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L'EXPRESSIONDZ.COM
L'ORDRE OCCIDENTAL IMPÉRIAL
Stratégie d'attribution des prix
Nobel
Chems Eddine Chitour
Liu Xiaobo - Photo RIA Novosti ©
REUTERS
Dimanche 10 octobre 2010
«Nous ne saurons jamais tout le bien qu’un simple sourire peut
être capable de faire.»
Mère Thérésa (Prix Nobel de la Paix).
Rituellement, le mois d’octobre de chaque
année voit la consécration selon un scénario bien rodé
l’attribution de Prix Nobel que la doxa occidentale présente
comme le summum de la consécration «universelle» d’un mérite
personnel. Si parmi les différents Nobel décernés ceux
concernant les sciences physiques et biologique (physique,
chimie et biologie) ne prêtent généralement pas à contestation,
encore que les lobbys des principaux occidentaux sont là à
recommander fortement «leurs champions», les prix Nobel de la
paix et à un degré moindre ceux de littérature amènent à
questionnement.
Nous allons dans ce qui suit tenter de voir clair dans la
stratégie de délivrance des Prix Nobel par l’Occident en
fonction de ses intérêts. Pour rappel, le prix Nobel de la paix
récompense «la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué
au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction
des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des
progrès pour la paix», selon les volontés, définies par
testament, d’Alfred Nobel. Dans Le monde d’hier, Souvenirs d’un
Européen (Die Welt von Gestern. Erinnerungen eines Europäers),
Stefan Zweig raconte que Florence Nightingale aurait été à
l’origine de la fondation de ce prix en convainquant Alfred
Nobel de réparer «le mal qu’il avait causé avec sa dynamite».(1)
Même Hitler...
En clair, Alfred Nobel était un marchand de mort qui s’est
enrichi et qui, sur le tard, voulait, jouer au
«pyromane-pompier». On nous dit que les nominations pour cette
distinction sont le fruit de propositions argumentées et
détaillées, émises par des membres d’Assemblées nationales ou
des Congrès législatifs, des cercles de professeurs en
université dans le domaine de la géopolitique, du droit et des
sciences politiques, d’anciens lauréats du prix,(...). Plusieurs
d’entre elles sont désormais connues et médiatisées1, notamment
celles comprises entre 1901 et 1955. Quand certaines de ces
listes ont été révélées à la presse, on a pu découvrir qu’Adolf
Hitler avait été un temps nommé en 1939 par Erik Brandt, membre
du Parlement suédois, avant que celui-ci ne soit revenu sur sa
décision quelques jours plus tard. D’autres propositions de ce
genre ont été soumises au Comité telles que Benito Mussolini (en
1935) ou encore Joseph Staline (en 1945 et en 1948). (1) C’est
dire l’instrumentalisation qui avait lieu en coulisses pour
introniser quelqu’un et barrer la route aux autres.
Les Nobels de la paix et de la littérature de cette année ne se
distinguent pas des précédents par les «méthodes» de nomination.
Le prix Nobel de la paix a été octroyé à un Chinois. Pierre
Haski nous en parle: «Liu Xiaobo, 54 ans, a été condamné en
décembre 2009 à onze ans de prison pour son rôle dans la
rédaction et la dissémination de la Charte 08, un texte
réclamant la démocratisation de la Chine, signé par plusieurs
milliers de personnes (lire le texte intégral). Ce texte est
inspiré de la Charte 77 des dissidents tchèques à l’époque
communiste, et Vaclav Havel, dissident puis président tchèque, a
parrainé la «candidature» de Liu Xiaobo à ce prix Nobel. Le
choix du Comité Nobel est certain de déclencher la colère de
Pékin, qui avait envoyé un vice-ministre des Affaires étrangères
à Oslo, cet été, pour mettre en garde le président du Comité
Nobel contre les conséquences d’une possible attribution du prix
à ce dissident emprisonné. Le vice-ministre avait prévenu que ce
choix aurait des conséquences négatives sur les relations
sino-norvégiennes. (2)
«Lors de son procès, il a fait une remarquable plaidoirie
personnelle dans laquelle il espérait être «la dernière victime
de l’inquisition intellectuelle en Chine». Un texte dans lequel
il applaudit aux progrès considérables accomplis par la Chine
depuis la fin de l’ère maoïste avec la mort du Grand Timonier en
1976, mais en souligne les lacunes en termes d’Etat de droit et
de respect des valeurs universelles auxquelles il proclame son
attachement. La Chine n’a jamais reçu directement de prix Nobel.
En 1989, l’année du massacre de Tiananmen, le prix Nobel de la
paix avait été attribué au dalaï lama, le leader spirituel
tibétain exilé en Inde. Et en 2000, l’écrivain Gao Xingjian,
exilé en France et devenu citoyen français, recevait le prix
Nobel de littérature.» (2)
Pékin a qualifié la récompense de «dévoiement» et mis en garde
la Norvège contre de possibles répercussions diplomatiques. En
1989, de retour des Etats-Unis, où il avait enseigné à la
Columbia University de New York, cet enseignant de l’Université
normale de Pékin participe au mouvement démocratique de la place
Tiananmen, déclenché par les étudiants. (...) Exclu de
l’université, il devient un des animateurs du Centre indépendant
PEN Chine, un regroupement d’écrivains. Il garde un contact
étroit avec le monde intellectuel; et même s’il ne peut pas être
publié en Chine, ses livres sont notamment diffusés à Hongkong.
Dans une interview récente, il gardait espoir dans une
démocratisation progressive de la Chine: «Cela va progresser
très lentement, mais les demandes de liberté - de la part des
gens ordinaires, mais aussi des membres du parti - ne seront pas
faciles à contenir.» Liu Xiaobo est marié et n’a pas d’enfant.
Pékin s’était officiellement déclaré opposé à l’attribution du
Nobel à l’opposant (3).
On le voit, trois prix Nobel ont été attribués en vingt ans à
des Chinois d’origine pour leur prise de position contre leur
patrie. Si dans l’absolu, leur combat pour la liberté et leur
compétence sont dit-on connues, il n’en demeure pas moins qu’ils
ne sont pas les seuls. Il doit certainement y avoir des
personnalités chinoises ou autres à compétences semblables
compte non tenu de leur engagement contre leur pays
La même «méthode» permet d’expliquer l’attribution du Nobel de
littérature le 7 octobre à l’écrivain hispano-péruvien Mario
Vargas Llosa. «Sympathisant communiste lors de sa jeunesse
universitaire et proche de Castro jusqu’en 1971, Mario Vargas
Llosa devient l’apôtre du néolibéralisme: ´´J’espère qu’ils me
l’ont donné (le prix Nobel) plus pour mon oeuvre littéraire que
pour mes opinions politiques. Mais si mes opinions politiques,
en défense de la démocratie et de la liberté et contre les
dictatures, ont été prises en compte, je m’en réjouis» déclarait
jeudi Mario Vargas Llosa à l’Institut Cervantès de New York,
devant une foule de journalistes qui recueillaient ses réactions
à l’obtention du Nobel». (4)
On le voit, Mario Vargas Llosa a des doutes et pense que le Prix
Nobel lui a été attribué pour ses positions politiques de
droite. «Interrogé sur le futur de l’Amérique latine, il
souligna qu’elle présente aujourd’hui «des gouvernements de
gauche et de droite qui sont démocratiques. C’est une grande
nouveauté par rapport au passé, lorsque ni la droite ni la
gauche n’étaient démocratiques, l’une croyant aux putschs
militaires et l’autre à la révolution». Il ajoutait aussitôt:
«Cuba et le Venezuela représentent pour moi un recul, mais mon
impression est que ce courant autoritaire, antidémocratique, va
vers la sortie. Il a de moins en moins d’appui populaire, comme
on vient de le voir, par exemple, aux élections [législatives]
vénézuéliennes». (...) L’existence d’un caudillo charismatique
suppose toujours l’abdication de la volonté, du libre arbitre,
de l’esprit créateur et de la rationalité de tout un peuple
devant un individu reconnu comme être supérieur, mieux doté pour
décider du bien et du mal pour un pays tout entier en matière
économique, politique, culturelle, sociale, scientifique, etc.
Est-ce cela que nous voulons? Qu’un nouveau Chavez vienne nous
libérer de Chavez?´´»(4)
Il est bien connu que l’Occidental qui se veut le seul détenteur
de sens dicte la norme universelle, de sérier le bien et le mal.
Ses «arguments» pour convaincre, font appel à la démocratie
aéroportée, notamment par drones interposés qui permet à un
bidasse du fond d’une salle climatisée du Texas de décider avec
son Joysticks du bien et du mal en traquant sa cible avec une
joie sadique. La cible détruite, il rentre chez lui avec la
satisfaction du devoir bien fait; et si c’est une bavure, c’est
un autre service qui est chargé de la faire oublier... L’autre
façon de combattre ses ennemis consiste à activer d’autres
canaux, au-delà de fomenter des troubles, on encourage les
dissidences dans les pays qui posent problème à «l’ordre
impérial».
Il n’est pas question pour nous de rejeter en bloc, toutes les
attributions, nous devons nous incliner, par exemple, humblement
devant Mère Théresa qui méritait mille fois cette distinction,
il nous faut nous souvenir que Gandhi- l’apôtre de la non
violence- n’a pas eu le prix Nobel, malgré qu’il ait été nominé
plusieurs fois La Grande-Bretagne s’était opposée. Cependant, on
ne peut pas nier les «malversations politiques de toutes sortes
autour de l’attribution des prix Nobel. Ainsi, durant la guerre
froide on rapporte que l’écrivain soviétique Boris Pasternack a
eu le prix Nobel pour un manuscrit exfiltré en 1959 par la CIA
et proposé au comité Nobel alors que le livre était encore sous
forme de manuscrit. Il en fut ainsi de Soljenitsyne, de
l’ouvrier polonais Lech Walesa qui avait la bénédiction d’un
certain Carol Woythyla, futur pape Jean-Paul II, minèrent
l’empire soviétique de l’intérieur à partir de ses satellites la
Pologne et la Tchécoslovaquie avec Vaclav Havel (Littérature),
le même Vaclav Havel qui parraina la demande du dissident
chinois pour le prix Nobel de la paix 2010. Le coup de maître de
l’Occident fut donné à l’empire soviétique en attribuant le prix
Nobel de la paix à Mikhaïl Gorbatchev. Ce fut à la fois la fin
de l’histoire pour Fukuyama, la fin de la guerre froide et le
début du Choc des civilisations pour Samuel Huntington, déclinée
d’une façon soft comme la guerre contre «le terrorisme» avec ses
multiples variantes (l’Irak, le Hamas, l’Iran, l’Afghanistan)
Ce fut d’abord l’Indonésie musulmane qui en fit les frais en
abdiquant sa souveraineté sur le Timor Oriental. Pour faire
connaître la «cause», Mgr Belo, un homme d’église, se vit
attribuer le prix Nobel et à ce titre sa cause eut plus de
visibilité. On ne peut pas ne pas y voir une lutte sourde contre
l’Islam. S’agissant du feuilleton des prix Nobel octroyés aux
dirigeants arabes «normalisés» qui acceptent l’ordre impérial
avec Israël comme poste avancé de la démocratie en Barbarie.
Deux séries de prix Nobel pour rien: Sadate et Begin, ce qui a
permis de neutraliser définitivement l’Egypte. Arafat, Rabin qui
a permis Oslo et le dépeçage de ce qui reste de la Palestine. De
même la guerre contre l’Iran a vu l’attribution du prix Nobel de
la paix à Shirin Ebadi. Tout est bon pour déstabiliser les pays
qui n’acceptent pas de rentrer dans le rang.
Qui a entendu des prix Nobel de la paix de ces dernières années
maintenant qu’ils ont rempli la mission historique qui était
attendue d’eux. Malgré des médias complaisants ils n’arrivent
pas à faire surface, ou si, il arrive qu’un prix Nobel soit
chassé comme un malpropre avec un silence assourdissant des
médias, il en fut ainsi de Mairead Corrigan prix Nobel de la
paix expulsé d’Israël pour délit d’opinion qui avait de la
compassion pour les enfants palestiniens, elle fut chassée par
les Israéliens, personne n’a trouvé à redire. De même
Monseigneur Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix, fut interdit de
conférence dans une université US. Cris Toffolo, présidente du
programme d’études «Justice et Paix» de l’université catholique
Saint-Thomas de Minneapolis/St.Paul, était toute fière d’avoir
réussi à inviter l’archevêque sud-africain et célèbre militant
anti-apartheid Desmond Tutu, à venir parler devant ses
étudiants. Mais la direction de l’université, craignant qu’il
puisse y avoir une «controverse», décida de «se concerter avec
la communauté juive de la ville» (...) Doug Hennes,
vice-président de l’université, justifie la décision: «Nous
avons eu vent d’un certain nombre de choses qu’il a dites et que
certaines personnes trouvent ces propos antisémites car opposées
à la politique israélienne. Nous ne l’accusons pas d’être
antisémite. Mais il a comparé l’État d’Israël à Hitler et nous
estimons que ce genre d’équivalences morales sont insultantes
pour certains membres de la communauté juive.»(5)
Le Nobel de la paix ou de la guerre ?
La Chine n’est pas l’Urss, elle est la deuxième puissance
économique du monde elle détient les bons de Trésor américains
(près de 1500 milliards de dollars), elle se permet de venir en
aide à plusieurs pays européens (Grèce, Espagne). Elle ne veut
pas surévaluer sa monnaie comme l’exigent l’Europe, les Etats-
Unis et le Japon, ces derniers créent des devises papiers. En
fait, ce n’est pas une personne aussi respectable soit-elle qui
fera dévier la Chine de son combat contre la faim, combat qui
lui a permis de sortir de la misère 400 millions de personnes.
Nous voyons comment en Europe les protestations des citoyens
étaient respectées: trois millions de personnes dans la rue et
on fait comme s’ils n’y avait aucune protestation.
Quand l’Occident réduit en miettes des pays comme l’Irak,
l’Afghanistan, il amène une démocratie par drones interposés. Il
n’y a jamais autant de morts que depuis l’octroi du prix Nobel à
Barack Obama. C’est assurément le prix Nobel de la guerre qu’il
eut fallu lui attribuer. On se demande pourquoi Mahmoud Abbas
n’a pas eu le prix Nobel, lui qui a fait de la reddition sans
condition un mode de gouvernement et de négociation.
Nous aspirons tous à la démocratie mais il faut se demander si
l’exemple chinois, tout en précaution et cinétique de
développement optimal, n’est pas le meilleur schéma. Que veut
l’Occident: la démocratie partout comme en Irak et en Afghnistan?
ou plus simplement une explosion de la Chine qui fera mal
d’abord aux Chinois? La démocratie occidentale du «cause
toujours» pour les sans-grade est à opposer à un «despotisme
éclairé» qui donne à manger à tout le monde, qui ne laisse
personne sur le bord de la route. Tout le problème est là.
L’Occident et ses larmes de crocodile n’est intéressé que par
les dissidents qui, d’une façon ou d’une autre et qu’on le
veuille ou non, sont complices de la démolition de leur pays.
Ainsi va le Monde.
1. Le prix Nobel de la paix: Encyclopédie Wilkipédia.
2. Pierre Haski: Le Prix nobel de la paix à Liu Xiaobo Rue89 |
08/10/2010
3. L’opposant chinois Liu Xiaobo reçoit le prix Nobel de la paix
2010 Le Monde.fr avec AFP et Reuters 08.10.10
4. Christian Galloy. Mario Vargas Llosa: un anti-Chavez prix
Nobel de littérature 2010 LatinReporters.com 8 octobre 2010
5. Un prix Nobel de la paix interdit de conférence dans une
université US http://www.voltairenet.org/article151938.html 4
octobre 2007
Pr Chems Eddine Chitour, Ecole nationale
polytechnique.
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Publié le 11 octobre 2010 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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