Opinion
De la politologie
«arabe»
Badis
Guettaf
Lundi 2 janvier
2012
Si on
arrivait à compiler, depuis la crise
irakienne, l’ensemble des analyses et
prévisions des politologues, qui
sévissent dans les médias à propos des
Arabes et des peuples qu’on leur
assimile, on aurait un magnifique
étalage d’ignorance, d’opportunisme et
de produits de propagande. On n’y
trouvera rien qui ait tenu la route ou
qui aurait, réellement, aidé à
comprendre le moindre sujet. La
profession n’a cessé de connaître des
recrutements toujours plus nombreux,
avec une accélération à propos du
«printemps». Et ils continuent à nous
servir leur «science», sans sourciller,
en s’évertuant à coller au vent dominant
: estampiller «hallal démocratique» ou
«excommunier» les «régimes», selon que
la «communauté internationale» les a
jugés blancs ou noirs, diagnostiquer les
tendances populaires, épiloguer sur
l’intensité des contradictions sociales
et projeter des dénouements, sous forme
de lendemains qui chantent. On se
souvient que, à propos de l’Irak, le
peuple devait accueillir à bras ouverts
les Gi’s et autres Marines. On a eu
droit à ce scénario unique durant toute
la période où George Bush et sa bande de
criminels préparaient le massacre, sous
prétexte de «libérer les Irakiens» d’un
dictateur doté de fantomatiques armes de
destruction massive. On sait, depuis,
après des destructions sans fin et des
centaines de milliers de morts, que la
politologie en vogue n’a rien compris,
n’a rien pu prévoir et a servi
l’ignominie. Juste avant, l’Afghanistan
a connu les mêmes spécialistes à son
chevet. Le peuple afghan ne voulait plus
des Talibans. Des années plus tard, les
Talibans sont toujours là et l’OTAN
négocie avec eux, une sortie honorable
où il n’est plus question de les sortir
du pays. Avec l’avènement du
«printemps», un nouveau marché s’est
ouvert, qui attire par nuées des
politologues patentés, comme d’illustres
inconnus bardés de références, qui
jouent des coudes pour se placer et
montrer qu’ils sont bien dans l’air du
temps. En face, les poseurs de questions
font comme s’ils s’adressaient à la
connaissance infuse. Ce faisant, les
thèmes sont servis sur un plateau
d’argent. Il ne s’agit jamais de mettre
en difficulté le savant. On prendra
soin, en ce sens, d’éviter de
s’intéresser aux attendus des doctes
conclusions et aux données qui ont
permis au politologue d’affirmer telle
ou telle de ses «vérités». On lui
concède l’omniscience sur le simple
énoncé de son nom et de ses fonctions.
A-t-il fait des travaux sur le sujet en
débat ? Si c’est le cas, les a-t-il
soumis à des pairs ou les a-t-il publiés
? Rien de tout cela. Alors que, en
principe, ce sont des critères
incompressibles qui autorisent ou
interdisent de se prononcer, quand on
est consulté. Heureusement, pour nous,
que dans d’autres domaines on ne laisse
pas n’importe quel prétentieux jouer
avec les concepts. C’est, par exemple,
le cas en mécanique, en aéronautique ou
en médecine. Ce qui n’atténue pas la
gravité des conséquences de ce qui
constitue une véritable manipulation des
faits et un crime contre l’intelligence
des choses.
B. G.
Publié sur
Le jour d'Algérie
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