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L'EXPRESSIONDZ.COM
L’ASCENDANCE JUIVE D’HITLER
Une «explication» par la haine de soi
Pr Chems Eddine Chitour
Lundi 26 avril 2010
«La haine qu’on se porte à soi-même est
probablement celle entre toutes pour laquelle il n’est pas de
pardon.»
Georges Bernanos Une publication parue
cette semaine a attiré mon attention. Il s’agit ni plus ni moins
de la généalogie d’Adolf Hitler qui aurait des ascendants
juifs!! Dans son article, Gilles Bonafi présente une fiche des
Renseignements généraux que le magazine Sciences et Avenir a
publié en mars 2009, et où on peut clairement lire le deuxième
prénom d’Hitler: Jacob. Adolf Jacob Hitler serait le petit-fils
de Salomon Mayer Rothschild. Cette information a été divulguée
par deux sources de très haut niveau: Hansjurgen Koehler
officier d’Heydrich, qui était lui-même l’adjoint direct
d’Heinrich Himmler et Walter Langer le psychiatre qui a réalisé
le profil psychologique d’Hitler pour l’OSS, les services
secrets US pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Livre Jaune
n°7 (Collectif d’auteurs, Ed. Félix, Fritz Springmeier) s’était
déjà penché sur ses origines et avait écrit: «Walter Langer,
un psychanalyste, démontre dans son livre "The mind of Hitler",
preuves à l’appui, qu’Hitler était le petit-fils du baron de
Rothschild de Vienne. La police autrichienne a constitué un
dossier secret sur les origines d’Hitler. Le chancelier Dollfuss
avait ordonné cette enquête. On a découvert que sa grand-mère,
Maria Anna Schicklgruber, travaillait au service du baron
Rothschild, quand elle est tombée enceinte. Quand les Rothschild
ont appris la nouvelle, ils l’ont envoyée dans une clinique de
la ville dont elle était originaire.»(1)
«C’est là qu’est né en 1837, Aloïs Hitler, le père d’Adolf
Hitler.» En effet, celui qui a diligenté cette enquête,
Engelbert Dollfuss, chancelier fédéral de l’Autriche du 20 mai
1932 au 25 juillet 1934, ainsi que dictateur à partir du 4 mars
1933 s’opposait à Hitler. Il avait ainsi tenté de déstabiliser
son pire ennemi. Hitler l’a d’ailleurs fait assassiner le 25
juillet 1934 par des nazis déguisés en uniforme militaire.
Hansjurgen Koehler, un officier de haut grade de la Gestapo, qui
travaillait pour Reinhard Tristan Eugen Heydrich, adjoint direct
de Heinrich Himmler, aurait conservé les documents relatifs à
cette enquête, documents qu’il a dévoilés en partie dans son
livre «A l’Intérieur de la Gestapo» et dans lequel on
retrouve les origines d’Adolf Hitler à la page 143. Mais, la
deuxième source fondamentale concernant les origines d’Hitler
provient de Walter Langer. Walter Charles Langer (1899-1981)
n’était pas n’importe qui. Il a été professeur à l’université
d’Harvard mais surtout, il a été responsable d’un rapport
intitulé «A Psychologial Profile of Adolf Hitler His Life and
Legend» sur le profil psychologique d’Hitler pour l’«Office
of Strategic Services» basé à Washington. Plus étonnant
encore, son frère aîné William était le responsable du
département d’histoire à l’université d’Harvard et surtout, à la
tête de la section analyse et recherche de l’Office américain
des Services Stratégiques (OSS). (...) C’est pourquoi «The
Mind of Adolf Hitler, The Secret Wartime Report» (qui est en
fait la publication du rapport secret commandité par l’OSS: «A
Psychologial Profile of Adolf Hitler His Life and Legend»)
écrit en 1972 par Walter Charles Langer, qui affirme qu’Hitler
était le fils illégitime de Maria Anna Schicklgruber et de
Salomon Mayer Rothschild, n’est pas un livre comme les autres et
que ses affirmations concernant les origines d’Hitler sont à
prendre avec le plus grand sérieux.(1) C’est Alice Miller,
pédopsychiatre polonaise réfugiée en Suisse et morte il y a une
dizaine de jours, qui a dit qu’Hitler avait des origines juives.
En 1980, dans son ouvrage intitulé C’est pour ton bien, Alice
Miller avait notamment fait valoir l’idée que le père d’Adolf
Hitler, en frappant son fils et en le persécutant moralement,
l’avait poussé à se dévaloriser et à mépriser les Juifs. Elle
explique le processus de la folie destructrice. Elle prétend que
le père d’Hitler, Aloïs Hitler fut le fils naturel d’un
commerçant juif chez qui sa grand-mère goy était bonne. Le père
d’Hitler était très violent. Hitler a d’ailleurs, totalement
détruit le village de son père en Autriche. Hitler n’a immigré
en Allemagne qu’en 1912, pour fuir son devoir de citoyen
austro-hongrois; il n’a acquis la nationalité allemande qu’en
1932!
Une autre version qui aboutit à la même conclusion est rapportée
dans le journal L’Express par Ron Rosenbaum. «Hitler avait-il
des origines juives, comme l’affirmèrent certains à partir des
Mémoires de Hans Frank? La scène primitive de la controverse sur
la généalogie de Hitler est le site de Döllersheim, dans le
Waldviertel, contrée agricole du nord de l’Autriche, près de la
frontière tchèque. Là se trouvait un petit village, totalement
rasé dans des circonstances non élucidées - ordre de Hitler? -
pendant la guerre. Il possédait une église qui abritait
autrefois le registre paroissial où ont été consignés certains
épisodes de l’histoire familiale du Führer: la naissance
illégitime de son père, Aloïs Schiklgruber, l’étrange mariage
tardif de la mère de celui-ci avec le grand-père officiel de
Hitler, Georg Hiedler, sans que celui-ci devienne pour autant
responsable de l’enfant, et enfin le changement de nom. Quarante
ans après être né Alois Schiklgruber, le père du futur Führer
est en effet devenu Aloïs Hitler. Treize ans avant la naissance
d’Adolf. (...)»(2)
Le chantage du neveu
Que trouve-t-on à l’appui de cette théorie?
Essentiellement une source: le témoignage de Hans Frank,
condamné à mort comme criminel de guerre à Nuremberg. Avant
d’être pendu, il rédigea dans sa cellule des Mémoires qui ne
furent publiées qu’en 1953. L’ancien chef nazi prétendait que,
alors jeune avocat au service de Hitler, il fut, en 1930, chargé
par celui-ci d’une enquête de confiance. Hitler faisait l’objet
d’un chantage de la part d’un jeune demi-neveu, William Patrick
Hitler, qui vivait alors avec sa mère à Liverpool: il lui
réclamait de l’argent, sous la menace de révéler son secret de
famille à la presse anglo-saxonne. Le récit de Hans Frank est en
partie vrai: non seulement ce chantage a eu lieu, mais Hitler a
payé son neveu. Mais de quel secret de famille s’agissait-il?
Hans Frank dit avoir découvert des «documents de paternité»
- une correspondance entre une famille juive et les
grands-parents paternels de Hitler. Hans Frank ajoute que, pour
repousser l’idée de cette généalogie, Adolf Hitler se persuadait
que l’enfant était en réalité de Georg Hiedler, mais que le
couple, pauvre, avait monté ce stratagème pour obtenir, par
chantage, de l’argent d’une riche famille juive. Selon Hans
Frank, Hitler préférait ainsi faire de ses grands-parents de
misérables petits escrocs, plutôt que d’accepter l’idée d’un
grand-père juif.(..) Le psychologue américain G.M.Gilbert,
confident de Hans Frank, s’est dit persuadé que Hans Frank
n’avait pas inventé cette histoire de la filiation incertaine et
y décelait l’origine de l’antisémitisme du dictateur. Selon le
Dr Gilbert, l’obsession de Hitler que cette histoire puisse être
vraie «ne pouvait se résoudre dans son cerveau malade qu’en
montrant qu’il n’y avait pas de pire antisémite que lui sur la
terre; aussi, comment aurait-il pu être juif?».(2)
Si les faits sont avérés, on comprendrait la mécanique du
fonctionnement du cerveau de Hitler. Ron Rosembaum écrit: «Certains
veulent y voir l’origine de son antisémitisme. Les doutes sur sa
filiation et sa propre pureté raciale, la crainte d’avoir hérité
du "sang juif" d’un grand-père inconnu, auraient selon eux
poussé Hitler à des attitudes et des actes d’un antisémitisme
toujours plus virulent pour prouver (à ses propres yeux autant
qu’à ceux des autres) qu’il n’avait pas été "infecté", se
débarrassant de ses soupçons quant à l’existence d’un juif en
lui en éliminant tous les juifs autour de lui.»(2) Gilles
Bonafi arrive à la même conclusion: «...En effet, comment
analyser la haine d’Hitler pour les juifs si on connaît ses
origines sémites? Se cacherait-il quelque chose de plus
important? Hitler a-t-il obéi à des puissances supérieures comme
cela est écrit sur sa fiche des Renseignements généraux?»
(1) L’imbrication de l’ascendance juive et Hitler ne s’arrête
pas là. L’histoire des soldats juifs d’Hitler demeure au rang
des pages occultées de la Seconde Guerre occidentale. Cependant
un ouvrage, agrémenté par de nombreux documents et divers
témoignages inédits, lève le voile et retrace l’histoire de ces
nom-breux Allemands d’ascendance juive qui, à des degrés divers,
ont rejoint l’armée allemande pour combattre et servir les
idéaux et intérêts d’Hitler. Bryan M.Rigg explique comment ces
hommes ont délibérément choisi de servir les ennemis de leur
peuple dans l’espoir de protéger leur famille mais aussi
simplement par patriotisme. On compte parmi eux des Amiraux et
des Feld maréchaux qui ont reçu de la main d’Hitler leur «attestation
d’aryanité».(3)
Comment alors expliquer le comportement d’Hitler et de tous ceux
d’ascendance juive qui ont voulu effacer leur racine? Une
expression à la mode: la haine de soi, terme d’ailleurs, utilisé
dans un autre contexte par un homme politique français pour
s’affranchir de la tyrannie de la repentance. Cette expression
de haine de soi conceptualisée par Albert Memmi dans «l’étude
du colonisé», a été aussi vécue par les beurs. L’injonction
qui leur est faite à l’intégration produit donc une rupture au
sein des ex-colonisés, dans la logique des élites indigènes de
l’époque coloniale, ayant pour mission de «civiliser» les
«masses barbares». Une partie des individus ayant émergé
du mouvement social issu de l’émigration des années 1980 peuvent
être identifiés à cette catégorie, comme certaines figures
médiatiques de la «beuritude» (Malek Boutih, Fadéla
Amara, Rachida Dati). Cette figure de l’héritier se rapproche de
la première réponse du colonisé au rapport colonial qu’identifie
Memmi: l’amour du colonisateur et la haine de soi. Il semble que
les Juifs n’échappent pas à ce "complexe" de la haine de soi.
Pierre Itshak Lurcat explique cette haine de soi en citant
plusieurs exemples pour conforter son plaidoyer. Ecoutons-le: «(...)
C’est le philosophe juif allemand Theodor Lessing qui créa
l’expression ´´Jüdische Selbsthass´´ - haine de soi juive - pour
décrire ce phénomène bien particulier, affectant une partie de
l’intelligentsia juive européenne au début du siècle dernier.
Dans un livre paru en 1930, Lessing décrivait six cas de Juifs
atteints de haine de soi caractérisée, sous sa forme la plus
aiguë, qui les conduisit presque tous au suicide. Le plus
célèbre parmi eux est Otto Weininger, qui se suicida un an après
s’être converti au protestantisme. (...) On prête à Adolf Hitler
cette boutade sinistre, au sujet de Weininger: "Il n’y avait
qu’un seul Juif honnête, et il s’est suicidé." Selon une des
explications, Weininger aurait voulu échapper définitivement à
sa condition juive, ayant expliqué dans son livre que le
christianisme était "la plus haute expression de la foi", tandis
que le judaïsme était à ses yeux la "forme extrême de la
couardise...". Il attribuait à l’influence juive la décadence de
son époque, ce qui explique que les nazis avaient utilisé
certains extraits de son oeuvre dans leur propagande».(4)
«(...) Simone Weil, elle aussi touchée par cette maladie,
passe en revue plusieurs Juifs célèbres atteints de haine de
soi. Rachel Levine-Varnhagen (1771-1832), femme de lettres juive
allemande, avait pour «aspiration centrale de se dépêtrer de son
judaïsme», selon sa biographe Hannah Arendt (qui avait
elle-même un rapport ambigu au judaïsme et à Israël). Varnhagen
ira jusqu’à écrire, à propos de sa judéité: «Jamais, à aucune
seconde, je n’oublie cette infamie. Je la bois dans l’eau, je la
bois dans le vin, je la bois avec l’air, à chaque respiration.»
Elle dira encore que «le Juif doit être exterminé en nous,
même au prix de nos vies». Giniewski compare Varnhagen à
Simone Weil, elle aussi atteinte de haine de soi, de manière
explicite: «Mon attitude envers moi-même est un mélange de
mépris, de haine et de répulsion.»(4)
Une haine
florissante
Shmuel Trigano a consacré un numéro de la
revue Controverses au phénomène des «alterjuifs» -
néologisme créé par la psychiatre Muriel Darmon -, ces
intellectuels juifs, en France et ailleurs, qui épousent
systématiquement la cause des ennemis d’Israël. En Israël même,
la haine de soi juive est florissante dans tous les secteurs de
la vie intellectuelle, artistique et politique(...)... Et c’est
aussi cette haine de soi pathologique qui explique le
comportement délirant de certains «alterjuifs» en France
(et ailleurs), dont nous avons eu plusieurs illustrations
récentes, à l’occasion de la guerre contre le Hamas à Ghaza.
Quand un auteur de guides touristiques (membre de l’association
de Juifs antisémites UJFP) écrit dans les colonnes du Monde
qu’il faut «effacer le nom de son grand-père à Yad Vashem»,
il fait preuve d’une haine de soi qui apparaît bien dans ces
lignes: «En conservant au Mémorial de Yad Vashem, au coeur de
l’Etat juif, le nom de mes proches, votre Etat retient
prisonnière ma mémoire familiale derrière les barbelés du
sionisme...»(4)
Curieusement, alors que tout l’argumentaire est en faveur d’un
complexe s’agissant d’Hitler qui - si on prête crédit à son
ascendance juive - de haine de soi, Pierre Itshak Lurca bifurque
vers une autre explication: l’antisémitisme qui imprégnait la
société viennoise du début du siècle: Ecoutons-le: «(...) Il
faut bien comprendre que le racisme contre les Juifs
(l’antisémitisme), est ancien. Ce n’est pas Hitler qui l’a
inventé, ni les Allemands! Le nazisme reprend l’antisémitisme
ancien et y ajoute un "racisme biologique". Hitler va donc
reprendre cet antisémitisme ancien. Il y ajoute des théories
fumeuses, soi-disant "scientifiques" qui prouveraient la
supériorité de la soi-disant "race aryenne" (avec au-dessus de
tout, les Allemands) sur la "race juive". Il s’appuie sur des
théories assez fumeuses émises en particulier par un Français,
le comte de Gobineau, au XIXe siècle. Hitler a été au contact de
l’antisémitisme (racisme contre les Juifs) qui existait à Vienne
quand il était jeune: Hitler, sans métier, sans logement,
clochardisé, devra quelque temps loger dans un asile pour SDF.
C’est à cette époque qu’il sera au contact de journaux racistes
contre les Juifs. Toute sa haine s’exprimera à partir de là
contre les Juifs».(5)
Un fait pourtant inexplicable est l’accord de l’Agence juive
pour le transfert des Juifs vers la Palestine. Mais ceci est une
autre histoire. C’est dire que les choses ne sont pas aussi
simples et la diabolisation du IIIe Reich par les médias
occidentaux est tout, sauf impartiale.
1.Gilles Bonafi: Le secret d’Adolf Jacob
Hitler 23 avril 2010
2.Rosenbaum Ron: Le secret de famille du Führer. L’Express
01/10/1998
3.Bryan M.Rigg: La tragédie des soldats juifs d’Hitler
4.Itshak Lurçat: La haine de soi juive, du pathologique au
politique. Blog de l’auteur. 30.01.2009
5.I. Lurçat: Pourquoi Hitler en voulait-il aux Juifs?
http://pagesperso-orange.fr/d-d.natanson/antisemitisme.htm
Pr Chems Eddine Chitour, Ecole nationale
polytechnique, enp-edu.dz
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Publié le 26 avril 2010 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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