La coalition menée par les États-Unis pour la guerre en Libye
a rejeté l'offre de cessez-le-feu du gouvernement libyen lundi,
et a réitéré ses exigences que le dirigeant libyen Mouammar
Kadhafi et sa famille quittent le pays comme condition préalable
à toute résolution de la crise. Alors que la guerre menée par
les États-Unis et l'OTAN entre dans sa troisième semaine, la
feuille de vigne d'une intervention "humanitaire" pour protéger
les civils libyens a été encore plus clairement révélée au grand
jour par les préparatifs des puissances impérialistes pour une
guerre prolongée visant à renverser Kadhafi et installer un état
vassal de type colonial.
Le Premier ministre britannique David Cameron a fait une
visite surprise lundi sur une base aérienne italienne utilisée
par les appareils de l'armée de l'air britannique (la RAF)
contre les forces militaires pro-Kadhafi aussi bien que contre
de prétendues cibles militaires à Tripoli et dans d'autres
villes. Il a annoncé que la Grande-Bretagne envoyait quatre
escadrons de Tornado (appareils d'attaque au sol), en plus des
huit déjà déployés.
Cette augmentation est censée compenser en partie le retrait
imminent des appareils américains de la guerre aérienne contre
la Libye. L'OTAN a insisté pour que Washington retarde la fin de
son implication directe dans les bombardements et les attaques
de missiles de 48 heures, et le gouvernement d'Obama a accepté.
Washington va continuer à dominer la poursuite de la guerre
et en dicter le résultat. Il ne fait pas que dominer l'OTAN et
fournir un matériel militaire essentiel pour une guerre
aérienne, il exerce une influence dominante sur l'opposition à
Kadhafi, laquelle est menée par les ex-officiels du régime de
Kadhafi et d'ex-exilés liés à la CIA. De plus, les États-Unis
ont des équipes d'opérations spéciales de la CIA au sol, en
Libye.
Lundi également, le ministre des affaires étrangères
britannique William Hague a déclaré au Parlement que le
Royaume-Uni fournirait des équipements "non-mortels" aux forces
que l'on dit "rebelles", comme des moyens de communication et de
la logistique, mais ne leur donnerait pas d'armes. Les officiels
américains ont dit que Washington envisage toujours la
possibilité d'armer les forces du Conseil de transition Kadhafi,
mais préfère faire un premier pas en accordant une aide
"non-mortelle".
Hague a également dit qu'un total de 701 sorties simples et
276 sorties de bombardement avaient été effectuées par la
coalition depuis jeudi dernier.
Pendant ce temps, le chef de la RAF, le maréchal de l'air Sir
Stephen Dalton, a déclaré au Guardian que la RAF comptait
poursuivre les opérations en Libye pendant au moins six mois.
La lutte au sol entre les forces du gouvernement et celles de
l'opposition soutenue par les impérialistes restait incertaine
autour de deux villes particulièrement importantes – Misrata à
l'Ouest et le port pétrolier de Braga à l'Est. Sans une
expansion majeure de l'intervention militaire occidentale, les
"rebelles" ont peu d'espoirs de vaincre les forces pro-Kadhafi.
Ces dernières sont pour leur part empêchées de balayer les
forces insurgées, faiblement entraînées et désorganisées, par la
massive puissance de feu de la France, de la Grande-Bretagne et
des autres pays de l'OTAN.
Tout semble être prêt pour une guerre civile de longue durée,
à moins, comme l'espèrent les puissances occidentales, que le
régime de Kadhafi n'implose.
Le ministre actuel des affaires étrangères de Kadhafi,
Abdelati Obeidi, a tenu des entretiens dimanche en Grèce et
lundi en Turquie et à Malte pour obtenir le soutien de ces pays
dans la négociation d'un cessez-le-feu et le commencement de
discussions entre le régime et l'opposition. Obeidi a rencontré
le Premier ministre grec George Papandréou, après quoi un
officiel grec a dit, « L'envoyé libyen voulait faire savoir que
son pays a l'intention de négocier. » L'officiel a ajouté, «
nous ne pensons pas qu'il puisse y avoir une solution militaire
à la crise. »
Le ministre des Affaires étrangères grec a dit qu'il
s'engageait à rechercher une « solution politique et
diplomatique » à la crise Libyenne.
Athènes et Istanbul, tout en soutenant la guerre entre les
États-Unis et l'OTAN, cherchent tous deux à jouer un rôle de
modérateurs en misant sur une forme ou une autre d'armistice et
d'accord. Ils répètent la ligne officielle des Nations unies
selon laquelle Kadhafi doit appliquer unilatéralement un
cessez-le-feu et retirer ses forces des zones contestées, mais
ils minimisent les demandes d'un changement de régime.
Le New York Times a rapporté lundi que deux des sept fils de
Kadhafi, Saif al-Islam el-Gaddafi et Saadi el-Gaddafi avançaient
la proposition que Kadhafi laisse les rênes du pouvoir à Saif
qui présiderait alors à une transition vers un régime plus
démocratique.
Cependant, les officiels anglais et italiens ont écarté
toutes ces propositions ainsi que l'offre de cessez-le-feu d'Obeidi.
Ils se sont solidarisés avec une déclaration de l'opposition
basée à Benghazi, qui demande que Kadhafi et ses fils s'en
aillent « avant que toute négociation diplomatique n'ait lieu. »
Après une rencontre à Rome avec Ali Essawi, membre du Conseil
national de transition (CNT), le ministre des affaires
étrangères italien Franco Frattini a annoncé que l'Italie
reconnaissait le CNT comme le seul gouvernement légitime en
Libye. L'Italie, ex-puissance coloniale de la Libye, est le
troisième pays, après la France et le Qatar, à faire ce pas.
Frattini a déclaré lors d'une conférence de presse : « Une
solution pour l'avenir de la Libye a une condition préalable –
que le régime de Kadhafi s'en aille et que Kadhafi lui-même et
sa famille quittent le pays. » Il a ajouté qu'un gouvernement
d'intérim dirigé par l'un des fils de Kadhafi n'était "pas une
option". »
Dans son rapport au Parlement, Hague a adopté la même ligne.
Comme la rapporté le Guardian : « Hague a dit que seul un
"cessez-le-feu authentique" avec un retrait des forces armées
des zones contestées mettrait fin aux frappes aériennes de la
coalition. » En d'autres termes, seule la reddition complète de
Kadhafi suffirait à arrêter la guerre.
Hague a poursuivi en disant que Kadhafi « doit partir. »
(Article original paru le 5 avril 2011 :
http://www.wsws.org/articles/2011/apr2011/liby-a05.shtml)