Opinion
Libye : la vérité
incompressible
Badis
Guettaf
Mouammar Kadhafi - Photo: RIA Novosti
Dimanche 19 juin
2011
Petit à petit la vérité est en train de
se frayer un chemin. Comme pour l’Irak,
un peu tard, mais elle a le mérite
d’exister. Une mission du Centre
international de recherches et d’études
sur le terrorisme et l’aide aux victimes
du terrorisme (CIRET-AVT) vient de
publier un rapport sur la situation en
Libye. La mission n’a rien laissé au
hasard, elle a fouillé sous les
événements et au-dessus, elle a
interrogé les uns et les autres et
écouté tout le monde. Elle n’a aucun
parti pris et ne ménage personne,
surtout le mensonge qui coûte au peuple
libyen la destruction de son pays et
d’être massacré par les bombardiers de
l’OTAN. Désormais, on sait avec
précision qu’il n’y a pas le moindre
soupçon d’une révolution et que les
«Brigades de Kaddafi» n’ont jamais
constitué une «menace pour les civils».
Le rapport nous apprend que le «royaume
saoudien et le régime de Doha» ont joué
un rôle décisif dès les premières heures
de la rébellion, par l’intermédiaire de
leurs chaînes de télévision Al-Arabia et
Al-Jazeera qui ont «fait» l’opinion
(partir de données erronées, sinon
délibérément mensongères). Ce qui pousse
les missionnaires à constater amèrement
que «ce curieux parrainage d’une
révolution qui se veut démocratique et
respectueuse des droits de l’homme par
des pétromonarchies rétrogrades ne gêne
en rien les authentiques régimes
libéraux de l’Occident». Ici, la
naïveté sur les intentions occidentales
peut laisser perplexe, si on ne prend
pas en compte le souci de garder un
langage politiquement correct. Plus
loin, les membres du CIRET-AVT sont
choqués par les mensonges du Conseil
préposé à la transition du pouvoir en
Libye. Ils en citent quelques-uns,
ceux-là qui sont servis à longueur
d’émissions télévisées et de
déclarations des chefs des Etats engagés
dans la «démocratisation» de la Libye.
Les voici tels que cités dans le
rapport : «L’intervention de Sarkozy a
sauvé plus d’un million de vies humaines
(sic), soit la totalité de la population
de Benghazi». «Kaddafi a recruté des
agents qui ont à leur tour recruté des
individus chargés d’organiser des
provocations». «A Misrata et Ajdabiya,
Kaddafi a donné du viagra et des
préservatifs à ses troupes. Il y a eu de
nombreux viols et des disparitions de
femmes». «A Tripoli, on ne peut même pas
sortir dans la rue. Il n’y a pas de vie.
La population a peur et ne sort que
subrepticement acheter de la
nourriture». «Une voiture de l’armée
algérienne aurait été aperçue à Brega»…
Et ainsi de suite, jusqu’à celle-ci :
«L’armée algérienne ravitaille les
mercenaires de Kaddafi par
hélicoptères». En lisant le document on
sent une sorte d’écœurement des
rédacteurs, ce qui lui vaut de ne
connaître aucune publicité en dehors des
réseaux du Web. Le haut-le-cœur est
encore plus prenant quand il s’agit de
mesurer l’obséquiosité des promesses qui
sont faites par la bande de Benghazi aux
puissances qui font la «révolution» à sa
place. Cela parle de «reconnaissance
d’Israël» (d’ailleurs BHL a porté une
lettre en ce sens à Netanyahu), de
«multipartisme», de «droits des femmes».
Discours «formaté» et «langue de bois»
juge le rapport, sachant de visu et au
contact qui en est l’auteur. Aux
dernières nouvelles, selon Maghreb
Confidentiel, le caractère interlope de
la bande se confirme, l’argent commence
à fissurer l’alliance sacrée et les
accusations fusent acerbes entre les
membres. BHL ferait bien de se pointer
pour y met-tre de l’ordre.
Copyright 2003
-2011 Le Jour d'Algérie
Publié le
20 juin 2011
Le dossier
Libye
Les dernières mises à jour
|