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L'EXPRESSIONDZ.COM
POUR EN FINIR AVEC ALAIN FINKIELKRAUT
Le fossoyeur du vivre-ensemble
Chems Eddine Chitour
Jeudi 17 juin 2010
«Les Juifs de France
n´ont d´avenir que si la France reste une nation; il n´y a pas
d´avenir possible pour les juifs dans une société
multiculturelle, parce que le pouvoir des groupes antijuifs
risque d´être plus important.»
Alain Finkielkraut
C´est par ces phrases que depuis plus d´une
quinzaine d´années le philosophe Alain Finkielkraut combat la
communauté musulmane déniant de ce fait à la République d´être
une société multiculturelle exception faite, on l´aura compris,
de la culture Yddish fondement de son identité originelle. Ce
faisant, il ne perd pas une occasion de mettre de l´huile sur le
feu en attisant les haines et en désignant du doigt les Arabes,
les Noirs, et les Antillais. Il explique le mal-être français
par le brunissement des Français. La dernière. D´où nous vient
Finkielkraut? C´est un émigré polonais de la deuxième génération
qui n´est pas marqué au fer rouge quant au numéro de son
ascendance. Né en 1949, il se veut plus français que les
Français de souche et à ce titre, se découvrant aussi un zèle de
bénédictin pour la cause sioniste. Il «dérive» sans
arrêt, dans l´impunité la plus totale, profitant de l´indulgence
du pouvoir et de l´inexistence d´un contre-pouvoir
d´intellectuels d´origine maghrébine ou plus généralement arabe
capable de lui donner la réplique. Ce n´est pas demain que Malek
Chebel, Tahar Ben Djelloun ou Abdelwahab Meddeb répliqueront à
Alain Finkielkraut! Au contraire, ces intellectuels sont sans
aspérités, au besoin, ils piétinent leur identité originelle.
Pour rappel, les Juifs polonais, dont est issu Alain
Finkielkraut, n´étaient pas en odeur de sainteté en Pologne. Dès
les années trente et pendant la Seconde Guerre mondiale,
certains des massacres perpétrés par les nazis furent menés avec
l´appui, voire la participation active, des habitants comme lors
du massacre de Jedwabne au cours duquel entre 300 à 1600 Juifs
furent torturés et mis à mort par une partie des habitants de
Jedwabne. On recense 32 autres villes où des pogroms se
déroulèrent On comprend dans ces conditions que Finkielkraut
père ait fui la Pologne.
La France au service d’Israël
Alain Finkielkraut est un philosophe éclectique, certes,
brillant, mais faisant de la défense d´Israël un sacerdoce et de
la diabolisation de tout ce qui pourrait entacher une République
française qu´il veut blanche aseptisée, libre de tout arabe et
mélanoderme, la cause du mal-être français. Tentant de rapporter
en honnête courtier quelques-unes de ses prouesses.
Au nom de la lutte contre une pensée unique, qui serait composée
d´un soixant´huitardisme d´arrière-garde, d´un antiracisme
dogmatique et d´un antisémitisme larvé, il est aujourd´hui
possible de dire à peu près tout et n´importe quoi. Ces propos
d´Alain Finkielkraut, rapportés par le quotidien israëlien
Haaretz expliquent donc que la prise en compte des diverses
cultures qui composent la France au fil des métissages et de
l´immigration est en soi une menace pour les juifs. Comprenez
bien aussi qu´une société multiculturelle se résume à une lutte
de pouvoirs entre les parties qui la composent. Dans la foulée,
Finkielkraut se lance dans ce qu´il fait le mieux: la
contestation d´un antiracisme bourgeois qui paralyserait tout
discours sur les immigrés ou l´Islam. Aujourd´hui, nous dit-il
en substance, toujours selon Haaretz, il serait impossible de
critiquer les immigrés. Et on voit bien, en effet, dans quelle
espèce d´estime ces derniers sont tenus dans le débat public
quand on ne parle que d´irrégularités administratives, de
polygamie voire à l´occasion de rites barbares organisés dans
les appartements de banlieue. Quand, pour la dernière fois,
a-t-on parlé d´immigration sans parler d´insécurité? Il y a
quelques mois, Finkielkraut, malgré les explications des
renseignements généraux qui ne purent que constater le malaise
social à l´origine des émeutes de 2005, affirmait que nier la
dimension ethnico-religieuse de ces émeutes était sacrifier à
cette bien-pensance de plomb. Dans un petit livre réjouissant
qui s´embarrasse moins d´idéologie qu´il ne s´intéresse aux
faits, le journaliste Sébastien Fontenelle explique comment
Alain confond, quand ça l´arrange antisémitisme et antisionisme.
Finkielkraut tient des propos nauséabonds et se pose en victime
dès qu´on les conteste, criant au procès et en réclamant presque
un.(1)
Il n´est pas étonnant de ce fait, qu´Alain Finkielkraut joue le
rôle du redresseur de torts à sa façon, ainsi, il prend la
défense de Brice Hortefeux après la condamnation du ministre de
l´Intérieur à 750 euros d´amende pour injure raciale De plus, «Interrogé
sur l´attaque de la flottille par l´armée israélienne, Alain
Finkielkraut affirme que l´attaque de Tsahal n´était pas
appropriée». «C´est un fiasco». Il ajoute cependant:
«Mais ce n´est pas ce qu´on entend. On assiste à un véritable
déferlement de haine, comme s´il s´agissait d´un crime contre
l´humanité. Et ce n´est même pas non plus un crime contre les
humanitaires, car si les militants de ces bateaux étaient des
humanitaires, ils auraient accepté que la marchandise soit
déchargée dans un port israélien à des fins de contrôle et
acheminée par la route à Ghaza».
Après ses déclarations sur l´équipe «black, black, black»,
Alain Finkielkraut avait été repris de volée par le monde du
football, Lilian Thuram en tête. Il ne critique pas les joueurs
pour ce qu´ils font, mais pour ce qu´ils sont: des jeunes issus
de la diversité et des banlieues. Pascal Boniface eut à réagir
contre ce flot de haine. «Après un crochet par Jérusalem,
passant sans transition de Ghaza au Mondial, et de la
déconfiture des Bleus à nos banlieues, Finkielkraut, le
philosophe tout terrain, mais à la pensée unilatérale, ne
pouvait trouver plus belle opportunité que celle offerte par la
tragi-comédie footballistique, pour déverser avec gourmandise sa
théorie du chaos social au service d´une cause subliminale,
toujours en toile de fond, même si elle se joue au
Proche-Orient. La jubilation de Finkielkraut sur les ondes
d´Europe 1 est très perceptible lorsqu´il va jusqu´à préconiser
la composition de la future équipe de France, en fonction de
critères qui lui agréent, du niveau culturel requis, jusqu´au
profil type du joueur idéal, plutôt» gentleman «que»
voyou, de la génération caillera, les considérations ethnique et
religieuse étant clairement citées.(2)
«On se rappelle qu´en 2005, ce philosophe s´était gaussé de
l´équipe» black, black, black «dans une interview au
journal Haaretz, où il attribuait l´origine de la crise des
banlieues à un problème ethnique. Par la suite, il s´était
offusqué que des Français puissent vibrer lors de la
qualification de l´équipe d´Algérie. Sur Europe 1, il a déclaré:
«On a plutôt envie de vomir avec la génération caillera, il est
temps de ne plus sélectionner des voyous arrogants et
inintelligents et de sélectionner des gentlemans. Il faut
prendre acte des divisions ethniques et religieuses qui minent
cette équipe. (...) Il y a finalement une logique dans la pensée
de Finkielkraut. Les Noirs et les Arabes sont des voyous, les
joueurs de l´équipe de France sont principalement des Noirs qui
viennent des banlieues; ils sont donc des voyous. (...) Peut-on
expliquer la débâcle actuelle par les divisions ethniques et
religieuses? Une fois encore, Alain Finkielkraut semble obsédé
par la question ethnique ou religieuse à laquelle il ramène
tout. Le problème est un problème d´individu ou de groupe, pas
un problème de religion ou d´origine ethnique. (...) Faut-il
rappeler à Alain Finkielkraut, chantre de l´homogénéité, que
même l´équipe d´Israël est diverse puisqu´il y a des Arabes qui
en font partie?»(2)
En fait, Alain Finkelkraut est avant tout un communautariste
pro-israelien, et qui se permet de donner des leçons de
patriotisme à la France entière! Il devrait le savoir, lui (et
tant d´autres charriant la misère, désignant la «caillera»
le philosophe, l´intellectuel sinon la représentation des
inégalités. Il s´est targué de parler de la Cité oubliant son
pendant, la banlieue, qui n´est autre que la représentation
géographique, ethnique et sociale d´une mise au banc de la Cité.
Finkelkriaut passe le plus clair de son temps à défendre la
République contre les assauts du démon communautariste, mais que
fait-il finalement? Défendre les intérêts de sa communauté,
devenant ainsi lui-même un communautariste. Je le prendrai au
sérieux à partir du moment où il arrêtera de tirer sur les
Arabes et les Noirs soi-disant au nom de la République, alors
qu´il ne fait que défendre ce qu´il pense être l´intérêt de la
communauté juive. Alain Finkielkraut rejette le concept d´une
Société française multiculturelle. La nation n´est pas une
notion statique. Passé commun et vouloir- vivre collectif, la
Nation se nourrit d´apports successifs des groupes qui viennent
la rejoindre. Je n´ose pas le penser mais j´espère qu´A-F
acceptera, au même titre que les juifs, les Polonais, les
Italiens l´ont fait que les apports noirs et arabes viennent
enrichir la nation française....Pourquoi Finkelkraut dit-il
systématiquement qu´une société multiculturelle est incompatible
avec le concept de nation? Qu´y a-t-il d´antinomique? Ne
pouvons-nous pas tous être français, juifs, chrétiens,
musulmans, bouddhistes, athées, agnostiques, blancs, noirs,
jaunes, arabes...?
Les Antillais aussi
Alain Finkielkraut n´en veut pas seulement aux Français comme
lui, mais aux Arabes et musulmans, il a aussi une dent contre
les Antillais. Le philosophe Raphael Confiant lui répond: «Depuis
quelques semaines, le philosophe Alain Finkielkraut se répand
dans tous les médias, en particulier sur les radios juives, pour
stigmatiser les Antillais, en particulier les Martiniquais, au
motif que ces derniers seraient tout à la fois des "assistés" et
des antisémites. (...)Mais venons-en maintenant à la question de
l´antisémitisme des Antillais. Et là, que l´on me permette
d´énoncer une vérité d´évidence: la Shoah est un crime
occidental! Comme l´a été le génocide des Amérindiens, Le terme
de "crime contre l´humanité" est une hypocrisie.(...) Ce ne sont
pas les Juifs vivant dans les pays arabes, les Séfarades, qui
ont dû fuir comme des dératés pour s´en aller construire un Etat
où ils seraient enfin libres mais bien les Juifs d´Europe, les
Ashkénazes, parce qu´ils avaient compris qu´ils ne pouvaient
plus vivre sur ce continent. (...) Ma question à Alain
Finkielkraut est donc simple, naïve même: pourquoi après avoir
subi tant d´avanies de la part de l´Occident vous
considérez-vous quand même comme des Occidentaux? Pourquoi un
ministre des Affaires étrangères d’Israël s´est-il permis de
déclarer récemment: "Nous autres, Occidentaux, nous ne nous
entendrons jamais avec les Arabes car ce sont des barbares."
Comment, monsieur Finkielkraut, peut-on se réclamer de
l´Occident après avoir subi l´Inquisition, les pogroms, les
chambres à gaz et la rafle du Vel d’Hiv? Un ultime point tout de
même: quand vous déclarez, sur Radio communauté juive, que nous
détesterions Israël "parce que ce n´est pas un pays métissé", je
préfère croire que vous voulez rire. Quel pays est plus
muticulturel et plus multilingue qu´Israël avec ses blonds aux
yeux bleus russophones, ses Noirs d´Ethiopie (Falashas) parlant
l´amharique, ses Séfarades au type sémite et souvent arabophones
et même ses Juifs hindous et chinois?»(3)
Non, ce que ne supporte pas Finkielkraut, c´est que des noirs et
des arabes «menacent» notre belle République; ainsi, le
problème que ces jeunes d´immigration maghrébine et africaine
posent se substitue aux problèmes auxquels est confrontée
l´éducation nationale dans son ensemble. Au fond, il a à peu
près le même raisonnement que Zemmour, et on a l´impression
qu´il appartient au «jeune musulman» de façon
essentielle, et non pas circonstancielle, de saper les
fondements de notre démocratie. (...) Mais le plus grand danger
de cette lancinante mise au pilori est l´oubli dans lequel elle
nous plonge du racisme quotidien auquel sont confrontés ces
Français musulmans, dont le problème n´est pas de vouloir
s´intégrer, mais d´y être invités. (...) Quelle vision a donc
Alain Finkielkraut de cette société française, divisée entre sa
jeunesse noire et arabe et le reste, des Français bien comme il
faut?"(4)
A l´autre bout de la communauté juive, il se trouve des Juifs
tolérants, ouverts, des humanistes, Edgar Morin est l´un d´eux.
Philosophe d´origine juive, il a été condamné on s´en souvient
par la cour d´appel de Versailles, en juin 2005, pour «incitation
à la haine raciale» pour avoir écrit: «On a peine à
imaginer qu´une nation de fugitifs issus du peuple le plus
longtemps persécuté dans l´histoire de l´humanité, ayant subi
les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se
transformer en deux générations en peuple dominateur et sûr de
lui et à l´exception d´une admirable minorité en peuple
méprisant ayant satisfaction à humilier». Les juifs
d´Israël, descendants des victimes d´un apartheid nommé ghetto,
ghettoîsent les Palestiniens. Les juifs qui furent humiliés,
méprisés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les
Palestiniens. Les juifs qui furent victimes d´un ordre
impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens.
Les juifs victimes de l´inhumanité montrent une terrible
inhumanité. Les juifs, boucs émissaires de tous les maux, «bouc-émissarisent»
Arafat et l´Autorité palestinienne, rendus responsables
d´attentats qu´on les empêche d´empêcher. Déjà dans L´Arche,
n°533-534 de juillet-août 2002, Alain Finkelkraut, s´en prend
également à Edgar Morin, osant même écrire «Aucun Le Pen au
monde ne va aussi loin», et qualifiant le texte de l´article
publié dans Le Monde de «Manifeste de la haine antijuive».
En définitive, cet empêcheur de vivre- ensemble, cet intolérant
ce «Fidèle d´Israël, il ne supporte pas ces enfants
d´immigrés bruyants, revanchards et indomptables à l´école. Ils
corrompent son idéal et son vieux monde. En haut de la rue
Jean-Pierre-Timbaud, dans le Paris populaire, là où son
grand-père avait ouvert la petite maroquinerie reprise, il y a
maintenant des magasins où l´on vend des djellabas, des voiles
et aussi des burqas, une boucherie halal et un peu plus bas une
mosquée.» (....) n´a plus aucune indulgence. La question
sociale n´est pas la sienne. Il ne veut plus rien entendre des
traumatismes de l´histoire. La repentance coloniale n´a, dit-il,
produit que la haine de la France. Il ne veut pas se rappeler
que les pères de ces enfants, arrivés il y a quarante ans,
étaient durs à la tâche et silencieux. Il parle de mode de vie
incompatible.(5)
Tout est dit. On comprend que les idéologues comme son ami
Pascal Bruckner ont formaté durablement les imaginaires des
dirigeants actuels. Il n´est plus question de Nation comme un
plébiscite de tous les jours, un vouloir-vivre collectif pour
citer Ernest Renan.
Sombres jours pour les mélanodermes et les Arabes.
1.Daniel de Almeidahttp://societe.fluctuat.
net/blog/15726.html30.03.07
2.http://pascalboniface.blogs.nouvelobs.com/2010/06/21/finkielkraut-all-whites-all-right.html
3.Raphael Confiant
http://www.bondamanjak.com/martinique/28-a-la-une/41-raphael-confiant-repond-a-alain-finkielkraut.html2
Avril 2005
4.Mazarine Pingeot Alain Finkielkraut commet une Zemmourienne.
blogNouvelObs.25/05/2010
5.http://toutsurlachine.blogspot.com/2010/06/portrait-alain-finkielkraut-itineraire.html
Pr Chems Eddine Chitour, Ecole nationale
polytechnique, enp-edu.dz
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réservés © L'Expression
Publié le 1er juillet 2010 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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