sur Gbagbo, membre de l’Internationale
socialiste, et sur Ouattara, homme-lige du FMI et de
la « Communauté internationale », -c’est-à-dire en
réalité de l’impérialisme euro-atlantique-, il
revient aux Ivoiriens et à eux seuls, avec l’aide au
besoin des peuples africains frères, de rétablir la
concorde civique menacée. Sarkozy, l’homme du
« discours de Dakar » qui a insulté « l’homme
africain » et l’accusant de ne « pas être entré dans
l’histoire », est le dernier à pouvoir faire preuve
d’arrogance au sujet de l’avenir de la
Côte-d’Ivoire. Chacun sait que derrière le régime
UMP, ce sont les sociétés transnationales de la « Françafrique »,
qui se mue de plus en plus en « Franceuropafric »
qui parle, somme, commande ! Les propos tenus par
Sarkozy ne peuvent que pousser à l’affrontement et à
la guerre civile en Côte-d’Ivoire tout en attisant
le ressentiment contre notre pays et contre les
travailleurs français qui vivent en Afrique.
Il revient aux Ivoiriens, il revient
aux Africains et à eux seuls, de régler le problème
ivoirien en ouvrant des perspectives démocratiques,
nationales et sociales à ce pays que le régime
néocolonialiste de Houphouët-Boigny a laissé dans un
état critique. Quant à l’Europe et aux USA, attendre
d’eux qu’ils règlent les problèmes d’autrui alors
qu’ils sont la principale cause d’oppression,
d’injustice et de misère dans le monde, ce serait
aussi intelligent que d’attendre d’Al Capone qu’il
se transforme en Père-Noël.
Plus que jamais, l’impérialisme est
l’ennemi majeur des peuples, de la paix. Plus que
jamais, défendons le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes et souvenons-nous du mot de Jean
Jaurès : « la souveraineté politique du peuple est
le socle de l’émancipation sociale ».
Daniel ANTONINI Pôle de Renaissance
Communiste en France Initiative communiste
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