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Civumlibertas
Vous voulez la
preuve de la tentative de coup d'état en Iran ?
La voici !
Antonio Caracciolo
on Civumlibertas.blogspot.com, 28 juin 2009
http://civiumlibertas.blogspot.com/2009/06/la-prova-del-tentativo-di-colpo-di.html
Durant la première semaine du mois de
décembre 2007 s’est tenu, à Rome, un colloque intitulé
Fighting for Democracy in the
Islamic World,
organisé par Mme Fiammetta Nirenstein, qui fut ensuite engagée
par le Parlement italien, ayant sans doute été nommée par des
parlementaires ayant assisté audit colloque. A cette occasion,
je fis un ample commentaire, qui était plutôt une étude, que
j’aurais dû développer, par la suite, étant donné que les
participants au colloque voyaient dans leur rencontre quelque
chose sortant de l’ordinaire et n’ayant rien de la simple
abstraction académique. Des rendez-vous avaient déjà été fixés,
pour la suite, et ce colloque romain était lui-même la
continuation d’une précédente rencontre : il s’agissait d’une
opération en cours, qui prenait là une dimension publique,
rendue nécessaire par la volonté de mobiliser ce qu’il est
convenu d’appeler « opinion publique ».
En insistant un peu, et grâce au fait que
je vis à Rome, j’avais réussi à m’imposer dans un contexte à mes
yeux aliène et hostile. Je suivis avec la plus grande attention
ce colloque, dont je conserve des impressions durables, mais
n’en ayant ni les moyens ni un intérêt professionnel spécifique
pour cela, je n’ai pas été en mesure d’enquêter sur les
développements qu’il n’allait pas manquer d’avoir : ainsi, les
journées iraniennes de ce mois de juin 2009, moi, je m’y
attendais… Pour qui assistait à la présence d’un ex-chef d’Etat
comme Aznar, de Fini, de Cicchitto et de nombreuses autres
personnalités de tout premier plan, il tombait sous le sens
qu’il allait se passer un truc pas croyable… Ce qui m’a le plus
surpris, ce fut une demande explicite d’argent, de financement,
de la part des « dissidents » qu’on avait recueillis là, parmi
lesquels se distinguait un Iranien élevé et cultivé in The
United States of America. Une telle demande publique et
totalement impudique de fric pour déstabiliser les pays qui,
selon l’idéologie des congressistes, n’étaient pas
« démocratiques ». Et voici qu’aujourd’hui, et comme de juste de
la part des mêmes « Informateurs corrects », j’apprends que le
gouvernement américain assigne carrément des financements
publics aux déstabilisateurs, aux dissidents et aux opposants…
Je rapporte ci-après des textes tirés de la
revue de presse des sionistes turinois,
Informazione Corretta, dont le positionnement mérite
vraiment d’être connu.
Dans le Corriere della Sera, qui avait déjà
publié en décembre 2007 un article de Gigi Battista chantant les
laudes du colloque, l’on retiendra aujourd’hui ces phrases,
d’une certaine Viviana Mazza :
« … tout un complot étranger, répètent
depuis des jours les autorités et les médias étatiques iraniens.
Les protestations contre les élections du 12 juin seraient une
« révolution de velours » (« ayant queuté », appuyée par des
Américains et des Européens (que le Président confirmé
Ahmadinejad accusait, pas plus tard qu’hier, d’immixtions dans
les affaires intérieures de son pays) et par les sionistes. Un
complot financé par la CIA et inspiré par des médias étrangers.
Que manque-t-il ? Seulement les preuves… »
La chose ne pouvait être plus éclatante et
effrontée. Tu veux les preuves, Vivana ? C’est ton collègue,
Maurizio Molinari, qui te les offre, les preuves, dans La
Stampa. Ce Molinari mérite une fiche rien qu’à lui. Voici ce
qu’il écrit : « Les propos d’Ahmadinejad surviennent au
lendemain de la nouvelle condamnation de la répression par Obama
recevant à la Maison-Blanche la chancelière allemande Angela
Merkel, mais ce qui aurait pu avoir surtout irrité Téhéran,
c’est la décision prise par la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton
de mettre à la disposition des activistes de l’opposition
iranienne des fonds fédéraux à hauteur de 20 millions de
dollars. Ce sont les trente-et-une pages du pamphlet intitulé
« Soutien à la société civile et à l’état de droit en Iran » qui
l’annonce, un pamphlet qui prévoit l’octroi de « prêts » par l’UsAid,
l’agence de développement international du Département d’Etat.
Les financements iront à ceux qui
présenteront des projets et des programmes visant à « promouvoir
la démocratie, les droits de l’Homme et l’état de droit en
Iran » en compilant les modules ad hoc disponibles sur le site
ouèbe www.grants.gov et en
les envoyant remplis à l’Office of Acquisition and Assistance »
de l’UsAid au numéro 1300 de la Pennsylvania Avenue. Ces
« prêts » pourront être demandés par des individus ou des
groupes de citoyens iraniens d’ici au 30 juin, après quoi l’UsAid
les examinera et les officialisera, proposant des prêts allant
d’un minimum de 100 000 dollars à un maximum de 3 millions de
dollars : ce sont là des sommes apparemment nullement
exorbitantes, mais qui sont susceptibles, en Iran, d’obtenir de
vastes marges de manœuvre.
Le document propose aux impétrants des
« exemples » de programmes possibles : dénonciation de la
corruption, amélioration du fonctionnement des ONG, utilisation
des nouveaux médias (électroniques). Il s’agit là d’une
stratégie de soutien à l’opposition en Iran, qui a été inaugurée
par l’administration Bush et dont Obama démontre, aujourd’hui,
qu’il est désireux de la poursuivre au travers de la « Near East
Regional Democracy Initiative ». « Une partie des fonds de cette
initiative sont destinés à augmenter l’accès des Iraniens aux
informations et aux communications via Internet », explique à
Usa Today David Carle, porte-parole de la sous-commission du
Congrès qui a autorisé ces prêts, laissant entendre une volonté
de renforcer les potentialités du peuple des twitters qui, ces
dernières semaines, s’est avéré très actif dans son soutien aux
manifestations de protestation.
Pour la Maison-Blanche, ce choix n’implique
nullement [!], quoi qu’il en soit, de quelconques
« interférences en Iran ». Tommy Vietor, le porte-parole du
Président, formule la chose ainsi : « Les Etats-Unis ne
financent aucun mouvement ni aucune faction politique en Iran.
En revanche, nous soutenons les principes universels des droits
de l’homme, de la liberté d’expression et de l’état de droit ».
Ian Kelly, le porte-parole d’Hillary Clinton, ajoute :
« Respecter la souveraineté de l’Iran, cela n’implique nullement
de se taire sur des questions inhérentes aux droits fondamentaux
de liberté, comme el droit de manifester de manière pacifique ».
Il s’agit donc là d’une approche qui calque celle qu’avaient eue
les Etats-Unis vis-à-vis de l’URSS après la Conférence
d’Helsinki, en 1975, quand la Realpolitk du dialogue bilatéral
s’était conjugué au soutien à des groupes individuels de
militants de défense des droits de l’homme. La différence, par
rapport au précédent programme de financements de Bush – la
Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice avait en effet consacré 66
millions de dollars à l’Iran en 2006 – réside précisément dans
le fait qu’à l’époque, les fonds étaient alloués à des groupes
politiques organisés, alors que dans le cas présent, les
« prêts » sont alloués à des citoyens individuels.
Est-il besoin d’autres preuves pour
comprendre qu’il s’agit d’une opération analogue à celle que
mena « à bien » la CIA, en 1953 ? Saperlipopette ! Le « coup
d’état » a été financé au moyen d’un encart dans le journal
officiel !!! Les « dissidents » de Madame Fiammetta m’ont donné
une impression de « traîtres » à leur patrie. Personnellement,
je suis un « dissident » opposé à Frattini et même à Berlusconi,
que je persiste à vendre faute de mieux, mais jamais, au grand
jamais, je n’imaginerais devenir un traître contre mon propre
pays. Bien au contraire, ma loyauté s’exprime précisément dans
mon opposition publiquement affirmée à la politique du
gouvernement (italien), et à l’encontre de l’ignoble maire
Alemanno, pour lequel j’ai voté, et auquel je n’hésite pas une
seule seconde à retirer ma confiance. Mais tout cela n’a
strictement rien à voir avec la trahison de la patrie, que
commettent bien, en revanche, les agents stipendiés du
gouvernement américain. Durant les années de l’opération Mani
Pulite, l’on savait que le Parti communiste recevait des
subsides de l’URSS. On le savait, mais on ne devait pas le faire
savoir.
A ce sujet, si l’on adoptait les mêmes critères, l’URSS
avait le droit plein et entier de financer non seulement le
parti communiste italien, mais même tout citoyen italien qui
aurait eu un rôle qui fût apprécié à Moscou. Naguère, l’on
recourait au mensonge des faux armements de Saddam [Hussein].
Désormais, il n’est même plus besoin de mentir. Il suffit de
passer commande ! Et si le contraire était également vrai ? Et
la réciproque et la proposition inverse ? Si l’on pouvait
financer tout chaque individu, y compris non organisé dans un
groupe, qui soit désireux de prendre aux Etats-Unis et dans les
pays d’Europe des initiatives et d’entreprendre des actions
susceptibles de favoriser la « démocratisation » et la promotion
de la liberté de pensée et des droits de l’homme ? Au fond, on
peut penser tout ce qu’on veut, et avec le même vocable, on peut
signifier tout ce qu’on veut et son contraire : la civilisation
juridique de l’Occident n’aurait su connaître une chute plus
éclatante ! C’est l’Amérique, ce phare de la civilisation, qui
est en train de progresser. Nous autres, en Europe, nous avons
été civilisés à partir de 1945.
Traduit de l’italien par Marcel Charbonnier
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