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Le
lobby israélien ? En Allemagne ? Vous voulez rire ?
En Allemagne, ça serait plutôt : le « lobby iranien » !
Benjamin Weinthal *
Couverture de l’hebdo autrichien Profil :
« Pourquoi
Israël est-il tellement puissant ? »
on
jewishexponent.com, 11 octobre 2007
http://www.jewishexponent.com/article/14272
[« L’édition allemande de l’ouvrage de
John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt – Le lobby israélien –
est sur les rayons des librairies, et la couverture, à elle
seule, ne manquera pas de contribuer à alimenter les sentiments
anti-israéliens déjà existants » : (Super ! En
allemand, le titre est : ‘Die Israel Lobby’).
« Les salons où l’on cause, en Allemagne,
sont obnubilés par Le Lobby israélien, et tous les grands
journaux consacrent des pages entières à l’argumentation des
deux universitaires américains. Le livre est devenu immédiatement
un best-seller, et il est resté au palmarès des best-sellers établi
par le plus important hebdomadaire d’information allemand, Der
Spiegel. Or, ce palmarès fait autorité. »
Je suppose qu’il est très facile pour des
« Allemands de mémoriser la destruction des juifs d’Allemagne
(et d’Europe) », tout en ayant une aversion pour Israël
et pour ses partisans, quand ils constatent l’arrogance d’un
Alan Posener et d’un Benjamin Weinthal, qui semblent penser que
« si Beyrouth, Damas, Le Caire et Gaza devaient ressembler,
un jour, à Tel Aviv, la liberté de l’Europe serait garantie » !
Jeff Blankfort ]
« L’Allemagne
aurait bien besoin d’un « lobby israélien » ! »
Tel fut le cri du cœur d’Alan Posener, sollicité pour un
commentaire sur Deutschland Radio, fin mai. Posener, rédacteur en
chef du plus grand journal dominical d’Allemagne, Welt am
Sonntag, assistait à la conférence annuelle de l’Aipac. Il érige
la solidarité pro-israélienne des Etats-Unis un modèle pour
l’Allemagne, pays où, selon ses dires, « le lobby
pro-israélien consiste essentiellement en six millions de juifs
morts ».
Il y a une
tendance, chez un nombre considérable d’Allemands, à mémoriser
la destruction des juifs allemands (et européens) et, en même
temps, à faire montre d’aversion pour les juifs contemporains
et l’Etat d’Israël. Ceci explique en partie pourquoi Posener
considère que l’infatuation allemande pour des juifs morts ne
saurait représenter « un substitut aux 6 000
lobbyistes vivants en Allemagne – des lobbyistes qui pourraient
nous rappeler que la solidarité avec Israël n’a rien à voir
avec la manière dont l’Allemagne se débrouille avec son passé,
mais tout à voir, en revanche, avec un investissement dans
l’avenir de l’Europe. Dussent Beyrouth, Damas, Le Caire et
Gaza ressembler, un jour, à Tel Aviv [horresco referens !
ndt], alors la liberté de l’Europe serait garantie. »
L’objectif désopilant
que se fixe Posener est une prétention de femme soûle, dans un
pays dont 70 % des habitants ont, d’après un récent sondage
effectué par la BBC, une opinion péjorative d’Israël, ce qui
représente le plus haut pourcentage de toute l’Europe. L’édition
allemande de l’ouvrage de John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt
– Le lobby israélien – est sur les rayons des librairies, et
la couverture, à elle seule, ne manquera pas de contribuer à
alimenter les sentiments anti-israéliens déjà existants.
Les salons où
l’on cause, en Allemagne, sont obnubilés par Le Lobby israélien,
et tous les grands journaux consacrent des pages entières à
l’argumentation des deux universitaires américains. Le livre
est devenu immédiatement un best-seller, et il est resté au
palmarès des best-sellers établi par le plus important
hebdomadaire d’information allemand, Der Spiegel. Or, ce palmarès
fait autorité.
Le grand
hebdomadaire autrichien Profil a titré, en couverture :
« Pourquoi Israël est-il tellement puissant ? ».
Le journaliste Robert Misik a répété comme un perroquet la rhétorique
gauchiste standard, dans son article, à savoir que les
organisations juives américaines mèneraient une campagne à l’échelle
du monde entier afin d’étouffer toute critique d’Israël. Il
se tape totalement de combattre l’antisémitisme en Autriche, un
pays où plus de la moitié de la population pense que les juifs
ont trop d’influence dans la marche du monde. Le récent marché
de 22 milliards de dollars, conclu entre l’Iran et la compagnie
pétrolière et gazière autrichienne OMV ne semble pas non plus
avoir encore acquis par l’écran radar de Misik…
L’Allemagne est
le premier partenaire commercial de l’Iran dans l’Union européenne.
Les avions de la Lufthansa sont bondés de représentants de
commerce de chez Volkswagen, Mercedes, Siemens, Hermès et
Dillinger Steel, pour ne nommer que quelques-unes des non moins de
12 000 entreprises allemandes impliquées dans des relations
commerciales opulentes avec un régime réactionnaire, bien
capable d’utiliser de la technologie allemande afin de
poursuivre son programme nucléaire…
Qu’est-ce qui
impose le silence, sur le front allemand ? Pourquoi Ruprecht
Polenz, homme politique de la CDU [Union chrétienne-démocrate],
président de la commission des Affaires étrangères [au
Bundestag], est-il opposé à l’imposition de sanctions économiques
à l’Iran ?
La rhétorique
d’un dictateur [sic ! ai-je besoin d’indiquer qu’il
s’agit de Mahmoud Ahmadinejad ? ndt] est reçue avec des
carottes, en lieu et place de bâtons. Ce théâtre politique de
l’absurde se prolonge dans le domaine des échanges culturels
avec l’Iran : l’orchestre symphonique Osnabrücker a donné
un concert, à Téhéran – au lendemain de la pendaison publique
d’homosexuels et de journalistes iraniens – et le directeur du
plus important théâtre allemand, Claus Peymann, envisage de
monter la pièce de Brecht, « Mère Courage et ses enfants »,
là-bas. Manifestement, si le fait que l’objectif de l’Iran
soit de provoquer un deuxième Holocauste n’empêche pas de
dormir, c’est parce qu’il commémore la déportation des juifs
de Berlin durant la Shoah, chaque année, dans son théâtre, le
prestigieux Berliner Ensemble.
Comment expliquer
cette déconnexion entre une obsession pathologique pour les juifs
morts, et une indifférence choquante vis-à-vis des survivants de
l’Holocauste, de leurs enfants et de leurs petits-enfants, et
d’Israël, cette oasis de sécurité pour les juifs ?
Le journaliste juif
allemand Henryk M. Broder a fait observer, récemment, que
l’inaction d’une large partie de la société allemande
n’est qu’une admiration subreptice pour l’Iran, une sorte de
schadenfreude [joie
maligne], motivée par l’espoir que les Iraniens vont enfin
mettre en application le projet nazi d’un antisémitisme éradicateur,
et qu’Israël, qui rappelle aux Allemands en permanence
Auschiwitz, avec les sentiments de culpabilité et de honte qui
vont avec, disparaîtra.
Dans l’attente
d’une explication socio-psychologique plus satisfaisante de
l’indifférence allemande au « lobby iranien »…
Traduit
de l’anglais par Marcel Charbonnier
[* Benjamin Weinthal, écrivain et journaliste vit à
Berlin, d’où il écrit pour des publications juives américaines,
ainsi que pour les publications juives de langue allemande Die
Jüdische Zeitung et Aufbau - source : http://www.jewishpress.com/page.do/21509/Weinthal.html
(ndt)]
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