Opinion
Téhéran ne se rend
pas. Les six ne cèdent pas.
Et tout le monde est content
Arkadi
Doubnov
Photo: RIA
Novosti - © AFP/ POOL / Ilyas Omarov
Jeudi 28 février
2013 Source:
RIA Novosti
L'Iran montre
qu’il veut arriver à un compromis sans
reculer. Au passage, le Kazakhstan
devient un sérieux acteur du maintien de
la paix.
Aucun perdant - mais des gagnants.
Tels sont les résultats des négociations
d'hier sur le programme nucléaire
iranien à Almaty entre les six
médiateurs internationaux et les
représentants iraniens. Téhéran et
Astana peuvent être déclarés vainqueurs.
Les Iraniens ont montré qu’ils voulaient
parvenir à un compromis sans avoir
reculé. Quant au Kazakhstan, qui a mis à
disposition sa tribune pour les
négociations, il devient un sérieux
acteur du maintien de la paix.
On ignore encore les détails des
négociations de deux jours entre le
secrétaire du Conseil suprême de
sécurité nationale, Saïd Jalili, et les
six médiateurs internationaux –
l'Allemagne et les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité de
l'Onu (la Russie, les USA, la Chine, le
Royaume-Uni et la France). La position
des six médiateurs était exprimée par
Catherine Ashton, haute responsable de
l'Union européenne pour les affaires
étrangères et la politique de sécurité.
Un seul résultat a été annoncé: le
cycle de négociations d’Almaty se
poursuivra les 5 et 6 avril, après une
réunion d'experts des Six et de l'Iran à
Istanbul les 17 et 18 mars. En soi, un
tel résultat est plutôt un succès car
les négociations antérieures à Bagdad, à
Istanbul et à Moscou n'avaient pas
permis d'avancer.
Téhéran
maîtrise la situation
Les Iraniens quittent Almaty sans
avoir dit ni oui ni non aux propositions
des six médiateurs, mais en les
qualifiant de "plus réalistes que les
précédentes". Jalili a expliqué que les
pays occidentaux étaient forcés de
"comprendre que la pression exercée sur
l'Iran n'avait pas apporté le résultat
escompté, au contraire, le peuple
iranien est désormais plus soudé
politiquement – lui assurant un meilleur
progrès économique".
De plus, Saïd Jalili a formellement
réfuté les informations diffusées la
veille de la réunion sur les prétendues
exigences de l'Occident de fermer
l'usine d'enrichissement d'uranium de
Fordo. "Le site de Fordo remplit toutes
les exigences de l'AIEA (Agence
internationale de l'énergie atomique) et
se trouve sous sa surveillance. Il n'y a
aucune raison de fermer l'usine et les
médiateurs ne l'ont pas demandé", a
déclaré le secrétaire du conseil de
sécurité iranien.
Il a souligné une nouvelle fois que
les "actions nucléaires de l'Iran en
tant que signataire du traité sur la non
prolifération (TNP) et membre actif de
l'AIEA, restent dans le cadre du TNP,
comme auparavant". Et les six
médiateurs, du moins publiquement, n’ont
pas remis en question cet argument des
Iraniens. Seul Michael Mann,
porte-parole de Catherine Ashton, a
déclaré que "l'élargissement des
capacités iraniennes pour la production
d'uranium enrichi transgressait
plusieurs accords".
Saïd Jalili a fermement réagi à
l'exigence des six médiateurs de
suspendre la production d'uranium
enrichi à 20% en échange de la promesse
de lever une partie des sanctions
économiques contre l'Iran.
"Nous estimons avoir le droit
d'enrichir de l'uranium et nous ferons
tout ce dont nous avons besoin –
l'enrichir à 5 ou à 20%. C'est une
nécessité. Lorsque nous ne disposions
pas de combustible enrichi à 20%, nous
avons annoncé à tous les pays que nous
en avions besoin à des fins médicales
mais on a refusé de nous en fournir.
Nous nous donnerons les moyens d'y
parvenir", a déclaré Jalili le 27
février à l'issue de la seconde journée
de négociations.
Téhéran
souhaite "désarmer" Israël
Le représentant iranien ne s'est pas
refusé le plaisir d’afficher une
nouvelle fois le style offensif habituel
de Téhéran à l'égard d'Israël. Il a
exigé de la communauté internationale
qu’elle étudie "sérieusement la question
de l'élimination des armes de
destruction massive du régime sioniste,
qu’elle le désarme et qu’on découvre
quel pays lui a fourni cette arme".
Ashton a répondu en confirmant les
"propositions équilibrées concernant le
respect à part entière de la résolution
du Conseil de sécurité par l'Iran"
faites par les six médiateurs. "Nous
étudions uniquement les questions
d'utilisation pacifique et nous prenons
également en compte les propositions de
l'Iran", a déclaré Ashton. Elle n'a pas
expliqué le fond de ces propositions.
Des déclarations aussi floues étaient
prévisibles. L'Occident, de même que la
Chine et la Russie, voulait au moins
s'assurer que l'Iran voulait poursuivre
le dialogue. Comme l'a déclaré Michael
Mann, "il faut donner à l'Iran la
possibilité de faire preuve de
souplesse".
Il aurait été naïf d'attendre
davantage des Iraniens à quelques mois
de l'élection présidentielle dans leur
pays. En défendant ses ambitions - chose
très appréciée en Iran - Téhéran a
montré à l'électeur iranien son
caractère inflexible. Cet Etat
idéocratique aurait difficilement pu
rêver d'un meilleur coup de pub à la
veille de l'élection…
Pas de banque
de combustible nucléaire au Kazakhstan?
Almaty s'est avéré être un endroit
pratique pour les négociations. Les
Iraniens ne pouvaient pas dire non au
président du Kazakhstan, Noursoultan
Nazarbaev, qui les appelait depuis
longtemps en tant qu'acteur de maintien
de la paix. D'autant qu'il avait affirmé
à plusieurs reprises le droit de tout
pays membre de l'AIEA de développer son
programme nucléaire pacifique.
Un autre argument bien plus exclusif
du Kazakhstan pour justifier son droit
d'être ce "médiateur nucléaire" a été
son initiative de déployer, sur son
territoire, une banque de combustible
nucléaire (BCN) dont pourraient profiter
les pays qui développent leur secteur
énergétique nucléaire pacifique.
Cependant, à la veille des négociations
à Almaty, il a été annoncé qu'aucune BCN
ne serait installée au Kazakhstan.
Le gouvernement kazakh a renoncé à
l'idée d'installer une BCN à
Oust-Kamenogorsk, a rapporté le service
de presse du Centre régional de sécurité
écologique. "Selon les normes
internationales, la création d'une telle
banque est interdite dans des régions
sismiquement instables, hors l'est du
Kazakhstan en fait partie", a déclaré le
25 février Guennadi Korechkov, directeur
du centre. Par ailleurs, la direction de
l'usine métallurgique d'Oulbinsk a
également refusé d'élargir ses locaux de
stockage, ce qui est une autre raison de
l’abandon de la BCN. De plus, cette
initiative a provoqué une réaction
négative de la population locale.
Mais le gouvernement kazakh n'a
toujours pas réagi à cette information
inattendue qui pourrait porter atteinte
à la réputation du Kazakhstan.
© 2013
RIA Novosti
Publié le 28 février 2013
Le
dossier Iran
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