Jeudi dernier, le Hamas a libéré de prison 17 membres du Fatah
en signe de bonne volonté avant la prochaine réunion au Caire,
où toutes les factions palestiniennes sont censées signer un
accord-cadre de réconciliation. Cependant, les observateurs
palestiniens sont partagés sur la question de savoir si cet
accord conduira réellement à une réconciliation et à la
formation d’un gouvernement d’union nationale qui comprendrait
le Fatah et le Hamas, de Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Ce même jeudi, le président Mahmoud Abbas a
annoncé qu’il dirigerait personnellement la délégation du Fatah
au Caire, signe apparent d’une intention sérieuse de parvenir à
un accord. Mais, en privé, des représentants du Fatah disent que
l’objectif principal du Fatah est d’éviter d’être accusé de
faire capoter la réconciliation. Le Fatah, disent-ils, n’a
aucunement l’intention d’intégrer le Hamas dans un gouvernement
d’union, et encore moins de l’intégrer dans les forces de
sécurité de l’Autorité palestinienne, forces actuellement
occupées à l’arrestation de membres du Hamas partout en
Cisjordanie.
Pour sa part, le Hamas paraît peu
enthousiaste à l’idée de renoncer à son contrôle total sur Gaza,
et il est certain qu’il n’acceptera pas de démanteler sa branche
armée. De fait, il a explicitement affirmé qu’il n’accepterait
pas les propositions égyptiennes en l’état.
Ainsi, il semble que, pour le Fatah comme
pour le Hamas, la préoccupation principale soit d’accuser
l’autre pour l’échec des pourparlers. Tous les deux parapheront
probablement le document égyptien, qui appelle à un gouvernement
d’union nationale à Gaza et en Cisjordanie, à des élections
(législatives et présidentielle) anticipées et une refonte
complète des services de sécurité de l’Autorité palestinienne.
Mais il est fort peu probable que ce programme soit appliqué à
échéance un tant soit peu prévisible.
D’un point de vue technique, le plus gros
problème est la réforme des services de sécurité. Comment un
nouveau gouvernement fera-t-il pour former de nouveaux services
qui remplaceront ceux qui sont opèrent en ce moment en
Cisjordanie et à Gaza ? Que faire des milliers de membres du
Hamas enrôlés aujourd’hui dans des organisations paramilitaires
à Gaza ? Selon la proposition égyptienne, 5 commissions
composées de membres du Hamas et du Fatah décideront de ces
questions. Mais le Fatah craint que diable ne se niche dans les
détails et que le Hamas n’essaie de noyer le sujet par des
discussions sans fin.
Al-Ayyam, quotidien palestinien affilié au
Fatah, rapportait ce week-end que l’Egypte comptait fixer un
délai d’un mois au travail de la commission, et que si aucun
accord n’intervenait à cette date, la Ligue arabe publierait
alors un communiqué officiel attribuant la responsabilité de
l’échec à l’une ou à l’autre des organisations. Mais il est
difficile d’imaginer les pays arabes, qui s’interdisent en
général tout jugement spectaculaire et univoque, faire une
exception pour ce cas-ci. Condamner le Hamas serait le pousser
encore plus dans les bras de l’Iran. Condamner le Fatah saperait
définitivement la légitimité d’Abbas dans les territoires
palestiniens.
Cela dit, le gel du processus diplomatique dû
aux prochaines élections en Israël pourrait conduire Mahmoud
Abbas à décider d’une réconciliation historique avec le Hamas.
Dans ce cas, la Cisjordanie et Gaza se retrouveraient réunifiées
sous un gouvernement d’union, et Israël serait face à un choix
difficile : rompre ou non les relations avec ce gouvernement.