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L'EXPRESSIONDZ.COM
G15
Les vœux pieux et le feuilleton du
nucléaire civil iranien
Chems Eddine Chitour
Jeudi 20 mai 2010
«On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui
l’ont engendré» Albert Einstein Dimanche
et lundi, s’est tenu, dans la capitale iranienne une réunion des
chefs d’Etat et de gouvernement, du G15- G20 (en réalité),
consacrée à la situation internationale. Devant l’inflation des
G, tâchons d’y voir clair. D’abord, on dit que seul le G2 a du
poids (Etats-Unis -Chine), ce dernier étant le banquier du
premier. Nous nous en sommes aperçus au sommet de Copenhague où
les négociations ont tourné à l’accord sino-américain).
G 7-8, G 20: le début
Les Occidentaux ont toujours développé une obsession
maladive, voire faire preuve de génie, tenter, à tout prix, de
se détacher de la masse des autres peuples considérés dans leur
imaginaire, comme des peuples inférieurs sur tous les plans et
donc, qui ont vocation, d’une façon ou d’une autre, à subir un
joug qui se décline de plusieurs façons: culturel, cultuel,
scientifique. C’est d’une certaine façon le mythe de la «destinée
manifeste» pour les races supérieures, concepts qui ont
encore cours de nos jours, sauf que les idéologues ne sont plus
Jules Ferry, Rudyard Kipling, Ernest Renan, Joseph Chamberlain,
Cécile Rhodes et j’en passe. Les nouveaux gourous du monde,
censés dicter la norme, s’appellent indifféremment Obama, Merkel,
Sarkozy, Berlusconi, DS-K,Trichet. Les «nouveaux élus» se
regroupent au sein d’abord du G7-8 à l’initiative de Giscard qui
leur offrit en 1975 le faste de Versailles pour discuter entre
deux chasses, du sort du monde. Le groupe s’est élargi à la
Russie en 1998 pour devenir le G8. Le G8 est un groupe de
discussion et de partenariat économique de huit pays parmi les
plus puissants économiquement du monde: États-Unis, Japon,
Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie.
Ensemble, ils représentent 61% de l’économie mondiale.
Le Groupe des 20 (ou G20) est un forum économique qui a été créé
en 1999, après la succession de crises financières dans les
années 1990. Il vise à favoriser la concertation internationale,
en intégrant le principe d’un dialogue élargi tenant compte du
poids économique croissant pris par un certain nombre de pays.
Le G20 représente les deux tiers du commerce et de la population
mondiale et plus de 90% du produit mondial brut (somme des PIB
de tous les pays du monde)1. Le 15 novembre 2008, pour la
première fois de son histoire, ce sont les chefs d’État ou de
gouvernement qui se sont réunis et non uniquement les ministres
des Finances. Les actuels membres du G20 représentent environ
65,2% de la population mondiale. Les régimes se répartissent
ainsi: l’union de type confédérale, 14 Républiques (dont 7
Républiques fédérales et 1 République populaire) et 5 monarchies
(dont 1 monarchie absolue).
G15-G20
Le groupe des quinze (ou G15) est une coalition de dix-huit pays
étant membres ou observateurs du Mouvement des non-alignés
(NAM): Algérie, Argentine, Brésil, Chili, Égypte, Inde,
Indonésie, Iran, Jamaïque, Kenya, Malaisie, Mexique, Nigeria,
Pérou, Sénégal, Sri Lanka, Venezuela et Zimbabwe. Le G15 a été
créé au 9e Sommet des pays non alignés, réunis à Belgrade, en
ex-Yougoslavie, en septembre 1989, animé d’un objectif commun de
croissance et de prospérité pour ses Etats membres. Les pays qui
composent ce groupe, occupent 6% des terres du monde, 34% de la
population mondiale, 17% du commerce mondial et consomment 12%
de la production d’électricité. En moyenne, 21% du PIB. Environ
28% du marché de pétrole, 18% de gaz et 29% des ressources
naturelles dans le monde, leur appartiennent témoignant du
statut important du groupe dans les équations mondiales. Il sert
à faire concurrence aux autres organisations économiques telles
que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et surtout le
Groupe des huit (G8).
Le G4
Appelé aussi pays BRIC est un acronyme qui désigne le groupe de
pays formé par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Le
premier sommet des pays Bric a eu lieu le 16 juin 2009 à
Iekaterinbourg, en Russie. Le second sommet a eu lieu le 16
avril 2010 à Brasília, au Brésil. Les dirigeants des pays du
Bric, lors du sommet à Iekaterinbourg en 2008, avaient déclaré:
Les BRIC sont des pays à forte croissance, dont, au début du
XXIe siècle, le poids dans l’économie mondiale augmente. Un
rapport de Goldman Sachs tendait à montrer que l’économie des
pays du groupe BRIC va rapidement se développer; le PIB total
des BRIC devrait égaler en 2040 celui du G6 (les États-Unis, le
Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Italie).
Chacun des BRIC se situerait en 2050 au même niveau que les
principales puissances économiques actuelles: les États-Unis, le
Japon, l’Allemagne, etc. «Il est estimé dans un nouveau rapport
que le poids des BRIC dans la croissance mondiale passera de 20%
en 2003 à 40% en 2025. Par ailleurs, leur poids total dans
l’économie passera de 10% en 2004 à plus de 20% en 2025. Le PIB
par habitant est en augmentation rapide, les pays composant le
BRIC pourraient, dans un avenir proche, renforcer davantage
leurs coopérations économiques en échangeant les ressources
naturelles et technologiques, le Brésil et la Russie produisant
du pétrole et du gaz naturel, tandis que la Chine et l’Inde sont
en plein processus d’industrialisation qui nécessite beaucoup
d’énergie. La Russie reste la superpuissance militaire la plus
importante après les USA. Son poids est lié à ses riches
ressources énergétiques, pratiquement illimitées (gaz, pétrole,
uranium, etc.).
«Le G15 doit jouer son rôle»
Pour en revenir au sommet du G15-G20. Pour Ahmadinejad: le G15
doit jouer un rôle déterminant dans la crise économique: «Alors
que le monde est profondément plongé dans un marasme économique,
il revient au G15 de jouer son rôle qui peut être déterminant
dans la situation actuelle», «Lorsque les fondateurs du
Mouvement des Non-alignés (MNA) ont fait état, en 1961, de la
création du G15, ils croyaient que les pays du tiers-monde
pourraient, grâce à une indépendance et à une convergence de
vues, lancer un combat sérieux contre l’impérialisme, le
colonialisme, la ségrégation raciale, l’hégémonie des
superpuissances dans toutes leurs formes. Les efforts qu’ont
déployés les membres du MNA pour trouver la place qu’ils
méritent parmi d’autres pays du monde, ont en fin de compte
forcé l’ordre hégémonique à changer de cap, malgré le fait que
ces derniers ne sont pas restés les bras croisés, ils ont
recouru à des nouvelles méthodes notamment logiciels, pour
conserver leur hégémonie sur les pays en développement», a
déclaré Mottaki.(1) Pour rappel et comme l’écrit Meriem Abdou:
En septembre 2003, vingt pays du Sud, dont principalement le
Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, provoquent l’échec de la
conférence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à
Cancún. Les dirigeants du Mouvement des Non-alignés, réunis à
Alger en 1973, obtiennent la convocation d’une réunion
extraordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU en mai 1974.
Consacrée aux problèmes du développement, elle critique la
nature même des relations internationales. L’Assemblée générale
reconnaît notamment qu’«il s’est révélé impossible de
réaliser un développement harmonieux et équilibré de la
communauté internationale dans l’ordre économique international
actuel. (...) Cet ordre est en contradiction directe avec
l’évolution des relations politiques et économiques
contemporaines» (résolution 3201). Les années 1974-1975
constituent l’apogée de la dynamique de solidarité des États du
tiers-monde. Ceux-ci ont cependant à peine le temps de se
féliciter de cette victoire que la dure réalité des relations
internationales reprend «violemment» ses droits.(2) Quels
sont les résultats du sommet? En substance, beaucoup de
déclarations de bonnes intentions. Une critique du système
économique international sans réelle prise sur les événements
au-delà des voeux pieux. Les questions relatives à l’énergie et
à l’environnement ont été au menu des travaux du 14e Sommet des
chefs d’État et de gouvernement des pays du groupe des 15.
Intervenant lors de ce sommet, le président algérien a asséné
quelques vérités: «Nous déplorons la volonté d’imposer aux
pays en développement, candidats à l’accession à l’OMC, des
conditions exorbitantes, non exigées des pays membres, même
développés (...) Nous rejetons l’argument que tel serait le prix
à payer par les pays en développement candidats pour leur
retard.» Parlant d’un protectionnisme coloré de vert
(écologique), qui transfère par ce biais également, des pays du
Nord aux pays du Sud, la charge de l’ajustement qu’appellent les
changements climatiques. Pourtant, déclare-t-il, les pays
industrialisés, historiquement responsables des émissions de gaz
à effet de serre, se soustraient à leurs obligations en matière
de lutte contre ce phénomène. S’agissant de l’OMC engluée à
Doha, il déclare: «Les aléas de ces négociations
interminables pénalisent d’abord, les plus vulnérables qui
voient chaque jour s’éloigner un peu plus les perspectives
d’accès de leurs produits aux marchés des pays développés (...)
Nous pouvons aussi revendiquer légitimement, notre droit
d’impulser la refonte du système monétaire et financier
international», lance-t-il à l’assistance. Le fait que 5
Etats membres du Groupe des 15 soient aussi membres du G20,
offre l’opportunité aux pays en voie de développement de faire
valoir, au sein de ce dernier, les objectifs et les priorités «que
nous aurons déterminés ensemble».Les dirigeants des pays du
G15, ont adopté une déclaration finale dans laquelle l’accent a
été mis sur le renforcement de la coopération politique et
économique Sud-Sud.(3)
Malgré sa faiblesse, les pays industrialisés tiennent encore la
corde. Ainsi, malgré la débâcle de l’Europe, et à ce sujet, la
zone euro risque de s’effondrer. Peut-être pas d’ici 3 ans,
grâce au répit offert par le plan de sauvetage massif de 750
milliards d’euros...Mais d’ici 10 ans, cette issue semble de
plus en plus réaliste du point de vue de nombreux économistes
anglo-saxons. Y compris les plus influents: Joseph Stiglitz,
Nouriel Roubini, Paul Krugman et Paul Volker ont tous récemment
émis des doutes sur l’intégrité à moyen terme de l’union
monétaire. Malgré tout cela, que l’on ne se fasse pas
d’illusion! Le G15, au-delà des salamalecs sans lendemain, n’a
pas le poids sur l’échiquier mondial. De plus, il faut savoir
que 5 pays, qui sont du G15-G20 original, sont aussi membres du
G20 des riches. Mieux encore le Brésil, nouveau pays émergent
situé à la «frontière», est aussi membre du G4. On le
voit, toutes les places sont bonnes quand il s’agit d’avoir une
visibilité. Et à ce titre, le Brésil n’est pas venu en touriste
en Iran ou pour ne régler que le problème posé par l’Occident à
propos du nucléaire, il est arrivé avec 300 personnes dont 260
hommes d’affaires et 6 ministres. Son ambition est de porter le
chiffre du commerce avec l’Iran de 4,7 milliards de dollars à
près de 10 milliards de dollars. Les affaires sont les affaires!
Le seul «résultat tangible» est l’accord tripartite de
pays du Sud qui tentent de dénouer une crise gérée de façon
catastrophique par les pays du Nord, qui veulent empêcher un
pays d’accéder à la technologie nucléaire civile, en
l’occurrence l’Iran. L’accord stipule que l’Iran est prêt à
transférer en Iran 1200 kg d’uranium à 3, 5% pour être enrichi à
20% et ceci afin de subvenir aux besoins des hôpitaux iraniens
demandeurs d’isotopes. L’Iran gardera cependant, la possibilité
de continuer à enrichir son uranium à 20% Pour O. Berbiche, «le
jeu de poker sur le dossier du nucléaire iranien change de
mains. Le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France,
Grande-Bretagne et Allemagne), engagé dans d’interminables et
hypothétiques négociations avec Téhéran sur son potentiel
nucléaire, vient de se voir rafler la mise par deux pays
émergents qui comptent sur la scène internationale (...)
L’initiative intervient dans un contexte géopolitique marqué par
une certaine fébrilité au niveau du Conseil de sécurité, qui
planche sur des sanctions internationales contre l’Iran,
conforté par le tout récent "lâchage" de Téhéran par la Chine et
la Russie. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmed
Davutoglu, a estimé à la suite de cet accord que l’idée de
sanctions contre Téhéran n’avait plus sa raison d’être. Mais que
pèsent la Turquie, qui a déjà beaucoup de difficultés à intégrer
l’UE, et le Brésil, même dans son nouveau statut de pays
émergent, dans la gestion d’un dossier aussi sensible et aussi
stratégique dont les ficelles sont tirées ailleurs? Le seul
résultat palpable de la réunion du G15 est d’avoir réussi à
repêcher l’Iran, en lui obtenant un nouveau sursis face aux
menaces de sanctions internationales qui se précisent de plus en
plus.» (4) On l’aura compris, le premier pays à réagir et à
discuter la marche à suivre aux autres, est Israël qui y voit
une manipulation des deux pays par l’Iran. La France n’est pas
en reste, elle montre sa méfiance. Interrogée, Hillary Clinton
dit que la réponse sera donnée ce soir par le Conseil de
sécurité qui finalise une série de sanctions auxquelles
s’associent, pour la première fois, la Chine et la Russie. La
question qui se pose est: Comment les Etats-Unis ont réussi à
convaincre à la fois la Chine et la Russie de lâcher l’Iran? Que
vaut en effet l’initiative de la Turquie et du Brésil pays
émergents, qui veulent contribuer à la paix du Monde?
L’Ayatollah Khamenei a beau clamer que l’Islam prohibe ce type
d’arme (atomique). Nul doute que le débat sera intéressant ce
soir à New York. Ces deux pays sont membres du Conseil de
sécurité et leur souhait d’intégrer le groupe des 5 plus
l’Allemagne pour contribuer au dossier nucléaire, pourrait
trouver sa réponse. On saura alors que les grands de ce monde
font cas de la contribution des petits pays. Le chancelier
autrichien Metternich avait l’habitude de dire: «La
diplomatie sans la force, c’est comme la musique sans
instrument.» Nous en sommes convaincus.
1.http://www.almanar.com.lb/newssite/NewsDetails.aspx?id=137798&language=fr
2.Meriem Abdou http: //www.lecourrier
dalgerie.com/papiers/lacapitale.html 17.05.2010
3.Achira Mammeri: Le coup de colère de Bouteflika. L’Expression
18.05.2010
4.O.Berbiche: L’Iran brouille les cartes. El Watan 18.05.2010
Pr Chems Eddine Chitour, Ecole nationale
polytechnique, enp-edu.dz
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Publié le 20 mai 2010 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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